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d'Ahmed-Ibn-Mekki et le fit partir avec Abd-el-Ouahed-Ibn-elLihyani auquel il venait de confier le gouvernement de la fron-tière orientale, c'est-à-dire, Tripoli, Cabes, Sfax, et Djerba.

A peine Abd-el-Ouahed eut-il atteint sa destination qu'il mourut de la peste.

Le cheikh almohade, Abou-'l-Cacem-Ibn-Ottou, auquel le sultan avait fait couper une maiu et un pied d'après les conseils d'Ibn-Tafraguîn, rentra en faveur, maintenant que son ennemi s'était montré traître et rebelle. Il obtint le gouvernement de Castîlïa et, en partant pour cette province, il laissa le sultan à Tunis.

CONSTANTINE ET BOUGIE TOMBENT AU POUVOIR DE L'ÉMIR EL-FADL ET PASSENT ENSUITE SOUS L'AUTORITÉ DES PRINCES QUI Y AVAIENT COMMANDÉ PRÉCÉDEMMENT.

Dans le royaume de Maghreb, le sultan Abou-'l-Hacen avait l'habitude de recevoir, à la fin de chaque année, la visite de tous ses gouverneurs de province. Ils lui remettaient, à cette occasion, les impôts des localités placées sous leurs ordres, et lui rendaient, en même temps, un compte exact de leur gestion. Cette année-ci, ils se mirent en route de toute part, même des extrêmités du Maghreb, afin de se rendre auprès de lui. Ils se rencontrèrent à Constantine avec Ibn Mozni, gouverneur du Zab, lequel portait au sultan les impôts de cette province et un riche cadeau. Ce fut dans Constantine qu'ils apprirent le désastre de Cairouan. Dans cette réunion de voyageurs se trouva le prince AbouOmar-Tachefin, fils d'Abou-'l-Hacen, qui, après avoir été fait prisonnier, lors de la défaite des musulmans à Tarifa, avait recouvré la liberté à la suite d'un traité de paix que son père négocia avec le roi [de Castille, don Alphonse x1]. Il amenait avec lui plusieurs grands dignitaires de l'empire chrétien, chargés par leur souverain de se rendre auprès du sultan. Abd-Allah, un autre fils d'Abou-'l-Hacen, y arriva aussi, venant du Maghreb. On y remarqua encore une ambassade nègre, envoyée par le roi de Melli. Tout ce monde était alors réuni dans Constantine.

Aussitôt que la nouvelle des événements de Cairouan se fut répandue dans la ville, une agitation extraordinaire s'y fit remarquer, et la populace se disposa à piller les richesses apportées par ces voyageurs. Les notables de l'endroit commencèrent alors à craindre pour eux-mêmes et envoyèrent un courrier à Abou-'l-Abbas-el-Fadl, pour le prier de venir à leur secours. Quand cet émir fut arrivé aux environs de Constantine, le bas peuple massacra plusieurs des fonctionnaires et des ambassadeurs dont nous avons parlé et s'empara de leurs trésors. Les fils du sultan, les membres de la députation nègre et les ambassadeurs galiciens (castiliens), partirent avec Ibn-Mozni, et se firent escorter jusqu'à Biskera par Yacoub-Ibn-Ali, émir des Douaouida. Ibn-Mozni, se trouvant alors chez lui, leur donna une généreuse hospitalité, et ne cessa de les combler d'égards jusqu'à ce qu'ils eurent trouvé l'occassion de se rendre auprès du sultan Abou-'lHacen. Ils arrivèrent à Tunis dans le mois de redjeb, 749 (sept. oct., 1348).

Le prince El-Fadl étant entré dans Constantine, y rétablit le gouvernement des Hafsides. Il étendit sur tout le monde l'ombre de sa justice; il concéda des fiefs, accorda des gratifications, afin de se concilier les esprits, et, sachant que les habitants de Bougie regrettaient leur ancien gouvernement, il se mit en marche pour cette ville. Aussitôt qu'il parut sur la hauteur qui domine. la place, les gens du peuple se jetèrent sur les fonctionnaires qu'Abou-'l-Hacen y avait installés et ne les laissèrent s'en aller qu'après les avoir dévalisés et presque assassinés. Alors ElFadl réunit en un seul empire les villes de Bougie, de Constantine et de Bône; il rétablit les titres, le cérémonial èt les emblêmes de la royauté hafside, et se disposa ensuite à marcher sur Tunis. Pendant qu'il se flattait d'obtenir un succès prompt et facile, il apprit que les anciens émirs de Bougie et de Constantine venaient de quitter le Maghreb.

Racontons ici ce qui leur était arrivé : quand Abou-Einan, fils du sultan Abou-'l-Hacen, eut appris la nouvelle du désastre de Cairouan, des périls dont son père fut environné et de l'usurpation de son neveu Mansour-Ibn-Abi-Melek, lequel s'était emparé

de la Ville-Neuve, siége de l'empire mérinide, il se fit proclamer sultan [à Tlemcen] et partit pour le Maghreb. Dans l'histoire des Mérinides nous raconterons en détail ce qui s'y passa alors. Qu'il nous suffise de dire ici qu'il donna à l'émir Abou-Abd-AllahMohammed, fils de l'émir Abou-Zékérïa, seigneur de Bougie, l'autorisation de partir pour cette ville, et, lui ayant remis une somme d'argent, il lui fit promettre de s'opposer à la marche du sultan Abou-'l-Hacen, si ce monarque tentait de traverser la province de Bougie afin de rentrer en Maghreb.

Abou-Abd-Allah marcha alors sur Bougie où il trouva son oncle El-Fadl déjà installé, et il en commença le siége. Cette opération traîna en longueur et elle continuait encore quand Nebîl, affranchi européen, arriva au camp avec ses pupiles, les fils de l'émir Abou-Abd-Allah [fils du sultan Abou-Yahya-AbouBekr et ex-gouverneur de Constantine]. De là, il se rendit à Constantine où El-Fadl avait laissé un de ses partisans comme gouverneur. Aussitôt que Nebîl arriva, les habitants déposèrent ce fonctionnaire et remirent le commandement au serviteur de leur ancien maître. L'émir Abou-Zeid, fils de l'émir Abou-AbdAllah [fils du sultan Abou-Yahya-Abou-Bekr] fut alors proclamé sultan par les soins de son guide et tuteur. Nous devons faire observer que l'émir Abou-Einan [en partant de Tlemcen], avait emmené en Maghreb Abou-Zeid et les autres fils de l'émir Abou-Abd-Allah [l'oncle], et, qu'après avoir occupé Fez, il leur avait permis de partir pour Constantine. Avant de les relâcher il eut la précaution de les lier par un engagement semblable à celui qu'il avait imposé à leur cousin [l'ex-seigneur de Bougie]. Ces princes arrivèrent à Constantine peu de temps après Nebil, et Abou-Zeid monta sur le trône de son père.

Abou-Abd-Allah [le neveu] continua à bloquer Bougie jusqu'au mois de Ramadan (fin de novembre) quand une troupe de factieux, gens de bas étage dont son ministre, Fareh, avait acheté les services, ouvrirent de nuit le Bab-el-Berr (porte de la campagne). Au bruit des tambours, le sultan El-Fadl s'éveilla en sursaut, quitta le palais et gravit la montagne qui domine la ville. Découvert le lendemain dans un ravin où il

s'était caché, il fut conduit devant son neveu qui lui fit grâce de la vie et l'embarqua pour Bône. Ceci eut lieu dans le mois de Choual 749 (déc.-janv. 1348-9).

Arrivé à Bône, El-Fadl apprit que Mohammed-Ibn-Abd-elOuahed, un de ses parents et petit-fils d'Abou-Bekr, fils d'AbouZékérïa Ior, avait essayé d'y usurper le commandement. Ce Mohammed avait demeuré à Tunis, ainsi que son frère Omar, lequel y exerçait la surveillance des princes, de la famille royale. Lors des derniers bouleversements, ils étaient allé trouver ElFadl et avaient obtenu la permission de rester à Bône pendant qu'il ferait l'expédition de Bougie. Croyant alors que le moment était favorable, ils tentèrent de s'emparer de la ville, mais ils succombèrent aussitôt sous les coups des domestiques du palais et des gens du peuple. Aussi. l'émir Abou-'l-Abbas-el-Fadl se vit, à son retour, débarrassé de leur présence, toute trace de leur existence ayant été effacée.

Rentré dans son palais, il jeta le bâton de voyage et reprit le commandement qu'il avait toujours exercé. L'émir Abou-AbdAllah resta maître de Bougie, royaume de son père, Abou-Zékérïa, et l'émir Abou-Zeid prit possession de Constantine.

Pendant ces événements, le sultan Abou-'l-Hacen n'avait pas quitté Tunis.

DÉPART D'ABOU-'L-HACEN POUR LE MAGHREB.

MARCHE D'EL- FADL

SUR TUNIS.

Les Arabes, après avoir fait leur soumission et livré IbnAbi-Debbous, marchèrent une seconde fois contre Abou-'lHacen dont ils répudièrent l'autorité. Fetita -Ibn - Hamza fut le promoteur de ce mouvement; mais son frère Khaled et les Aulad-Mohelhel passèrent du côté des Mérinides. Omar-IbnHamza, leur frère aîné, partit pour la Mecque, en voyant la désunion se mettre ainsi dans la tribu. Ensuite, Fetîta et ses compagnons invitèrent l'émir El-Fadl à venir les trouver, en lui promettant de soutenir ses droits et de le placer sur le trône de ses ancêtres. Vers la fin de l'an 749 (fév.-mars 1349), ce prince

quitta Bône pour se rendre au milieu des nomades et marcha avec eux sur Tunis. Après avoir entrepris et abandonné le siége de cette ville, ils vinrent encore l'investir en l'an 750; mais, vers la fin de l'été, ils s'en éloignèrent de nouveau. Abou-'l-Cacem-Ibn-Ottou, gouverneur du Djerid, les fit alors venir à Touzer, sa capitale, et reconnut l'autorité d'El-Fadl. Son exemple entraîna toutes les populations de cette province; les Beni-Mekki mêmes firent leur soumission au prince hafside, et toute l'Ifrîkïa, d'une extrêmité jusqu'à l'autre, se révolta contre Abou-'lHacen. Dans le mois de Choual (déc.-janv. 1349-50), ce monarque partit pour le Maghreb avec sa flotte, et l'émir El-Fadl marcha sur Tunis.

Abou-'l-Hacen avait laissé dans cette ville son fils Abou-lFadl, afin de contenir les habitants et d'empêcher que son embarquement fût accompagné des insultes de la populace; il croyait que ce prince n'y aurait rien à craindre, vu qu'il avait épousé la fille d'Omar-Ibn-Hamza. Dans le mois de Doul-'lHiddja (févr.-mars 1350), quand les drapeaux de l'émir El-Fadl se montrèrent sous les murs de Tunis, le cœur du parti hafside se mit à battre de nouveau; la populace s'attroupa autour du palais, y lança des pierres et plaça Abou-'l-Fadl dans la nécessité d'invoquer le secours de la famille à laquelle il s'était allié. Abou-'l-Leil[-Fetita] vint le délivrer et le conduisit avec toute sa maison au milieu des Arabes; lui ayant alors fourni une escorte de cavaliers kaoubiens, il le fit partir pour le Maghreb. El-Fadl étant entré dans la capitale, occupa le trône des khalifes, ses aïeux, et releva l'édifice de la domination hafside, édifice que les Beni-Merîn avaient dégradé et mis en ruine.

MORT DE L'ÉMIR EL-FADL. SON FRÈRE ABOU-ISHAC EST PROCLAMÉ KHALIFE ET PLACE SOUS LA TUTELLE D'ABOU-MOHAMMED-IBNTAFRAGUIN.

L'émir Abou-'l-Abbas-el-Fadl, devenu enfin maître de la capitale et de l'empire, nomma Ahmed-Ibn-Mohammed-Ibn-Ottou chambellan provisoire, en attendant qu'Abou-'l-Cacem-Ibu

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