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est la faveur que nous demandons à celui qui est l'objet de la félicité, ainsi que de la grâce et des bénédictions divines, dont l'esprit est élevé, les qualités éminentes et la générosité inépuisable, monseigneur, mon sultan.

13 du mois de Ramdam de l'année 1238 (25 mai 1822).

Celui dont le cœur est sincère : Hassan Mir Miran (gouverneur actuel des deux forteresses susdites).

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Je vous ai écrit précédemment par la voie de Tunis. Cette fois-ci j'ai à vous annoncer la destitution du grand vizir. Son successeur remplissait les fonctions de chef des portiers du sérail. Il a fait un voyage dans la Régence victorieuse sous le règne d'Omar Pacha. Peu de jours avant la date de la présente, le vaisseau du capitan-pacha a fait une voie d'eau et a dû entrer dans le port de Constantinople pour se réparer. La flotte égyptienne vient de partir pour la Morée. L'ile de Gousam est toujours dans la même situation. Les commandants des forces de Tripoli et de Tunis ont péri par le décret du Dieu très-haut.

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15 de Safar de l'année 1240 (8 octobre 1824).

Celui qui, de tout temps, est votre dévoué serviteur, El Hadj Hafiz Ismaël, bach-day actuel (1) Smyrne.

(Signature et cachet).

PIÈCE N° 8.

Lettre adressée à un haut fonctionnaire de la Régence d'Alger.

Si vous désirez avoir des nouvelles, voici ce que j'ai à vous rapporter.

(1) J'ai à ma disposition des pièces originales d'où il résulte que la Régence d'Alger entretenait à Smyrne des agents chargés d'assurer le recrutement des janissaires. Les agents recruteurs s'appelaient Day, et leur chef avait le titre de Bach-Day. Un édifice appartenant à la Régence (khan) était affecté au logement des day et au casernement des janissaires enrôlés jusqu'au moment où il devenait possible de les faire partir pour Alger.

Revue africaine, no 3.

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Les révoltés infestaient les fles et les mers et leurs navires faisaient la course dans toutes les directions.

Le très-fortuné Khesraw Mohammed Pacha, capitan-pacha, monseigneur, a été dirigé, cette année, sur l'île d'Ipsara, par la volonté impériale. Il s'est présenté devant celle ile avec la flotte de la Sublime-Porte et par l'assistance du Dieu très-haut, il l'a emportée et conquise, le jour même de son arrivéc. Il y a capturé cent vingt navires de toutes grandeurs. La plupart des mécréants qui se trouvaient dans cette lle ont été passés au fil de l'épée ; le surplus a été fait prisonnier. Leurs richesses ont été considérées comme butin. Un certain nombre de canons, un matériel de guerre et deux ou trois cents hommes, sous le commandement de l'albanais Ahmed Bey, ayant été laissés dans cette ile pour en assurer la possession, la flotte de la Sublime-Porte s'éloigna et se dirigea vers El-Medeli.

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Aussitôt après le départ de la flotte, des navires au nombre de 50 à 60, sortirent de Soulidja et de Djamlidja, s'approchèrent de l'ile conquise, et y débarquèrent de nombreuses troupes qui s'emparèrent des canons et du matériel de guerre.

Les soldats de l'islamisme, massés en un seul corps, soutinrent de violentes attaques pendant cinq ou six jours, malgré leur faiblesse numérique si disproportionnée. Le commandant avait expédié un avis à la flotte ottomane, qui sortit sur le champ d'El-Medeli et revint à Ipsara. A sa vuc, les troupes ennemies s'enfuirent sur leurs navires.

Laflotte ottomane se dirigea ensuite sur l'île de Sisan et rallia, dans le détroit de ce nom, six navires de Tripoli, qui venaient la rejoindre. Dans ce détroit, se trouvaient des navires mécréants qui furent attaqués; et il s'ensuivit un brillant combat dans lequel les navires de Tripoli montrèrent la plus grande vigueur et se distinguèrent d'une manière toute particulière.

Les infidèles à jamais impurs, qui toujours emploient la ruse et la trahison, firent avancer des brûlots au milieu du combat. Une frégate, commandée par le capitaine Alimed Bey, fut abordée par l'un de ces brûlots et ne put se dégager. Le commandant reconnaissant l'impossibilité d'échapper à ce péril et se trouvant près d'un cap, s'y réfugia suivi d'une partie de ses hommes; tout le reste fut voué à la destruction. Un des navires de Tripoli fut enveloppé par cinq ou six navires des ennemis mécréants, qui l'attaquèrent de toutes parts avec acharnement et le serrèrent

étroitement. Dans cette position critique, le commandant, désespérant de son salut, mit le feu à la soute aux poudres et fit sauter son navire.

Des troupes irrégulières avaient été désignées pour concourir aux opérations de la flotte de la Sublime-Porte. Elles furent concentrées dans l'ile de Kouch, au nombre de 70,000 hommes, et y séjournèrent pendant près de deux mois sans pouvoir être transportées à l'lle de Sisam, à cause de la présence d'une quantité considérable de navires infidèles. Ennuyées de cette inaction, ces troupes se sont débandées et dispersées dans toutes les directions. La flotte ottomane a quitté l'lle de Sousam et est entrée à Bedroum.

Le Pacha d'Égypte, El Hadj Mehammed Ali Pacha, a fait partir son fils Ibrahim pacha avec deux cent vingt navires de toutes dimensions pour aller rejoindre la flotte ottomane. Ibrahim pacha a rencontré en mer des infidèles impurs, les a combattus et les a mis en fuite. Il était accompagné de Morali Mustapha koplan, chef du contingent tunisien. Dieu permit que ce dernier touchât sur un écueil. Il fut immédiatement enveloppé par les navires mécréants qui le suivaient et attaqué étroitement de tous côtés. Se voyant perdu, il mit le feu aux poudres et se fit sauter.

Dans ces diverses rencontres, les infidèles ont pu détruire quatre ou cinq des navires des musulmans. D'un autre côté, il parait que les Français, les Anglais et les Autrichiens sont décidés à préter main forte aux mécréants. Les événements prennent donc une tournure des plus graves. Dans ces circonstances, sa seigneurie Ibrahim Pacha a été investie de la direction des affaires en Morée, à Djamlidja et à Soulidja, et la flotte ottomane est rentrée à Constantinople.

Telles sont les nouvelles qui nous sont parvenues et que nous nous empressons de porter à votre connaissance. Puisse Dieu, de qui vient tout secours, nous accorder prochainement une victoire immense et éclatante. Amen!

25 du mois de Safar de l'année 1240 (18 octobre 1824).

L'ami dévoué, El Hadj Khelil, habitant la ville de Smyrne. (Signature et cachet.)

(La suite au prochain numéro).

POUR TRADUCTION :

A. DE VOULX.

LES ÉCRIVAINS MUSULMANS DE L'ALGÉRIE.

NOTICE SUR MOHAMMED ET TENACI,

HISTORIEN DES BENI ZIAN.

Mohammed ben Abd Allah ben Abd el Djelil el Kasri était né à Ténés et fut un docteur du plus grand mérite. Il savait le Koran par cœur et s'était perfectionné dans tous les genres de la littérature musulmane. C'est de lui que veut parler Ahmed ben Daoud l'espagnol (el andaleuci), dans le passage où il dit : « Notre » savant professeur, le docte et honorable Imam, doué d'une » mémoire qui tient du prodige, et dont les travaux littéraires » ont fait école. "

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Abou Abd Allah ben el Abbas le désigne par les épithètes d'illustre et savant maître; il écrit même quelque part: « J'ai eu le » bonheur d'assister, vers les dernières années de sa vie, à ses » leçons d'arabe, de droit, de hadis (traditions) et d'exégèse ko⚫ranique..

D

Es Senouci ne le cite qu'avec les expressions suivantes: • L'Iman de Ténès (Et Tenaci), le type de l'érudition musulmane,

le modèle de la science, qui retenait si fidèlement dans sà ⚫ mémoire le livre de la révélation, et savait répandre les lu"mières de la vérité sur les questions les plus obscures. »

Ibn Daoud nous apprend aussi qu'ayant été interrrogé par quelqu'un sur le mérite particulier des docteurs de Tlemcen, il avait répondu « La science est l'apanage d'Et Tenaci, la piété ⚫ caractérise Es Senouci, et c'est à Ibn Zekri qu'appartient l'excellence du professorat. »

Mohammed et Tenaci avait fait ses études sous les professeurs les plus renommés, tels que Ibn Merzouk, Kacem el Akbani, Ibn el Imam, Ibn en Nedjdjar, Ibrahim et Tâzi et Ibn el Abbas de Tlemcen.

Son ouvrage le plus important, sans contredit, est connu sous le titre de Nadhm eddoror ou'l eu'kiane fi daulet ál zïane « le Collier de perles et d'or vierge, ou Histoire de la famille des Beni Ziane. » Nous avons encore de lui un volume auquel il a donné le nom de Ed doboth ou Rah el arouah « L'orthographe arabe ou la récréation

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des esprits. Mais le traité dans lequel il a déployé une grande érudition, est sa Longue réponse à la question des Juifs de Touat

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Djouab motawel a'n mes'alet iehoud Touat. » Voici en quels termes l'imam Es Senouci s'exprimait sur le mérite de cette thèse « N'est-on pas frappé de la justesse d'esprit, de la finesse ⚫ de pénétration et de la foi sincère avec laquelle le cheikh Et Tenaci a trouvé le joint de la question?»

Au nombre de ses disciples les plus célèbres doivent être comptés Ibn Saad, El Khatib Ibn Merzouk, Es Sebth, Ibn el Abbas Es Seghir, Bil Kacem Ez Zouaoui et Abd Allah ben Djellal.

Ce fut au mois de djoumad et tsanni de l'an 899 (mars 1494) que mourut cet historien éminent.

La Bibliothèque impériale possède, sous le n° 703, ancien fonds, un exemplaire du Collier de perles et d'or vierge ou Histoire des Beni Ziane; mais ce manuscrit est incomplet et en mauvais état. Je crois faire un travail utile, en en donnant la notice d'après la copie qui figure dans ma collection, et sur laquelle on lit copié dans le Magreb en 1167 (1753 de J.-C.), par Abou'l Abbas ben Mohammed Es Sini, de la tribu des Beni Senouss.

Au folio 1, recto, l'auteur écrit en prose élégante et rimée l'éloge du prince régnant, Abou Abd Allah ben Abou Tachefin ben Abou Hammou, descendant des princes orthodoxes. Il laisse entrevoir le but de son livre dans un distique terminé par les mots: La noblesse de son sang vient d'Ali et de Fatma. Plus loin, il se prononce plus nettement en disant: Je me propose de ⚫ composer en son honneur un ouvrage digne des rois et essen⚫tiellement littéraire, où seront démontrées sa généalogie et l'antiquité de sa race, un ouvrage qui illustrera sa noblesse et ⚫ celle de ses aïeux..

D

Au verso, ligne 3, il établit la division des matières. « J'ai ⚫ partagé, dit-il, mon travail en cinq livres : le premier livre en sept chapitres; le second livre en trois chapitres; le troi⚫sième livre en seize chapitres; le quatrième livre en huit cha⚫pitres ; et le cinquième livre en quatre chapitres. »

Jer LIVRE.Tableau de la généalogie du sultan Abou Abd Allah Mohammed et de l'antiquité de sa race; sa noblesse et celle de ses ancêtres; jusqu'au folio 63.

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II LIVRE. Des qualités qui doivent caractériser un roi, Conduite qui convient à un souverain. — La justice est l'âme des vertus royales; jusqu'au folio 124.

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