seule, à moins qu'on n'admette les prétentions de quelques peuplades qui habitent les bords de la rivière de Bougie et qui s'attribuent cette origine. Elles font aujourd'hui partie de la milice et ont la jouissance de certaines terres aux environs de la ville, sous la condition de marcher avec les troupes du sultan, toutes les fois que lui ou ses généraux se mettent en campagne. HISTOIRE DE LA DYNASTIE SANHADJIENNE FONDÉE A GRENADE PAR HABBOUS-IBN-MAKCEN-IBN-ZÎRI 1. Badîs, fils d'El-Mansour et petit-fils de Bologguîn-Ibn-ZîriIbn-Menad, proclamé souverain de l'Ifrîkïa en l'an 385 (995), confia à ses oncles et autres parents le commandement des forteresses de cet empire. A Hammad, il donna le gouvernement d'Achîr, et, à Itouweft, frère [de Hammad], celui de Tèhert. Zîri-Ibn-Atïa, seigneur de Fez et chef de la nation maghraouienne, envahit alors le territoire sanhadjien avec l'intention d'y faire reconnaître la souveraineté de Hichâm-el-Mouaïed, khalife de Cordoue, et vint, à la tête des Zenata, mettre le siège devant Tehert. L'armée que Badîs envoya contre lui, sous la conduite de Mohammed-Ibn-Abi-l-Arab, ayant essuyé une défaite dans le voisinage de cette ville, ce monarque marcha lui-même à la rencontre de l'ennemi; et, bien que Felfoul, fils de Saîd-Ibn-Khazroun et seigneur de Tobna, se fût révolté contre lui, il força Zîri-Ibn-Atïa à une prompte retraite. Ayant alors laissé dans Achîr ses grands-oncles, Zaoui, [Makcen,] Djelal, Arem et Mâhnîn, et ses oncles Hammad et Itouweft, il repartit pour Cairouan. En l'an 3892, Zaoui et ses frères tramèrent une révolte contre Badîs et abandonnèrent Hammad à ses propres ressources, après lui avoir enlevé tous ses bagages. Abou-'l-Behar, fils de Zîri, qui se trouvait alors avec Badîs, craignit la colère de ce prince 1. Dans la continuation de l'Art de vérifier les dates, t. II, p. 468, on trouvera une notice sur cette dynastie. 2. Le texte arabe et les manuscrits portent 386. Cette date est fausse. et alla rejoindre les rebelles. Comme Badîs ne pouvait s'occuper d'eux à cause de sa guerre avec Felfoul et avec Yanès, affranchi qu'El-Hakem [le fatemide, souverain de l'Egypte,] avait nommé au gouvernement de Tripoli, les révoltés profitèrent de son embarras pour donner carrière à leur perversité : ils portèrent le ravage dans tout le pays et formèrent même une alliance avec Felfoul. Abou-'l-Behar les quitta vers cette époque et se réconcilia avec Badîs. En l'an 391 (1001), ils eurent, avec Hammad, une rencontre qui amena la défaite de leurs partisans et coûta la vie à Makcen et à ses deux fils 1. Zaoui se jeta dans le Chennouan, montagne située dans la partie maritime du gouvernement de Miliana, et, de là, il passa en Espagne avec ses fils, ses neveux et ses gens. El-Mansour-Ibn-Abi-Amer, régent de l'empire oméïade et tuteur du khalifat, accueillit les réfugiés avec empressement et les attacha à sa personne pour en faire les soutiens de son pouvoir, les instruments au moyen desquels il compta établir sa domination sur l'empire et enlever au khalife toute son autorité. A cet effet, il les enrôla dans le corps de Zenatiens et d'autres Berbères qu'il avait pris à son service et avec lequel il venait de remplacer, en Espagne, la milice du sultan ainsi que les troupes oméïades et les contingents des tribus arabes. La puissance de ces Sanhadjiens augmenta à un tel degré qu'ils devinrent le principal appui d'El-Mansour et de ses fils et successeurs, El-Modaffer et En-Nacer. Lors de la chute de cette famille, Zaoui prit une part très active à la guerre qui éclata entre les musulmans espagnols et les troupes berbères 2. Soutenu par les Sanhadja, par le corps entier des Zenata et par les autres Berbères, Zaoui s'acharna sur la ville de Cordoue jusqu'à ce qu'il parvînt à y établir l'autorité d'El-Mostaïn-Soleiman, fils d'El-Hakem et petit-fils de Soleiman-Ibn-en-Nacer. Ils avaient proclamé ce prince khalife et lui avaient juré fidélité, ainsi que 1. Il faut lire ouebnaïhi dans le texte arabe. Voir ci-devant, p. 17. 2. Voir la continuation de l'Art de vérifier les dates, t. II, p. 426 et suiv. nous l'avons raconté dans notre chapitre sur les Oméïades d'Espagne 1. Les Berbères emportèrent Cordoue d'assaut, y pénétrèrent avec leur khalife, en se livrant à tous les excès; ils dépouillèrent les habitants de leurs biens et portèrent la violence et le déshonneur au sein des familles les plus respectables. A ce sujet, on raconte des choses épouvantables. Pendant le pillage de la ville, Zaoui alla enlever la tête de son père, Zîri-Ibn-Menad, du haut de la citadelle où on l'avait plantée, et il l'envoya à sa famille pour être déposée dans le tombeau qui renfermait le corps de ce prince. Quand les Hammoudites, famille [idrîcide] descendue d'Ali [gendre de Mahomet], eurent établi leur autorité en Espagne, la désunion se mit entre les Berbères et le feu de la discorde se propagea dans toutes les parties de ce pays. Les chefs berbères et les grands officiers de l'empire oméïade se précipitèrent à l'envi sur les villes et les provinces, pendant que les Sanhadjiens, déjà maîtres de la campagne d'Elvira, allèrent s'emparer de cette ville. Zaoui, le coryphée du parti berbère, fit de Grenade la capitale de ses états et le boulevard de son parti. Profondément affligé des excès auxquels ses compatriotes s'étaient livrés pendant la guerre civile, et convaincu que ces méfaits entraîneraient sur leurs auteurs la vengeance divine et amèneraient la ruine de l'empire qu'il venait de fonder, il prit la résolution d'abandonner l'Espagne. En l'an 410 (1019-20), il alla trouver son parent, le sultan de Cairouan, et, arrivé dans cette capitale, après une absence de vingt ans, il reçut d'El-Moëzz-Ibn-Badîs, [arrière-] petit-fils de son frère Bologguîn, l'accueil le plus honorable3. Ce monarque, dont le royaume jouissait de la plus haute prospérité après avoir beaucoup gagné en étendue et en population, lui 1. Ce chapitre se trouve dans la partie inédite de l'Histoire universelle. Voir l'introduction à notre premier volume, p. vi. 2. Voir ci-devant, p. 8. 3. Voir ci-devant, p. 19. assigna pour demeure un de ses plus beaux palais; il lui accorda même le premier rang à la cour et la préséance sur tous les autres descendants de Zîri. A l'approche de Zaoui, il envoya audevant de lui toutes les princesses de la famille royale, et l'on raconte qu'il se trouvait parmi elles mille individus tellement rapprochés de Zaoui par les liens du sang qu'il n'aurait pas pu en prendre une pour femme. Ce fut alors qu'il enterra la tête de son père dans le tombeau qui en renfermait le corps. En quittant ses états espagnols, il y avait laissé son fils en qualité de lieutenant. Ce prince se rendit tellement impopulaire que les habitants de Grenade se révoltèrent contre lui, et, faisant alors venir son cousin Habbous, fils de Makcen-Ibn-Zîri, qui habitait un château aux environs de la ville, ils fondèrent une nouvelle dynastie en lui prêtant le serment de fidélité. Habbous devint un des plus puissants d'entre les petits souverains qui s'étaient partagé l'Espagne. Il mourut en 429 (1037-8). Badîs, fils et successeur de Habbous, prit, en montant sur le trône, le titre d'El-Modaffer (le victorieux); mais tant qu'il exerça l'autorité suprême, il reconnut la souveraineté des Hammoudites. Les princes de cette famille venaient d'abandonner Cordoue et de se fixer à Malaga où ils régnaient sous le titre d'émirs. L'année même de l'avènement de Badîs, le chef amerite qui gouvernait Almeria 1 marcha contre lui; mais, dans une bataille qui se livra aux environs de Grenade, il essuya une défaite et perdit la vie. Après cette victoire, Badîs jouit d'un long règne et vit son amitié et son appui recherchés avec un extrême empressement par les autres rois des états espagnols. En l'an 431 (1039-40), il réunit ses troupes à celles d'IbnBacanna, général au service d'Idrîs-Ibn-Hammoud, seigneur de 1. Il s'agit de Zoheir l'esclavon. Voir History of the Mohammedan dynasties in Spain de M. de Gayangos, vol. II, pp. 248, 257, 506. Cet ouvrage offre une foule de renseignements sur l'histoire politique, biographique et littéraire de l'Espagne mulsumane. L'histoire des rois d'Alméria, qui se trouve dans la continuation de l'Art de vérifier les dates, ayant été empruntée à l'ouvrage de Conde, renferme de graves erreurs. Malaga, et marcha au secours de Mohammed-Ibn-Abd-Allah-elBerzaliqu'Ismail, fils d'El-Cadi-Ibn-Abbad1, tenait assiégé dans la ville de Carmona]. Avant d'atteindre leur destination, ils rebroussèrent chemin et encouragèrent ainsi leur adversaire à les poursuivre. Un combat eut alors lieu qui amena la défaite d'Ismaîl, et ce malheureux, abandonné par les siens, tomba sous les coups des Sanhadja. Sa tête fut envoyée à Ibn-Hammoud. El-Cader-Ibn-Di-'n-Noun, seigneur de Tolède, reçut aussi de Badis un appui qui le mit en état de résister avec succès aux entreprises ambitieuses et aux tentatives hostiles d'Ibn-Abbad. Ce fut Badîs qui, le premier, érigea Grenade en ville capitale; il en fonda la citadelle, y bâtit des palais et l'entoura de fortifications. Encore aujourd'hui, on remarque les traces de sa puissance dans les constructions et bâtiments élevés par ses soins. En l'an 449 (1057-8), lors de la chute des Hammoudites, il оссира la ville de Malaga et l'incorpora dans ses états. Sa mort eut lieu en 467 (1074-5). A cette époque, les Almoravides venaient d'étendre leur domination sur le Maghreb, et leur souverain, Youçof-Ibn-Tache fîn, y avait fondé un puissant empire. Abd-Allah, fils de Bologguîn et petit-fils de Badîs, succéda à son aïeul et prit le surnom d'El-Modaffer. Il donna à son frère Temîm le gouvernement de Malaga. La puissance de cette maison se maintint jusqu'à ce que Youçof-Ibn-Tachefîn fit, en Espagne, la célèbre expédition dont nous aurons à parler dans l'histoire de ce monarque. En l'an 483 (1090), Youçof occupa Grenade, et ayant fait arrêter Abd-Allah-Ibn-Bologguîn, il lui enleva ses trésors et l'envoya prisonnier en Afrique avec Temîm, gouverneur de Malaga. Abd-Allah fut conduit à Aghmat, et son frère Temîm à Sous-el-Acsa Ils restèrent, jusqu'à leur mort, au pouvoir de Youçof-Ibn-Tachefîn qui, du reste, leur avait assigné à 1. On peut voir, dans la continuation de l'Art de vérifier les dates et dans l'ouvrage de M. de Gayangos, l'histoire des Abbadites. Consultez aussi l'article Motamed-Ibn-Abbad dans le troisième volume de la traduction anglaise d'Ibn-Khallikan. |