XLIX. N° 256. 1er TRIMESTRE 1903. Fit CHRONIQUE Bulletin d'Alger Alger, 15 février 1905. La vie intellectuelle d'Alger est particulièrement intense cet hiver: la Société de Géographie, la Société des Conférences populaires, la Maison du Peuple ont multiplié à l'envi leurs instructives causeries, s'adre: sant à tous les publics et traitant les sujets les plus variés. La Société de Géographie d'Alger et de l'Afrique du Nord fait preuve d'une grande activité; le nombre de ses membres a dépassé 1200, ce qui la classe au premier rang des sociétés françaises similaires. Elle a créé une section à Tanger, sous la présidence de M. Regnault, consul général; son Bulletin contient d'importants travaux. La Société de Géographie d'Oran, malgré une courte crise, a rapidement augmenté le nombre de ses adhérents: il faut noter le projet présenté par son Président d'une École de Sociologie Marocaine à fonder à Oran et qui comporterait des cours d'histoire, de géographie, de berbère, de droit musulman appliqués à l'étude du Maroc. L'approche de l'époque où se tiendront à Alger trois grands congrès cause quelque effervescence dans les milieux scientifiques et universitaires. L'organisation du Congrès International des Orientalistes qui réunira des savants de tous les points du globe est très avancée: les principaux gouvernements y seront représentés officiellement et la plupart des grands établissements scientifiques du monde entier y enverront des délégués. Le Congrès des Sociétés Savantes de France est organisé par M. le Recteur de l'Académie d'Alger, MC58024 assisté d'une commission qui comprend des délégués de l'administration et de l'enseignement : il réunira des savants, des professeurs, des instituteurs publics de tous les points de la France et de l'Algérie. Enfin, il nous faut aussi mentionner, bien qu'il ne nous intéresse pas directement à raison de ses études, l'important Congrès de la Mutualité Coloniale, qui se tiendra également à Pâques à Alger. Pour rehausser l'éclat de ces manifestations scientifiques, M. le Gouverneur général de l'Algérie a décidé l'ouverture à Alger, pendant la seconde quinzaine d'avril, d'une Exposition rétrospective d'Art musulman. On sait le vif intérêt que M. Jonnart porte aux industries artistiques indigènes : cet intérêt ne pouvait être mieux secondé que par l'activité éclairée dont a fait preuve le Directeur du Musée d'Antiquités de Mustapha. Aussi est-ce lui qui est chargé d'organiser l'Exposition rétrospective; elle se tiendra dans la Médersa, cadre élégant merveilleusement approprié à cette destination. A côté de cette exposition, la Société de Géographie, sur l'initiative de son infatigabie Président, en organise une autre qui réunira les photographies et peintures documentaires concernant le Nord de l'afrique : elle aura lieu à la même époque et en plein Alger, dans le nouveau hall de la Dépêche Algérienne. D'autre part on commence à parler de la création d'un Musée municipal, ceux qui ont vu jadis disperser par une municipalité vandale l'intéressante Exposition Permanente des voûtes de la Pêcherie apprécieront la sympathie que témoignent nos édiles actuels aux institutions artistiques: notre municipalité, en effet a acquis un lot de terrains sur lesquels elle se propose d'ériger un Hôtel-de-ville et un Musée. Un groupe d'Algériens amoureux de leur ville s'est ému de l'enlaidissement progressif de la cité, auquel nous assistons depuis tantôt vingt ans et, sous le nom de Comité du Vieil Alger, s'est donné mission de veiller à la conservation des édifices intéressants et des quartiers pittoresques ; l'adhésion publique de M. le Gouverneur général a donné un grand retentissement à cette manifestation. Le Comité est présidé par M. de Grammont, frère de l'ancien président de notre |