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2o Les difficultés que peuvent présenter, pour la lecture des signes de ponctuation, les traces de balles dont je parlais, n'existent pas pour les inscriptions nos 1 et 3; tous les points y sont uniformes et de la même teinte que les lettres; tous ont évidemment leur valeur: L'inscription n° 2, au contraire, porte au moins quatre empreintes de balles: deux au-dessus des lettres, et deux entre le dernier mot de la première ligne et la dernière lettre de la seconde ligne.

Il y a une très-grande différence de teintes entre l'inscription n° 1 et les deux autres. Dans celles-ci, les lettres sont d'un ton jaunâtre, semblable à celui que présente la cassure des pierres d'El-Djem. Les lettres de l'inscription no 3 semblent pourtant un peu plus anciennes, à en juger par le ton, que celles de l'inscription no 2. Du reste la différence est peu sensible.

Les poignards gravés au-dessous des trois inscriptions sont du même ton que les deux dernières, c'est-à-dire d'un jaune qui tranche sur le fond grisâtre de la pierre. La même main ne les a pas tous tracés: les trois poignards gravés sur la pierre la plus rapprochée de la colonne sont l'œuvre d'un artiste moins exercé: le trait est moins ferme, moins profond et la forme plus grossière encore que celle des autres figures.

Du reste, ces kandjars se retrouvent sur quelques autres points de l'amphithéâtre, mais sans inscriptions;

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3o Le plan ci-joint donne la position des inscriptions, — entre une arcade et une colonne ; et la hauteur et la longueur des assises, c'est-à-dire :

Pour l'inscription no 1:100 de longueur.

Om48 de hauteur.

no 30-67 de longueur.
n° 2063 de longueur.
Om47 de hauteur.

Les deux lignes de l'inscription n° 1 ne sont pas parallèles : la seconde descend de droite à gauche, de sorte que l'intervalle entre les deux lignes, qui est de 0,15 à l'extrême droite, se trouve être de 0,20 au milieu, et de 0,25 à l'extrême gauche. Les lettres ont de 3 à 4 centimètres. Entre la 7 et la 8 lettre de la première ligne, on remarque un trou qui a dû servir à la pose de la pierre. Le poignard de l'inscription no 2 se trouve au-dessous de la 8 lettre de l'inscription n° 1. Ces détails pourront aider à dresser un plan exact, ce que je n'ai pu faire, n'ayant pas de compas à ma disposition.

La fenêtre appartient au 1er étage de l'amphithéâtre. Elle est située à cinq ou six arcades, et à droite de l'entrée principale du monument, entrée opposée à la brêche pratiquée, d'après la tradition, par l'artillerie de Mohammed bey.

Quant à l'orientation, je ne pourrais pas la donner exactement,

ne l'ayant prise que d'après le soleil; ce doit être le Nord-Est, ou plutôt Est-Est-Nord. L'arcade est située en face de la mosquée d'El-Djem.

La place qu'occupe notre inscription démontrerait, à défaut de meilleures preuves, qui ne manqueront pas, qu'elle n'est pas contemporaine de l'édifice. Rien ne distingue des autres l'arcade dont elle fait partie, si ce n'est qu'elle fait face, ainsi que je l'ai dit, à la mosquée peut-être est-ce la raison qui a fait graver là ces deux lignes par une main chrétienne, comme un défi.

D'un autre côté, si ces inscriptions (1) n'étaient pas autre chose que la carte de visite, pour me servir d'une expression vulgaire, de touristes arabes ou chrétiens, on comprendrait difficilement le caprice qui a porté l'auteur ou les auteurs à les graver en dehors de l'édifice, au risque de se casser le cou, au lieu de se contenter, comme tant d'autres, de l'immense album que forment les galeries intérieures d'El-Djem, couvertes de noms plus ou moins insignifiants.

Mais ceci vous regarde plus particulièrement. Comme le coq de la fable, j'ai porté mon diamant au lapidaire: mon rôle finit là, et je n'ai plus qu'à vous remercier de la part trop belle que me fait votre bienveillance. Veuillez excuser, cher monsieur, ce barbouillage que je n'ai pas le temps de recopier, et croire aux sentiments de respect, avec lesquels j'ai l'honneur d'être. CH. TISSOT.

L'Ère mauritanienne.

On rencontre fréquemment des dates sur les inscriptions de la Mauritanie césarienne dont les limites étaient à l'Est, la Malva ou Moulouïa, sur la frontière du Maroc; à l'Ouest, l'Ampsaga ou Oued-el-Kebir, partic inférieure du Reumel qui coule sous Constantine. Ces dates sont ordinairement précédées des abréviations ANN. PROV. ou ANN. PR., ou simplement A. P. qui représentent les mots ANNO PROVINCIE. On s'accordait à reconnaître que le point de départ de cette ère provinciale était l'époque où la Mauritanie fut réunie à l'empire romain; mais on différait beaucoup quant à la date précise de cette incorporation.

Cependant, on ne pouvait tirer tout le parti possible des documents épigraphiques où cette mention se trouve, si l'on n'était d'abord parfaitement fixé sur sa valeur chronologique.

(1) Voir ces trois inscriptions entre les pages 16 et 17. On remarquera que les caractères du n° 1 ont une ressemblance frappante avec les signes de l'alphabet maçonnique. Note de la Rédaction.

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L'auteur des Recherches sur l'Afrique septentrionale place le point de départ de l'ère mauritanienne 33 ans avant J.-C., après la mort de Bocchus et lorsqu'Auguste commença d'établir quelques colonies romaines en Mauritanie, principalement sur le littoral. (V. Recherches, elc., p. 61.)

Pline donne à entendre qu'elle eut lieu immédiatement après la mort de Ptolémée, ce qui la fixerait à l'an 40 de J.-C.

Mannert prétend d'après une autorité qu'il ne cite pas que ce fut en 42 de J.-C.; el le savant M. Renier est d'avis que ce fut seulement en 43.

Enfin, Dion Cassius la date de l'an 44 de J.-C., alors que la révolle d'Aedémon fut comprimée et que Rome se trouva en possession réelle de la Mauritanie.

On verra bientôt que Pline seul a raison. Quant au système qui place le point de départ de l'ère mauritanienne 33 ans avant J.-C., son application amène des erreurs tellement monstrueuses qu'il est vraiment étrange qu'on ait pu s'y arrêter un seul instant. On ne conçoit pas que les hommes instruits qui l'ont développé ou suivi n'aient pas été frappés tout d'abord des objections très-graves qu'il soulève. Comment concilier, en effet, cette annexion opérée bien avant notre ère vulgaire avec les règnes consécutifs de Juba II et de son fils Ptolémée, règnes qui embrassent précisément la période comprise entre cette année 33 avant J.-C. et l'an 40 après J.-C.? Il est difficile de s'expliquer l'existence dans une province de Rome-de monarques qui baltaient monnaie à leur nom, à leur effigie, avec la date de leur règne (1), et qui exerçaient toutes les autres prérogatives de la puissance souveraine. Dira-t-on que ces Reges inservientes n'étaient que des espèces de préfets couronnés? Mais Tacite réfutera l'argument par ce passage qui se rapporte à la fin de la guerre de Tacfarinas:

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• Cognitis Ptolomaic per id bellum studiis, repetitus ex ve»tusto mos, missusque a senatoribus qui scipionem eburneum, ⚫togam pictam, antiqua patrum munera, daret regemque et socium » atque amicum appellaret.

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Voilà qui est clair et ne peut être infirmé par la présence en Mauritanie des quelques colonies romaines fondées par Auguste, avant qu'il eût donné ce royaume à Juba II, pour le dédommager des états de ses ancêtres, devenus province de l'empire.

Faute de documents assez précis, j'oscillais, en ce qui me con

(1) Voir les médailles de ces deux souverains.

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