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verneur. Ce fonctionnaire ne tarda pas à insulter les villes et les forteresses du pays des Sanhadja. El-Mansour marcha contre lui et, après avoir dévasté le territoire de Makhoukh et détruit ses châteaux, il serra Ibn-Tînamer de si près, que Youçof-IbnTachefîn se vit dans la nécessité de faire la paix et d'empêcher ses Almoravides d'envahir les états hammadites. Quelque temps s'écoula ainsi, mais les Almoravides ayant renouvelé leurs tentatives hostiles, El-Mansour envoya contre eux son fils, l'émir Abd-Allah. Les Almoravides évacuèrent alors le territoire sanhadjien et rentrèrent à Maroc. Abd-Allah prit, dans le Maghreb central, une position d'où il put lancer des troupes sur les contrées occupées par les Beni-Ouemannou, et, ayant mis le siège devant El-Djâbat, il s'en empara. A ce succès, il ajouta la prise de Merat, et, ayant fait grâce aux habitants, il alla rejoindre son père. Alors la guerre s'alluma entre Makhoukh et El-Mansour, lequel tua la sœur de son adversaire. Le fils de Makhoukh se rendit à Tlemcen pour obtenir l'appui d'Ibn-Tînamer, et marcha ensuite sur la ville d'Alger qu'il tint bloquée pendant deux jours.

A la suite de cette expédition, Mohammed-Ibn-Tînamer mourut, et son frère, Tachefin-Ibn-Tinamer, auquel Youçof-IbnTachefîn donna le gouvernement de Tlemcen, alla s'emparer d'Achîr. Cette nouvelle insulte excita l'indignation d'El-Mansour au plus haut degré ; il appela sous ses drapeaux toute la population sanhadjienne, et s'étant assuré l'appui des Arabes athbedjiens, zoghbiens et rebîens, nommés aussi makiliens, ainsi que d'une foule de peuplades zenatiennes, il marcha sur Tlemcen, l'an 496 (1102-3), à la tête de vingt mille hommes. Arrivé au Ouadi-Stafcîf, il envoya l'armée en avant et la suivit de près. Tachefîn, qui venait de quitter Tlemcen pour se rendre à Teçala, rencontra ces troupes sur sa route et essuya une telle défaite qu'il courut se réfugier dans le Djebel-es-Sakhra. L'armée d'ElMansouravait déjà commencé à saccager Tlemcen, quand Haoua, la femme de Tachefin, sortit au-devant de lui et implora sa miséricorde, en faisant valoir les liens de parenté qui existaient entre les deux nations sanhadjiennes. Profondément touché de la démarche de cette dame, le vainqueur l'accueillit de la manière

la plus honorable, épargna la ville et reprit, la même matinée, le chemin de sa capitale, El-Calâ.

Après cette expédition, il tourna ses armes contre les Zenata et mena ce peuple si durement qu'il le força à se disperser dans le Zab et le Maghreb central. Rentré à Bougie, il attaqua les tribus qui en occupaient les environs, et leur fit éprouver tant de pertes qu'elles se jetèrent dans le Beni-Amran, le Beni-Tazrout, le Mansouria, le Sahrîdj, le Nador, le Hadjr-el-Maëz et autres montagnes presque inabordables. Jusqu'alors les souverains hammadites avaient attaqué ces tribus sans pouvoir les soumettre. Par des entreprises de cette nature, El-Mansour parvint à maintenir son autorité et à raffermir sa puissance.

Quand les Almoravides s'emparèrent de l'Espagne, Moëzzed-Dola-Ibn-Somadeh, souverain d'Almeria ', vint chercher un asile auprès d'El-Mansour. Ce monarque lui concéda Tedellis et l'établit dans cette ville.

La mort d'El-Mansour eut lieu en 498 (1104-5).

Règne de Badis, fils d'El-Mansour. - Badîs, fils et successeur d'El-Mansour, s'était déjà fait remarquer par la sévérité et la violence de son caractère; aussi commença-t-il son règne par confisquer les biens d'Abd-el-Kerîm-Ibn-Soleiman, vizir de son père, et par lui ôter la vie. D'El-Calà, il se transporta à Bougie où il fit éprouver le même sort à Seham, officier qui y commandait. Il mourut dans la première année de son règne et son frère El-Azîz lui succéda.

El-Azîz se trouvait

Règne d'El-Azîz, fils d'El-Mansour. à Djîdjel, où son frère l'avait relegué après l'avoir privé du gouvernement d'Alger, quand le caïd Ali-Ibn-Hamdoun le rappela à la capitale et le fit reconnaître pour souverain. Le mariage d'El-Azîz avec une fille de Makhoukh cimenta alors la paix que

1. Pour l'histoire de ce prince, voir la continuation de l'Art de vérifier les dates, éd. in-8°, t. II, p. 491. Dans cet ouvrage, on donne à IbnSomadeh le titre de Hoçam-ed-Dola (glaive de l'empire).

le gouvernement hammadite s'empressa de conclure avec les Zenata. Ce monarque jouit d'un règne long et tranquille. Il se plaisait à faire venir des savants chez lui pour les entendre discuter des questions scientifiques.

L'île de Djerba, qu'il avait fait bloquer par sa flotte, se rendit à discrétion et reconnut son autorité. Tunis fut assiégé par ses troupes jusqu'à ce que le gouverneur, Ahmed-Ibn-Abd-el-Azîz, fit sa soumission.

Sous le règne d'El-Azîz, les Arabes envahirent le territoire d'El-Calâ, au moment où l'on s'y attendait le moins, et ne s'en éloignèrent qu'après avoir saccagé tous les environs et forcé la garnison à s'enfermer dans la ville. Quand cette nouvelle fut connue à Bougie, El-Azîz fit partir un corps de troupes et un convoi d'approvisionnements sous la conduite de son fils Yahya et de son général Ali-Ibn-Hamdoun. L'arrivée de cette armée à El-Calâ mit fin au désordre et obligea les émirs arabes à solliciter leur grâce. Yahya leur accorda une amnistie et ramena troupes à Bougie.

ses

Ce fut sous le règne d'El-Azîz, en l'an 512 (1118-9), que le Mehdi des Almohades arriva à Bougie, en revenant de l'Orient. Il joua dans cette ville son rôle de réformateur d'abus ; mais, ayant été averti que le souverain délibérait sur la nécessité de le punir, il passa chez les Beni-Ourîagol, tribu sanhadjienne qui habitait la vallée de Bougie. Ayant obtenu la protection de ce peuple, il resta quelque temps avec lui et s'établit à Melala où il se mit à enseigner la loi divine. El-Azîz tenta de s'emparer de lui, mais les Beni-Ourîagol prirent les armes et continuèrent à défendre leur protégé jusqu'à son départ pour le Maghreb. El-Azîz mourut en l'an 515 (1121-2).

Règne de Yahya, fils d'El-Aziz.— Yahya, fils et successeur d'El-Azîz, était d'un caractère mou et efféminé; il jouit pourtant d'un long règne. Dominé par les femmes et entraîné par l'amour de la chasse, il ne songea qu'à s'amuser pendant que l'empire tombait en dissolution et que les tribus sanhadjiennes s'éteignaient successivement autour de lui. Il changea le coin de

la monnaie, chose qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait voulu faire, à cause de leur respect pour les droits des Fatemides. IbnHammad rapporte que les dinars (pièces d'or) de Yahya portaient sur chaque face des inscriptions disposées en trois lignes et en cercle. Le cercle d'une des faces offrait ces mots : Craignez le jour où vous serez ramenés devant Dieu; alors chaque âme sera rétribuée selon ses œuvres, et elles ne subiront aucune injustice. Les trois lignes de la même face se composaient de ces mots: Il n'y a point d'autre dieu que Dieu; Mahomet est l'envoyé de Dieu; Yahya, fils d'El-Azîz-Billah, l'émir victorieux, se place sous la protection de Dieu 2. Dans le cercle du revers on lisait : Au nom de Dieu, le Miséricordieux, le Clément ! ce dinar a été frappé à En-Naceria, en l'an cinq cent quarantetrois. Les trois lignes du revers renfermaient ces mots : L'imam est Abou-Abd-Allah-el-Moctafi-li-Amr-Illah, Emir-el-Mouminîn, l'abbacide 3.

En l'an 543 (1148-9), il se rendit à la Calà pour y faire des perquisitions et en emporter tous les objets de valeur qui y restaient encore.

Son général, le jurisconsulte Motarref-Ibn-Ali-Ibn-Hamdoun, marcha, par son ordre, contre Ibn-Forcan qui s'était révolté à Touzer, et ayant emporté cette ville de vive force, il lui envoya le chef rebelle. Ce malheureux fut enfermé dans la prison d'Alger et y passa le reste de ses jours. Selon un autre récit, Yahya lui ôta la vie.

Dans une seconde expédition, Motarref s'empara de Tunis et mit le siège devant El-Mehdia. La vigoureuse résistance que cette place lui opposa le fit renoncer à sa tentative et reprendre le chemin de Bougie 4.

1. Coran, sourate 11, verset 281.

2. A la lettre tient ferme à la corde de Dieu, expression tirée du Coran, sour. III, vers. 98.

3. On voit par ceci que Yahya, en changeant le coin de la monnaie, répudia la souveraineté des Fatemides et reconnut celle des Abbacides. 4. Mottaref prit Tunis en 522 et assiégea El-Mehdïa en 530. — (Baïan.) Voir aussi pp. 27 et 30 de ce volume.

Quand les chrétiens [de la Sicile] se rendirent maîtres d'ElMehdia, El-Hacen, le souverain qu'ils venaient de chasser, alla trouver Yahya-Ibn-el-Azîz, lequel l'envoya à Alger chez son frère, El-Caïd. Quand les Almohades marchèrent sur Bougie, ElCaïd abandonna Alger, et El-Hacen, que le peuple de cette ville prit alors pour chef, se rendit au-devant d'Abd-el-Moumen et parvint à leur concilier la bienveillance de ce monarque. Yahya plaça alors son frère Sebâ à la tête d'un corps de troupes et l'envoya contre les Almohades. La défaite de cette armée entraîna la chute de Bougie, et Yahya s'embarqua pour la Sicile afin de se rendre, de là, à Baghdad. Au lieu de pousser jusqu'à cette île, il alla débarquer à Bône, chez son frère ? El-Hareth qui lui reprocha amèrement la faute qu'il venait de commettre en abandonnant ses états. Piqué d'un aussi mauvais accueil, il alla trouver son frère, El-Hacen, à Constantine, et le décida à lui remettre le commandement de cette forteresse. Sur ces entrefaites, les Almohades prirent d'assaut El-Calà et la détruisirent de fond en comble, après y avoir tué Djouchen, fils d'El-Azîz, et Ibn-edDahhas, chef athbedjite.

En l'an 547 (1152-3), Yahya prêta le serment de fidélité à Abd-el-Moumen, et lui céda la ville de Constantine moyennant certaines conditions que le souverain almohade remplit très exactement. Conduit à Maroc par l'ordre de ce prince, il y demeura jusqu'à l'an 558 (1163), quand il alla s'établir à Salé dans le château des Beni-Achera. Il y mourut la même année.

El-Hareth, fils d'El-Azîz, et seigneur de Bône, s'enfuit en Sicile, et ayant obtenu quelques secours du seigneur de cette île, il revint prendre possession de la ville qu'il avait abandonnée. Plus tard, il tomba au pouvoir des Almohades et mourut dans les tourments. Avec lui s'éteignit la dynastie des Hammadites.

De toutes les tribus issues de Telkata 3, il n'en reste plus une

1. Ci-devant, p. 28, on voit que le gouverneur d'Alger était fils d'ElAziz.

2. Ci-devant, p. 28, El-Hareth est désigné comme le frère d'El-Azîz, père de Yahya.

3. Le texte arabe imprimé porte, par erreur, Teklatta.

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