rain, et eut souvent occasion de louer les grands services rendus par ce chef. Quand Yala-Ibn-Mohammed-el-Ifréni perdit la vie, le Zenata soupçonnèrent Zîri d'y avoir contribué. Pendant le siége de Fez, où Ahmed-Ibn-Bekr-el-Djodami résista très-longtemps au général Djouher, Zîri déploya une grande bravoure, et dans une attaque nocturne, emporta la ville par escalade. La guerre entre Ziri et les Maghraoua devint enfin si acharnée que ceux-ci formèrent une alliance avec El-Hakem-el-Mostancer [souverain oméïade de l'Espagne] et firent proclamer l'autorité de ce prince dans le Maghreb central. Mohammed, fils d'El-Kheir et petit-fils de Mohammed-Ibn-Khazer, prit une part si active à cette démonstration qu'El-Moëzz jugea nécessaire de lui opposer les troupes sanhadjiennes. Il donna en même temps à leur commandant, Ziri, le gouvernement du Maghreb et l'autorisation de s'approprier tous les pays qu'il parviendrait à soumettre. Zîri réunit aussitôt les forces de son territoire et se mit en marche. Son avant-garde poussa en avant, sous la conduite de Bologguîn, afin d'attaquer à l'improviste les troupes zenatiennes qu'Ibn-elKheir était en train de rassembler. Le chef maghraouien n'avait pas encore complété ses dispositions, quand les Sanhadja fondirent sur lui. Il s'ensuivit un des conflits les plus acharnés qu'on eût jamais vus; la ligne de l'armée zénato-maghraouienne fut enfoncée, et Mohammed-Ibn-el-Kheir, se trouvant dans l'impossibilité d'échapper et jugeant la mort inévitable, passa dans un endroit écarté et mit fin à ses jours en se jetant sur son épée. Les Zenata prirent la fuite, et pendant le reste de la journée, les Sanhadja continuèrent à les poursuivre et les tailler en pièces. Plusieurs siècles après, on voyait encore les ossements des morts répandus sur le champ de bataille. L'on rapporte que plus d'une dixaine de leurs principaux émirs y perdirent la vie. El-Moëzz reçut les têtes de ces chefs et ressentit la joie la plus vive à l'aspect de ce cadeau que Zîri lui avait envoyé. Quant à El-Hakemel-Mostancer, il éprouva un chagrin profond du coup terrible qui avait ainsi ébranlé son autorité. Zîri et les Sanhadja parvinrent alors à dompter les peuples nomades du Maghreb; il s'acquit ainsi une grande supériorité sur Djâfer-Ibn-Ali 1, seigneur d'El-Mecîla et du Zab, et son rival en rang à la cour du khalife. El-Moëzz ayant alors pris la résolution de transporter au Caire le siége de son gouvernement, invita Djâfer à quitter El-Mecîla et à venir prendre le commandement de l'Ifrîkïa. Cet émir, redoutant les intrigues qui s'ourdissaient contre lui depuis quelque temps, hésita d'obéir, et ayant appris qu'un des affranchis d'El-Moëzz était en route pour le chercher, il céda à la crainte et s'enfuit d'El-Mecìla. Arrivé au milieu des Maghraoua, il les rallia autour de lui, et profitant des bonnes dispositions que ces peuples lui témoignèrent ainsi que de leur ancien attachement pour les Oméïades, il proclama de nouveau la souveraineté d'El-Hakem-el-Mostancer. Ziri sentit la nécessité de comprimer cette révolte avant que les insurgés eussent le temps de raffermir leur puissance. Il se hâta donc de marcher contre eux et de leur livrer bataille. A la suite d'un combat sanglant, l'armée sanhadjienne fut mise en déroute; le cheval de Zîri s'abattit sous lui, et la retraite des vaincus laissa voir les corps de leur chef et de ses gardes étendus au milieu d'un champ de carnage. La tête de Zîri fut portée à Cordoue par une députation d'émirs maghraouiens, qui avaient pour mission de renouveler à El-Hakem-el-Mostancer le serment de fidélité et de lui demander l'appui de ses armes. Yahya-IbnAli, le frère de Djâfer, conduisit cette députation. Zîri perdit la vie en l'an 360, après avoir gouverné pendant vingt-six ans. Quand la nouvelle de ce désastre parvint à Achîr, Bologguîn se mit aussitôt en campagne et remporta sur les Zenata une victoire éclatante. Par cet exploit il vengea non-seulement la mort de son père et de ses parents, mais il mérita les éloges d'ElMoëzz et obtint sa nomination au gouvernement d'Achîr, de Tèhert et de toutes les provinces du Maghreb qui avaient composé les états de son prédécesseur. Il reçut, de plus, le gouvernement d'El-Mecîla, du Zab et des autres provinces qui avaient appartenu à Djâfer-Ibn-Ali. L'accroissement de sa puissance et l'éten Voy. l'histoire de ce chef dans l'Appendice, n° 1. En-Noweiri ajoute : dans le mois de Ramadan (juillet 974). due que ses états venaient de prendre, lui permirent d'écraser les Mezata, les Hoouara, les Nefza et les autres Berbères qui habitaient des maisons construites de broussailles. Il pénétra au fond du Maghreb pour châtier les Zenata, et, cette entreprise accomplie, il revint, l'an 364, à la cour du sultan, qui l'avait invité à venir se charger du gouvernement de l'Ifrîkïa. Les honneurs dont El-Moëzz le combla en cette occasion, excitèrent au plus haut degré la jalousie des Ketama. Ce monarque partit alors pour le Caire, après avoir constitué Bologguîn son lieutenant en Ifrîkïa. Tel fut le commencement de la dynastie zîride. HISTOIRE DES ZÎRIDES, LIEUTENANTS DES FATEMIDES EN IFRÎKÏA. Quand El-Moëzz se disposa à partir pour l'Orient, il tourna son attention vers les états qu'il allait quitter, et chercha parmi les grands officiers de l'empire, un homme fidèle et capable, partisan dévoué de la secte chîite, auquel il pourrait confier le gouvernement du Maghreb et de l'Ifrîkïa. Son choix tomba sur Bologguîn, fils de Ziri-Ibn-Menad. Ce chef, dont la famille s'était attaché, depuis longtemps, au service des Fatemides, venait de châtier les Zenata, ennemis déclarés de cette dynastie, et tout en vengeant la mort de son père, il avait défendu la cause des Chiites et soutenu leur empire 1. Règne de Bologguin, fils de Ziri. — El-Moëzz ayant rappelé Bologguin qui était alors dans le fond du Maghreb, lui confial l'administration de ce pays ainsi que de l'Ifrîkïa. Il laissa toutefois le gouvernement de la Sicile entre les mains de la famille Abou-'l-Hacen-el-Kelbi, et maintint Abd-Allah-Ibn-Yakhlof-elKetami dans celui de Tripoli. A cette occasion, il changea le nom de Bologguîn en celui de Youçof, et, lui ayant accordé le surnom Pour l'histoire d'El-Moëzz et de ses prédécesseurs, voy. l'Appendice n° II. On doit aussi consulter la vie d'El-Moëzz par M. Quatremère. d'Abou-'l-Fotouh (le père des Victoires) et le titre de Seif-edDola (l'épée de l'empire), il lui présenta la robe de lieutenance, le revêtit d'un habillement magnifique et lui donna les plus beaux de ses propres chevaux richement harnachés. Lui ayant alors conféré le droit de commander les troupes, de percevoir l'impôt et d'administrer les provinces, il lui recommanda de bien observer trois choses, savoir: de tenir le glaive toujours suspendu sur la tête des Berbères, de ne jamais affranchir les nomades du poids de leurs impôts, et de ne jamais confier un commandement à aucun membre de la famille de Zîri. Il le chargea aussi de signaler le commencement de son administration par une expédition dans le Maghreb, afin d'en arracher toutes les semences de révolte et de briser les liens qui attachaient encore ce pays au gouvernement des Oméïades. En l'an 362 (973), El-Moëzz1 partit pour le Caire, et Bologguin, qui l'avait accompagné jusqu'aux environs de Sfax, rentra à Cairouan et s'installa dans le palais de son maître. Aussitôt qu'il eut pris le pouvoir en main, il se mit en marche pour le Maghreb, à la tête d'une armée composée de Sanhadjiens et d'un corps de troupes ketamiennes qu'El-Moëzz avait laissé en Ifrîkïa. Ibn-Khazer, seigneur du Maghreb central, s'enfuit à Sidjilmessa pour éviter son ennemi héréditaire; les habitants de Tèhert, qui avaient chassé leur gouverneur, virent détruire leur ville par Bologguîn en punition de leur révolte, et les Zenata, qui s'étaient rassemblés à Tlemcen, s'en éloignèrent précipitamment quand ils surent que cet émir venait les attaquer. Tlemcen se rendit à discrétion, et les habitants furent transportés à Achîr. Bologguîn reprit alors la route de Cairouan, en conséquence d'une dépêche par laquelle El-Moëzz lui défendit de pénétrer plus avant dans le Maghreb. En l'an 367 (977-8), il obtint du khalife Nizar, fils d'El-Moëzz, que Tripoli, Adjedabia et Sort fussent incorporés dans ses états, et aussitôt qu'Abd-Allah-Ibn-Yakhlof, le gouverneur actuel de 1 Ibn-Khaldoun désigne ce prince tantôt par son titre El-Moëzz, et tantôt par son vrai nom Mádd. ces localités s'en fut éloigné, il le remplaça par un de ses propres officiers. Dans une nouvelle expédition contre les Zenata du Maghreb, [en 369:979-80] il les mit en fuite, s'empara de Fez, de Sidjilmessa et de la province d'El-Hebet. Ayant expulsé de ces contrées les fonctionnaires du gouvernement oméïade, il tourna ses armes contre les Zenata qui s'etaient rassemblés à Sidjilmessa et leur infligea un rude châtiment. [El-Kheir-] Ibn-Khazer, émir des Maghraoua, fut fait prisonnier et mis à mort. Dès ce moment tout céda devant le vainqueur; aussi les familles de Yala-IbnMohammed-el-Ifréni, d'Atïa-Ibn-Abd-Allah-Ibn-Khazer et de Felfoul-Ibn-Khazer prirent la fuite avec Yahya-Ibn-Ali-IbnHamdoun, seigneur d'El-Basra, et allèrent camper sous la protection des remparts de Ceuta. Le vizir [espagnol], El-MansourIbn-Abi-Amer, auquel ils envoyèrent demander secours, partit sur le champ à la tête d'une armée et vint prendre position à Algésiras. Avec lui arrivèrent tous les princes et chefs zenatiens qui s'étaient rendus à la cour de Cordoue pour faire acte de dévouement au sultan et pour acquérir les mérites spirituels attachés au service militaire dans les garnisons de la frontière musulmane. El-Mansour annonça à ces chefs et à leurs nombreux dépendants qu'ils devaient se placer sous les ordres de Djâfer, fils d'Ali-Ibn-Hamdoun, [ancien] seigneur d'El-Mecîla, et les fit alors passer le détroit. Ils emportèrent avec eux cent charges d'or que le vizir leur avait ordonné de remettre à leur général, nommé maintenant commandant en chef de l'armée destinée à combattre Bologguîn. Tous ces corps dressèrent leurs tentes sous les murs de Ceuta et y attendirent l'ennemi. Les autres troupes qu'El-Mansour recevait au camp d'Algésiras et qu'il continuait à expédier des divers ports du détroit, montrèrent un tel empressement pour secourir leurs amis, les Zenata, qu'à défaut de navires pour les transporter, elles auraient presque essayé de traverser la mer à la nage. Quand Bologguîn fut parvenu au sommet de la colline de Titaouin (Tétouan), il y fit couper des routes à travers les broussailles, afin de faciliter la |