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à l'approche des rebelles, Ibn-el-Caloun resta dans la ville, et le lendemain, il monta à cheval et y fit proclamer ce prince comme khalife. Deux jours après le départ du sultan, Ibn-Abi-Amran prit possession de la capitale et il y resta jusqu'au commencement de l'année suivante.

Le sultan étant arrivé à Constantine, s'occupa de rassembler et d'organiser une armée, et, dans le mois de Safer 722 (févriermars 1322), il se mit en campagne. Ibn-Abi-Amran marcha à sa rencontre avec Hamza-Ibn-Omar et ses alliés arabes. Deux batailles livrées à Er-Redjla1 permirent au sultan de châtier ses adversaires Abou-Abd-Allah-Ibn-Abi-Bekr, cheikh des Almohades, y perdit la vie, et l'avant-garde, commandée par Mohammed-Ibn-Mansour-Ibn-Mozni et d'autres chefs, fut entièrement écrasée. Le nombre des morts et des prisonniers fut immense. Ayant ainsi remporté une victoire dont on ne vit jamais la pareille, le sultan ordonna l'arrestation de Moulahem-Ibn--Omar.

MOULAHEM-IBN-OMAR ET SES COMPAGNONS, CHEFS DES KAOUB,
SONT MIS A MORT.

La victoire que le sultan venait de remporter contraria beaucoup les espérances de Moulahem-Ibn-Omar et donna lieu, chez les compagnons de ce chef, à des propos qui annonçaient de mauvais desseins. Bientôt le sultan apprit qu'une conspiration se tramait contre lui et que les auteurs du complot étaient Moulahem, son fils Mansour, ses pupilles Zådan et Mådan, tous les deux fils d'Abd-Allah-Ibn-Ahmed-Ibn-Kâb, et Soleiman-IbnDjamê, l'un des cheikhs des Hoouara. Le secret lui fut divulgué par leur cousin, Aun-Ibn-Abd-Allah-Ibn-Ahmed, auquel ils avaient fait des ouvertures sans pouvoir ébranler sa fidélité. Les conjurés s'étant rendus chez le sultan, furent arrêtés par son ordre et conduits à Tunis. Dans le mois de Djomada (juin-juillet) de la même année, il y revint lui-même et se fit prêter de nouveau le serment de fidélité.

La position de cette localité nous est inconnue.

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Les Arabes qui avaient suivi ses traces, vinrent camper à quelque distance de la ville et exigèrent la mise en liberté de Moulahem et de ses compagnons. Cette demande eut pour réponse la mort des prisonniers et l'envoi de leurs cadavres à HamzaIbn-Omar. Pénétré de douleur à ce spectacle, le chef arabe convoqua toutes les fractions de sa tribu et leur fit jurer de venger l'assassinat de leurs cheikhs. Il se mit alors en marche, accompagné d'Ibn-Abi-Amran et se dirigea sur Tunis où il espérait surprendre le sultan. Ce prince venait de congédier son armée et se livrer au repos, quand on vint lui annoncer l'approche de l'ennemi. Il quitta aussitôt la capitale, où il n'avait passé que quarante jours, et s'enfuit à Constantine. Ibn-Abi-Amran prit possession de Tunis et y resta six mois. Pendant cet intervalle, le sultan parvint à rassembler et organiser une armée, de sorte qu'il fut bientôt en mesure de se mettre en campagne. Ibn-AbiAmran, accompagné des Arabes sous les ordres de Hamza, vint à sa rencontre et livra une bataille dans laquelle ses troupes furent encore mises en pleine déroute. Il prit la fuite et le sultan rentra à Tunis dans le mois de Safer 723 (fév.-mars 1323).

BATAILLE DE RAGHÎS, ENTRE LE SULTAN ABOU-YAHYA –

ET ABOU-DARBA, FILS D'IBN-EL-LIHYANI.
CHICCA, ENTRE LE SULTAN ET IBN-ABI-AMRAN.

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BATAILLE D'ES

Hamza-Ibn-Omar ayant été chassé de Tunis à plusieurs reprises, renvoya son compagnon, Ibn-Abi-Amran, à son gouvernement de Tripoli, comme ne pouvant plus lui être utile. Ensuite, il fit des propositions à Abou-Darba, qui se tenait toujours dans El-Mehdïa, et le décida à se rendre avec lui auprès du sultan des Beni-Abd-el-Ouad afin de solliciter l'appui d'une armée zenatienne. Arrivés à Tlemcen, ils se présentèrent devant AbouTachefin et l'engagèrent à s'emparer de Bougie, en lui promettant d'empêcher cette ville d'être secourue et de tenir en échec le souverain de Tunis au moyen de courses et d'expéditions qu'ils dirigeraient contre lui. Le sultan abd-el-ouadite agréa cette pro

position et mit en campagne une armée de plusieurs milliers d'hommes, sous les ordres de Mouça-Ibn-Ali-el-Kordi, commandant de la forteresse de Temzezdekt et chef de la maison militaire.

Le sultan de Tunis ayant appris que cette colonne venait de quitter Tlemcen et s'avançait à grandes journées, sortit de sa capitale et marcha au-devant d'elle. Il était déjà parvenu à Raghîs, endroit situé entre Bone et Constantine, quand l'armée zenato-arabe parut sur les hauteurs voisines. A cette vue, le désordre se mit parmi ses troupes, et celles des deux aîles lachèrent pied; mais le centre tint ferme et combattit avec tant de bravoure que l'ennemi fut repoussé et mis en fuite. Cette bataille eut lieu dans le mois de Châban 723 (août 1323). Le butin fut très-considérable; un grand nombre de femmes zenatiennes tombèrent entre les mains des vainqueurs et ne durent leur liberté qu'à la générosité du sultan. Mouça-Ibn-Ali reprit la route de Tlemcen accompagné d'Abou-Darba et suivi par les débris de leur armée.

Quelques jours après leur retraite, le sultan se dirigea vers sa capitale, mais, avant d'y arriver, on vint le prévenir qu'IbnAbi-Amran avait rassemblé une foule d'Arabes et se tenait aux environs de Cairouan. Il se détourna aussitôt de sa route pour se porter du côté de Chicca, et, après avoir trouvé et châtié les insurgés, il reprit sa marche et entra à Tunis, en Choual 724 (septembre-octobre 1324). Quand il eut licencié son armée, les nommés Soheim et Amer-ben-bou-Ali-Ibn-Kethîr allèrent en avertir Hamza ; et ce chef, accompagné d'Ibrahîm, fils d'Abou-Bekres-Chehîd, marcha avec ses bandes contre la capitale. Le sultan envoya chercher les troupes qui se tenaient à Bédja sous les ordres de l'affranchi Abd-Allah-el-Akel, et sans attendre leur arrivée, sortit le même jour à la tête des premières compagnies de la milice qui se trouvaient sous sa main et se dirigea vers Chadla. Le lendemain matin il fut attaqué dans le voisinage de cet endroit par les Arabes. Pendant le combat, qui se maintint

Voy. p. 429 de ce volume.

avec un grand acharnement, les troupes d'Abd-Allah-el-Akel arrivèrent. La victoire fut vivement disputée, mais, à la fin, les Arabes prirent la fuite et se dispersèrent de tous côtés, en abandonnant leurs femmes aux vainqueurs. Après cet exploit le sultan rentra à Tunis.

HAMZA, ACCOMPAGNÉ D'IBN-ES-CHEHÎD, RECOMMENCE SES COURSES ET S'EMPARE DE LA CAPITALE.

Après la défaite des Beni-Abd-el-Ouad et la fuite de HamzaIbn-Omar, Abou Darba s'en alla à Tlemcen et mourut dans cette ville. Hamza continua à guerroyer contre le sultan avec peu de succès, et, voyant les Kaoub poussés au désespoir par la sévérité du vainqueur et prêts à recourir aux armes pour se venger, il partit pour Tlemcen afin d'obtenir l'appui du sultan AbouTachefin. Dans ce voyage il eut pour compagnons son ancien rival Taleb-Ibn-Mohelhel, l'ex-chambellan, Ibn-el-Caloun, et Mohammed-Ibn-Meskin, chef des Beni-Hakim, fraction de la tribu soleimide appelée Aulad-el-Cos. Le sultan agréa sa prière et le renvoya en Ifrikïa avec un corps de cavalerie qu'il leva pour cet objet et dont il confia le commandement à MouçaIbn-Ali-el-Kordi. Il lui fournit aussi un prétendant au trône de Tunis dans la personne d'Ibrahim-Ibn-es-Chehid, le hafside. Es-Chehîd (le martyr), père de ce prince, s'appelait Abou-BekrIbn-Abi-l'-Khattab-Abd-er-Rahman; il fut proclamé sultan après la mort d'Abou-Acida et tué par Abou-l-Baca. Ibrahîm était passé chez les Arabes, et après le combat de Raghîs, il avait déjà consenti à se mettre en avant comme sultan. Nous avons mentionné [dans le chapitre qui précède celui-ci] que ses partisans furent attaqués et mis en fuite par les troupes du sultan [AbouYahya-Abou-Bekr]. Il s'enfuit alors à Tlemcen où cette députation vint le chercher. Abou-Tachefin le présenta à elle en le déclarant sultan de Tunis, et en lui donnant pour premier ministre Mohammed-Ibn-Yahya-Ibn-el-Caloun. Ils partirent alors pour l'Ifrîkïa avec l'armée de Mouça-Ibn-Ali-el-Kordi.

Dans le mois de Dou-'l-Câda 724 (octobre-novembre 1324), le sultan quitta Tunis pour leur livrer bataille. Arrivé à Constantine, il continua ses préparatifs militaires, mais, avant d'avoir tout terminé, il fut surpris par les Abd-el-ouadites et bloqué dans la ville. Pendant que Mouça-el-Kordi l'y tint enfermé, Ibrahîm poussa en avant avec Hamza, et, dans le mois de Redjeb 725 (juin-juillet 1325), ils occupèrent Tunis. Maître de la capitale, Ibrahîm donna le gouvernement de Bédja à Mohammed-Ibn-Davoud, chef almohade.

Bientôt une nouvelle révolution faillit avoir lieu : dans une des nuits de Ramadan (août-sept.), quelques partisans du sultan qui s'étaient cachés dans la ville et parmi lesquels se trouvaient Youçof-Ibn-Amer-Ibn-Othman, neveu d'Abd el-Hack-Ibn-Othman le mérinide, El-Caïd-Belat, officier du corps des Turcs à la solde de l'empire et stationné à la capitale, et Ibn-Djessar, chef du corps des chérifs (descendants de Mohammed), se rassemblerent en criant : « Vive le sultan Abou-Yahya-Abou-Bekr!» et entourèrent la citadelle. N'ayant pas pu s'en emparer, ils coururent à la maison de Kichli, commandant du corps turc et ami d'Ibn-el-Caloun. Pendant qu'ils étaient à combattre ceux qui la défendaient, le jour vint les surprendre, et, ayant été attaqués à leur tour, ils prirent la fuite et la plupart d'entre eux perdirent la vie.

Après le départ d'Ibrahîm-Ibn-es-Chehîd, le général abd-elouadite continua à bloquer Constantine; mais, le quinzième jour du siége, il décampa et prit la route de Tlemcen. Le sultan sortit alors de la ville, et, après avoir rassemblé et organisé une armée, il marcha sur Tunis. Ibn-es-Chehîd et Ibn-el-Caloun s'étant empressés d'abandonner la ville, il y fit son entrée en Choual 725 (septembre-octobre 4325).

SIEGE DE BOUGIE ET CONSTRUCTION DE TEMZEZDekt.

DES TROUPES DU SULTAN.

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DÉFAITE

Depuis qu'Abou-Tachefin eut raffermi son autorité et trouvé sa liberté d'action, il avait continué à harceler la ville de Bougie

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