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breux parents et de ses alliés arabes. Le sultan abd-el-ouadite l'accueillit avec beaucoup d'empressement et le nomma vizir surle-champ.

Parvenu à gagner la confiance de son nouveau maître et à se faire charger du gouvernement de l'empire, Ibn-Moslem se conduisit avec tant d'habileté qu'il gagna bientôt tous les cœurs. Sur son invitation, les Arabes makiliens quittèrent les territoires qu'ils occupaient dans l'Afrique occidentale et vinrent se mettre à son service. Il leur concéda des terres dans la province de Tlemcen et, les ayant attachés aux Zoghba comme alliés et confédérés, il réussit, avec leur appui, à monter au faîte de la puissance et à s'y maintenir.

LE SULTAN ABOU-SALEM S'EMPARE DE TLEM CEN ET Y ÉTABLIT COMME Gouverneur abou-zîan, petit-fils du Sultan Abou-TachefÎN.

Quand Abou-Salem eut établi son autorité dans le royaume du Maghreb et fait disparaître les traces des dernières révoltes, il conçut l'espoir d'étendre sa domination jusqu'à l'extrême limite du pays des Zenata, ainsi que l'avaient fait son père et son frère. La fuite d'Abd-Allah-Ibn-Moslem, qui venait de se réfugier à Tlemcen en emportant les sommes qu'il avait perçues dans le Derâ à titre d'impôts, décida le sultan à mettre son projet à exécution. Vers le milieu de l'an 761 (avril-mai 1360), il campa en dehors de Fez et, aussitôt qu'il eut complété son armée par les troupes qu'il avait fait lever dans les tribus, il se mit en marche pour la capitale abd-el-ouadite.

Averti de l'approche des Mérinides, le sultan Abou-Hammou, secondé par son vizir, Abd-Allah-Ibn-Moslem, appela à son secours les Arabes Zoghba, ainsi que les Arabes makiliens, et les rassembla tous, à l'exception d'une petite bande des Ahlaf. Ayant alors évacué Tlemcen, il conduisit ses troupes dans le Désert où ses alliés se tenaient campés, avec leurs troupeaux, et laissa occuper la ville par Abou-Salem. Se dirigeant ensuite vers

le Maghreb, que son adversaire venait de quitter, il ravagea les territoires d'Outat, du Molouïa et de Guercîf.

Abou-Salem fut vivement contrarié en apprenant cette nouvelle; et, voulant rentrer dans ses états le plus tôt possible, il plaça sur le trône de Tlemcen un descendant de Yaghmoracen qu'il avait amené dans sa suite. Ce prince, nommé Abou-Zian-Mohammed et surnommé El-Cobbi', c'est-à-dire grosse tête, était fils d'Othman et petit-fils du sultan Abou-Tachefîn I. Le souverain mérinide lui donna les insignes du commandement et partit pour sa capitale, après avoir installé son protégé dans le palais et lui avoir fourni une somme d'argent pour l'entretien d'un corps de troupes fournies par les Toudjîn et les Maghraoua.

Abou-Hammou et ses Arabes sortirent du Maghreb à l'approche d'Abou-Salem et reprirent le chemin de Tlemcen. Ce mouvement suffit pour délivrer la ville : Abou-Zîan s'enfuit auprès des Mérinides qui occupait encore El-Bat'ha, Milîana, Oran et les forteresses de la frontière orientale. Il trouva même des protecteurs dans les Toudjîn et les Soueid, tribus que les Mérinides comptaient parmi leurs alliés.

Le sultan abd-el-ouadite reprit alors possession de sa capitale et y fit son entrée avec le vizir Ibn-Moslem. Dans la course qu'il venait de faire, il perdit Sogheir-Ibn-Amer qui lui fut enlevé par la mort. Soutenu par les Makil et les Zoghba, il se mit à la poursuite d'Abou-Zian, lui enleva le Ouancherich où il s'était retranché, dispersa tous les partisans de ce jeune homme et le contraignit à rentrer dans Fez pour se mettre sous la protection du gouvernement mérinide. Tournant alors ses armes contre les garnisons mérinides qui occupaient encore plusieurs de ses forteresses, il reprit Milîana, El-Bat'ha et Oran, ville qu'il emporta d'assaut après quelques jours de siége. Les Mérinides, qui s'y trouvèrent en grand nombre, furent passés au fil de l'épée. Cette conquête effectuée, il prit possession de Médéa et d'Alger, après avoir permis aux Mérinides qui y tenaient garnison de se

1 Variante el-Feta.

retirer en Maghreb. A la suite de cette campagne victorieuse, il envoya une ambassade au sultan Abou-Salem et conclut avec lui un traité de paix.

En l'an 762 (1361), Abou-Salem mourut, et l'administration de l'empire mérinide passa entre les mains d'Omar-Ibn-AbdAllah-Ibn-Ali, fils de vizir, lequel proclama successivement plusieurs fils du sultan Abou-'l-Hacen.

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ABOU-ZÎAN, FILS DU SULTAN ABOU-SAID, ARRIVE DU MAGHREB AVEC LE DESSEIN DE S'EMPARER DU ROYAUME DE TLEMCEN.

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Abou-Zian-Mohammed était fils du sultan Abou-Saîd-Othman, fils d'Abd-er-Rahman, fils de Yahya, fils de Yaghmoracen. Arrêté sur le territoire hafside, aux environs de Bougie, en même temps que son oncle Abou-Thabet et le vizir Yahya Ibn-Dawoud, il fut conduit avec eux au camp d'Abou-Einan et condamné par ce sultan à passer le reste de ses jours dans une prison. Son oncle et le vizir subirent la peine de mort.

Abou-Salem, frère d'Abou-Einan, étant parvenu au trône du Maghreb après avoir éprouvé diverses vicissitudes de fortune, rendit la liberté à Mohammed-Abou-Zîan et lui assigna une place à la cour parmi les autres princes du sang royal. En agissant ainsi, il avait pour dessein de l'opposer plus tard au sultan Abou-Hammou et de mettre ainsi un cousin aux prises avec l'autre. En l'an 762 (1360-4), peu de temps avant sa mort, il revint de Tlemcen à Fez, où Abou-Zîan, petit-fils du sultan AbouTachefîn, arriva bientôt après; et, comme il s'était brouillé de nouveau avec Abou-Hammou, il prit le parti, après une mûre délibération, de susciter à ce sultan un rival dans la personne de l'autre Abou-Zian, fils du sultan Abou-Saîd. En soutenant les

1 Il ne faut pas confondre cet Abou -Zian avec l'Abou-Zian du chapitre précédent : l'un était fils du sultan Abou-Said-Othman et petitfils d'Abd-er-Rahman, lequel mourut en Espagne sans avoir jamais régné; l'autre était fils d'Othman et petit-fils du sultan Abou-Tachefin.

prétentions de ce prince au trône de Tlemcen, il espérait en retirer de grands avantages. L'ayant donc entouré des insignes de la royauté, il le reconnut pour souverain des Abd-el-Ouadites et le fit partir pour leur capitale. Abou-Zîan était déjà parvenu à Téza quand il apprit la mort de son protecteur.

Une série de troubles et de changements survint alors dans le Maghreb, ainsi que nous le raconterons dans l'histoire des Mérinides. Abd-el-Halim, fils du sultan Abou-Ali et petit-fils du sultan Abou-Saîd, fils de Yacoub, fils d'Abd-el-Hack, marcha sur Fez et mit le siége devant la Ville-Neuve, après avoir rallié les Mérinides à sa cause; mais, se voyant ensuite abandonné par ses troupes, il se jeta dans Téza. Nous donnerons le récit de ces événements en son lieu. S'étant alors adressé au sultan Abou-Hammou, dans l'espoir d'obtenir son appui, il reçut une réponse favorable, à la condition toutefois d'empêcher dorénavant toute tentative d'Abou-Zian contre Tlemcen. Pour satisfaire à cette obligation, il mit ce prince aux arrêts et, s'étant ensuite dirigé vers Sidjilmessa, il rencontra sur sa ligne de marche les Aulad-Hocein, tribu arabe makilienne, qui vinrent dresser leurs tentes à quelque distance des siennes. Abou-Zian trompa alors. la vigilance de ses gardes, sauta sur un cheval qui se trouvait là et courut au grand galop vers le camp des Arabes, afin de se mettre sous leur protection. Bientôt après, il passa chez les Beni-Amer, tribu dont le chef, Khaled-Ibn-Amer, venait d'abandonner le parti d'Abou-Hammou dans un moment de dépit. Soutenu par ces nomades, Abou-Zian envahit le territoire de Tlemcen, mais ses bandes en furent bientôt expulsées, et il se vit conduire chez les Douaouida, dans le pays des Riah, par l'émir Khaled-Ibn-Amer qui venait de lui retirer son appui après avoir reçu du sultan de Tlemcen une forte somme d'argent. Plus tard, Abou-Leil-Ibn-Mouça, chef des Beni-Yezîd et scigneur des territoires de Hamza et de Beni-Hacen, fit venir AbouZîan chez lui et le traita en souverain, bien moins avec l'intention de le soutenir sérieusement que de contrarier Abou-Hammou. Ayant ensuite appris qu'une armée, composée d'Abd-elOuadites, d'Arabes et de Zenata, marchait contre lui sous la

conduite d'Ibn-Moslem, il sentit que toute résistance serait inutile; et, comme ce vizir lui envoya une somme d'argent avec la promesse d'évacuer le pays s'il voulait abandonner Abou-Zian, il laissa partir ce prince pour Bongie.

A son arrivée dans cette ville, Abou-Zian trouva un honorable accueil chez l'émir Abou-Ishac, fils du sultan Abou-Yahya-AbouBekr; puis, sachant que son expulsion de Bougie, place trèsrapprochée de la frontière abd-el-ouadite, était la condition essentielle d'un traité de paix que son protecteur venait de conclure avec le sultan Abou-Hammou, il se rendit à Tunis. AbouMohammed-Ibn-Tafraguîn, lieutenant-général de l'empire hafside, le reçut avec un empressement marqué, lui assigna une forte pension et lui accorda une position à la cour bien au-dessus de celle que les princes du sang royal y avaient occupé jusqu'alor.

ABOU-ZÎAN, PETIT -FILS DU SULTAN ABOU-TACHEFÎN, SORT DU MAGHREB LNE SECONDE FOIS POUR TENTER LA CONQUÊTE DE TLEMCEN.

Les Arabes Soueid, branche de la tribu de Zoghba, servaient très-fidèlement l'empire mérinide depuis que leur émir, Arîf-Ibn-Yahya, avait cmbrassé le parti du sultan Abou-'l-Hacen et du sultan Abou-Einan. La dynastie de Tlemcen les compta, pour cette raison, au nombre de ses ennemis; et, les regardant comme des Mérinides, elle témoigna une grande bienveillance à leurs rivaux d'ancienne date, les Beni-Amer. Dès-lors, les Soueid ne cessèrent de montrer un grand éloignement pour les Abd-el-Quadites.

Depuis la mort d'Abou-Einan, Ouenzemmar-Ibn-Arif, chef des Soueid, avait fixé son séjour à Guercîf et jouissait de la plus haute considération chez ses voisins et protecteurs, les Mérinides, auxquels il faisait agréer tous ses conseils et accepter ses paroles comme des oracles. Fatigué, enfin, des fréquents démêlés qui eurent lieu entre sa tribu et celle des Beni-Amer, il

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