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Le 5 du mois de Ramadan (10 juin), il entra au Nouveau-Caire (El-Cahera), ville qui devint le lieu de sa demeure et qui fut habitée par ses successeurs jusqu'à la chute de sa dynastie 1.

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1. Pour d'autres détails, voir la Vie d'El-Moëzz, par M. Quatremère. La dynastie fatemide fut renversée par Saladin.

III

HISTOIRE DES BENI-HAMDOUN, CONTEMPORAINS DE LA. DYNASTIE FATEMIDE ET PRINCES D'ELMECİLA ET DU ZAB.

Le chef de cette famille se nommait Ali-Ibn-Hamdoun 1-IbnSemmak-Ibn-Masoud-Ibn-Mansour-el-Djodami et portait le surnom d'Ibn-el-Andeloci (fils de l'Espagnol). Avant l'époque où les missionnaires fatemides commencèrent leurs démarches, pendant qu'Obeid-Allah et Abou-'l-Cacem étaient encore en Orient, il s'attacha au service de ces princes. Parti de Tripoli par leur ordre, il se rendit auprès d'Abou-Abd-Allah-es-Chîï et reçut de lui l'accueil le plus honorable. Ayant ensuite rejoint ses maîtres, il ne les quitta plus, même pendant leur emprisonnement à Sidjilmessa; aussi, lors de l'établissement de leur au torité en Afrique, il dut à leur reconnaissance une position très élevée dans l'empire. En l'an 315 (927), Abou-Cacem, étant revenu de son expédition en Maghreb, chargea Ibn-Hamdoun de surveiller la construction de la ville d'El-Mecîla. Quand ce travail fut terminé, Abou-'l-Cacem y établit son protégé en qualité de gouverneur de la province du Zab. El-Mecîla reçut alors le nom d'El-Mohammedïa. Pendant que ce prince assiégeait AbouYezid dans la montagne de Kiana, la ville d'El-Mecîla lui servit de dépôt d'approvisionnement. Ali-Ibn-Hamdoun garda le gouvernement du Zab jusqu'à la fin de ses jours. Djâfer et Yahya, fils d'Ali-Ibn-Hamdoun, furent élevés à la cour d'Abou-'l-Cacem, et la mère de Djâfer allaita El-Mâdd [le même prince qui porta, plus tard, le surnom d'El-Moëzz. Lors des troubles qui agitèrent l'Ifrîkïa par suite de la révolte d'Abou-Yezîd, El-Caïm

1. Ibn-Khallikan écrit ce nom Hamdan, et notre auteur lui-même emploie le mot Hamdani pour désigner la famille de ces chefs.

appela à son secours tous les partisans qu'il possédait dans les diverses provinces de l'empire, et il manda par écrit à [Ali-] Ibn-Hamdoun de lever des troupes parmi les tribus berbères et de les lui amener. En conséquence de cet ordre, Ibn-Hamdoun réunit une armée considérable et prit la route d'El-Mehdia. S'étant d'abord dirigé vers Constantine, il rallia autour de son drapeau toutes les peuplades dont il traversait les territoires, et il se rendit aux environs de Bédja, en passant par Sicca-Veneria. Aïoub, fils d'Abou-Yezîd, qui occupait Bédja avec un corps nombreux de Nekkariens et de Berbères, marcha à la rencontre de ce chef et réussit, par une attaque de nuit, à le surprendre dans son camp. Ibn-Hamdoun s'enfuit et trouva la mort en tombant dans un précipice. Cet événement eut lieu en l'an 334 (945-6).

Quand la révolte d'Abou-Yezid fut étouffée, El-Mansour donna à Djâfer, fils d'Ali-Ibn-Hamdoun, le gouvernement d'El-Mecîla et du Zab. Yahya reçut l'autorisation de s'y établir avec son frère, et ce fut ainsi le commencement de la dynastie hamdanide. Ces deux princes y élevèrent des châteaux et des maisons de plaisance, tout en étendant leur autorité sur les régions environnantes. Leur cour devint le rendez-vous des savants, et parmi les poètes qui vinrent célébrer leurs louanges, on remarquaAbou'l-Cacem-Ibn-Hani, natif d'Espagne, dont les pièces composées en l'honneur des Hamdanides sont encore citées avec éloge '.

La jalousie et l'ambition suscitèrent une vive inimitié entre Djâfer-Ibn-Ali-Ibn-Hamdoun et Ziri-Ibn-Menad. L'expédition que celui-ci entreprit dans le Maghreb lui fournit l'occasion de nuire à son rival, et, tout en châtiant les Zenata, il gratifia sa haine en desservant Djâfer auprès du khalife [fatemide]. Il est vrai que Djâfer avait tenu une conduite peu franche, s'étant montré favorable aux Zenata et à Mohammed-Ibn-Khazroun,

1. Le recueil des poésies d'Ibn-Hani se trouve à la Bibliothèque nationale. On y remarque plusieurs poèmes composés en l'honneur des princes hamdanides.

émir des Maghraoua. En l'an 360 (970-1), El-Moëzz se décida à prendre le Caire pour sa résidence et manda à la cour DjâferIbn-Ali, dans l'intention, à ce que l'on prétend, de lui donner le gouvernement de l'lfrîkïa, et d'accorder le gouvernement du Maghreb à Zîri et à Bologguîn, fils de Zîri. Comme Djâfer ne s'empressa pas d'obéir, El-Moëzz ordonna à Djâfer l'esclavon d'aller le chercher. Cette démarche excita la méfiance de DjâferIbn-Ali, qui partit aussitôt avec ses troupes pour se joindre aux Zenata. Ayant ainsi rompu les liens qui l'attachaient au khalife El-Moëzz et aux Sanhadja, il rallia les Zenata autour de lui et les décida à répudier l'autorité des Fatemides pour reconnaître celle d'El-Hakem-el-Mostancer [le khalife oméïade d'Espagne]. A cette occasion, Zîri se hâta de l'attaquer, espérant le prendre au dépourvu, mais la fortune ne le seconda pas, et, pendant que ses troupes abandonnaient le champ de bataille, son cheval s'abattit sous lui et le laissa au pouvoir de l'ennemi. Les Zenata lui coupèrent la tête, et Yahya-Ibn-Ali-Ibn-Hamdoun partit pour l'Espagne avec plusieurs notables zenatiens, afin de présenter ce trophée à El-Mostancer, souverain de Cordoue. Cette députation informa le prince oméïade qu'on venait de proclamer son autorité en Afrique et que son appui leur était indispensable. Il en accueillit les membres avec un grande bienveillance, les combla de dons et fit exposer la tête de Zîri au marché de Cordoue. Yahya-Ibn-Ali fut élevé au faîte des honneurs et reçut une place à côté du trône.

Djâfer-Ibn-Ali s'aperçut bientôt que les Zenata convoitaient ses trésors, et, ne pouvant compter sur la protection de leurs chefs qui étaient eux-mêmes mal disposés les uns pour les autres, il s'embarqua secrètement avec les gens de sa maison, ses esclaves et ses trésors, passa le Détroit et se rendit à Cordoue. Les personnes les plus considérables de la population zenatienne l'accompagnèrent, afin de cimenter leur alliance avec le souverain oméïade et de prendre l'engagement de soutenir sa cause. Lareception honorable qui les y attendit combla toutes leurs espérances; ils repartirent, pleins de dévouement et bien résolus de surpasser les Idricides et les Beni-Ifren par le zèle qu'ils déploieraient dans

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