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III LIVRE. Recueil d'anecdotes piquantes et de traits d'esprit empruntés à différentes nations; jusqu'au folio 215.

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IVe LIVRE. Exposé des beautés du langage arabe en vers et en prose; jusqu'au folio 262.

Ve LIVRE. Traité de morale et de philosophie pratique; jusqu'au folio 282.

Le volume est terminé par un Précis historique de l'origine du peuple arabe, et par sept poëmes (kacida) du sultan Abou Hammou, qui régnait à Tlemcen en 707 (1307-1308 de J.-C.).

Il serait sans profit pour un orientaliste de chercher des renseignements nouveaux dans les six premiers chapitres du livre premier, car nous possédons aujourd'hui une histoire des Arabes complète, d'une coordination claire et parfaite, et empreinte d'une judicieuse critique. M. Caussin de Perceval, à l'aide de matériaux épars et informes, est parvenu à reconstruire un monument antique, et, pour parler sans métaphore, il a reconstitué avec autant de sagesse que d'érudition le vieux monde arabe. Mais le passage d'Et Tenaci qui mérite de fixer l'attention des savants, et dans lequel j'ai puisé un grand nombre de détails historiques, c'est le septième chapitre du livre premier, ayant pour titre : Beiiane Charf Beni Ziane, et comprenant l'histoire de la dynastie des Beni Zian, depuis l'année 637 (1240 de J.-C.) jusqu'en 866 (1461 de J.-C.). L'abbé Bargès en a publié une excellente traduction.

Si le second livre ne devait pas être plutôt considéré comme un essai de littérature, j'admirerais la simplicité d'un auteur qui, vivant sous un régime despotique, prodigue les trésors de son érudition pour rédiger une morale en action à l'usage des monarques musulmans. Quoi qu'il en soit, j'y ai lu une foule de citations fort instructives, tirées des bons auteurs. C'est un compendium des éléments de la vie politique chez les Arabes.

Dans le troisième livre, le style d'Et Tenaci revêt une forme moins sévère, mais aussi plus attrayante. Son idée dominante, c'est de démontrer par des exemples la supériorité du génie arabe, supériorité incontestable aux yeux des nations musulmanes, attendu que leurs écrivains ne parlent jamais des autres peuples de la terre.

Depuis l'essai de M. Garcin de Tassy sur la rhétorique des nations musulmanes, je n'ai point encore vu un aussi bon traité

des tropes que celui qui est contenu dans le quatrième livre. L'imam de Ténés y a classé et expliqué toutes les figures qui relèvent la pensée ou l'expression; il a composé, suivant son langage, un Collier de perles d'éloquence et n'a rien négligé pour faire res- · sortir l'excellence de la poésie, qui est la vraie musique des Arabes.

Le cinquième livre, placé là comme un témoignage et une garantie de la piété de l'auteur, développe, sur une étendue de vingt feuillets, les préceptes de la Sounna au point de vue des vertus morales et des devoirs religieux. Seulement, toutes les questions y sont ramenées systématiquement au service de Dieu et de son envoyé.

De tels ouvrages ont une destinée à part. Le XIXe siècle, qui est le siècle de la critique, loin d'accepter, les yeux fermés, les élucubrations des Arabes, examine et choisit. Il lui est réservé de chercher et de cueillir avec discernement les plantes utiles dans ces steppes sans horizon.

A. CHERBONNEAU.

INAUGURATION DE LA PRESSE EN ALGÉRIE.

Sur un bâtiment qui venait d'arriver [ en rade de Sidi Feredj, le 25 juin 1830] se trouvait l'imprimerie de l'armée, que j'avais organisée quelques jours avant notre départ. Dans une expédition où tout avait été prévu, où rien n'avait été oublié, une seule chose semblait avoir été dédaignée, c'était une imprimerie pour le service de l'armée (1). J'en fis l'observation à M. de Bourmont, qui me

(1) On avait attaché à l'Intendance générale de l'armée le service d'une presse lithographique. Ce service, très-bien organisé et placé sous la direction de M. Grossard, ancien commissaire des guerres, homme aussi actif qu'intelligent, fut d'une grande utilité, surtout pour l'impression des proclamations en langue arabe et pour un grand nombre de travaux administratifs; mais les ressources de la lithographie sont très-bornées. Plus tard, lorsque M. Grossard fut chargé à Alger de l'organisation du service des Douanes, le service lithographique fut réuni à la Direction de l'imprimerie.

Voir MERLE: Anecdotes historiques et politiques pouvant servir à l'Histoire de la conquête d'Alger en 1830, pages 158, 159 et 160.

M. Merle fait remarquer, dans le même ouvrage, que le Premier Consul Bonaparte avait une imprimerie française en Égypte. Il l'avait placée à Giseh, au pied de la Grande pyramide.

parut regretter beaucoup de n'y avoir pas pensé à Paris; il me temoigna le désir de réparer cet oubli, et me donna l'ordre de partir pour Marseille, afin de me procurer le matériel et le personnel nécessaires au service d'une presse. En moins de quatre jours, la presse, ses accessoires, deux compositeurs et deux imprimeurs étaient embarqués à bord d'un transport qui vint rallier la flotte en grande rade, la veille de notre départ. Par un concours de circonstances contrariantes, cette imprimerie fut chargée sur un brick qui se trouva faire partie de cette 4e division que les combinaisons de l'amiral retinrent si longtemps dans la rade de Palma. Enfin, elle arriva au milieu des affûts et des sacs d'avoine; il fallut en rassembler toutes les parties éparses sur la plage.

Le chef-d'œuvre de l'esprit humain fut naturalisé, le 26 juin 1830, dans une presqu'ile de la Régence d'Alger. Deux tentes suffirent pour l'abriter; les ouvriers baptisèrent cette presse du nom d'Africaine; ils en firent l'inauguration en présence d'un grand nombre d'officiers de terre et de mer, de soldats et de marins accourus pour jouir du curieux spectacle d'une imprimerie française dans le pays des Bédouins. Des cris universels de: Vive la France! Vive le Roi ! éclatèrent, quand on distribua à tout le monde les premiers exemplaires d'une relation de notre débarquement et de nos premières victoires. Uu bulletin de l'armée française, imprimé sur une plage de la côte d'Afrique, est un fait assez extraordinaire pour qu'on y attache de l'importance; dans quelques siècles, cette date signalera peut-être un des événements les plus influents de la civilisation sur la plus belle comme sur la plus florissante de nos colonies.

(Voir: Conquête d'Alger, par M. Merle.)

CHRONIQUE.

M. le docteur Leclerc, un de nos correspondants, nous écrit de Mascara:

MONSIEUR LE PRÉSIDENT,

Vous m'avez fait l'honneur de m'adresser les deux premiers numéros de la Revue africaine; et j'ai considéré cet envoi comme un appel à ma collaboration, dans la mesure de mes moyens. Depuis longues années en Afrique, je me suis toujours occupé de son histoire, de ses monuments et de sa langue actuelle, autant que ma position me l'a permis ; j'ai recueilli plusieurs centaines d'inscriptions, mais ce sont là des matériaux qui auraient besoin d'être exploités par des mains plus habiles que les miennes. Je les ai toujours transmises à la Revue archéologique, par l'intermédiaire de M. De La Mare ou de M. Rénier. Si, nonobstant la publication de M. Rénier, mes inscriptions pouvaient vous être agréables, je vous les enverrais. Je viens d'en recueillir quelques-unes à Mascara, venant de l'Oued-el-Hammam. J'ai également recueilli à Mascara quelques inscriptions arabes, que je vous enverrai plus tard, quand elles seront au complet. Si quelque jour je me trouve en état de faire quelque petit travail, je vous en ferai part également. Actuellement je suis absorbé par la traduction de la chirurgie d'Abulcacis et je regrette beaucoup de ne pas habiter Alger, où je pourrais profiter de vos lumières. Un travail de ce genre sur une seule copie, même imprimée, présente toujours quelques difficultés.

Permettez-moi seulement aujourd'hui de vous soumettre quelques fails nouveaux à l'appui de la fixation de l'ère mauritanienne en l'année 40 de J.-C.

Je possède une foule d'inscriptions où cette ère est mentionnée, appartenant aux Mauritanies. Parmi tant d'inscriptions recueillies à Guelma, à Constantine, à Lambèse, je n'en ai pas une seule où l'on compte par ère provinciale.

Je possède quatre inscriptions de Tiaret où l'on date de l'ère mauritanienne, vers les années 420 à 430 de cette ère. Tout ce qu'il m'est permis d'en conclure, c'est qu'elles accusent des inhumations de chrétiens. Je doute qu'on puisse en tirer une autre conclusion, à savoir que Tiaret avait jusqu'alors résisté aux Vandales, que l'on dit avoir soumis les trois Mauritanies vers 455 (Voir De La Malle et Rénier), par la raison que l'on aurait daté du commencement du règne courant.

Les dates provinciales foisonnent à Aumale, et vous savez l'importance qu'a eue celle de l'inscription Gargilius, longtemps réputée unique en ce genre (1). Croyant à la synonymie du Fericius de Marcellin avec le Farazen de l'inscription, le savant M. d'Avezac rapportait le fait mentionné à l'an 373, et ajoutait: « La date de l'année provinciale (221) soulève plus d'une » question, et le chiffre même nous en paraft erroné. » Ceci aurait porté Je commencement de l'ère au millieu du II° siècle après J.-C. Une inscription d'Aumale porte la date 262; mais après les mots VICTORIAE AVG., je m'efforce en vain de lire: Dioclétien, ce passage étant confus et à demi-fruste dans ma copie.

Une seconde inscription porte: FLAVIO CONSTANTINO, mais la date se trouve figurée en caractères que je n'ai pu déchiffrer.

Une troisième porte en tête: CAELESTIBVS AVGVSTIS, avec la date 171. Ceci nous reporte aux environs de l'année 210, correspondant à la fin du règne de Septime Sévère, époque où ses deux fils Geta et Caracalla portaient le titre d'Auguste.

Enfin, j'ai deux autres inscriptions de la Mauritanie Sitifienne où la date de la province est accompagnée de la mention des consuls. Ces deux inscriptions ont été publiées dans la Revue archéologique, et l'une d'elles vous a sans doute passé entre les mains. Je crois même, qu'après moi, vous avez achevé de la déterrer, car je trouve dans ma relation de la campagne de Kabilie en 1850, que le 9 juillet, à Ain Zada, retournant voir mon inscription que j'avais déchaussée le 27 février de la même année, je la trouvai presque entièremeut dégagée, et l'on m'apprit que vous nous croisiez en compagnie du général Bosquet, vous acheminant sans doute vers le Sahara.

Cette inscription d'Aïn Zada porte la date suivante: AN. P. CLXXIIII et elle est dédiée à Marc Aurèle Sévère Antonin, ou autrement à Caracalla, consul pour la quatrième fois, COS. IIII. Or, Caracalla fut consul pour la quatrième fois en 213, avec Diocletien Cæcilius Balbinus. J'ai sous les yeux deux listes consulaires, l'une donnée par Lenglet Dufrenoy, et l'autre, le texte même de Cassiodore. Ce dernier porte simplement: Antonius et Balbus, la troisième année de règne de Caracalla, c'est-à-dire l'an 213.

Lenglet donne pour consuls, à l'année 213, M. Aurelius Antoninus Augustus 4, D. Cæcilius Balbinus 2°.

Cette concordance fixe positivement la date de l'ère provinciale en l'année 40 de J.-C., comme il est facile de s'en assurer par le calcul.

Voici une autre inscription que j'ai communiquée en 1850 à la Revue archéologique et qui a été commentée par le savant M. Rénier, qui, cependant, ne crut pas devoir tirer d'une concordance la conclusion que vous avez tirée et que je viens corroborer. Il dit, en effet : « Remarquons que le

(I) Vix alids occurentem, Orelli, cité par D. De La Malle, P. 61.

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