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hafside] tua de guet-apens les chefs des Douaouida 1, cette tribu se vengea par la mort d'Ibn-Attou, cheikh almohade qui gouvernait le Zab, et par la conquête des plaines de ce pays, du Righa et de Ouargla. Ensuite le gouvernement hafside leur concéda ces acquisitions à titre de fief. Plus tard, le seigneur de Bougie accorda le gouvernement de toutes ces contrées à Mansour-Ibn-Mozni, le même dont les descendants y exercent encore l'autorité. Le chef de cette famille se conforme, de temps en temps, à l'ancien usage et frappe une contribution extraordinaire sur les habitants de ces bourgades au nom du sultan. Il marche alors contre eux avec des fantassins zabiens et des cavaliers arabes; mais, pour obtenir le concours des Doua

visibles. Je citerai seulement et comme échantillon celles qui se rencontrent dans la partie septentrionale de l'Oued Righ.

Un peu à l'Est de la route orientale de Tougourt à Biskara, entre Tougourt et Meghïer, on trouve deux villes ruinées : Adama et Djedlaoun. Je les ai visitées toutes deux; je dois dire que les traces de la première ne m'ont guère paru visibles que dans la tradition. Il est vrai que le mode de construction des cités sabariennes (des briques séchées au soleil ou un mauvais pisé) ne permet pas que les ruines durent longtemps; une pluie abondante les a bientôt réduites eu une boue qui se confond facilement avec le sol.

Mais Djedlaoun, bâti avec de grosses pierres gypseuses, montre encore ses murailles en talus auprès d'une belle fontaine d'où s'écoule un ruisseau affluent de l'Oued Righ. Le défunt cheikh de Tougourt m'a dit que cette bourgade avait été bâtie par les Beni-Mzab et dévastée, il y a plusieurs siècles, par des nomades. Des Achchan ou palmiers sauvages se montrent en cet endroit comme pour rappeler au voyageur que jadis la culture du dattier y prospérait.

J'ai remarqué dans beaucoup d'autres endroits ces traces d'antiques cultures; et la tradition locale indique sur un assez grand nombre d'autres points des villes et des villages dont il ne reste guère que le nom. En somme, l'impression générale qui reste après avoir visité cette zone méridionale de l'Algérie, c'est qu'elle a dû être jadis infiniment plus peuplée et mieux cultivée qu'aujourd'hui; et l'on n'est même pas très-éloigné d'admettre l'existence de cette grande quantité de villes et de bourgades que les anciens auteurs indigènes placent dans notre Sahara qui en compte aujourd'hui si peu et la plupart en état de grande décadence.

Voy, t. I, p. 356.

A. BERBRUGGER.

ouida, il est obligé de leur laisser la moitié de la somme per

çue.

La plus grande de ces villes se nomme Tuggurt. Elle renferme une nombreuse population dont les habitudes se rapprochent de celles des nomades. Les eaux y abondent ainsi que les dattiers.

Le gouvernement de Tuggurt appartient à la famille de Youçof-Ibn-Obeid-Allah1. Ce fut d'abord Obeid-Allah, fils de Youçof, qui régna; son fils, Dawoud, lui succéda et, ensuite, Youçof, un autre de ses fils, exerça le pouvoir. Celui-ci enleva Ouargla à la domination d'un enfant nommé Abou-Bekr-Ibn-Mouça et l'incorpora dans ses états. Après sa mort, Masoud-Ibn-ObeidAllah, prit le commandement. L'autorité passa de Masoud à son fils Hacen, et, puis, au cheikh régnant, Ahmed, fils de Hacen. Les Beni-Youçof-Ibn-Obeid-Allah appartiennent à la tribu des Righa, ou, selon un on-dit, à celle des Sindjas.

Parmi les habitants de ces villes, on trouve des kharedjites, partagés en un grand nombre de sectes. Celle qui est en majorité professe les doctrines des Azzaba2, mais il y en a aussi qui sont nekkariens. Ils ont persisté dans ces croyances hérétiques parce que la position de leur pays les tient en dehors de l'autorité du magistrat.

Après Tuggurt, on rencontre Temacîn, ville qui lui est inférieure en étendue et en population. Elle est gouvernée par les Beni-Ibrahim, famille appartenant à la tribu des Rîgha.

Toutes les autres villes de cette région sont également indépendantes, et chacune d'elles est en guerre avec sa voisine.

Les Laghouat, autre branche de la tribu des Maghraoua, habitent cette partie du Désert qui sépare le Zab d'avec la montagne des Rached. Ils y possèdent une bourgade qui porte leur nom et dans laquelle une de leurs fractions mène une vie de privations, conséquence nécessaire d'une situation aussi avancée

1 C'est à tort que le texte arabe imprimé porte Abd-Allah.

2 V. p. 203 de ce volume.

dans le Désert. Ils se sont fait remarquer par leur bravoure et par leur résistance à la domination des Arabes. On met deux jours à se rendre de Laghouat à Ed-Doucen, sur la frontière du Zab. Leurs caravanes s'y rendent régulièrement, car c'est de là qu'ils tirent les commodités dont ils ont besoin.

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les

Les Beni-Ouerra forment une branche de la tribu des Maghraoua ; quelques-uns disent, cependant, qu'ils appartiennent [bien] à la race zenatienne [mais qu'ils sont d'une autre famille que Maghraoua]. Ils vivent disséminés dans divers endroits du Maghreb. Il s'en trouve dans les environs de Maroc, dans le Sous, dans le territoire de Chelif et dans la province de Constantine.

Depuis la chute des premières dynasties zenatiennes, ils n'ont jamais cessé d'être ce qu'ils sont maintenant, une population soumise à l'impôt et obligée au service militaire quand le gouvernement l'y appelle. Au commencement de ce huitième siècle, Youçof-Ibn-Yacoub, sultan des Beni-Merîn, déporta dans le territoire de la ville de] Chelif les chefs et presque toutes les familles des Beni Ouerra qui se tenaient dans les environs de Maroc.

Soupçonnant leur fidélité et craignant les dévastations qu'ils pourraient commettre dans les alentours de sa capitale, il les fit escorter par un corps de troupes jusqu'à Chelif et les y établit comme garnison chargée de protéger cette frontière. Les Mérinides évacuérent ce pays et rentrèrent chez eux, après la mort de Youçof-Ibn-Yacoub, mais les Beni-Ouerra restèrent là où on les avait postés, et leurs descendants s'y trouvent

encore.

Les diverses fractions de ce peuple vivent partout à peu près dans les mêmes circonstances: elles paient l'impôt et font le service militaire.

1 Six ou sept jours, au moins, pour une caravane ordinaire; mais un cavalier monté sur un chameau mehari pourrait, en effet, n'y mettre qu'un jour et demi ou deux jours.

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NOTICE DES BENI-IRNIAN, TRIBU SOEUR DE CELLE DES

MAGHRAOUA.

Nous avons dit que la tribu des Irnian est sœur de celle des Maghraoua et des Beni-Ifren; elles descendent du même aïeul, İsliten, et remontent leur origine à Djana, personnage dont il a déjà été question. On trouve des Irnian répandus, en grand nombre, dans toutes les localités habitées par les Zenata; mais la majeure partie de la tribu occupe le bassin du Molouïa, dans le Maghreb-el-Acsa, depuis Sidjilmessa jusqu'à Guerçif. Dans cette dernière localité, ils eurent pour voisins les Miknaça. Etablis dans de nombreuses bourgades (cosour) qu'ils élevèrent sur le bord du Molouïa, ils étendirent leurs ramifications par toute cette région. On y remarque surtout les Beni-Outat, habitants de la montagne qui domine le Moloura du côté du Sud et qui se prolonge, de là, jusqu'à Téza et Fez Les bourgades dont nous venons de parler s'appellent, pour cette raison, CosourOutat.

Les Irnîan s'étaient autrefois distingués par leur bravoure et par leur puissance. Dans le quatrième siècle de l'hégire, ElHakem *-el- Mostancer et ensuite El-Mansour-Ibn-Abi-Amer en firent venir un grand nombre en Espagne avec les autres Zenata qu'ils attiraient dans ce pays. Les Irnian formèrent bientôt la portion la plus brave et la plus redoutable de la milice andalousienne. La partie de la tribu qui resta en Afrique vécut en bonne intelligence et dans une union étroite avec les Miknaça, peuple qui commandait alors dans le Maghreb-el-Acsa et dont elle partagea le même esprit de corps. Plus tard, les Irnian s'attache・rent aux Maghraoua, qui étaient parvenus au commandement dans ce même pays. Lors de la conquête du Maghreb par les Almoravides, tous les Irnîan qui possédaient des moyens de

1 Page 486 de ce volume.

Dans le texte arabe, il faut supprimer le mot Ibn

transport se retirèrent dans le Désert; ils s'y jetèrent encore lors du triomphe des Almohades, et, chaque fois, ils se mélèrent aux Mérinides nomades et se tinrent avec cette population zenatienne sur les frontières du Tell maghrebin. Les Beni-Outat et quelques autres familles de la même origine, trop faibles pour s'adonner à la vie nomade, durent rester dans leur pays et subir la nécessité de payer l'impôt et de fournir des contributions au nouveau gouvernement. Les Mérinides étant entrés dans le Maghreb, admirent la tribu des Irnîan au partage des provinces conquises, et lui concédèrent la ville d'El-Mamora et celle d'ElBeled-et-Taîib, dans la plaine de Salé. Ils lui laissèrent aussi son ancien territoire sur le Molouïa, région où elle s'était d'abord bravement défendue contr'eux. Dans la suite, les Irnian se montrèrent partisans actifs de la dynastie mérinide, les Beni-Abd-elHack; et, en retour de leurs bons services, ils eurent la satisfaction de voir leurs chefs portés au vizirat par cette famille, chargés du commandement de ses armées, désignés pour remplir des missions importantes et admis dans l'intimité du souverain.

Sous le règne du sultan Abou-Yacoub et sous celui de son fils, Abou-Saîd, un des personnages les plus marquants de la tribu des Irnîan fut Ibrahim-Ibn-Eïça. A plusieurs reprises, le gouvernement mérinide fit choix de ce chef pour remplir les fonctions de vizir; le sultan Abou-Saîd l'avait placé en cette qualité auprès de son fils Abou-Ali, puis il l'avait attaché, comme vizir, à sa propre administration. Le sultan Abou-'lHacen, fils d'Abou - Said, admit les fils d'Ibrahîm - Ibn - Eïça aux emplois les plus élevés. Plus tard que l'an 730, il subjugua le Sous et confia le gouvernement de cette province à Masoud1, fils d'Ibrahim. Ensuite, il y nomma Hassoun-IbnIbrahîm, frère de Masoud, et, en l'an 748 (1347-8), après la

Le traducteur profite de cette occasion pour faire observer que, partout, daus son travail, il aurait dû écrire Messaoud à la place de Masoud, et Messaudi à la place de Masoudi. La fausse transcription de ce nom propre était malheureusement adoptée par les orientalistes de l'Europe depuis bien des années et ceux-ci l'avaient transmise à leurs

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