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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Chronique du Beilik d'Oran, par un secrétaire du bey Hassan ; traduction de M. Alphonse Rousseau, premier drogman du consulat général de Tunis. Alger, 1856. M. Alphonse Rousseau, à qui l'on doit déjà la publication de plusieurs documents historiques inédits sur l'histoire locale, a fait, cette fois, plus que traduire il a généreusement donné le manuscrit dont il avait fait usage à la Bibliothèque d'Alger où il figure aujourd'hui sous le 11° 1061.

Les matériaux originaux relatifs à ce pays sous le gouvernement des Osmanlis sont tellement rares que c'est rendre un grand service que de mettre en lumière le petit nombre de ceux qu'on rencontre. Quoique M. Walsin Esthérazy se soit spécialement occupé de la province d'Oran dans son Histoire de la domination turque, une narration comme celle que M. Rousseau a traduite, faite par le secrétaire d'un bey, par un témoin oculaire de beaucoup des événements qu'il raconte, par un homme instruit, enfin, et en position d'obtenir des renseignements authentiques, est une pièce historique très-précieuse.

Cette brochure est le tirage à part, à un petit nombre d'exemplaires, du même travail publié, par articles, dans le Moniteur algérien, à la fin de 1855.

Cherchel. Diverses communications adressées à l'Akhbar et à la Colonisation ont fait connaître à nos lecteurs le résultat des fouilles entreprises à Cherchel par M. de Lhotellerie. Nous nous contenterons donc de résumer l'ensemble des objets recueillis durant le dernier semestre, dans eette localité, par le conservateur ou par d'autres personnes.

Dans un rapport daté du 29 mars dernier, M. de Lhotellerie s'exprime ainsi :

Non loin de la porte de Ténez, à Cherchel, et derrière la ma»nutention militaire, existent des ruines assez considérables; des ⚫ tronçons de fûts de colonnes en granit d'une très-forte dimen⚫sion sont encore là pour attester de l'importance du monument qui y était érigé et sur l'attribution duquel je n'ai aucune espèce .de donnée pour me prononcer d'une manière à peu près certaine (1); des énormes blocs de maçonnerie existent encore en

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(1) Ce monument est gravé sous le nom de Palais des Thermes dans l'ouvrage de M. Amable Ravoisié, membre de la Commission scientifique

cet endroit et une infinité d'objets et de débris de toute espèce jonchent le sol qui recouvre les restes de cette construction sans doute remarquable au temps des beaux jours de Césarée de • Mauritanie.

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Il paraîtrait que, lors de la prise de Cherchel, en 1840, un por⚫tique assez vaste et en assez bon état de conservation était encore • debout (1) au lieu indiqué, et qu'à la fin de 1843 et au com» mencement de 1844, l'on exhuma de quelques fouilles à peu » près faites au hasard, pour y chercher des matériaux destinés » à la construction de la manutention, cinq ou six statues en marbre blanc dont quelques-unes sont, - m'a-t-on affirmé, au Musée de Cherchel..

Après ce préambule, nous allons énumérer les découvertes faites par M. de Lhotellerie dans la riche mine archéologique où l'heureux hasard qui y conduisit les premiers investigateurs, en 1844, devait le ramener en 1856.

15 mars 1856. Statue d'homme en marbre blanc, la tête, le pied droit et le bras droit manquent; 0,73 de hauteur y compris un socle de 0,03. Ce paraît être l'œuvre d'un copiste de talent opérant sur un bon modèle. M. de Lhotellerie croit que c'est un Esculape.

16 mars 1856. Tête virile en marbre blanc, d'un mauvais style et très-mal conservée.

16 avril. On rencontre près du dallage des Thermes occidentaux la partie supérieure d'une statue d'homme en marbre blanc dans les dimensions de celle qui vient d'être décrite. Il ne reste que la tête et la partie supérieure de la poitrine de ce personnage aux formes athlétiques.

La même fouille a amené la découverte d'objets d'un intérêt secondaire. On a retrouvé aussi le dallage du monument dont il existait déjà, au Musée de Cherchel, quelques échantillons trouvés dans des fouilles antérieures.

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18 avril. Découvertes faites par diverses personnes. - Les objets suivants avaient été trouvés dans des fouilles faites en 1848 par l'indigène Mohammed el Gouraï et sont entrées récemment au Musée de Cherchel par les soins du Directeur.

de l'Algérie (V. Exploration scientifique) qui l'avait étudié en 1840. Pour distinguer ces Thermes de ceux qui s'élèvent sur le champ de manœuvres, on s'est généralement accordé à les appeler Thermes occidentaux, ou de l'Ouest.

(1) V. l'ouvrage de M. Ravoisié déjà cité.

1° Statue de femme décapitée, en marbre blanc, haute de 1 m. 60, y compris un socle de 0 m. 10 c. Elle n'est pas sculptée par derrière et était sans doute destinée à figurer dans une niche. Elle n'est pas d'une exécution irréprochable, quoiqu'elle ne manque ni de grâce ni d'élégance. Contre l'ordinaire, le bout des seins n'est pas martelé et a échappé à un genre de mutilation qu'on rencontre à peu près constamment dans les statues antiques.

2o Partie supérieure d'une statue de femme en marbre blanc. Grandeur naturelle. Ce fragment d'une statue d'assez bonne exécution a été seulement dégrossi par derrière et devait être placé dans une niche.

3o Autre fragment de même nature. Hauteur 0 m. 70 sur 0 m. 20 de largeur. Attribution incertaine.

24 avril. Découverte de la partie supérieure d'une statue en marbre blanc, au même endroit que les fragments précédents et sur l'indication de Mohammed el Gouraï. Cet objet est d'un mauvais travail.

26 avril. M. Maurice, employé aux Ponts-et-Chaussées, a signalé la partie inférieure de gauche d'une statue de femme en marbre blanc ayant pour symbole un dauphin placé à ses pieds. Cet objet antique, qu'on a fait aussi entrer au Musée de Cherchel, se trouvait à environ 3 m. des tonneaux placés proche et à l'est du bassin de la porte d'Alger. Ce pouvait être une statue de néréïde.

21 juillet. Dans les travaux de nivellement exécutés par le Génie militaire au champ de manœuvres, on a trouvé une statuette en bronze représentant Vénus debout; ce beau morceau antique est haut de 0 m. 18 c.; il a été remis le jour même au Musée archéologique de Cherchel.

12 octobre. Récentes découvertes faites par M. de Lhotellerie. -M. le Maréchal comte Randon, dont les sympathies pour la science historique sont bien connues, ayant donné les moyens de reprendre les fouilles dans les Thermes occidentaux de Julia Cæsarea, on a fait les découvertes suivantes :

1° Statue d'homme jeune, en marbre blanc, d'une hauteur actuelle de 0 m. 70 c. Sa belle exécution fait regretter les mutilations qu'elle a subies. Elle est sculptée par derrière et devait être vuc de tous côtés. L'état où elle se trouve ne permet pas de la déterminer. Revue africaine, no 2.

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2o Enfin, on lit dans le Moniteur algérien du 25 novembre: Le musée archéologique de Cherchel vient encore de s'enrichir d'un objet d'art antique qui paralt des plus remarquables.

Il s'agit d'une colossale statue de Neptune, en marbre blanc, découverte par suite des fouilles que l'on exécute dans les ruines situées derrière la manutention militaire.

Cette statue a 2m 40 de hauteur, y compris un socle de 0,15°; il n'y manque que le bras et la jambe gauches, encore en a-t-on rassemblé les débris. La tête, dont le nez seul est légèrement martelé, était séparée du tronc, mais s'y rapporte parfaitement.

- Ruines de Chorfa (1). On lit dans La Colonisation du 3 octobre 1856:

J'ai visité les ruines de deux villes romaines. Elles sont toutes deux presque aussi bien conservées que celles de Lambessa, et je suis persuadé que des fonilles bien dirigées amèneraient des découvertes remarquables.

Au milieu d'une de ces ruines, il y a trois munuments dont il reste encore les murailles et les colonnes; il y a aussi des caves voûtées communiquant entre elles.

J'ai vu une pierre de taille portant une inscription dont la moitié restée enfouie est admirable de conservation, mais l'autre partie exposée à l'air est presque illisible, cependant j'ai pu lire parfaitement la première ligne; elle est ainsi conçue:

GENIO MVNICIPII RVSVCCVRITI

Qui sait ce sont peut-être les ruines de Rusuccurum, qu'on croyait avoir trouvées déjà sur l'emplacement occupé aujourd'hui par la ville de Dellys.

Au milieu des secondes ruines que j'ai visitées, les K'ebaïls ont construit la ville de Ti Kseubt. Il y a sur un mamelon un monument qui ressemble assez à la Tourmagne de Nimes, mais ayant de plus une partie de façade assez bien conservée; non loin de ce monument, au sommet de la montague, on reconnaît les traces d'un grand établissement dont il reste des pans de murailles et un poste cintré (?), le tout en pierres de taille.

Je regrette de n'avoir pu rester plusieurs jours au milieu de ces ruines, mais je me propose d'y retourner très-prochainement et d'y faire quelques recherches dans l'intérêt de l'histoire.

Agrécz, etc.

Jules BARBIER.

L'auteur de cette lettre ne nomme pas l'endroit où il a copié le fragment, mais comme il appelle Ti-Kseubt (nous supposons qu'il

(1) Les ruines de Chorfa et de Taksebt dont il est question dans cet article, sont décrites aux pages 163 et 173 du 2o volume de la Kabilie de M. Carette, ouvrage publié en 1848. Chorfa est à 23 kilomètres à l'est de Dellis et Taksebt à 4 kilomètres au delà, dans la direction du nord-est et en marchant vers le cap Tédelès. N. de la R.

NOTICE SUR THUBURBO MAJUS

COLONIA JULIA AURELIA COMMODA (1).

L'emplacement de Thuburbo Majus, l'une des huit colonies de la province d'Afrique, dont parle Pline (2), n'a été déterminé d'une manière précise, jusqu'à ce jour, par aucun des archéologues qui se sont occupés de la géographie comparée de la Tunisie. Shaw, en identifiant avec raison Thuburbo Minus au bourg moderne de Tbourba, se borne à remarquer que Thuburbo Majus devait être situé beaucoup plus au Sud. Mannert s'autorise de ce passage à peu près négatif du voyageur anglais pour placer la colonie en question à Tubersole, localité dont le nom, sous celle forme du moins, m'est tout à fait inconnu; je suppose que ce géographe a voulu parler de Tiboursek, petite ville située, en effet, au Sud-Est de Thourba. Le Dr Barth n'a pas essayé de fixer, même approximativement, l'équivalent moderne de Thuburbo Majus; il la place néanmoins, sur la carte annexée à ses Wanderungen, à l'Ouest du Djebel Zar'onan. C'est à peu près la position qu'elle occupe sur la carte de d'Anville. Enfin, M. Pellissier, sans se prononcer formellement, semble disposé à regarder les ruines de Djerad, au S.-E. de cette même montagne de Zar'ouan, comme celle de Thuburbo Majus.

Les indications des Itinéraires, du reste, sont assez vagues pour expliquer ces divergences d'opinion: la position de Vallis pouvait seule donner à peu près celle de Thuburbo Majus, et elle était demeurée incertaine pour les auteurs précités. En fixant Vallis à Sidi Medien, entre Krich el-Oued, Merasâa et Medjez elBab, comme je crois l'avoir établi dans un article inséré dans l'Annuaire de la Société archéologique de Constantine (1854-55),

(1) Cette très-importante communication nous parvient trop tard pour que nous puissions la classer dans notre 5° numéro parmi les articles de fonds de la section archéologique. Nous n'avons pas voulu cependant en retarder l'impression; et c'est par ce double motif que nous la plaçons en tête de la Chronique. N. de la R.

(2) I'LINE, V. 4. Colonias VI: præter jam supra dictas, Uthinam, TUBURBIN. Pline, comme on le voit, donne à cette colonic le nom de Tuburbis; elle porte celui de Thobourbo dans Ptolémée, celui de Tuburbum dans les Itinéraires. L'évêque de Tuburbo (Episcopus Tuburbilensis) figure dans la Notice et dans les Conciles. Morcelli donne l'ethnique Tuburbitanus et rappelle qu'à l'époque chrétienne cette colonie a porté le surnom de Lucernaria, peut-être, dit-il, parce qu'on y fabriquait de ces petites lampes appelées Lucernac.

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