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2o Enfin, on lit dans le Moniteur algérien du 25 novembre: Le musée archéologique de Cherchel vient encore de s'enrichir d'un objet d'art antique qui paraît des plus remarquables.

Il s'agit d'une colossale statue de Neptune, en marbre blanc, découverte par suite des fouilles que l'on exécute dans les ruines situées derrière la manutention militaire.

Cette statue a 2m 40 de hauteur, y compris un socle de 0,15°; il n'y manque que le bras et la jambe gauches, encore en a-t-on rassemblé les débris. La tête, dont le nez seul est légèrement martelé, était séparée du tronc, mais s'y rapporte parfaitement.

Ruines de Chorfa (1). — On lit dans La Colonisation du 3 octobre 1856:

J'ai visité les ruines de deux villes romaines. Elles sont toutes deux presque aussi bien conservées que celles de Lambessa, et je suis persuadé que des fonilles bien dirigées amèneraient des découvertes remarquables.

Au milieu d'une de ces ruines, il y a trois munuments dont il reste encore les murailles et les colonnes; il y a aussi des caves voûtées communiquant entre elles.

J'ai vu une pierre de taille portant une inscription dont la moitié restée enfouic est admirable de conservation, mais l'autre partie exposée à l'air est presque illisible, cependant j'ai pu lire parfaitement la première ligne; elle est ainsi conçue:

GENIO MVNICIPII RVSVCCVRITI

Qui sait ce sont peut-être les ruines de Rusuccurum, qu'on croyait avoir trouvées déjà sur l'emplacement occupé aujourd'hui par la ville de Dellys.

Au milieu des secondes ruines que j'ai visitées, les K'ebaïls ont construit la ville de Ti Kseubt. Il y a sur un mamelon un monument qui ressemble assez à la Tourmagne de Nimes, mais ayant de plus une partie de façade assez bien conservée; non loin de ce monument, au sommet de la montagne, on reconnaît les traces d'un grand établissement dont il reste des pans de murailles et un poste cintré (?), le tout en pierres de taille.

Je regrette de n'avoir pu rester plusieurs jours au milieu de ces ruines, mais je me propose d'y retourner très-prochainement et d'y faire quelques recherches dans l'intérêt de l'histoire.

Agréez, etc.

Jules BARBIER.

L'auteur de cette lettre ne nomme pas l'endroit où il a copié le fragment, mais comme il appelle Ti-Kseubt (nous supposons qu'il

(1) Les ruines de Chorfa et de Tahsebt dont il est question dans cet article, sont décrites aux pages 163 et 173 du 2 volume de la Kabilie de M. Carette, ouvrage publié en 1848. Chorfa est à 23 kilomètres à l'est de Dellis et Taksebt à 4 kilomètres au delà, dans la direction du nord-est et en marchant vers le cap Tédelès. - N. de la R.

s'agit de Taksebt) (1) la ruine qu'il visite ensuite, et que, pour y arriver, il avait dû passer par celle de Chorfa, il paraît probable que c'est dans cette dernière qu'il a lu la ligne qu'il rapporte. Il est fâcheux qu'il ait laissé ce point essentiel à deviner au lecteur. Il y a dans le 3 paragraphe de cette lettre des choses qui nous embarrassent singulièrement. C'est d'abord cette pierre de taille portant une inscription dont la moitié, RESTÉE ENFOUIE, EST ADMI

RABLE DE CONSERVATION.

Car si elle est restée enfouie, comment M. J. Barbier a-t-il pu constater ce fait ?

Le reste n'est pas moins embarrassant: L'autre partie exposée à l'air est PRESQUE ILLISIBLE; cependant j'ai pu lire parfaitement la première ligne.

Bien qu'il y ait quelque chose à dire sur cette lecture parfaite d'un texte déclaré presque illisible, nous n'insisterons pas là-dessus, et nous nous bornerons à regretter que le jeune archéologue n'ait pas eu l'idée de nous donner la partie de l'inscription si admirablement conservée, ce qui devait lui être facile après avoir parfaitement lu ce qui était presque illisible.

Mais M. J. Barbier annonce qu'il y retournera bientôt pour faire quelques recherches dans l'intérêt de l'histoire. Nous l'engageons à être cette fois un peu moins avare de détails topographiques et de copies épigraphiques. Un estampage serait même bien préférable à une copie. En attendant — et quoique nous n'admettions nullement les conclusions qu'il semble tirer de sa découverte, nous ne l'en remercions pas moins d'avoir mis sur la voie d'un document qui peut présenter quelque intérêt au point de vue de la géographie comparée.

- Inscriptions recueillies dans l'expédition des Portes de fer. — M. Dauzals adresse à un de nos confrères la lettre suivante, relative à un passage du Bulletin bibliographique de notre Revue (Voir le premier numéro, page 67):

Monsieur et cher collègue,

Paris, le 16 octobre 1856.

Je vous remercie de l'avis que vous m'avez adressé et je m'empresse d'y répondre. Il y a un malentendu, comme le pense avec raison la Revuc africaine; M. le marquis de Lagrange a voulu parler des inscriptions recueillies pendant l'expédition aux Portes de fer et non des inscriptions trouvées aux Portes de fer.

J'ai effectivement plusieurs inscriptions, que je mets à la disposition de

(1) Il y a des gens qui trouvent que les mots arabes ou kabiles n'ont pas en eux-mêmes une forme suffisamment embarrassante pour le commun des lecteurs et qui s'appliquent à la rendre encore plus bizarre. - N. de la R.

la Revue; quelques-unes ont été publiées dans le Journal de l'expédition, imprimé à l'Imprimerie royale, en 1844, les autres sont dans mes cartons: elles proviennent principalement de Djimilah et de Sétif.

Comme ces deux points sont occupés par nous, il est très-probable que les documents dont je parle sont déjà connus de la Société historique algérienne; peut-être aussi depuis 1839, plusieurs fragments contenant des inscriptions ont-ils disparu.

Adieu, cher Monsieur, croyez à mes sentiments bien affectueux.

A. DAUZATS.

On nous écrit de Constantine que l'Annuaire de la Société archéologique de cette ville est sur le point de paraître. Il portera le millésime 1854-1855, parce que le membre qui s'était chargé de publier à Paris l'année 1854 y a renoncé tout récemment. C'est sous la direction de M. Cherbonneau, secrétaire de la Société, que l'Annuaire 1854-1855 a été rédigé et publié.

Ce volume nous parvient au moment où notre deuxième numéro est sous presse; nous en rendrons compte prochainement.

- Description de l'Afrique septentrionale, par Bekri. — M. le baron de Slane vient de terminer à peine la publication de l'Histoire des Berbers, par Ebn Khaldoun, texte et traduction, qu'il en commence une nouvelle non moins importante (1). On devait à M. Quatremère un extrait fort utile du manuscrit de Bekri (tome XII des Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque impériale, etc.); mais le savant orientaliste avait dû faire son travail sur un manuscrit unique, dépourvu de points diacritiques et avant la conquête de l'Algérie, c'est-à-dire à une époque où la géographie de l'Afrique septentrionale était fort peu connue. Il manquait donc un texte complet et épuré du géographe arabe et une traduction faite sur le terrain à une époque où les renseignements de toute nature abondent sur la Berbérie. Le texte arabe, revu et corrigé sur plusieurs manuscrits (dont un appartient à la Bibliothèque d'Alger) par MM. de Slane et Alfred Clerc, est déjà sous presse et paraîtra prochainement sous les auspices de M. le Maréchal comte Randon. La traduction suivra de près la publication du texte qui, tiré à 150 exemplaires seulement, formera un volume in-8° du prix de 7 fr. 50.

(1) Plusieurs personnes nous ayant demandé pourquoi les 3 et 4° voJumes de cet ouvrage, actuellement imprimés, ne sont pourtant pas à la disposition des lecteurs algériens, nous saisirons cette occasion de faire connaitre au public la cause d'un fait qui étonne tout d'abord. L'édition entière de chaque volume, après qu'il est imprimé, cst envoyée à Paris, où on la broche pour expédier ici plus tard les exemplaires à destination de l'Algérie.

Histoire des Berbers, par Ebn Khaldoun. Cet ouvrage d'une si haute importance pour les études historiques africaines sous la période musulmane, est entièrement à la disposition du public studieux. Les tomes 3e et 4e de la traduction de M. le baron de Slane sont imprimés.

L'appendice du 4 volume est intitulé: Notes sur la langue, la littérature et les usages du peuple Berber. Sous ce titre modeste, M. de Slane nous a donné un excellent travail qui manquait complètement.

-

Souvenirs militaires d'Algérie (1839-1840). Le Centre algérien publie sous ce titre une série de feuilletons dont l'auteur, M. Henri Fabre, chef d'escadron d'artillerie, indique le but en

ces termes :

. Témoin d'une évolution décisive du système français en Algérie, j'ai prétendu dire, sur une époque digne de l'intérêt d'un soldat et d'un bon citoyen, la vérité avec simplicité... Vos lecteurs y rencontreront la plupart des illustrations de ⚫ notre armée : c'est en 1840 que beaucoup de vaillants soldats ■ ont commencé à faire connaître au monde leurs noms déjà » зimés, admirés de leurs camarades. »

L'histoire de l'établissement français en Afrique présentera, par la suite, un intérêt immense; il est bon que ceux qui auront travaillé ou seulement assisté à ce laborieux enfantement, à quelque titre que ce soit, écrivent ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont vu ou entendu. Ces révélations internes seront d'excellents documents à consulter pour l'historien, le jour où il pourra y avoir un historien de ce fait providentiel.

Pour donner une idée plus nette du but que s'est proposé le commandant Fabre et faire connaître son style clair et attachant, prenons ce passage de ses Souvenirs.

...... Ma section (d'artillerie) était à Coléa. Je ne la rejoignis pas sur le champ, afin de laisser à Bosquet (1), que je venais remplacer le soin de la présenter à l'Inspecteur-général, le général Ocher de Beaupré. Je passai huit jours à Alger, logé à la Casba, dans les appartements de la fille du dey. Ma fenêtre ouvrait sur le rempart du Sud-Est, et la terrasse qui couvrait ma chambre dominait toute la ville. Ces premiers jours et surtout ces premières nuits me causèrent une impression profonde. C'était l'été encore, l'été d'Afrique, avec ses splendides clairs de lune, si charmants après de brûlantes journées. Chaque soir, nous causions, Bosquet et moi, assis sur la haute terrasse et enveloppés

(1) Alors (en 1839) lieutenant d'artillerie, aujourd'hui maréchal de France.

dans nos manteaux ; à nos pieds, les blancs étages des maisons d'Alger descendaient en s'élargissant jusqu'à la mer, dont l'immense et tranquille nappe semblait ensuite monter d'un seul plan jusqu'à l'horizon. Entre la terre et la mer, la vive lumière du phare criait, comme une dissonance, au milieu de la calme harmonie de ce spectacle.

» Bosquet, dès lors (1839), était un vieil africain dont les souvenirs, les pensées, les ambitions composaient un livre tout nouveau pour moi, dans lequel je lisais avec un charme étrange. Il possède, d'ailleurs, comme tous ses compatriotes du Béarn, le talent de conter; et puis, nous avions vécu, depuis six ans que nous nous étions separés, au sortir de l'École de Metz, d'exis tences tout à fait différentes. Ses histoires étaient toutes de marches, de combats, de souffrances. Entre toutes, quelques épisodes restaient en saillie, la Sikak, Boudouaou, quelques autres qui n'ont pas même de nom. Il avait de la joie à dire un trait de vigueur, à citer le nom de ses chefs ou de ses amis : c'étaient les généraux Bugeaud, Damrémont, les colonels Combes, Lamoricière qui paraissaient dans tous ses récits.

» Et moi, je n'avais rien à dire, personne à lui nommer. J'avais été, jusque-là, moins soldat qu'homme du monde, tandis que je trouvais, dans cet ami, ce compagnon d'autrefois, un soldat fier de l'être, dans qui l'amour et l'exercice du métier avaient grandi l'intelligence et le cœur. »

-Gazette médicale de l'Algérie, par M. le Dr A. Bertherand. - Cette publication, qui date du commencement de l'année, poursuit son cours avec plus de succès qu'il n'était permis d'en attendre d'une œuvre toute spéciale dans un pays où l'élément européen offre encore un chiffre comparativement peu considérable. Car il faut bien savoir qu'un journal qui s'adresse à tout le public de l'Algérie s'adresse par le fait à une population beaucoup moindre que celle de quelques-unes de nos villes de deuxième ordre en France.

Malgré ces circonstances défavorables, la Gazette médicale obtient du succès, même hors de la colonie. Le zèle et la science de son digne fondateur expliquent ce qu'il peut y avoir d'extraordinaire dans ce résultat.

Nous n'avons pas la prétention d'apprécier cette feuille au point de vue de sa spécialité; mais nous y trouvons des travaux intéressants qui rentrent jusqu'à un certain point dans la nôtre et nous les signalons avec empressement. Ce sont l'Histoire medico-chirurgicale de l'expédition de la Grande Kabilie en 1854, par M. le Dr A. Bertherand. C'est une relation animée et inté

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