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nativement des dispositions bienveillantes et des sentiments. hostiles. Leur territoire avait longtemps servi d'asile aux Arabes de la tribu de Djochem qui voulaient se soustraire à la domination mérinide et offrait un refuge assuré aux princes de la famille royale qui se jetaient dans la révolte. A la fin, cependant, ils consentirent à payer l'impôt et les contributions exigés par ce gouvernement, mais ce furent toujours eux-mêmes qui en prélevèrent le montant. A l'instar des populations masmoudiennes, ils allaient se ranger sous les drapeaux du sultan quand il leur adressait une sommation à cet effet.

Les Aîntîft prennent leurs chefs dans la maison des Hennou. Youçof-Ibn-Meknoul ', membre de cette famille, s'établit dans Tafîyout, forteresse qu'il s'était fait construire et que ses fils Ali et Makhlouf continuèrent à fortifier après sa mort. Il eut pour successeur son fils Makhlouf. En l'an 702 (1302-3), ce chef se mit en révolte, mais quelque temps après il fit sa soumission. Ce fut lui qui arrêta Youçof-Ibn-Abi-Eïad, [prince mérinide] qui s'était révolté à Maroc, en l'an 707, sous le règne d'Abou-Thabet, et dont nous raconterons ailleurs l'histoire. Se voyant réduit aux abois, Youçof courut se réfugier auprès de Makhlouf et fut livré par lui au sultan. Un service aussi important procura à ce chef sa rentrée en grâce. Le commandement passa de Makhlouf à son fils Hilal; et, jusqu'à nos jours, l'autorité s'est constamment maintenue dans cette famille.

Les Aînoultal reconnaissent pour chefs les Aulad-Teroumît. Sous le règne du sultan Abou-Saîd et sous celui de son fils Abou'l-Hacen, ce peuple eut pour chef Ali-Ibn-Mohammed, personnage qui se distingua par son insubordination jusqu'à ce que le sultan Abou-'l-Hacen, étant monté sur le trône, le bloqua dans la montagne où il s'était retiré et le contraignit à faire sa soumission. Ali entra alors au service de l'état et, pendant le reste de ses jours, il continua à toucher un fort traitement et à jouir d'une grande considération. Il mourut de la peste à Tunis, quelque

1. Variantes: Meknoun, Menkoun.

2. Variante: Tagîyout.

temps après la déroute de Cairouan 1. Ses fils exercèrent l'autorité après lui, mais leur mort et l'extinction de cette branche de la famille ont fait passer le commandement à la branche collatérale.

Les Fatouaka forment la section la plus grande et la plus puissante des Heskoura, celle qui est la plus favorisée par le souverain mérinide et qui est employée le plus souvent à son service. Lors de la chute des Almohades, la famille des BeniKhattab avait pris le parti des fils d'Abd-el-Hack [aïeul des princes mérinides]; aussi le gouvernement mérinide la choisit pour commander aux Heskoura. Sous le règne de Youçof-IbnYacoub, cette tribu eut pour chef Mohammed-Ibn-Masoud [-IbnKhattab] et, ensuite, Omar, fils du précédent. Omar mourut à sa résidence, dans la montagne, l'an 704 (1304-5), et fut remplacé par Mouça-Ibn-Masoud, son oncle paternel. Le nouveau chef, ayant montré des dispositions hostiles au gouvernement mérinide, se fit emprisonner par le sultan; mais, en l'an 706, il recouvra la liberté. Après lui, le commandement des Heskoura passa à Mohammed-Ibn-Omar-Ibn-Mohammed-Ibn-Masoud.

Lors de l'affermissement de l'empire mérinide par la destruction de la puissance masmoudienne [ou almohade], la nouvelle dynastie confia aux chefs de ces tribus le soin de percevoir l'impôt chez elles; mesure dictée par la considération que ces personnages étaient de la même race que leurs contribuables [et éprouveraient, par conséquent, moins de difficultés dans l'exécution de leur tâche]. Parmi les plus puissants chefs de cette époque, on distinguait surtout les Aulad-Younos, émirs des Hintata, et les Beni-Khattab, émirs des Heskoura. Ces deux familles se chargeaient, tantôt l'une, tantôt l'autre, de faire rentrer les impôts des provinces qui dépendaient de la ville de Maroc. Mohammed-Ibn-Omar, celui dont nous venons de parler, remplit les fonctions de percepteur en remplacement de MouçaIbn-Ali, cheikh des Hintata, et de Mohammed, frère de Mouça. Il conserva cette charge toute sa vie et mourut peu de temps avant

1. Voir t. III, histoire des Hafsides, et t. IV, histoire des Mérinides.

le désastre de Cairouan. Son fils, Ibrahîm, partit alors pour rejoindre le sultan Abou-'l-Hacen; mais, arrivé à Tlemcen, il apprit qu'Abou-Einan s'était fait proclamer sultan. Cette nouvelle le décida à rentrer dans sa montagne, et, comme il s'y montra serviteur dévoué d'Abou-'l-Hacen, il encourut l'inimitié d'Abou-Einan et fut attaqué par son oncle Abd-el-Hack qui venait d'obtenir de ce prince l'administration des provinces marocaines. Il persévéra, néanmoins, dans sa résistance et, jusqu'à l'occupation de Maroc par Abou-'l-Hacen, il se distingua comme le partisan le plus brave, le plus fidèle de cet infortuné monarque. Lors de la mort d'Abou-'l-Hacen, Abou-Einan le fit emprisonner, et, en l'an 737 (1356), avant de partir pour Tlemcen, il lui ôta la vie. Mansour-Ibn-Mohammed, frère d'Ibrahîm, lui succéda et garda le commandement de la tribu jusqu'à l'an 776 (1374-5), quand l'émir Abd-er-Rahman, fils d'Abou-Ifelloucen, prit possession de la ville de Maroc. Ce prince, l'ayant alors cité devant lui, le mit aux arrêts dans la maison de Beddjou-Ibn-elAlam-Ibn-Mesri-Ibn-Masoud-Ibn-Khattab, un de ses officiers et cousin du prisonnier. Ce Beddjou était allé avec son père se ranger du côté des Mérinides, afin d'échapper à l'inimitié de la famille de Mohammed-Ibn-Omar qui voyait en lui un compétiteur pour le commandement de la tribu. Beddjou n'eut pas plus tôt reçu son parent chez lui, qu'il le fit assassiner avec ses fils. Par cet acte de vengeance, il encourut la colère du sultan [Abd-er-Rahman] et se fit mettre en prison. Peu de temps après, il recouvra la liberté et, ayant obtenu le commandement des Heskoura, il continue encore à l'exercer.

NOTICE DES SANHADJA DE LA TROISIÈME RACE.

Cette race sanhadjienne n'a jamais possédé d'empire, bien qu'elle soit, de nos jours, une des tribus les plus nombreuses du Maghreb. Une de ses fractions habite la partie orientale de l'Atlas, entre Tèza, Tedla et Mâden-Beni-Fazaz. Là, du côté de l'ouest, leur territoire est séparé du pays des Masmouda, dans l'Atlas, par le défilé qui mène à Akircilouîn, dans la région dac

tylifère. Les Sanhadja occupent les cimes de cette chaîne de montagnes et la région qui s'étend, vers le sud-est, depuis le défilé dont nous venons de parler, jusqu'à Akircilouîn et qui se dirige, de là, vers l'occident, en traversant le Derâ et le Sous-elAcsa, province dont ils possèdent les campagnes et plusieurs villes telles que Taroudant et Ifrî-an-Founan.

Toute cette population porte le nom de Zanaga, mot que l'on peut retrouver dans Sanhadja, si l'on y supprime l'h et que l'on donne à l's une nuance du son du z et au dj le son du k guttural, ou, plutôt, de la lettre qui tient le milieu entre le k et le dj, lettre dont la prononciation est bien connue1.

Les Zanaga se distinguent des autres peuples du Maghreb par leur nombre, leur bravoure et leur esprit d'indépendance. Leur tribu la plus puissante habite la montagne qui domine Tedla et prend ses chefs dans la famille d'Amran-ez-Zanagui. Assez forte pour résister à l'autorité du sultan, elle sait se défendre contre l'oppression et éviter l'humiliation de payer l'impôt. A côté d'elle se trouvent quelques peuplades djanatiennes [zenatiennes] dont les unes s'adonnent à la vie nomade et habitent des chaumières construites de broussailles. Ces nomades fréquentent avec leurs troupeaux les endroits qui ont été arrosés par les pluies, et, dans ce but, ils parcourent la région qui s'étend depuis Tîghanîmîn, ausud de Miknaça [Mequinez], jusqu'à l'Omm-Rebiâ, fleuve qui coule dans la province de Temsna, au nord de l'Atlas. Ils choisissent leurs chefs parmi les Aulad-Hîri, une de leurs principales familles; et, étant obligés à payer l'impôt, ils ont à subir bien des humiliations.

Auprès d'eux, et dans la plaine située entre l'Omm-Rebiâ et la ville de Maroc, se trouvent les tribus dokkaliennes; puis, du côté de l'occident, sur le bord de l'Océan et auprès d'Azemmor, on rencontre une tribu remarquable par son nombre, que l'on compte parmi les peuples masmoudiens à cause de la localité qu'elle occupe, des habitudes qui la distinguent, de la manière dont elle s'administre et de l'impôt qu'elle doit payer. Cette tribu

1. Cette lettre est le g dur, comme dans garant, garde.

obéit aux descendants d'Azîz-Ibn-Ibourk, chef qui la gouvernait dans les premiers temps de la dynastie mérinide et duquel nous parlerons ailleurs. Sa postérité est connue sous le nom de BeniBattan.

On trouve dans les montagnes de Tèza et dans la contrée qui se prolonge de là jusqu'aux montagnes de Lokaï, quelques autres tribus sanhadjiennes, telles que les Botouïa, les Madjaça 1, les Beni-Quartîn et les Lokaï, peuple dont ces montagnes ont pris le nom. Ils paient tous l'impôt, mais c'est plutôt par condescendance que par nécessité.

:

Les Botouïa se partagent en trois branches, savoir les Bacouïa de Tèza, les Beni-Ourîagol d'El-Mezemma, et les AuladMahalli de Tafercit. Ceux-ci se sont alliés par un mariage à la famille royale mérinide. La mère de Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack leur appartenait par la naissance et, pour cette raison, plusieurs de ses parents furent admis au service de l'état. On verra, dans l'histoire des Mérinides, que Talha et Omar, fils de Mohalli, remplirent les fonctions de vizir auprès de ce monarque.

Dans la partie du Maghreb qui sépare la chaîne de l'Atlas de celle du Rîf, pays qui borde la Méditerranée et qui est habité par les Ghomara, on trouve quelques tribus sanhadjiennes établies sur les collines, dans les vallées et dans les plaines. Elles habitent des maisons bâties avec des pierres et de la terre. Parmi elles, on remarque les Fichtala, les Mechta, les Beni-Ourîagol, les Beni-Hamîd, les Beni-Mezguelda, les Beni-Amran, les BeniDerkoul, les Beni-Ourtezzer, les Melouana et les Beni-ou-Amoud. Toutes ces peuplades habitent les territoires de Ouergha et d'Amergou. Elles s'appliquent à l'agriculture et à confectionner des habits, circonstance qui leur a mérité le nom des Sanhadja-tel-Bezz (les Sanhadja drapiers). On les compte au nombre des tribus soumises à l'impôt. Elles se tiennent dans le voisinage des montagnes occupées par les Ghomara, et, de nos jours, elles se servent généralement de la langue arabe.

1. Il faut peut-être lire Medjekeça.

2. Variante: Ouaztin.

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