trouver Ibn-Abi-Amran. Nommé chambellan, en remplacement du transluge, El-Mizouar, qui n'était qu'un guerrier plein d'audace et de courage, se fit aider dans ses nouvelles fonctions par le secrétaire Abou-'l-Cacem-Ibn-Abd-el-Aziz, n'ayant pas les connaissances requises pour remplir une telle position. Il resta en place jusqu'à sa mort, événement qui eut lieu dans le mois de Châbao 727 (juin-juil. 4327). · Le sultan avait offeri la place de chambellan à mon grand-père, Mohammed-Ibn-Khaldoun, sans pouvoir le décider à l'accepter. Bien que le prince l'eût invité à revenir sur sa détermination, mon parent persista dans son refus; car, depuis plusieurs années, il s'était adonné à la dévotion et n'aspirait qu'à jouir d'une vie tranquille, loin des grandeurs. Il conseilla toutefois au sultan de choisir Mohammed-Ibn-Abi-'l-Hocein-Ibn-Séïd-en-Nas, gouverneur de Bougie, en lui faisant observer que les ancêtres de ce personnage avaient été longtemps au service de ceux du souverain ; qu'il possédait une nombreuse clientèle et qu'il avait toujours déployé une grande énergie dans les affaires dont on l'avait chargé. Je tiens ces renseignements de feu mon père. Un de mes amis, Mohammed-Ibn-Mansour Ibn-Mozni, m'a fourni sur le même sujet les détails suivants : « Le jour même de la mont » d'El-Mizouar, me dit-il, j'allai prévenir votre grand-père que » le sultan l'attendait au camp de Bédja. On l'introduisit dans la » tente royale où il resta quelque temps, et, à sa sortie, il apprit » que la nouvelle de sa nomination s'était répandue parmi les »> courtisans. Il démentit ce bruit el, le même jour, la place de > chambellan fut confiée provisoirement au secrétaire Abou-l» Cacem-Ibn-Abd-el-Aziz. Le sultan fit alors chercher le fils du » chambellan de son père, et, dans le mois de Moharrem 728 » (nov.-déc. 1327), Mohammed, fils d'Abou-'l-Hocein-Ibn-Séïd>> en-Nas, arriva à la cour et reçut sa nomination. » A celte faveur fut ajoutée celle d'un diplôme confirmatif de l'acte en vertu duquel il exerçait déjà le gouvernement de Bougie et les fonctions de chambellan auprès du prince royal établi dans cette ville. Ibn-Séïd-en-Nas se fit remplacer à Bougie par Mohammed Ibn-Ferhoun, une de ses créatures, et par son secrétaire AbouI-Cacem-Ibn-el-Merid. Sur ces entrefaites, les troupes zenatiennes continuèrent à parcourir le territoire de Bougie et à resserrer la ville au moyen de forts qu'elles élevèrent sur les hauteurs voisines. Presqu'aussitôt après l'arrivée d'Ibn-Séïd-en – Nas, l'ancien chambellan, Ibn-el-Caloun, se présenta à la cour, ayant obtenu sa grâce par suite des démarches que son hôte, Ali-Ibn-Ahmed, chef des Douaouida , venait de faire en sa faveur. Il espérait même obtenir sa réintégration dans la place de chambellan. Reprenons l'histoire de ce personnage. Laissé à Tunis par le sultan [en l'an 721], il embrassa le parti d'Ibn-Abi-Amran; ensuite, il voulut passer en Espagne, mais le l; retour imprévu du sultan l'empêcha d'exécuter ce dessein. Pour échapper au danger, il s'éloigna avec Ibn-Abi-Amran et assista aux expéditions que ce prince dirigea contre la capitale. Plus tard, il se rendit à Tlemcen et, rentré de nouveau en Ifrîkïa avec Ibn-es-Chehid, il y commit des actes de brigandage épouvantables. Quand la fortune se déclara contre Ibn-es-Chehid, il chercha un asile parmi les Douaouida et fixa son séjour à Tolga, ville du Zab, où il demeura quelque temps sous la protection d'Ali-Ibn-Ahmed, chef de ce peuple. A la fin, il reçut le pardon de ses trahisons, grâce aux démarches de son hôte, dont le frère, Mouça-Ibn-Ahmed, le ramena à Tunis. Il espérait même obtenir la place de chambellan, mais Ibn-Séïd-en-Nas y était déjà ins у tallé. Dans une audience que le sultan lui accorda, il promit de faire oublier le passé par un dévouement désormais inaltérable, et, ayant obtenu sa nomination au gouvernement de Cafsa, il partit pour cette ville avec Bechîr et Fareh, affrancbis d'origine européenne qui étaient au service du sultan. Ibn-Séïd-en-Nas avait déjà expédié aux cheikhs de Cafsa l'ordre d'arrêter l'escorte d'Ibn-el-Caloun; voulant ainsi procurer aux deux affranchis l'occasion de lui ôter la vie. Quand cette troupe fut venu camper à la porte de la ville, Kichli, officier qui en faisait partie 1 Variante : Mezid. et qui appartenait au corps turc à la solde de l'empire, y pénétra et fut tué dans la rue. Depuis la nomination d'Ibn-el-Caloun à la place de chambellan, Kichli lui avait toujours prêté l'appui de son amitié et de l'influence que lui donnait le commandement du corps turc. La mort de ce chef ayant excité dans la ville une agitation dont le bruit se faisait entendre jusqu'au camp, Ibn-el-Caloun sortit de sa tente tout effrayé, et, dans le même instant, il tomba sous les poignards des deux affranchis BL-PADL, PILS DU SULTAN [ ABOU-YABYA-ABOU-BEKR), EST NOMMÉ GOUVERNEUR DE BỒNE. Lors de son avènement au trône, le sultan donna le gouvernement de Bône à Mesrour, un de ses affranchis européens. Le caractère dur de cet officier et sa passion pour la guerre l'entrainèrent aux actes de violence et d'oppression. S'étant mis en campagne pour attaquer les Oulhaça, il fut tué dans un combat avec cette tribu qui avait couru aux armes pour défendre ses troupeaux. Quand le sultan apprit cette nouvelle, il ordonna à son fils, Abou-'l-Abbas-el-Fadl, d'aller prendre le commandement de Bône, et il lui adjoignit comme chambellan et chef militaire l'affranchi européen, Dafer-es-Sinan. Le jeune prince se conduisit de la manière la plus satisfaisante dans le poste que son père lui avait confié. Nous aurons encore à parler de lui. MORT DE L'ÉMIR ABOU-FARES, FRÈRE DU SULTAN. -- BATAILLE D'ER-RÎAs. Quand le sultan Abou-Yahya-Abou - Bekr vint s'établir à Tunis, il amena avec lui ses trois frères, Mohammed, [AbouFares-]Abd-el-Aziz et Abd-er-Rahman. Ce dernier mourut (peu de temps apres]; mais les deux autres continuèrent à jouir de la haute faveur dont leur frère les avait entourés et des honneurs que sa bonté leur avait départis. L'émir Abou-Fares était, cependant, rempli d'ambition et n'attendait qu'une occasion favorable afin de s'emparer du trône. Or, à l'époque dont nous allons parler, il se trouvait à la cour 1 Malgré l'autorité des manuscrits, il faut iosérer les mots oua cotila dans le lexle arabe. à un guerrier de la famille royale des Beni-Merîn, nommé Abd-elHack-Ibn-Othman-Ibn-Mohammed-Ibn-Abd-el-Hack. Ce prince ayant quitté l'Espagne, alla trouver Ibn-Ghamr à Bougie, en l'an 748, et, à la mort de ce fonctionnaire, il se rendit à la capitale. Le sultan lui fit l'accueil le plus gràcieux et accorda des pensions et des fiefs tant à lui qu'aux gens de sa suite. Il lui permit même d'entretenir à son service une troupe de cavalerie et un corps d'infanterie. Dans les expéditions militaires et dans les cérémonies publiques, le sultan croyait ajouter à l'éclat du trône en y faisant paraître un prince qui tegait dans la nation mérinide un rang des plus élevés et qui avait été même proclamé souverain par ses compatriotes. Abd-el-Hack était dur, hautain et jaloux de sa dignité. Un jour, ayant voulu s'entretenir avec le chambellan Ibn-Séïd-en-Nas, il alla le visiter de bonne heure, mais l'huissier' vint lui faire les excuses de son maître qui ne pouvait pas le recevoir. Ce manque d'égards l'offensa si vivemenl qu'il passa, le même jour, chez l'émir Abou-Fares, l'encouragea dans , ses projets de révolte et l'emmena avec lui hors de la ville. Ceci se passa dans le mois de Rebià de l'an 729 (janv.-fév. 4329). Ayant trouvé en chemin un camp arabe, ils en reçurent du chef de la tribu l'invitation de s'y arrêter. Abou-Fares accepla, mais Abd-el-Hack continua sa route et atteignit Tlemcen. Le sultan apprit cet événement par courrier, et, sans perdre un instant, il fit partir son serviteur et caïd, Mohammed-Ibn-elHakim, à la tête d'un détachement de l'armée et de la brigade chrétienne. Au point du jour on arriva chez la tribu, et ayant cerné la tente où Abou-Fares se tenait, on le somma à se rendre. Il s'y refusa et fit une vigoureuse résistance jusqu'à ce qu'il 1 En arabe, aadin, participe actif du verbe. mourut criblé de coups de lance. Son corps fut porté à Tunis pour y être enterré. Quant à Abd'el-Hack, il trouva chez Abou-Tachefin un excellent accueil, et, sachant combien ce prince ambitionnait la conquête de l'empire hafside, il ne manqua pas de l'encourager dans cet espoir. Bientôt après, Hamza-Ibn-Omər et d'autres grands personnages de la tribu de Soleim, vinrent, selon leur habilude, solliciter des secours, et Abou-Tachefin consentit à leur en fournir pourvu qu'ils reconnussent pour leur souverain Mobammed-Ibn-Abi-Amran. Reprenons l'histoire de ce personnage. Le sultan Ibn-el-Libyani avait laissé Ibn-Abi-Amran à Tripoli en qualité de gouverneur. En l'an 724, après la défaite d'AbouDarba et la ruine de son parti, les Arabes mirent Ibn-AbiAmran à leur tête et allèrent s'emparer de la capitale, mais, huit mois plus tard, ils se virent forcés de l'évacuer en conséquence de l'approche du sultan (Abou-Yahya-Abou-Bekr]. Leur protégé s'en retourna à Tripoli, d'où il fut ensuite expulsé par les habitants, en l'an 724 (1324). Accueilli encore par les Arabes, il fit avec eux plusieurs incursions dans les territoires du sultan; mais chacune de ces tentatives fut suivie d'une défaite. Ensuite il se fixa à Tlemcen, sous la protection d'Abou-Tachefin qui le traita avec beaucoup d'égards et lui fit une pension. En l'an 729 arriva la députation dont nous venons de parler, et le sultan abd-el-ouadite mit alors le prince réfugié en avant, comme prétendant au trône de l'Ifrikïa. Il fournit à ces chefs un corps de troupes zenatiennes commandé par Yahya-Ibn-Mouça, un de ses intimes et ancien serviteur de son père. Abd-el-Hack-IbnOthman les accompagna, suivi de ses fils, ses parents, ses affranchis et ses domestiques, tous gens habitués aux combats et aux dangers. Pendant qu'ils marchaient sur Tunis, le sultan [Abou-Yahya-Abou-Bekr] sortit pour leur livrer bataille. Vers la fin de l'année 729, les deux armées se rencontrèrent à Rias, dans le pays des Hoouara. Après un combat acharné, les troupes du sultan furent mises en pleine déroute ; ce prince lui-même fut entouré par l'ennemi et ne put s'en dégager qu'à grand'peine, |