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vela les édits impériaux qui avaient été promulgés en leur faveur et qu'ils avaient soigneusement conservés; il choisit même leur ville pour la résidence de son fils, l'émir Abou-'l-Abbas, désigné plus tard comme successeur au trône. En y établissant ce prince, il lui conseilla de traiter les habitants avec une grande bienveillance, et lui ayant conféré, de plus, le gouvernement de Castîlïa et des lieux voisins, il plaça auprès de lui, en qualité de chambellan, le chef almohade, Abou-'l-Cacem-Ibn-Ottou. Reprenant alors le chemin de la capitale, il y fit son entrée au mois de Ramadan de la même année (avril-mai 1335).

LES ÉMIRS ABOU-FARES 1-AZOUZ ET ABOU-'L-BACA-KHALED OBTIENNENT LE GOUVERNEMENT DE SOUÇA ET D'EL-MÉHDĨA.

Vers l'époque où le sultan renversa la puissance du chambellan Ibn-Séïd-en-Nas et plaça Mohammed-Ibn-Ferhoun auprès de son fils l'émir Abou-Zékérïa, les descendants de Yaghmoracense virent attaqués par leur ennemi héréditaire [le sultan mérinide]. Cet événement procura au sultan [Abou-Yahya-] Abou-Bekr assez de loisir pour rétablir l'ordre dans son royaume, et raffermir les bases de son autorité, en confiant le commandement de ses provinces aux plus distingués d'entre ses fils. A Khaled et Azouz, conjointement, il accorda le gouvernement de Souça et de la région maritime. Il les installa dans cette ville et plaça auprès d'eux Mohammed - Ibn-Taher, vieux serviteur de l'empire. Cet homme appartenait à une famille andalousienne que les événements politiques avaient forcé d'émigrer en Ifrîkïa. Ses ancêtres, seigneurs de Murcie, s'étaient faits remarquer au nombre des petits souverains qui régnèrent sur les provinces de l'Espagne [musulmane], et son frère, Abou-'l-Cacem, avait rempli les fonctions de ministre des finances à Tunis.

Dans le texte arabe imprimé le mot ben doit être supprimé.
Dans le texte arabé il faut insérer le mot bi-al avant Yaghmoracen.

Mohammed-Ibn-Taher mourut en l'an 735 (1334-5), quelque temps après sa nomination, et fut remplacé par Mohammed-IbnFerhoun, que le sultan rappela de Bougie pour cet objet. Les deux princes, étant encore très-jeunes, avaient besoin d'un sage conseiller comme lui, et leur père savait qu'Abou-Zékérïa avait maintenant assez d'expérience pour se choisir un bon ministre. Il est vrai que, dans la suite, Abou-Zékérïa rappela IbnFerhoun auprès de lui.

Lors de la disgrâce et de la chute d'Ibn-el-Hakîm, le sultan enleva la ville d'El-Mehdïa à Ibn-er-Regrag et y installa son fils, l'émir Abou-'l-Baca [-Khaled], en qualité de gouverneur. AbouFares[-Azouz], l'autre frère, resta ainsi seul gouverneur de Souça. Mohammed-Ibn-er-Regrag avait été établi dans ElMehdïa par son parent Ibn-el-Hakim, lequel en avait dépossédé Ibn-Abd-el-Ghaffar, natif de Raghîs. Voulant se faire de cette ville un lieu de retraite en cas de revers, Ibn-el-Hakîm y avait formé un dépôt d'armes et de vivres et installé un commandant qui tenait à lui par les liens de famille; mais toutes ces précautions ne lui servirent à rien.

Les deux émirs gardèrent leurs commandements jusqu'à leur

mort.

MORT DE L'EMIR ABOU-ABD-ALLAH, SEIGNEUR DE CONSTANTINE.

:

SON FILS LUI SUCCÉDE.

Le sultan aimait l'émir Abou-Abd-Allah plus que ses autres fils il lui témoignait la plus tendre affection et lui montrait une indulgence extrême, à cause des traits de caractère qui annonçaient en cet enfant un esprit élevé et fait pour commander. Tout le monde reconnaissait la justice de cette préférence, jusqu'à Ibn-Ghamr, le puissant gouverneur de Bougie et de Constantine, l'habile défenseur de Bougie contre les Zenata 2. En l'an 719

Le texte arabe des manuscrits porte ses fils.

2 Dans le texte arabe il faut lire min Zenata à la place d'oua min Zenata.

(1319), lors de la mort de ce fonctionnaire, le sultan porta ses regards vers les frontières de son empire et plaça la ville de Bougie sous le commandement de son fils, l'émir Abou-Zékérïa, auquel il donna Ibn-el-Caloun pour chambellan. Ayant ainsi pourvu à la sûreté de cette forteresse, il nomma un autre de ses fils, l'émir Abou-Abd-Allah, au gouvernement de Constantine et lui adjoignit Ahmed-Ibn-Yacîn [en qualité de ministre]. Les deux frères quittèrent Tunis en l'an 720, et chacun d'eux alla s'établir dans le siége de son commandement. Quelque temps après, Dafer-el-Kebir revint du Maghreb et fut désigné par le sultan comme chambellan du prince de Constantine. Il remplit les fonctions de cette place jusqu'à l'an 727, quand il fut tué auprès de Temzezdekt, ainsi que nous l'avons dit '. Le secrétaire Abou-'l-Cacem-Ibn-Abd-el-Azîz, partit de Tunis pour le remplacer, mais, au bout d'une quarantaine de jours, il revint à la capitale. Le sultan confia alors cette charge à Ibn-Séïd-en-Nas, en l'autorisant de conserver la place de chambellan qu'il remplissait à Bougie et de se faire représenter à Constantine par l'affranchi Hilal, qui venait d'abandonner le service du général abdel-ouadite Mouça-Ibn-Ali. Hilal fut renvoyé par l'émir AbouAbd-Allah après la chute d'Ibn-Séïd-en-Nas son maître, qui était alors parvenu à l'âge viril, ayant voulu diriger par lui-même l'administration de la province. Le sultan donna son approbation à ce changement et, dès-lors, il prit l'habitude de consulter son fils sur ses propres affaires et de l'admettre à des entretiens secrets. Vers cette époque, il envoya à Constantine un affranchi d'origine chrétienne nommé Nebil.

En l'an 734 (1333-4), Dafer-es-Sinan fut appelé de Tunis par Abou-Abd-Allah pour prendre la direction des affaires civiles et militaires, mais, à l'expiration de dix-huit mois, il rentra dans la capitale après avoir remis à Nebîl la place de chambellan. Yaïch, ancien serviteur de la famille royale, fut ensuite envoyé à Constantine pour commander les troupes et défendre le territoire de la province; partageant ainsi avec Nebil les divers services de

1 Voy. tome 1, page 465.

l'administration et les honneurs qui y étaient attachés. Depuis lors, rien ne changea dans la position de l'émir qui, de jour en jour, se distinguait davantage par ces occupations auxquelles doit se livrer tout prince qui désire cultiver ses talents et se rendre digne du commandement. Il termina sa carrière prématurément, avant d'avoir atteint la haute position qui lui semblait être réservée la mort vint le surprendre vers la fin de l'an 737 (juin-juillet 1337). Son fils aîné, Abou-Zeid-Abd-er-Rahman, prit alors le commandement, et le sultan y donna son approbation par un diplôme; mais, prenant en considération l'extrême jeunesse de ce prince, il lui imposa l'affranchi Nebîl comme guide et tuteur.

MORT DE HAMZA-IBN-OMAR.

CAPITALE.

SES FILS

MARCHENT CONTRE LA

LEUR DÉFAITE ET MORT DE LEUR VIZIR MOEZZ.

Par la conquête de la ville et du royaume de Tlemcen, le sultan mérinide, Abou-'l-Hacen, brisa la puissance de la dynastie zianide, réduisit sous son autorité tous les peuples zenations et rassembla leurs nombreux guerriers autour de ses drapeaux. Les tribus voisines lui offrirent leur soumission; tous les cœurs s'humilièrent devant lui, et Hamza-Ibn-Omar vint l'engager à marcher contre l'Ifrîkïa. Aux représentations tout-à-fait semblables à celles qu'il avait si souvent adressées à Abou-Tachefîn, le sultan répondit d'un ton sévère, lui ordonnant de mettre un terme à ses débordements et de renoncer aux hostilités contre le souverain de Tunis. Il lai offrit même d'intercéder en sa faveur auprès de ce prince et de lui applanir les voies de la réconciliation. Hamza écouta ce conseil et, profitant de la médiation du sultan, qui voulut bien répondre de sa sincérité, il sollicita la clémence du souverain hafside. Ayant alors promis une soumission sans bornes et pris l'engagement d'étouffer l'esprit d'insubordination qui travaillait les Arabes, il se procura nonseulement un bon accueil auprès du prince qu'il avait tant offensé, mais aussi un riche cadeau destiné à l'entretenir dans les senti

ments de fidélité et de dévouement dont il venait de donner l'assurance. Depuis ce moment, il servit le sultan avec un zèle et une sincérité parfaits et prêta un actif concours au général Mohammed-tbn-el-Hakim, ce foudre de guerre qui avait entrepris de soumettre l'Ifrikia, de rétablir l'ordre dans les provinces et d'extirper les dernières semences de rebellion. Co fonctionnaire avait alors l'ordre de faire payer l'impôt à toutes les tribus nomades qui parcouraient le pays, d'obtenir la soumission des bandes insurgées qui hantaient encore les frontières de l'empire et de les forcer à discontinuer leur habitude de percevoir l'impôt au hom du gouvernement.

Dans l'exécution de cette tâche, il déploya une bravoure qui asssura la tranquillité des provinces et humilia l'orgueil de certains chefs qui, établis dans les régions lointaines, avaient cru pouvoir se maintenir indépendants; enfin, il releva l'autorité du gouvernement hafside et fit disparaître jusqu'aux derniers vestiges de la révolte. En l'an 739 (4338-9), il enleva El-Mehdïa à Ibn-Abd-el-Ghaffar, natif de Raghîs, qui s'en était emparé; ensuite, il se rendit à Tebessa, fit arrêter Mohammed-IbnAbdoun, cheikh de cette ville et l'envoya prisonnier à El-Mehdia. Après la chute d'Ibn-el-Hakîm, cet homme fut remis en liberté. Le général hafside mit ensuite le siége devant Touzer et força le gouverneur, Ibn-Yemloul, à faire sa soumission et à donner ses fils comme ôtages. Alors, il se présenta, à plusieurs reprises, devant Biskera, mais, chaque fois qu'il voulut en commencer le siége, il se laissa détourner de son projet par les assurances de Youçof-Ibn-Mansour-Ibn-Mozui, qui prétendait tenir cette ville en vertu d'une autorisation accordée par les prédécesseurs d'[Abou-Yahya-]Abou-Bekr et confirmée par ce sultan. Toutefois, il ne se retira jamais sans avoir reçu la totalité de l'impôt, et cependant, Ibn-Mozni était alors attaché au service du sultan Abou-'l-Hacen. Il fit aussi une expédition dans le Rîgha, s'empara de Tuggurt, capitale de cette région, et, après en avoir enlevé toutes les richesses, il pénétra dans l'Auras et prit d'assaut la plupart des forts qui servaient de refuge aux habitants de cette montagne. Ce fut ainsi que, de tous côtés, l'empire lança

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