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la puissance et l'efficacité qui résultent de l'association des efforts de tous les hommes compétents, il a provoqué l'établissement d'une société spéciale dans la capitale de l'Algérie.

Nous ne faisons qu'indiquer ici cette nouvelle institution dont il sera parlé plus amplement dans la partie officielle de ce journal. Si nous avons tenu à rendre aussi complète que possible l'énumération des tentatives faites ici à diverses époques dans l'intérêt de la science, c'était pour bien démontrer que, dès le principe, les Français d'Algérie ont compris toute l'étendue de la tâche civilisatrice qui leur était dévolue, et que, si des circonstances impérieuses ne leur ont pas permis d'atteindre le but tout d'abord, ils n'ont pas cessé un seul instant de l'avoir en vue et de le poursuivre.

Maintenant, Dieu merci, la période des essais et des tâtonnements est loin derrière nous, et le faisceau des études historiques africaines se trouve enfin constitué. Le temps lui donnera toute sa puissance en amenant sur les points principaux la création de bibliothèques communales et l'augmentation des bibliothèques militaires. Ces institutions sont indispensables pour faciliter les travaux des personnes éloignées de la capitale et empêcher la civilisation de rétrograder au contact de la barbarie et en l'absence de tout moyen d'étude.

Le temps est donc passé où l'on pouvait appliquer à toute l'Algérie ces paroles écrites par M. Poujoulat à propos des antiquités de Julia Cæsarea:

• Jusqu'ici, disait l'auteur,

a

- nul n'a fait bonne garde au» tour des ruines de Césarée, et nous désirons que l'autorité veille sur les restes de la grande cité. »

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Ce noble vœu est aujourd'hui exaucé, non-seulement pour Cherchell, mais pour toute l'Algérie; car nous avons partout des correspondants zélés et intelligents qui feront bonne garde devant nos Vandales modernes. Rien d'important ne pourra désormais échapper à l'observation; tout ce qui en vaudra la peine sera conservé, recueilli, signalé à l'attention publique et à la sollicitude administrative.

Sous le patronage de notre Président honoraire, M. le Maréchal comte Randon, forts des sympathies de tout ce qui vit ici de la

vie intellectuelle, avec le concours de nos nombreux correspondants, et en possession désormais d'une tribune spéciale, nous abordons résolument la tâche que notre spécialité nous impose.

La Revue africaine, en prenant sa place dans la presse algérienne, s'appliquera surtout à publier les matériaux inédits, les faits positifs, les documents authentiques, en un mot, tout ce qui pourra jeter quelque lumière sur l'histoire locale à ses diverses époques. Elle fera connaître aussi, par voie de reproduction ou par simple analyse, selon les cas, les travaux intéressants qui paraissent ou ont paru dans les feuilles de la colonie ou dans les journaux d'Europe. Elle s'efforcera, en un mot, de recueillir ou du moins de signaler tout ce qui s'est dit ou écrit de substantiel sur ce pays, afin de devenir, par la suite, une véritable Bibliothèque historique africaine où se trouveront réunis une foule de fails utiles ou curieux qui demeureraient inconnus et seraient perdus pour la science, en l'absence d'une publication spéciale destinée à les enregistrer.

Dire ce que nous admettons dans notre Revue, c'est indiquer implicitement ce que nous en écarterons avec soin: par exemple, ces compilations faites d'après d'autres compilations, ces déclamations scientifiques qui n'apprennent rien, et ces systèmes historiques dénués de preuves, qui n'ont pas d'autre base que l'imagination de leurs auteurs.

La Revue africaine s'appliquera particulièrement à populariser en Algérie, à l'aide d'instructions spéciales, les notions indispensables à l'observateur. Elle n'aura, pour atteindre ce but, qu'à approprier aux circonstances locales les travaux des comités institués en France auprès du Ministre de l'Instruction publique, travaux auxquels M. Fortoul, dont nous déplorons aujourd'hui la perte prématurée, avait imprimé une impulsion à la fois si intelligente et si énergique.

Il y a, en Europe, des hommes éminents dans la science historique et qui s'occupent du passé de l'Algérie avec une abondance de ressources littéraires que notre colonie ne possédera peutêtre jamais. A notre tour, nous possédons ce qui leur manque; nous avons les objets d'étude sous les yeux, et, pour ainsi dire, toujours à portée de la main. Cet avantage-là vaut bien l'autre ;

et la conséquence à tirer de cet état de choses, c'est que le travailleur algérien n'est pas l'inutile doublure, mais le complément naturel de celui d'Europe. Chacun d'eux fera ce que l'autre ne peut faire, et leur réunion offrira la solution complète du problème d'organisation des études historiques à entreprendre sur l'Afrique septentrionale.

Là se trouve la raison d'être de notre société et de notre journal; là sera, nous osons l'espérer, la cause de notre succès.

Pour la SOCIÉTé historique ALGÉRIENNE :

Le Président,

A. BERBRUGGER.

PARTIE OFFICIELLE

SOCIÉTÉ HISTORIQUE ALGÉRIENNE

(EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX)

-

1re Séance, 1er mars 1856. Sont présents: MM. BÉQUET, conseiller civil rapporteur au Conseil de gouvernement; BERARD, receveur du timbre extraordinaire; BERBRUGGER, conservateur de la bibliothèque et du musée d'Alger; BRESNIER, professeur à la chaire d'arabe d'Alger; CLERC, interprète militaire de 2o classe ; DEWOULX, conservateur des archives arabes du domaine; ELMORE, vice-consul d'Angleterre; SCHOUSBOE, interprète principal militaire, attaché au Gouvernement général; le baron de SLANE, interprète principal militaire.

M. Berbrugger communique à la réunion la dépêche de M. le Maréchal gouverneur qui lui donne la mission d'organiser une Société historique algérienne; il expose que, pour mieux atteindre cc but éminemment utile, il a cru devoir faire appel, par une circulaire-programme, en date du 22 février dernier, aux hommes que des publications sur l'Algérie ou la notoriété publique lui désignaient comme des coopérateurs naturels. Il rappelle le but et les moyens d'action de la Société qu'il s'agit de fonder, tels qu'ils sont définis dans ladite circulaire. Il ajoute que la publication des travaux paraît être une condition indispensable d'existence.

Se résumant, il fait la proposition suivante :

« Les personnes ici présentes reconnaissent l'utilité d'une Société qui aurait pour objet l'étude de l'histoire locale à ses diverses époques et qui ferait connaître ses travaux au moyen d'une publication spéciale. Elles ont la ferme intention d'associer leurs efforts pour atteindre ce double résultat et déclarent se constituer provisoirement, dès aujourd'hui, sous le titre de Société historique algérienne.

Cette proposition est mise aux voix et unanimement adoptée. On procède ensuite à la nomination d'un bureau provisoire, qui sera chargé, au nom des membres fondateurs, de faire les démarches nécessaires auprès de l'autorité compétente pour arriver à constituer régulièrement la Société.

Sont nommés membres du bureau provisoire :

MM. BERBRUGGER, président;

le baron de SLANE, vice-président;

CLERC, secrétaire.

Sur une observation d'un membre, on décide que la Société s'occupera de l'histoire de l'Afrique dans le sens le plus large, sans même en exclure les questions qui se rattachent au sol et à ses productions.

On lit ensuite une liste de personnes qui sont invitées à se joindre aux membres fondateurs.

La Société s'ajourne au samedi suivant.

2e Séance, samedi, 8 mars (présidence de M. Berbrugger). Deux nouveaux membres assistent à cette séance. Ce sont : MM. GALINIER, chef d'escadron d'état-major, aide de camp de M. le maréchal comte Randon, et MAC-CARTHY, ingénieur-géographe.

Le Président lit un projet de statuts que l'on discute et dont on adopte successivement les articles. Le vote d'ensemble est renvoyé à la prochaine séance.

Considérant que M. le maréchal comte Randon, gouverneurgénéral, est le fondateur de la Société historique algérienne, qui ne doit l'existence qu'à son initiative, on décide à l'unanimité que le titre de Président honoraire lui sera offert par la Société (1). Après s'être occupé des adjonctions qu'il serait utile de s'assurer, la Société s'ajourne au samedi suivant.

(1) M. le Maréchal gouverneur a bien voulu accepter ce titre.

3 Séance, 15 mars 1856 (présidence de M. Berbrugger). - Le vole d'ensemble a lieu sur le projet de statuts, qui est adopté à l'unanimité.

Le Président donne lecture d'un projet de demande d'autorisation, afin de donner à la Société une existence régulière. Adopté à l'unanimité.

M. le vice-président de Slane occupe le fauteuil, pendant que M. Berbrugger lit uue notice sur sa première exploration du Tombeau de la Chrétienne, travail qu'il doit reprendre le 20 de ce mois. Plusieurs photographics produites par M. Berbrugger à l'appui de son mémoire, mettent la Société à même d'apprécier les difficultés de cette exploration et les résultats obtenus.

Après avoir pris quelques décisions d'organisation intérieure, la Société s'ajourneau 21 avril.

4 Séance, 21 avril 1856 (présidence de M. Berbrugger). — Le Président donne lecture d'un arrêté de M. le Maréchal gouverneur, en date du 7 avril dernier, par lequel la Société historique algérienne est autorisée.

On communique plusieurs lettres de personnes qui déclarent accepter les titres de membres honoraires, résidants ou correspondants, qui leur ont été offerts.

On propose quelques nouvelles adjonctions qui sont acceptées. On procède à la nomination d'un trésorier-archiviste. M. Bérard est élu à l'unanimité.

On décide qu'une déclaration sera faite à l'autorité, aux termes de la loi, relativement à la publication que la Société se propose de faire d'un journal de ses travaux sous le titre de Revue africaine.

On lit ensuite une communication de M. de Lhotellerie, conservaleur du musée de Cherchell, relativement à une statue trouvée récemment dans cette localité (1).

On s'ajourne au 2 mai.

5. Séance, 2 mai 1856 (présidence de M. Berbrugger). — Les nouveaux membres qui assistent à cette séance sont: MM. de NEVEU, Colonel d'état-major, chef du bureau politique; ROLAND DE Bussy, directeur de l'imprimerie du gouvernement; docteur BERTHEBAND, rédacteur en chef, propriétaire de la Gazelle médicale;

(1) Pour cette communication et pour toutes les autres de même genre, voir les détails à la Chronique.

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