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19° Fragment de marbre :

LAV (Claudia
MATER FILIO

(pi) ISSIMO

hic S (itus) E(st) S (it) T (ibi) T (erra) L(evis)

<< Claudia, à son fils très pieux. C'est ici qu'il repose. Que la terre te soit légère ! »

20 Épitaphe dédiée par un mari à sa femme. (Plaquette de marbre vert, 0" 23 X 0TM 17) ;

DM S

CAECILIA COLONICA VI
XIT ANNIS XVIII GALLO

NIVS SATVRNINVS
MARITAE PIISSIM (ae)

ITEM STERCOROSAE

SOROR(i) EIVS VIX(it) A(nnis) VI

Caecilia Colonica. Elle a vécu dix-huit ans. Gallonius Saturninus à sa femme très pieuse. Et aussi à la sœur de celle-ci, à Stercorosa. Elle a vécu six ans ». (C. I. L., no 21151).

Si quelques-uns des personnages mentionnés dans nos inscriptions portent de jolis noms, comme Philocalus (en grec, ami du beau), cette Stercorosa est affligée au contraire d'un nom qui signifie en latin « excrémenteuse ».

21 Plaquette de marbre (0-22 × 0o18) dédiée au défunt par son frère.

D M

C(aio) IVLIO ROMVL (0)
VIX (it) AN (nis) XXXXV
C IVLIVS

SEGONTIVS

FRATRI PIISS (imo)

H(ic) S(itus) E(st)

« A Caius Julius Romulus. Il a vécu quarante-cinq ans. Caïus Julius Segontius à son frère très pieux. C'est ici qu'il repose ». (Corpus inscriptionum latinarum, no 21231).

22 Plaquette de marbre (points séparatifs constitués par d'élégantes feuilles de lierre) :

D M

IVLIAE HOSPITAE

NONII FIRMINVS

AQVILA EXTRICATVS

MATRI

A Julia Hospita, fille de Nonius. Firminus Aquila Extricatus a élevé cette tombe à sa mère ». (C. I. L., no 21242) (Planche Ix).

23' Fragment (0*21 × 028):

LAETORIVS (se)

CVNDVS ET LAE

TORIA IVLIA

HERED (es) EIVS DE

SVA PECVNIA DE
DICAVERVNT

<< Laetorius Secundus et Laetaria Julia, héritiers du défunt, lui ont élevé cette tombe à leurs frais ». (C. I. L., 21254).

21 Plaquette de marbre jaune (hauteur 0"19):

M (arcus) VLP (ius)
VIXIT AN (nis)...

Hic SITVS EST S(it) T(ibi) terra levis

SINCLETIVS

Mo NUMEN (tum)

Suis im PENSIS F (ecit)

<< Marcus Ulpius a vécu... (le chiffre des années manque). C'est ici qu'il repose. Que la terre te soit légère, Sincletius a fait faire à ses frais ce monument ». (C. I. L., no 21332).

Dans le mur de la ferme de M. Peyron reste encastrée l'épitaphe d'Ulpia (femme sans doute de ce Marcus Ulpius), ainsi que celle de Quintus Gavius Frontinus (elle comprend dix-sept lignes), centurion des Singulares (corps d'élite).

En versant libéralement au musée les inscriptions ci-dessus énumérées, relatives à des gens de notre race, qui nous ont précédés sur cette terre d'Afrique, M. Peyron a donné un bon exemple, dont il convient de le féliciter. La collection épigraphique de Cherchel qu'il a tenu à enrichir constitue. en effet, pour les habitants de la ville, comme un fond d'archives municipales.

Outre les textes en question, semblant provenir d'un cimetière militaire qui était situé à l'est de Césarée, M. Peyron a bien voulu nous céder également pour le musée quelques fragments intéressants de sculpture. 1° Un sphinx (calcaire, hauteur 065), qui naguère décorait, comme un acrotère, le toit de sa ferme. L'animal n'est pas accroupi, mais posé sur son train d'arrière comme un chien assis et qui veille. Il a une tête de femme d'aspect bienveillant. Un bandeau de cheveux formant bourrelet encadre la tête. Sur la nuque, les cheveux sont réunis en chignon. Le buste est aussi un buste de femme, qui, au-dessous des seins, prend la forme d'un corps de lion. Il reste les pattes de devant, la partie postérieure disparaissant dans le socle. Le corps est pourvu de deux ailes levées verticalement (largeur d'une aile à l'autre, 017). Ce sphinx provient, comme les inscriptions, de la région des tombeaux, où il avait une signification religieuse et tutélaire, outre qu'il symbolisait le mystère de l'au-delà. (Planche Ix).

2° Un épais couvercle d'urne funéraire en marbre (diamètre 0TM26) en forme de calotte conique, élégamment décorée de nervures représentant treize anneaux allongés distribués circulairement. (Planche 1x).

3o Le bas d'une statue colossale d'empereur (marbre, hauteur, socle compris, 077) dont il ne reste que la jambe droite flanquée d'une corne d'abondance. (Pl. 1x).

IV

Dédicace à un personnage de Césarée émanant .d'un municipe dace, et torse d'Hercule.

M. Bossi, entrepreneur, nous a remis, pour le musée, deux fragments de stèles funéraires, l'une représentant une enfant debout, drapée, la main sur la poitrine, accostée d'une colonnette, et l'autre un buste de femme, avec un voile sur la tête.

Il nous a cédé également un bloc de calcaire, portant, dans deux com.partiments rectangulaires séparés par une moulure, l'épitaphe assez fruste d'un Lucius Aprilis Homolanus et celle de sa femme M. Aria Fortunata.

Enfin quelques recherches partielles, amorcées par nous, à droite de la route d'Alger, dans la région des tombeaux, où l'on avait parlé d'un - prétendu souterrain conduisant à un caveau funéraire, et qui n'était .qu'un mur éboulé en forme de voùte, nous ont fait découvrir une autre plaquette de marbre (0.8X0-23) contenant l'épitaphe d'une mère

nommée Malia Corinthia et de ses deux enfants, dont l'un était cabaretier :

D M

MALIAE CORINTHIAE MATRI

ET MANLIO TABERNARIO FIL (10)

ET MANLIAE EVTACTILLAE FIL (iae)

Hic Siti S (unt) S (it V (obis) T (erra)

L (evis)

« A Ma (n)lia, originaire de Corinthe, et à Manlius, tavernier, son fils, et à Manlia Eutactilla, sa fille. C'est ici qu'ils reposent. Que la terre vous soit légère. » (Pl. 1x).

De plus, le 4 février 1905, dans la propriété Quartero. (à l'angle de la rue de l'Est et de la rue Romaine), à l'endroit même où nous avions exhumé l'an dernier deux piédes taux dédiés à Marc Aurèle Zénon Januarius et à Titus Caesernius Macedo, gouverneurs de Maurétanie, on a découvert un troisième piédestal, une troisième base honorifique.

C'est des bords du Danube, d'un municipe fondé par l'empereur Hadrien et qui s'appelait Drobeta (aujourd'hui Cernetz, en Valachie) qu'est adressé à un personnage de Césarée gouverneur de la province, très probablement, lui aussi l'hommage suivant :

(Inscription en grandes lettres, encadrée, comme les deux précédentes, d'une moulure rectangulaire) :

SEX(to) CORNELIO

LVCAERIANO

MVNICIPIVM

HADRIANUM

DROBETENSE

EX DACIA

« A Sextus Cornelius Lucaerianus le municipe (fondé par Hadrien) de Drobeta, en Dacie ». (Pl. v).

l'as plus que pour la dédicace à Titus Caesernius Macedo (offerte à l'époque de Trajan par des indigènes nomades, par une tribu de Maures Maccues), le texte en question n'indique le pourquoi de cet hommage, et les causes de la gratitude manifestée par ces habitants d'une ville lointaine.

Quelles sortes de relations existaient donc entre ces deux provinces de l'empire?

Quel service le gouverneur de Césarée de Maurétanie pouvait-il bien avoir rendu à cette bourgade perdue au fond de la Dacie? Avait-il séjourné en Dacie avant d'être appelé au commandement des troupes mauretaniennes, et s'était-il fait, à Rome, auprès de l'empereur, comme

il arrivait quelquefois, l'interprète écouté de leurs doléances, et l'avocat de leurs revendications? En ce cas, ceux-ci, pour commémorer l'intervention de leur défenseur, l'auraient honoré par l'érection solennelle d'un piédestal avec dédicace, qu'accompagnait sans doute une statue.

D'autre part (autre conjecture), on sait, par les stèles funéraires de Dazas et de Licaus, découvertes à Cherchel (et ornées de bas-reliefs représentant un cavalier qui terrasse un ennemi) que la sixième et la septième cohorte des Dalmates, auxquelles appartenaient respectivement ces deux cavaliers stationnaient à Cherchel ou Césarée de Maurétanie, au second siècle de notre ère. Or, le gros des contingents dalmates, d'où ces détachements étaient tirés, tenait garnison dans le pays des Daces. Quelques-uns de ces anciens soldats, venus à Césarée, et retournés en Dacie où peut être ils avaient obtenu des concessions de terre, ont pu envoyer de là-bas, à leur chef, à leur protecteur, une marque publique de leur reconnaissance, dont cette pierre nous a gardé le souvenir, tout en étant muette sur les circonstances qui l'ont provoquée.

Quoi qu'il en soit des deux hypothèses provisoires ci-dessus alléguées pour essayer d'en expliquer les motifs, cette inscription honorifique dont la date se place entre le règne de l'empereur Hadrien (117-138) et l'année où Drobeta, d'abord simple municipe, fut élevé, par suite de son développement et de l'extension de ses droits, au rang de colonie, sort de la banalité des inscriptions funéraires, et présente un intérêt politique, Le propriétaire nous a gracieusement cédé pour le Musée cette inscription, ainsi qu'une statue d'homme (torse et cuisses) (marbre, hauteur 120), trouvée quelques jours après, au cours des mêmes excavations devant servir à l'établissement d'une cave. En même temps on rencontrait, toujours en bordure sur la voie romaine, deux chapiteaux et un mur en pierres de taille de 330 d'épaisseur sur 10 mètres de long, reste de quelque édifice considérable (temple de Rome et d'Auguste ?).

Ce torse nu (Planche X) appartenait à une statue colossale. De facture classique, comme certains torses d'Hermès où d'Apollon, que nous avons précédemment recueillis dans les Thermes, il rappelle plus spécialement le modelé des athlètes de l'école de Polyclète. Même la musculature puissante et le profil des hanches semblent le rapprocher de la statue d'Hercule (au cou de taureau, comme le saint Paul d'Albert Dürer), que nous avons découverte en 1887, et qui passe pour la reproduction d'un bronze grec du cinquième siècle, exécutée au temps d'Auguste. Les statues d'Hercule et les piédestaux consacrés à Hercule ne manquent pas au musée de Cherchel pas plus que les statues de Diane, si nombreuses et leur fréquence s'explique par la survivance à l'époque romaine de certains cultes phéniciens, Hercule ayant pris la place de Melkart, comme Diane avait succédé à Tanit. D'autre part, Juba II se flattait de descendre d'Iol, fils d'Hercule, et quelques-unes

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