ya, heure? Dans quelle pièce? Autant de points de détail qu'on peut préciser et qui complètent ou confirment d'autres découvertes. Enfin, et ce sont peut-être là les guides les plus sûrs, on doit se soumettre à la logique et au sens commun. Il y a, dans la manière de représenter Molière (Tartuffe, École des Femmes, Femmes savantes, etc.), des défis à la simple raison que lui-même n'eût pas tolérés et dont sont coupables les interprètes autant que les directeurs. Presque toujours la solution la plus simple est la plus sensée : elle détruit parfois un effet qui flatte le comédien et c'est ce qui explique qu'on l'ait souvent abandonnée. Appuyés sur cette quadruple base, nous pourrons indiquer en toute sécurité d'esprit les décors qui sont dus au Misanthrope. Ces indications ne valent au surplus que comme des avis et sont libéralement soumises au jugement de tous ceux qui conviennent de la nécessité d'une réforme et l'entreprennent suivant les principes ici exposés. L'essentiel n'est nullement de changer la méthode actuelle contre une autre; le but est autrement plus désintéressé. Il s'agit de se débarrasser, une fois pour toutes, des impedimenta qui étouffent la pièce, pour la mettre ensuite en scène avec une entière indépendance et dans un esprit nouveau. A ce problème, la présente étude offre une solution; il s'en peut trouver de meilleures. Puisque la vie est un perpétuel devenir et un perpétuel progrès, il est manifeste que les œuvres d'art qui vivent doivent, comme les individus, bien qu'à un degré moindre, obéir aux lois de la vie. Et le Misanthrope, en ce qui concerne sa présentation scénique, a à rattraper, sous ce rapport, deux siècles et demi de temps perdu. CHAPITRE IV LES INDICATIONS DU TEXTE Premier acte: on est chez Célimène, mais non dans son appartement. Le deuxième acte et le cabinet paré. L'heure de la scène des porL'entr'acte du III. Hypothèse du dîner. - Le social de Célimène. rang L'heure tardive. Position de fortune d'Alceste. sombre. Résumé des indications recueillies. traits. La saison. Arsinoé et sa voiture. L'acte V. Le texte du Misanthrope, rigoureusement examiné au seul point de vue de la représentation, contient un assez grand nombre d'indications relatives au lieu et au temps de l'action. Acte Ir. La scène première nous apprend peu de chose. Nous y voyons, pourtant, qu'Alceste et Philinte reviennent d'une promenade où s'est produit l'incident qui a provoqué la mauvaise humeur d'Alceste. Vers 17: Je vous vois accabler un homme de caresses... ແ C'est donc dans la rue, d'où ils viennent, qu'ont eu lieu les « embrassades frivoles ». Mais où se trouventils, présentement? Chez Célimène? On doit le croire, d'après les vers 207 et 208 : Cette pleine droiture où vous vous renfermez Le mot «< ici >> implique-t-il que la conversation a lieu chez Célimène? Probablement, encore qu'il soit assez vague pour se prêter à des interprétations extensives. « Chez Célimène » ne signifie, au reste, pas nécessairement un coin de salon : la jeune veuve, riche et bien née, habite, comme toutes les femmes de son rang, un vaste hôtel avec cour, bâtiment principal, communs, jardins, terrasses, etc... On pourra donc aisément rester chez Célimène en variant le décor. La scène II, aux vers 250-253, J'ai su, là-bas, que, pour quelques emplettes, Mais comme l'on m'a dit que vous étiez ici, nous fournit plusieurs indications: 1° Alceste et Philinte sont chez Célimène, mais non dans son appartement, bien qu'Alceste ait déclaré, au vers 241 : Et je ne viens ici qu'à dessein de lui dire... En effet, Oronte a dû s'informer, dès l'entrée, auprès des laquais de service; on lui a dit que la maîtresse de maison était sortie, mais qu'Alceste attendait celle-ci. Or, il n'est pas possible que, sachant Célimène en ville, Alceste ait eu l'indiscrétion de s'installer chez elle jusqu'à son retour : une telle liberté ne concorde pas avec ce que nous savons des mœurs d'alors et de l'extrême respect que, dans les manières au moins, l'on affectait de porter aux femmes depuis l'hôtel de Rambouillet; alors où sont les trois personnages? Évidemment dans un lieu de la demeure de Célimène qui n'est pas son appartement. 2o Oronte est « monté ». Si l'on entend par là qu'il s'est rendu au premier étage où se trouvent les pièces privées, on outrepasse manifestement le sens. Comment comprendre alors ces mots? Si Alceste et Philinte attendent dans la haute antichambre dallée où aboutit l'escalier, et qui, dans beaucoup d'hôtels, s'ouvrait sur deux perrons, l'un du côté de la cour, l'autre du côté du jardin, on dira qu'Oronte a simplement gravi les degrés de pierre qui y conduisent. S'ils s'entre |