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djar1, roi de ce peuple, vint les combattre et essuya une défaite sanglante. Cette bataille eut lieu en l'an 340 (951-2). Deux années plus tard, Fareh revint à El-Mehdïa, chargé de butin.

Mâbed-Ibn-Khazer avait persévéré dans la révolte depuis l'époque où il embrassa le parti de Fadl, fils d'Abou-Yezîd. Poursuivi sans relâche par les partisans du gouvernement fatemide, il fut fait prisonnier à la suite d'un combat et conduit avec son fils devant El-Mansour. On les promena à travers les rues d'El-Mansourïa, puis on leur ôta la vie. Ceci eut lieu en l'an 341 (952-3).

§ XII. MORT D'EL-MANSOUR ET AVÈNEMENT DE SON FILS

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EL-MOËZZ.

El-Mansour mourut le huitième jour du mois de Ramadan341 (fin de janvier 953), après avoir rempli les fonctions de khalife pendant sept années. Il venait de s'exposer à la neige et à la pluie, de sorte qu'il en fut transi de froid, et, dans cet état, il était entré au bain, contre l'avis de son médecin, Ishac-IbnSoleiman-el-Israîli2. Par cette imprudence il éteignit la chaleur naturelle du corps et s'attira une insomnie dont il mourut. Son fils Mâdd lui succéda et reçut le titre d'El-Moëzz li-din Illah (qui exalte la religiom de Dieu).

En l'an 342, El-Moëzz pénétra avec une armée dans l'Auras, parcourut cette montagne en tous les sens et accueillit la soumis

1. Reddjar est le nom donné par les historiens arabes à Roger I et à Roger II, roi de Sicile. Il est à peine nécessaire de relever l'étrange anachronisme de notre auteur.

2. La vie de ce médecin célèbre a été donnée par le biographe IbnAbi-Osaïbïa. Elle se trouve traduite dans l'Abd-Allatif de M. de Sacy, p. 43. Ibn-Abi-Osaïbïa dit qu'Israili mourut vers l'an 320, mais l'anecdote racontée par Ibn-Khaldoun démontre que cet événement n'a pu avoir lieu qu'après l'an 341. Dans ma traduction d'Ibn-Khallikan, vol. I, p. 220, cette même anecdote est reproduite.

sion des Beni-Kemlan et des Melila, tribus hoouariennes. Il agréa aussila soumission de Mohammed-Ibn-Khazer qui, depuis la mort de son frère Mâbed, n'avait cessé de solliciter sa grâce. Laissant alors le commandement des troupes à son affranchi Caïcer, gouverneur de Baghaïa, il rentra à Cairouan. Caïcer travailla à soumettre les contrées voisines et, ayant gagné par sa douceur les cœurs des Berbères et rallié les populations qui avaient émigré, il conduisit leurs chefs à Cairouan. El-Moëzz leur accorda à tous de riches cadeaux et une réception honorable. Mohammed-Ibn-Khazer le maghraouien y arriva ensuite, et, touché de l'accueil plein de bienveillance que lui fit El-Moëzz, il ne le quitta plus et mourut à Cairouan, en l'an 348 (959-60).

En l'an 343 (954-5), El-Moëzz rappela d'Achîr Zîri-Ibn-Menad, émir des Sanhadja, et, lui ayant fait un riche présent, il le renvoya dans son gouvernement. L'année suivante il envoya à El-Hacen-Ibn-Ali, gouverneur de la Sicile, l'ordre d'opérer une descente sur la côte d'Espagne. Cet officier ravagea le territoire d'Almeria et rapporta en Sicile un butin considérable et beaucoup de prisonniers. En-Nacer, le souverain espagnol, confia aussitôt à son affranchi Ghaleb le commandement d'une flotte et l'envoya sur les côtes de l'Ifrîkïa. N'y pouvant effectuer un débarquement à cause de la résistance que lui opposèrent les troupes d'ElMoëzz, Ghaleb remit à la voile ; mais, étant revenu dans les mêmes parages l'année suivante avec une flotte de soixante-dix navires, il incendia Mersa-'l-Kharez, dévasta les environs de Souça et ravagea le territoire de Tabarca.

El-Moëzz parvint toutefois à étendre son autorité en Ifrîkïa et en Maghreb : le nombre de ses sujets s'accrut tous les jours, et la région qui s'étend depuis Ifgan, ville située à trois journées de marche au delà de Tèhert, jusqu'à Er-Rammada, endroit situé en deçà de la frontière égyptienne, le reconnut pour maitre. Tehert et Ifgan avaient pour gouverneur Yala-Ibn-Mohammed l'ifrenide; Achîr et ses dépendances obéissaient à Zìri-IbnMenad le sanhadjien; El-Mecîla et les contrées voisines étaient sous le commandement de Djafer-Ibn-Ali-el-Andeloci ; Baghaïa reconnaissait l'autorité de Caïcer l'esclavon; Fez celle d'Ahmed

Ibn-Bekr-Ibn-Abi-Sehl-el-Djodami, et Sidjilmessa celle de Mohammed-Ibn-Ouaçoul le miknacien.

En l'an 347 (958-9), El-Moëzz apprit que Yala-Ibn-Mohammedl'ifrénide entretenait une correspondance avec les Oméïades espagnols et que le Maghreb-el-Acsa venait de repousser la domination des Fatemides. Cette nouvelle le décida à y envoyer une armée sous la conduite de son vizir, le kateb (secrétaire) Djouher l'esclavon1. Zîri-Ibn-Menad, gouverneur d'Achîr, et Djâfer-IbnAli, seigneur d'El-Mecila, accompagnèrent cette expédition, ainsi que Yala-Ibn-Mohammed, seigneur du Maghreb central. Quand cette armée passa par lfgan, une rixe éclata parmi les troupes de l'arrière-garde, et Djouher, à qui on vint annoncer que les Ifrénides pillaient les bagages, ordonna l'arrestation de Yala qui fut aussitôt tué à coups de sabre par les Ketamiens. Ifgan fut saccagée, et Yeddou, fils de Yala, fut mis en arrestation. Djouher marcha ensuite sur Fez avec l'intention d'y assiéger Ahmed-IbnBekr-el-Djodami, mais la résistance que cette ville lui opposa le décida à suspendre l'attaque et à décamper. Il prit alors la route de Sidjilmessa, où Mohammed-Ibn-el-Feth-Ibn-Ouaçoul gouvernait sous le titre d'Emîr-el-Moumenîn (commandant des croyants), après avoir fait graver son nom sur les monnaies ainsi que l'inscription suivante : tacaddecet ezzet Allah (que la gloire de Dieu soit vénérée). Ce prince, averti de l'approche de l'ennemi, avait pris la fuite, mais il fut fait prisonnier et livré à Djouher. L'armée fatemide se rendit ensuite jusqu'au bord de l'Océan [atlantique], soumettant tous les pays qu'elle traversait, et, revenu sous les murs de Fez, elle l'emporta d'assaut. Zîri-IbnMenad eut l'honneur de cette conquête, ayant escaladé la place pendant la nuit. Fez succomba en l'an 348 (959-60). Le gouverneur, Ahmed-Ibn-Bekr, tomba entre les mains des vainqueurs et fut remplacé par un serviteur de Djouher; tous les préfets que

1. Variante: le Sicilien. Ibn-Khallikan a donné une notice sur Djouher dans son dictionnaire biographique ; voir vol. I, p. 340 de ma traduction de cet ouvrage. On trouvera dans le même volume une notice de Zîri et une autre de Djafer-Ibn-Ali.

les Oméïades avaient établis dans le Maghreb en furent expulsés par ce général. A la suite de cette victoire, Djouher reprit la route de l'Ifrîkïa, et, ayant incorporé la ville de Tèhert dans la province gouvernée par Ziri-Ibn-Menad, il fit son entrée à Cairouan accompagné de ce chefainsi que des Fatemides (Idricides) du Maghreb, et traînant à sa suite Ahmed-Ibn-Bekr et Mohammed-Ibn-Ouaçoul enfermés dans des cages. Le jour de son arrivée à El-Mansourïa fut une véritable fête.

Pendant quelque temps, Caïcer et Modaffer, affranchis d'ElMansour, se partageaient toute l'autorité en Maghreb, le premier ayant sous la main les provinces orientales de ce pays et le second les provinces occidentales; mais, en l'an 349 (960-1), ils furent arrêtés et mis à mort par l'ordre de leur souverain.

L'année suivante les Chrétiens s'emparèrent de Crète, île habitée par les descendants des musulmans espagnols qu'El-HakemIbn-Hicham [l'oméïade] avait déportés en Égypte à cause de la part qu'ils avaient prise à la révolte du faubourg (er-rebed) de Cordoue1. Arrivés à Alexandrie, ces proscrits s'emparèrent de la ville; assiégés ensuite par Abd-Allah-Ibn-Taher, gouverneur de l'Égypte, ils capitulèrent, à la condition d'être envoyés en Crète où leur émir, Abou-Hafs[-Omar-Ibn-Choaïb]-el-Bellouti, parvint dans la suite à se rendre indépendant. Les descendants de ce chef y régnaient encore, quand les Chrétiens arrivèrent avec une flotte de sept cents navires, conquirent toute l'ile, tuèrent une partie des habitants et réduisirent le reste en esclavage 2. Jusqu'à nos jours, Crète est demeurée au pouvoir des infidèles.

En l'an 351, Ahmed, [fils d'El-Hacen-Ibn-Ali-el-Kelbi,] seigneur de la Sicile, obtint possession de Taormine, forteresse dont la garnison [grecque] se rendit à discrétion après un siège

1. Le rebed, ou faubourg, de Cordoue, fut détruit par El-Hakem, l'an 202 (818), parce que les habitants s'étaient mis en révolte. Pour les détails de cet événement, voir la continuation de l'Art de vérifier les dates, t. II, p. 362.

2. Romain II occupait alors le trône de Constantinople; ce fut son général Nicéphore Phocas qui acheva cette conquête.

de neuf mois. Il donna à sa nouvelle conquête le nom d'ElMoëzzïa, en l'honneur d'El-Moëzz, seigneur de l'Ifrikïa, et il y établit une population musulmane. Il mit ensuite le siège devant Rametta, autre forteresse de ce pays. Les habitants demandèrent des secours à leur souverain, seigneur de Constantinople, et ce prince leur envoya des troupes par mer et par terre. Ibn-elHacen, de son côté, sollicita des renforts d'El-Moëzz, et bientôt un corps de troupes, commandé par El-Hacen, fils de ce monarque, arriva au port de Messine. Ayant alors réuni toutes ses forces, le gouverneur de la Sicile en envoya une partie contre Rametta, dont le blocus avait déjà été formé par El-Hacen-IbnAmmar, et il marcha avec le reste contre les Grecs, bien résolu de vaincre ou de mourir. Attaquant l'ennemi avec impétuosité, il en tua le commandant et plusieurs patrices, mit en déroute les bandes chrétiennes et les culbuta dans un ravin profond. Après s'être emparé de leur camp et de leurs bagages, il serra Rametta de si près que la garnison ne put plus se procurer de vivres et laissa enlever la place d'assaut. Les débris de l'armée grecque s'embarquèrent et mirent à la voile, mais ils ne purent échapper à la flotte d'Ahmed-Ibn-el-Hacen. Plusieurs de leurs navires furent incendiés ou pris par les musulmans, dont quelques-uns se jetèrent à l'eau pour les aborder à la nage. Ahmed envoya alors des troupes contre les villes qui étaient encore occupées par les Grecs, et, en ayant fait piller et dévaster les environs, il contraignit les habitants à payer la capitation. Cette campagne, appelée l'Expédition du Détroit, eut lieu en l'an 354 (965).

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La mort de Kafour l'ikhchîdite, gouverneur de l'Égypte 1, causa une grande perturbation dans ce pays; la disette et l'esprit

1. Pour la vie de Kafour, voir le second volume de la traduction d'Ibn-Khallikan.

T. II.

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