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mit au nombre de ses intimes. Abou-Ishac, étant devenu sultan, le garda aussi à son service, mais en lui donnant pour collègue Abou-Bekr-Ibn-Khaldoun, directeur général des contributions. Sous le règne de ce monarque, la place de premier ministre fut successivement remplie par ses fils, les princes Abòu-Fares, Abou-Zékérïa et Abou-Mohammed-Abd-el-Ouahed. Quand le prétendant eut réussi dans son imposture et obtenu possession du trône, il distingua particulièrement Ibn-es-Cheikh, et, au visa des comptes que ce fonctionnaire exerçait depuis si longtemps, il ajouta le droit d'inscrire le paraphe impérial en tête des pièces officielles. Quand Abou-Hafs fit mourir le prétendant et recouvra le royaume de ses pères, Ibn-es-Cheikh craignit que la faveur dont il avait joui sous l'usurpateur ne lui attirât la colère du sultan et, pour cette raison, il employa auprès de lui l'intercession des hommes dévots avec lesquels il s'était déjà lié par la pratique de la piété et des bonnes œuvres. Le prince accueillit leur prière, sans même dissimuler le besoin qu'il avait d'un serviteur aussi utile. Dès lors, au visa des comptes du palais, Ihn-es-Cheikh réunit les fonctions de grand chambellan: mais le droit d'écrire le paraphe fut donné à une autre personne de la cour. Ibn-es-Cheikh mourut, en place, l'an 694 (1294-5). Dès lors, chacune de ces trois charges donna à celui qui la remplissait le titre de chambellan. Quant à l'administration de l'état et le commandement de l'armée, ces fonctions importantes furent réservées aux cheikhs almohades; mais, dans la suite, plusieurs grands changements eurent lieu, ainsi que le lecteur verra plus loin, et l'on remplaça sans difficulté un almohade par une personne qui ne l'était pas, et vice-versa. pinų

La place de chambellan, laissée vacante par la mort d'Ibn-esCheikh fut donnée à Abou-Abd-Allah-es-Chakhchi, officier de la milice. Ce fonctionnaire conserva son emploi jusqu'à la chute de l'empire [devant les armes des Mérinides].

1 Dans le texte arabe, il faut lire ghairihi.

MORT DU SULTAN ABOU-HAFS.

Le sultan Abou-Hafs jouit d'un règne tranquille et prospère jusqu'au terme de ses jours. Vers le commencement du mois de Dou-'l-Hiddja 694 (octobre 1295), il ressentit les premières atteintes de la maladie qui devait l'emporter. Bientôt, il se trouva gravement indisposé, et pensa avec inquiétude au sort futur de ses sujets et à la lourde responsabilité qu'il avait encourue en se chargeant des intérêts d'un peuple entier. Le douze du même mois, il désigna comme successeur au khalifat son fils AbdAllah; mais ce choix déplut au corps des Almohades, parce que le prince était encore impubère et parce qu'il n'avait occupé jusqu'alors aucune position dans l'état. Le sultan, ayant appris ce qu'ils se disaient entr'eux, en éprouva un extrême mécontentement, et, ne voulant pas se régler d'après leur avis, il alla prendre conseil d'Abou-Mohammed-el-Merdjani, saint personnage dont le caractère lui avait inspiré la plus haute estime.

Quand El-Ouathec fut mis à mort avec ses enfants, une de ses concubines, qui était alors enceinte, se réfugia dans le couvent d'Abou-Mohammed et donna le jour à un fils dans la chambre même de son protecteur. Il nomma l'enfant Mohammed et, sept 'jours après sa naissance, il lui rasa la tête selon la coutume et tua un mouton afin de le faire manger aux pauvres avec une acida, ou potage, de froment. Depuis ce jour. l'enfant continua à porter le surnom d'Abou - Acîda. Quand on n'eut plus de motifs pour cacher l'existence de ce prince, on le fit entrer au palais pour y être élevé au sein de sa famille. Devenu grand, il conserva encore pour Abou-Mohammed un profond attachement, et le cheikh, de son côté, lui garda une vive affection.

Le sultan Abou-Hafs, l'ayant alors consulté sur le choix d'un successeur, en lui exposant que les Almohades ne voulaient pas de son fils, reçut le conseil de transmettre le pouvoir à Mohammed, fils d'El-Ouathec. Cet avis lui parut si bon qu'il convoqua les grands officiers de l'empire et les cheikhs almohades afin de leur faire reconnaître le prince Mohammed comme successeur an

trône. Cette formalité accomplie, le sultan mourut vers la fin de Dou-'l-Hiddja 694 (commencement de novembre 1295).

INAUGURATION DU SULTAN ABOU-ACIDA.

Quand le sultan Abou-Hafs eut cessé de vivre, les grands officiers almohades, les membres de la famille royale, l'armée et le peuple se portèrent à la citadelle et prêtèrent le serment de fidélité à l'héritier du trône, Abou-Abd-Allah-Abou-Acîda, fils du sultan El-Ouathec. Cette cérémonie eut lieu le 24 du mois de Dou-'l-Hiddja 694 (commencement de novembre 1295). L'avènement de ce prince causa une vive satisfaction à tout le monde. Il adopta le surnom d'El-Mostancer-Billah et commença son règne par faire mourir Abd-Allah, fils du sultan Abou-Hafs, parce que cet enfant aurait pu, par sa haute naissance, lui devenir un rival dangereux. Il prit pour vizir Mohammed-Ibn-Irzîguen cheikh almohade, et conserva Mohammed-es-Chakhchi comme chambellan. L'administration de l'état, le commandement de l'armée et la présidence du corps des Almohades passèrent à Abou-Yahya-Zêkérïa, fils d'Ahmed et petit-fils de ce Mohammedel-Lihyani, qui, à l'époque où son fils visait au trône, avait été mis à mort par le sultan El-Mostancer. Abou-Yahya remplit avec zèle les devoirs de sa charge, bien qu'il y eut pour coadjuteur et rival l'ancien chef du corps des Almohades, Abd-el-Hack-IbnSoleiman; mais la catastrophe qui termina les jours de ce fonctionnaire le rendit directeur absolu des affaires de l'empire. Quant à Es-Chakhchi, il conserva le rang de chambellan et eut pour lieutenant [Abou-'l-Hacen-] Mohammed-Ibn-Ibrahîm-Ibn-elDebbagh. Parlons de ce personnage.

Ibrahim, père d'Abou-'l-Hacen, était venu de Séville à Tunis, lors de l'émigration de 646 (1248-9) 3. Abou-'l-Hacen naquit à

1 Voilà la troisième fois que ce titre fut pris par un sultan hafside. Voy. ci-devant, p. 396.

* Le texte arabe des manuscrits et de l'édition imprimée porte Berirziguen.

3 Lors de la prise de cette ville par les chrétiens.

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Tunis et y passa sa jeunesse. Il étudia les principes de l'administration publique et de la comptabilité sous deux frères d'une grande habileté dans cette partie, Abou-'l-Hakem-Ibn-Modjahed et Abou-'l-Hacen-Ibn-Modjahed. Ayant épousé la fille de ce dernier, il fut nommé amin du bureau des provinces (receveur général des impôts). Plus tard, il devint secrétaire d'Abou-AbdAllah-el-Fazazi, et, voyant ce ministre ambitieux traiter le sultan avec peu de considération', il chargea le chambellan Ibn-esCheikh de lui faire connaître régulièrement les volontés du prince afin d'influencer d'avance l'esprit d'El-Fazazi et de le faire agir en conformité avec la volonté royale. Par cette conduite habile, il gagna la faveur d'Abou-Hafs. Comme il avait déjà rendu plusieurs services à Abou-Acîda, ce prince, devenu sultan, le prit pour secrétaire et cela avec d'autant plus d'empressement que son chambellan Es-Chakhchi ne lui paraissait pas avoir les talents qu'exige an tel emploi. Plus tard, en 695 (1295-6), il fut nommé par le sultan écrivain du paraphe impérial; ensuite, il devint lieutenant d'Es-Chakhchi; puis, en 697, lors de la mort de ce fonctionnaire, il fut nommé à la place de chambellan, position la plus élevée à laquelle il pouvait aspirer. En effet, l'admi-nistration de l'état et de la guerre était réservée au cheikh des Almohades.

DISGRACE D'ABD-EL-HACK-IBN-SOLEIMAN.

SES FILS.

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SORT DE

Abou-Mohammed-Abd-el-Hack-Ibn-Soleiman, chef des Almohades sous le règne d'Abou-Hafs, appartenait à une famille tînmelélienne qui, lors de l'établissement de l'empire hafside, s'était fixée à Toborsok. De même que ses aïeux, il avait tenu le rang de chef de tribu, et, quand ce sultan monta sur le trône, il devint chef de tous les Almohades de la capitale. Serviteur dévoué de son souverain, il le conseilla, avec instance, de choisir pour successeur le prince Abd - Allah, et combattit avec

Dans le texte arabe, lisez mostasában.

force les préventions que les Almohades témoignèrent contre cette nomination. Abou-Acîda lui en sut mauvais gré et, en 695 (1295-6), quand il eut pris le haut commandement et fait mourir son concurrent, Abd-Allah, fils du sultan Abou-Hafs, il donna l'ordre de faire arrêter Abd-el-Hack. Ce ministre passa le reste de ses jours en prison et y mourut assassiné vers la fin du septième siècle.

Lors de sa chute, ses fils, Mohammed et Abd-Allah, prirent la fuite. Celui-ci alla se mettre au service de l'émir Abou-Zékérïa et, plus tard, il accompagna à Tunis le sultan Abou-'l-BacaKhaled, fils de ce prince. Mohammed, l'autre frère, se réfugia auprès de Youçof-Ibn-Yacoub, chef des Beni-Merîn, qui faisait alors le siége de Tlemcen. Accueilli d'une manière fort honorable par ce monarque, il resta quelque temps avec lui avant de reprendre le chemin de son pays. Il était encore en route, quand il renonça à ce projet pour s'adonner aux pratiques de la haute piété et, ayant alors pris le froc des soufis, il se lia avec les dévots et fit le pèlerinage de la Mecque. Jusqu'à un âge fort avancé, il continua à jouir de la considération générale, et, comme on s'était persuadé que toutes ses prières seraient agréées par la divinité, une foule de monde s'attachait toujours à ses pas dans l'espoir d'obtenir, par sa médiation, la faveur de Dieu. Les khalifes hafsides lui accordèrent une autre marque de distinction en le chargeant de plusieurs missions d'amitié auprès des princes zenatiens. Dans un de ces voyages, il prit part à la guerre sainte en assistant au siége de Gibraltar par le sultan [mérinide] Abou-'l-Hacen. Ce fut ainsi qu'il passa sa vie. Il mourut de la peste vers le milieu du huitième siècle.

ABOU-ACIDA ENVOIE UNE AMBASSADE A YOUÇOF-IBN-YACOUB, SULTAN DES BENI-MERÏN.

Le sultan Abou-Acîda étant ainsi parvenu à raffermir sa puissance, conçut le projet d'une expédition contre les provinces occidentales de l'empire, afin d'enlever à Abou-Zékérïa la partie

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