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ment. Plus tard, Yahya revint en Afrique dans le dessein de reprendre Ténès, mais cette tentative demeura sans succès. L'Ibrahîm, fils de Mohammed, dont nous venons de parler, eut encore d'autres descendants, savoir, Ahmed, fils d'Eïça, fils d'Ibrahim, seigneur de Souc-Ibrahîm, et Mohammed, fils de Soleiman, fils d'lbrahîm, un des chefs du Maghreb central.

Parmi les descendants de Mohammed, fils de Soleiman, on signale Itowich, fils de Hanatech (?), fils d'El-Hacen, fils de Mohammed, fils de Soleiman, et Hammoud, fils d'Ali, fils de Mohammed, fils de Soleiman.

Ibn-Hazm dit que les membres de la famille Idrîs étaient extrêmement nombreux en Maghreb et qu'ils avaient fondé plusieurs royaumes; mais, ajoute-t-il, toute leur puissance a disparu et il ne reste plus un seul de ces chefs. Le même écrivain fait observer que Hamza, celui dont le lieu de la province de Bougie appelé Souc-Hamza porte le nom, appartenait [non pas à la famille des Idricides, mais] à la tribu [arabe] des Soleim. Djouher [le général d'El-Moëzz transporta les enfants de Hamza [l'idricide] à Cairouan, mais plusieurs membres de cette famille. continuèrent à vivre dispersés dans les montagnes et parmi les Berbères du Maghreb.

V

Extraits du grand ouvrage historique d'Ibn-el-Athîr, intitulé KAMEL ET-TEWARÎKH,

§ Ier.

LE MEHDI DES ALMOHADES A TÎNMELEL.

Le Mehdi établit sa demeure à Tînmelel et bâtit, en dehors de la ville, une mosquée dans laquelle il se rendait tous les jours, avec le peuple, pour célébrer la prière. Craignant les mauvaises dispositions des habitants, il ordonna à ses partisans d'acheter des armes et de les tuer tous pendant qu'ils seraient à prier dans la mosquée. S'étant ainsi débarrassé de ses adversaires, il entra dans Tînmelel, massacra beaucoup de monde, réduisit les femmes en esclavage et livra la ville au pillage. Douze mille personnes y perdirent la vie. Ayant alors partagé entre ses compagnons les terres et les maisons des morts, il entoural Tînmelel d'une muraille et bâtit un château fort sur la cime. d'un haut rocher. La montagne de Tînmelel était presque inabordable et renfermait beaucoup de champs cultivés, d'arbres et d'eaux courantes.

Le Mehdi remarqua que la plupart des enfants de Tînmelel avaient le teint rose et les yeux bleus, tandis que leurs pères étaient ordinairement très basanés. Cela tenait à ce qu'une troupe de mamlouks [esclaves] chrétiens, ayant presque tous le teint très clair, pénétrait, chaque année, dans la montagne, afin d'y percevoir le tribut du sultan, émir des musulmans, et à ce

qu'ils s'installaient alors dans les maisons des habitants, après en avoir expulsé les maîtres. Le Mehdi ayant demandé aux pères pourquoi leurs enfants étaient blonds tandis qu'eux-mêmes étaient bruns, ils lui racontèrent la conduite des mamlouks, et, comme il leur reprocha leur lâcheté en souffrant une pareille indignité, ils lui firent cette réponse : « Comment pouvons-nous >> l'éviter ? nous ne sommes pas les plus forts. » Il leur dit : La prochaine fois que ces gens viendront ici, laissez-les s'ins>> taller chez vous, et, alors, que chacun de vous tue son hôte. » Vous n'avez rien à craindre des conséquences, car votre mon>> tagne est imprenable. » Ils suivirent ce conseil et massacrèrent les mamlouks; puis, craignant la vengeance de l'Émir des musulmans, ils se retranchèrent dans leur montagne, à la grande satisfaction du Mehdi, et soutinrent un long blocus contre les troupes almoravides. La disette devint enfin si grande, que les compagnons du Mehdi n'eurent plus de pain et durent se contenter, chaque jour, d'un plat de bouillie que leur maître. faisait apprêter et dont chaque individu prenait autant qu'il pouvait saisir, en une seule fois, avec la main. Comme les principaux habitants finirent par vouloir un raccommodement avec l'Emir des musulmans, le Mehdi dut prendre des mesures contre eux, et, en l'an 519 (1125-6), il eut recours aux services d'un de ses affidés, Abou-Abd-Allah-el-Ouancherichi, personnage dont il faisait grand cas. Cet individu avait étudié secrètement le Coran et la jurisprudence sous la direction de son maître; mais, en public, il eut l'air d'un ignorant, et, pour mieux tromper son monde, il avait pris les dehors d'un idiot, la bouche ruisselante de bave. Ibn-Toumert, s'étant concerté avec lui, se rendit un jour à la mosquée, avant l'aurore, afin d'y faire la prière, et, ayant remarqué auprès du mihrab un homme bien habillé et parfumé, il lui demanda qui il était. L'autre répondit : « Abou-Abd-Allah-el-Ouancherîchi. » Quand la prière fut terminée, Ibn-Toumert fit signe aux assistants d'approcher et leur dit: « Voici un homme qui prétend être Abou-Abd-Allah du >>mont Ouancherich; voyez si c'est bien lui. » Comme le jour commençait à se montrer, ils purent facilement reconnaître que

c'était effectivement celui qu'ils avaient cru un pauvre idiot. Alors Ibn-Toumert montra un feint étonnement et demanda à cet homme ce qui lui était arrivé. El-Ouancherîchi répondit: <«< Cette nuit, un ange venu du ciel m'a lavé le cœur et m'a en

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seigné le Coran, les traditions, le Mouatta [ouvrage de jurisprudence composé par l'imam Malek] et autres livres. » Questionné sur ce qu'il avait appris, il récita, d'une très belle voix, tous les passages du Coran que son maître lui demandait; il montra, de même, une parfaite connaissance du Mouatta et de plusieurs traités qui ont pour sujet le droit et la théologie dogmatique. Cette scène remplit les assistants d'admiration. Alors El-Ouancherichi leur dit : « Dieu très haut m'a communiqué » une lumière par laquelle je saurai distinguer les hommes >> prédestinés au paradis d'avec les réprouvés, gens voués à » l'enfer. Il vous ordonne de faire mourir ceux-ci, et pour >> prouver la vérité de mes paroles, il a fait descendre plusieurs » anges dans le puits qui est à tel endroit, afin qu'ils portent >> témoignage de ma véracité. » Aussitôt tout le monde se rendit au puits, en versant des larmes de componction, et Ibn-Toumert, s'étant placé auprès de la margelle, fit une prière et prononça ces paroles : « Anges de Dieu! Abou-Abd-Allah-el>> Ouancherichi dit-il la vérité?» Alors des individus qu'il avait fait secrètement cacher dans le puits, répondirent : « Oui, il est véridique! » Ayant reçu ce témoignage, il se tourna vers le peuple et lui dit : « Ce puits est pur et saint, car les anges y » sont descendus; aussi ferions-nous bien de le combler pour >> empêcher qu'il soit souillé par des ordures. » Tous s'empressèrent d'y jeter des pierres et de la terre, et bientôt ils l'eurent complètement rempli. Alors Ibn-Toumert fit proclamer dans la montagne que tous les habitants eussent à se rassembler auprès du puits, afin de subir un triage. Quand tout le monde fut réuni, El-Ouancherîchi plaça successivement à sa gauche tous les hommes dont il se méfiait et il ordonna aux autres de se

mettre à sa droite. Cette opération achevée, il indiqua les gens. de gauche, en disant : « Voilà les réprouvés ! » Aussitôt les élus se jetèrent sur ces malheureux et les lancèrent dans un préci

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