Images de page
PDF
ePub

et le gouvernement de tout ce qui était en dehors de la capitale. Ibn-el-Hakîm était fils d'Ali-Ibn-Mohammed-Ibn-Hamza-lbnIbrahim-Ibn-Ahmed-el-Lakhmi. Sa famille tenait par des liens de parente a celle des Azéfi, princes de Ceuta ; son aïeul, Abou-'lAbbas-Ahmed, homme très-célèbre par le savoir et la piété, ayant été père d'Abou-'l-Cacem-el-Azéfi, le même qui établit son indépendance à Ceuta après la chute des Almohades [du Maghreb]. L'origine de la famille d'Ibn-el-Hakim m'a été racontée par Mohammed-Ibn-Yahya-Ibn-Abi-Taleb, dernier des Azéfides qui commanda à Ceuta, par Hocein-Ibn-Abd-er-Rahman-Ibn--AbiTaleb, cousin du précédent, et par d'autres personnes dignes de foi qui tenaient leurs renseignements d'Ibrahîm-Ibn-Abi-Hatem, autre cousin des précédents. Voici ce qu'ils racontent: Ahou-'lCacem-el-Azéfi avait un frère nommé Ibrahîm, homme perdu de réputation, qui s'était rendu coupable de meurtre à Ceuta. Ayant appris qu'Abou-'l-Cacem avait juré de le faire punir, il prit la fuite et passa en Orient; ce fut de lui que descendit MohammedIbn-el-Hakim.

Voici ce que d'autres personnes m'ont communiqué au sujet de cette famille : Ibrahim [frère d'Abou-'l-Cacem] eut un fils nommé Mohammed, duquel naquit un fils appelé Hamza, lequel engendra Ali. Ali s'étant adonné à l'étude, embrassa la carrière de la médecine et se fixa dans la province de Bougie. AbouZékérïa, le sultan qui y gouvernait alors, ayant été attaqué d'une maladie chronique dont il ne put se débarrasser, appela chez lui plusieurs médecins. Ali-Ibn-Hamza, qui était du nombre, devina la nature de l'indisposition et la guérit par un traitement habile. Ce service le rendit cher au sultan, qui l'admit dès-lors dans le nombre de ses intimes. Jouissant à la cour d'une considération que personne n'aurait pu lui disputer, il y fut désigné par le titre d'El-Hakim (le médecin). Cette circonstance procura à son fils le surnom d'Ibn-el-Hakim (fils du médecin). Ali-Ibn-Hamza épousa une demoiselle d'une des premières familles de Constantine, et sa femme fut admise dans la société des dames de la famille royale.

Son fils Mohammed naquit dans le palais et fut élevé au même

sein que l'émir Abou-Yahya-Abou-Bekr, fils d'Abou-Zékérïa. Il passa les premières années de sa vie sous les yeux du sultan et ce fut aux soins de ce prince qu'il dut l'avantage d'une excellente éducation. Parvenu à l'âge viril, il gagna la faveur de Yacoub-IbnGhamr, et, protégé par ce ministre, il obtint une position qui, en lui ouvrant la carrière des hauts commandements, le fit entrer au nombre des amis et favoris du prince. Le sultan Abou-YahyaAbou-Bekr, voulant envahir l'Ifrikïa, 'confia à Ibn-el-Hakim le commandement d'une division de l'armée.

Après la mort d'Ibn-Ghamr, Ibn-el-Hakim fut nommé au gouvernement de Bédja, en remplacement d'Ibn-Seïd-en-Nas, promu à celui de Bougie. Son aptitude aux affaires se fit bien reconnaître à la manière dont il administra la province de Bédja, une des plus importantes de l'empirc.

Quand le sultan consulta ses intimes sur les moyens à prendre afin de renverser le pouvoir d'Ibn-Seïd-en-Nas, ce fut Ibn-elHakim qui se chargea d'arrêter ce fontionnaire. Pour accomplir ce coup de main, il se cacha avec une bande des intimes dans un cabinet du jardin de Ras-et-Tabîa, et fit dire à Ibn-Séïd-en-Nas que le sultan desirait lui parler. Au moment où le chambellan passa auprès du cabinet, ils se jetèrent sur lui, et l'ayant garrotté, ils le traînèrent à la tour de la citadelle que l'on tenait toujours disposée pour le châtiment de grands personnages. Ce fut Ibn-el-Hakim qui présida à l'interrogatoire du prisonnier et qui le fit mourir dans les tortures.

Il reçut alors du sultan le commandement en chef des troupes, l'administration de l'état et le gouvernement de tout l'empire, hormis la capitale. Le secrétariat des commandements et le visa des mandats du trésor furent confiés à Ibn-Abd-el-Aziz. Ces deux fonctionnaires se partagèrent ainsi tout le poids de l'administration; mais, de même que l'épée l'emporte sur la plume,

Littéralement pour le redressement ou correction. Dans le texte arabe il y a une transposition de lettres; la vraie leçon est lithicaf.

de même le ministre d'état, chef de l'armée, l'emporta sur le secrétaire. Ibn-el-Hakim s'acquitta parfaitement des devoirs que sa nouvelle position lui imposa.

Dans le texte arabe, il faut lire er-riaçataïn, à la place d'erraïçaïn, ou bien supprimer ce dernier mot.

FIN DU TOME SECOND.

T. II.

31

APPENDICES.

I.

(Extrait de l'Encyclopédie d'En - Noweiri 1.)

ORIGINE ET GÉNÉALOGIE DES ZIRIDES 2.

Le premier de cette famille qui exerça l'autorité suprême fut Abou-'l-Fotouh (le père des victoires) Bologguîn-Youçof, fils de Zîri. Menad, père de Ziri, était fils de Menkouch, fils de Zenag [Sanhadj], fils de Zeid le petit, fils de Ouachfak, fils de Zîcouch (?), fils d'Ouzghafi, fils de Seri, fils d'Outleki, fils de Soleiman, fils d'El-Hareth, fils d'Adi le petit, surnommé El-Mothenna, fils d'El-Misouer, fils de Yahsob, fils de Malek, fils de Zeid le grand, [fils d'El-Gouth le petit,] fils de Sâd-Abd-Allah, fils d'Auf, fils d'Adi, fils de Malek, fils de Zeid, fils de Cheddad, fils de Zerâ. Celui-ci, nommé aussi Himyer, était fils de Seba le petit, fils de Kâb, fils de Zeîd, fils de Sehl, fils d'Amr, fils de

1 Voy. t. I. p. 313.

2 Dans les chapitres que nous donnons ici, En-Noweiri expose l'origine des Zirides d'après Iba-Cheddad, historien qui appartenait à cette famille et qui cherchait toujours à en relever l'importance. Dans l'exécution de sa tâche, il n'a pas hésité de confondre les faits et les personnes, de sacrifier la vérité de l'histoire, d'altérer les dates et d'imaginer une généalogie qui pût rattacher son aïeul Zîri aux Himyerites, ancienne et illustre dynastie des Arabes antéislamiques. Nous avons, toutefois, reproduit les premiers chapitres de ce roman parce qu'ils renferment quelques détails qui paraissent être vrais et quelques faits auxquels d'autres historiens ont fait allusion.

« PrécédentContinuer »