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plantes allumées dans toutes les pièces (1) cela afin que les génies de la maison ne viennent pas tourner autour de nous.

On place aussi, sous les arbres des vergers (2) et au milieu du trou

Avec cet encens, hommes et femmes faisaient des . ولغيرهن من الرجال الخ

fumigations, puis ils passaient sur la fumée sept fois, se frottaient, au-dessus, les mains et les pieds et y faisaient passer des objets. Ils prétendaient que cette pratique les préservait du mauvais œil, de la mollesse et de l'abattement du corps. (De même que l'Ennâyer, cette fête du Khemts El-Ades est classée par El-'Abderi parmi celles que les Musulmans empruntèrent aux a Gens du Livre ».)

Quand une personne passe sur la fumée, il arrive que l'on fait des vœux

يا فلانة نقري باش يكتب : en sa faveur. On dit à une femme restee sterile ne telle, saute, afin que Dieu, si cela لك رب حتى وليد ان شاء الله

lui plaît, t'accorde un enfant. » (Mostaganem )

Si le feu crépite au moment où cette femme franchit le brasier, c'est signe qu'elle aura un enfant dans l'année (Géryville, Figuig).

نفـر الله يجعل المرض الي بيك يحرف : On dit a un enfant malade هذا النار مع ، ويطبى

<< Saute, Dieu fasse que la maladie dont tu souffres soit brûlée et s'éteigne avec ce feu ! »

Que Allah te » الله يجعلك تضوي كهذه النار : Ou bien a une jeune filler

rende brillante comme ce feu ! »>

On fait aussi des vœux pour le chef de la famille, par exemple: Jesa! « Dieu fasse que le maître de la demeure

trouve du travail ! »>

مول الخيمة يصيب حتى خدمة

الله يجعل هذه الغبينة يطعى : Ou bien pour dloigner quelque malheur

Will sio go « Dieu veuille que cette affliction s'éteigne avec ce feu! etc. » (Mostaganem).

(1) Dans les douars de Tr'alimet, du Bou Hallou (Beni Snoûs), on fait de la fumée sous les tentes le jour de l'Ans'åra. De même chez les Beni Ouassin et les Beni Bou Said.

(2) Nous résumons ici une légende que les Tlemceniens donnent avec des détails trop longs pour qu'ils puissent figurer dans ce travail : Jésus, touché du profond désespoir d'un veuf, pleurant sa femme l'‘Ans'âra, ressuscita celle-ci. Un jour, pendant le sommeil du mari, le roi vint à passer et, par des promesses, décida l''Ans'âra à le suivre. Un berger, témoin de la scène, informe de son malheur l'époux trompé si indignement. Celui-ci se rend au palais, y rencontre l'infidèle qui feint de ne pas le reconnaître. Elle renie également son mari devant une assemblée de juges. Ces magistrats imaginent de la faire descendre dans son ancienne tombe, restée ouverte après sa résurrection. A peine l''Ans'âra y a-t-elle mis le pied que, sur l'ordre de sidna 'Isa, la terre se referme sur elle.

A ce moment, dit-on, une épaisse fumée s'échappa de l'endroit où cette femme venait d'être engloutie et couvrit les arbres voisins d'un épais nuage. Comme ces arbres donnèrent, cette année-là, de beaux fruits en abondance; on eut soin, dans la suite, de faire, à pareille époque, des fumigations: celles de l'Ans'ara (Tlemcen).

peau (1), des herbes aromatiques qui brûlent sur un réchaud. De cette sorte, les fleurs des arbres se trouvent fécondées (2), les animaux sont préservés de la maladie et tout le troupeau prospère. Au Kef, on laisse, pour la première fois, les jeunes. agneaux et les chevreaux sortir de la maison et suivre leurs mères au pâturage (3).

Les femmes descendent sur les rives de l'oued des Oulad l'Arbi et viennent s'asseoir au bord des bassins que forme le cours d'eau, audessous du village (4). Elles allument du feu dans une marmite, jettent sur les charbons ardents du benjoin et des graines de cerfeuil; puis, faisant le tour de l'étang, elles en parfument les bords. Elles mangent ensuite un peu de pain de blé ou d'orge, qu'elles ont apporté et qu'elles se partagent; elles en jettent dans l'étang; les poissons accourent pour manger ce qu'elles ont jeté. Puis, elles disent aux génies de l'oued : « O Chamahroùch, Belâh'mar, Belâchgar, Tàroùchin, Mâroùchin, partagez-vous ce pain et mangez. Celui d'entre vous qui frappera l'un de nos enfants, Dieu le frappera à son tour. » Elles puisent alors de l'eau du lac et en font boire un peu à chaque enfant. Cette cérémonie a pour but d'obtenir des génies qu'ils ne fassent pas de mal aux enfants (5). »

(1) Même coutume chez la plupart des Nomades de la région ; on s'arrange pour que les chèvres, les moutons, les bêtes à cornes, les chameaux (Beni Quassin), soient touchés par la fumée d'un brasier. (Cf. Westermarck, Mids. cust., p. 28; — E. Doutté, Merrákech, pp. 377-78.)

(2) Cf. infrà, pp. 7 et suiv.

(3) Même coutume à Saïda. Quand la fumée a touché les brebis et les chèvres, le lait de celles-ci est purifié et constitue un véritable remède pour leurs petits. Aussi, on laisse les agneaux et les chevreaux téter à leur aise. Pour cela, on se garde de traire les mères le jour de l'Ans'âra, et leurs petits restent auprès d'elles au pâturage. (Cf. Westermarck, Mids, cust., p. 28.)

A Tlemcen, on couvre aussi d'un nuage de fumée les pièces de terre cultivées. Cette fumée tient lieu de doukkår. (Cf. Westermarck, Mids. cust., p. 28.) (4) Notamment près de Tala Nilef: le lac du sanglier.

(5) A Tlemcen, le jour de l''Ans'âra, entre les deux prières du milieu du jour let), les femmes auxquelles un enfant est particulièrement cher se rendent avec lui aux endroits où l'on rencontre de l'eau. C'est là que, de préférence, se tiennent les génies (sur ce mot, cs. W. Marçais, Dial. de Tlemcen, p. 280, note 1, et L'euphém. et l'antiph. dans les Dial. d'Alg., Gieszen, 1906, p. 437). Elles emportent de l'encens, du musc et un réchaud. Puis, recherchant les recoins () qui servent de logis aux génies, elles y font brûler des parfums, y laissent une bougie allumée et poussent des cris de joie

ا سيدي شمهروش : comme aux jours de fate. Elles disent aur genies وسيدي عبريط وسيدي ميمون اقطع البارد لوليدي واعطيه السخون

O sidi Chamahroùch, ô sidi ‘Afrit, ô sidi Mimoûn, enlevez à cette eau sa froidure pour mon petit enfant et donnez-lui de la chaleur. » Quand le moment du dhoh'or est passé, les enfants prennent un bain.

En cette saison d'été, nos maisons sont infestées de puces (1). Voici comment on s'y prend pour les chasser (2): Après avoir brûlé dans la chambre, le jour de la « Ans'àra », quelques plantes aromatiques et des grains de raisin vert, on attrape un ou deux de ces petits insectes et on les introduit dans un grain de raisin (3) que l'on suspend ensuite au plafond (4); le grain sera à peine sec que déjà toutes les puces seront parties.

De même, quand l'on suspend, dans les pièces d'habitation, des char

Sur la recommandation des mères, les jeunes Musulmans, sans exception, ne manquent jamais, avant de prendre un bain dans les oueds ou à la mer,

-Au nom de Dieu, le Clément, le Miso بسم الله الرحمان الرحيم : de dire

ricordieux! »

Ils terminent leur bain en disant à l'eau, au moment.où, pour la dernière

هذا حفك يا الماء بالصحة والعافية الي يجى بي : fois, ils s'y plongent يجي في صاحبي والي يجي في صاحبي يجي في البكرون العماء الله ينعلك يا الحمة في قلب الماء

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Puisse ce (dernier plongeon) te donner la santé et la paix! Ce qui pourrait m'advenir éprouverait aussi mon compagnon, et ce qui lui arriverait, à lui, nuirait aussi à la Tortue aveugle. Que Dieu te maudisse, ô fièvre cachée au sein de l'eau ! »

A Figuig, au moment de l''as'er, les femmes portent du safran et brûlent de l'encens aux endroits qu'affectionnent les génies. Les jeunes filles y apportent du h'enna; elles sortent, pour la circonstance, les cheveux flottants et ne portent pas de ceinture.

A Mostaganem, à Saint-Leu, les femmes vont sur les bords de la mer, dans la matinée du jour de l''Ans'âra. Elles se promènent, poussent des cris de joie, jettent dans la mer des cendres provenant des herbes brûlées le matin, à la maison. Puis elles prennent un bain, elles plongent leurs enfants dans l'eau; elles se contentent, pour les tout petits, de leur laver les bras avec de l'eau de mer. Cf. Chénier, Rech, histor., III, 244; E. Doutté, Figuig, p. 199; - Westermarck, Mids. cust., 31. p. On sait que, pour leur fête de la Pentecôte, les Juifs ont coutume de s'asperger mutuellement avec de l'eau (Tlemcen). Cf. suprà, p. 1, note 3, et p. 3, note 3. - Sur les rites de l'eau le jour de l'‘Ans'âra, Cs. E. Doutté, Merrâkech, pp. 378-82.

(1) Il y en a tout autant sous les tentes des Nomades. Ceux-ci se débarrassent en partie des parasites, en transportant leurs tentes ailleurs.

(2) Un moyen aussi sûr, mais plus coûteux, consiste à s'adresser à un t'âleb qui, pour quelques sous, écrit des amulettes que l'on suspend dans les chambres aussitôt les puces déménagent.

A

(3) C'est ainsi que cela se pratique au Kef et sur l'Oued Khemis. Orléansville, on enterre le grain de raisin, garni de puces, dans les pièces d'habitation. A Mascara, on suspend simplement une grappe de raisin vert et l'on fait des fumigations. A Saida, on jette dans l'eau quelques puces prises dans la chambre; celles qui y sont encore s'empressent de fuir. (4) Chez les Beni Ournid, on suspend, pour l''Ans'âra, un cloporte (J) dans le meuble qui renferme les effets; les autres quittent la maison.

dons bleus (1), les mouches se mettent à fuir dès qu'elles les aperçoivent, et ne reviennent plus (2).

Bien avant le lever du soleil (3), nous allons chercher des figues amères (4) sur les bords de l'oued. Nous ne prenons que celles qui renferment des moucherons. Vite, nous les plaçons dans des sacs et nous les apportons dans les vergers, après les avoir mises en chapelet (5) sur des brins d'alfa. Nous suspendons ces « doukkårs » aux branches des figuiers. Les moucherons sortent des figues amères, se répandent dans l'arbre et assurent la fécondation des fleurs (6).

On obtient le même résultat en enduisant les arbres de terre délayée dans de l'eau (7), ou bien en plaçant dans les branches des tiges de laurier-rose ou de marrube.

استان ازيرا زريف

(1) Eryngium triquetum, ar., berb. Lil (cette plante est très commune dans la région).

(2) On les chasse, à Figuig, avec une rate de mouton (i) et en faisant brûler de la poudre dans la maison.

(3) C'est, au contraire, le soir que cette opération se pratique à Qal'a.

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(5) A Tlemcen, on suspend, pour l''Ans'ara, des colliers de coquilles d'escargots aux branches des poiriers. A Ammi Mousa, c'est au cou des moutons que l'on passe ces colliers (V. infrà, p. 8, note 2).

(6) Cf. Rivière et Lecq, Manuel pratique de l'Agriculteur algérien, Paris, Challamel, 1900, p. 383: « En Kabylie, on pratique la caprification par divers moyens, ordinairement en suspendant, au figuier cultivé, des figues du figuier sauvage, contenant des cynips qui vont dans les figues comestibles déposer leurs œufs et y produire ainsi une irritation qui provoque le développement et la maturité du fruit. »

Ibn el-'Awâm, qui cite: « l'Agriculture nabatéenne », décrit longuement le procédé; cette opération se fait, dit-il, à la suite de mai, au commencement du mois de l'Ançarah (juin) (Kitâb el-Felâh'a, édition et traduction espagnole de Banqueri, 1, p. 573; trad. franç. de Ch. Mullet, Paris, Hérold, 1864, p. 536).

يوم العنصرة ناموسة تذكر مية كرموسة وكيف تخرج : On dit a Tlemcen Le jour de l'Ansara un العنصرة مية ناموسة ما تذكر شي كرموسة

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moucheron féconde cent figues; mais après l''Ans'âra, cent moucherons ne fécondent pas une seule figue. » Les colliers de doukkårs se vendent sur les marchés (Mostaganem).

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(7) On emploie à Tlemcen de la terre colorée en rouge (S), recueillie au point où sept chemins se croisent. On y mêle de l'eau d'En-Nisân. Le mortier obtenu s'appelle à Tlemcen), à Nédromah di.

Dans certaines localités, on jette aussi, sur les branches des arbres, de la poussière, de la terre rouge (surtout sur les figuiers) (Tlemcen, Nédromah), ou bien, on prend la cendre qui provient des herbes brùlées, on l'humecte d'eau et on jette le mortier sur les figuiers (Tlemcen).

C'est pour la même raison que nous plantons des branches de laurierrose (1) dans les plates-bandes de poivrons. Ce même jour, pour que les fourmis ne les envahissent pas, nous saupoudrons de cendre, au moyen d'un tamis, les carrés de poivrons et aussi ceux de courges.

Pour favoriser la fécondation des fleurs de courges, nous attachons, à leurs tiges, un scarabée, au moyen d'un fil rouge.

Toujours dans ce même but, un individu place au milieu de son verger une tête de mulet, de cheval ou d'àne (2). Grâce à cette pratique, chaque fleur donne un fruit.

Chez les Beni Ournid, on brůle sept abeilles et on saupoudre les ruches de leurs cendres.

Cf. ce passage de El-H'at't'âb, Risâla, fo• 38 v. et 39 r.:

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غبر بيه شجرة التين بتراب غير ترابها لم يسقط من ثمرها شي

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« Ce jour de l''Ans'âra est un jour béni. Si l'on jette ce jour-là sur les figuiers de la terre prise ailleurs qu'à leur pied, aucun fruit ne tombera (avant maturité), lors même que la fleur n'aurait pas été fécondée. » - Voir un passage à peu près identique dans Es-Soùsi, Cherh', p. 47. Cs. aussi Ibn el-'Awam, Kitâb el-Felâh'a, trad. Mullet, p. 511; et sur, Cf. ElQazwîni, 'Adjâib, p. 82, ligne 25; Es-Soûsi, Momti', p. 53; Cherh', p. 53. - On lit dans Terh'il, m. ms., p. 2: Long Jg

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El-Warzizi,

تراب العنصرة دكار

. بالتراب ذالك اليوم لا يسقط من ثمرها شي باذن الله

A Tlemcen, en jetant la terre sur les figuiers, on dit : lü «Par considération pour le Prophète choisi, la terre de

المختار

l''Ans'âra est une poussière fécondante. »

(1) C'est du laurier-rose qui croît, non sur les bords de l'oued, mais en pleine campagne ; ce laurier-rose, qui se rencontre rarement,

a infiniment plus de vertu que l'autre qui encombre les rives des cours d'eau. Cf. Westermarck, Mids. cust., p. 35, in m.

(2) A Ammi Mousa, on trouve des mâchoires de ces animaux plantées dans les potagers; on dit de quelqu'un qui rit niaisement, en montrant les dents :

Il fait briller ses dents comme les ) يبقص في سنانه كالعظم الي في البحيرة

ossements qui sont dans les jardins. D On trouve aussi de ces ossements à Tlemcen, dans les cultures de melons, de citrouilles, de pastèques, dans les fours publics; de même à Qal'a. A Figuig, on place dans les potagers, à cause du mauvais œil, une marmite dont le fond est enduit extérieurement de chaux; elle est renversée, l'ouverture sur le sol. On place aussi, sur les arbres, des ossements d'animaux et généralement des cornes de

Quand » مي يفتح الرمان ادناوي يفلوع نوزلغ اسنيي وفرفور نرمان : bouc

les grenadiers fleurissent, nous apportons des cornes de bouc que nous plaçons sur leurs troncs. » (Figuig.) Cf. Ibn el-'Awam, Kitab el-Felâh'a, trad. Mullet, p. 538. A Tlemcen, on place sur les poiriers des colliers formés de sept coquilles d'escargots; sur un cognassier, on place une mâchoire de mouton, tandis que les cornes sont posées dans les grenadiers; au pied du noyer, on répand du sel; on brûle du thym sous les treilles et on attache, à chaque cep, un sachet rempli de mermes grossièrement moulu.

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