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Oméïades, reçut alors de Ini le gouvernement de Sidjilmessa. Cette nomination eut lieu quand on sut que les Beni - Khazroun s'étaient enfuis de la ville. Hamid alla s'y installer et fit reconnaître aux habitants l'autorité de ses nouveaux maîtres.

Avant de rentrer en Espagne, El-Modaffer remit à Ouadeh le gouvernement de Fez et accorda une amnistie à Ouanoudin-IbnKhazroun, à Felfoul-Ibn-Said, cousin du précédent, et à beaucoup d'autres grands personnages de la famille Khazer qui avaient sollicité leur grâce. Ces deux chefs proposèrent alors à Ouadeh de lui envoyer chaque année une somme fixe, un certain nombre de chevaux et de boucliers [en peau de lamt] et de lui laisser leurs enfants comme otages, pourvu qu'il donuât le gouvernement de Sidjilmessa à Ouanoudin. Ces conditions furent acceptées; et, vers le commencement de l'an 390 (décembre 999), Ouanoudin alla commander dans cette ville au nom des Oméïades.

En 396 (1005-6) El-Moëzz-Ibn-Zîri obtint d'El-Modaffer le gouvernement de tout le Maghreb, à l'exception de Sidjilmessa, dont on ne voulut pas dépouiller Ouanoudîn.

Lors de la dissolution du khalifat de Cordoue, quand l'empire se fractionna en plusieurs états, par suite de l'usurpation des émirs qui commandaient dans les villes, dans les forteresses et dans les provinces de l'Espagne, Ouanoudîn aussi se déclara indépendant à Sidjilmessa et s'empara du Derâ. Ayant appris, en l'an 407 (1016-7), qu'El-Moëzz-lbn-Zîri, seigneur de Fez, s'était mis en marche pour lui enlever sa ville, il sortit pour le combattre et mit en pleine déroute les bandes maghraouiennes que son adversaire avait rassemblées. Ce revers entraîna El-Moëzz dans une suite d'embarras et de malheurs qui durérent jusqu'à sa mort. Ouanoudîn, devenu alors très-puissant, occupa Sofrouï, l'une des dépendances de Fez, et installa les membres de sa famille comme gouverneurs dans toutes les bourgades du Molouïa.

'Dans le texte arabe, il faut lire el-amal, avec un alif avant l'aïn. 17

T. III.

Quand il mourut, son fils Masoud lui succéda, mais je n'ai pu découvrir à quelle époque.

En l'an 445 (1053-4), Abd-Allah-Ibn-Yacîn rassembla les Almoravides faisant partie des tribus à litham, telles que les Lemtouna et les Messoufa, et ouvrit sa carrière de conquêtes par une irruption dans cette partie du Derâ que Masoud-Ibn-Ouanoudîn s'était réservé comme lieu de pâturage pour ses chameaux. Masoud quitta Sidjilmessa en toute hâte, afin de protéger ses troupeaux et, dans le combat qui s'ensuivit, il perdit la journée et la vie. Nous avons déjà parlé de cet événement dans la notice des Lemtouna1. L'année suivante, ce peuple fit une nouvelle incursion dans le pays et, s'étant emparé de Sidjilmessa, il passa au fil de l'épée tous les Maghraoua qui s'y étaient réfugiés et se jeta successivement sur les autres provinces du Maghreb, sur le Sous et sur les Masmouda de l'Atlas. En l'an 455 (1063), il prit Sofrouï d'assaut et y massacra les enfants de Ouanoudîn et les débris des Maghraoua. En l'an 463 (1070-1), il enleva de vive force les bourgades du Molouïa et ruina complètement la puissance de la famille Ouanoudin.

HISTOIRE DES PRINCES DESCENDUS DE FELFOUL-IBN-KRAZROUN ET DE LEUR EMPIRE A TRIPOLI.

Après avoir forcé les Maghraoua et leurs chefs, les BeniKhazer?, à se jeter dans le Maghreb-el-Acsa, Bologguîn les contraignit, l'an 369 (979-80), à se réfugier sous les murs de Ceuta. El-Mansour-Ibn-Abi-Amer leur vint alors en aide et, s'étant avancé jusqu'à Algésiras, afin de mieux surveiller les opérations qui devaient avoir lieu, il expédia à leur secours l'émir Djâser

1 Voy. t. 1, p. 70.

2 Nous devons faire observer que les Beni-Khazer formaient une branche de la famille Khazroun.

Ibn Ali et les princes berbères et zenatiens dont il s'était entouré. Bologguîn reconnut l'impossibilité d'attaquer ses adversaires avec avantage et décampa pour envahir successivement les autres régions du Maghreb. Il reprit ensuite la route de son pays et mourut, l'an 372 (982-3), avant d'y arriver. Les tribus ifrenîdes et maghraouiennes rentrèrent alors dans les territoires d'où on les avait expulsés.

En 376 (986-7), le visir El-Hacen-Ibn-Abd-el-Ouédoud arriva en Maghreb, où El-Mansour l'avait envoyé pour prendre le commandement, et, par les honneurs extraordinaires qu'il pro¬ digua aux émirs Mocatel et Zîri, fils d'Atïa-Ibn-Abd-Allah-IbnKhazer 3, il inspira une vive jalousie aux autres princes de la même famille. Said, fils de Khazroun, fils de Felfoul, fils de Khazer, céda à son mécontentement et, s'étant rendu à la ville d'Achîr, en l'an 379 (989-904), avec son fils, Ouerrou, il trouva l'accueil le plus bienveillant auprès d'El-Mansour, fils de Bolog→ guîn, qui venait d'y rentrer d'une expédition. Le souverain sanhadjien mit alors de côté tout sentiment d'animosité et donna au transfuge le gouvernement de Tobna; puis, voulant se l'attacher encore davantage, il accorda la main d'une de ses filles à Ouerrou.

Said et toute sa suite allèrent s'établir dans Tobna, d'où il se rendit à Cairouan, l'an 381 (991-2), pour offrir encore ses hommages à El-Mansour. Reçu avec des grandes démonstrations d'honneur par ce prince, qui était même sorti de la ville pour le rencontrer, il accepta le logement qu'on lui avait préparé et et mourut dans Cairouan, la même année.

Son fils Felfoul quitta aussitot Tobna et vint recevoir sa nomination au gouvernement de cette ville. El-Mansour le revêtit

1 Les manuscrits portent Yahya, ainsi que le texte arabe imprimé.

2 Ailleurs, t. I, p. 12, notre auteur indique l'année 373 comme celle de la mort de Bologguîn.

3 Voy. page 238 de ce volume.

4 Dans le texte arabe, il faut lire tissâ, à la place de sebd.

d'une robe d'honneur, le maria avec une de ses filles et le congédia avec une gratification qui se composait de trente charges. d'or, de trente ballots d'habits, de plusieurs chevaux portant des selles richement brodées et de dix drapeaux ornés de dorures. En l'an 385 (995), quand El-Mansour-Ibn-Bologguîn mourut, son fils et successeur, Badis, confirma Felfoul dans le gouvernement de Tobna.

1

Nous avons déjà parlé de la révolte de Zîri-Ibn-Atïa contre El-Mansour-Ibn-Abi-Amer et mentionné que ce ministre plaça son fils, El-Modaffer, à la tête d'une armée et l'envoya contre le rebelle, Zîri fut vaincu, perdit ses états et chercha un refuge dans le Désert. Plus tard, il envahit le Maghreb central, insulta les frontières sanhadjiennes et mit le siége devant Téhert, ville où Itouweft, fils de Bologguîn, exerçait le commandement. Hammad-Ibn-Bologguîn sortit d'Achir et conduisit au secours de son frère un corps de troupes composé de Tologgana. Se conformant alors aux ordres de Badis - Ibn - Mansour, son souverain, il opéra sa jonction avec Mohammed - Ibn - Abi -- 'l-' Arab, général en chef des Sanhadja, lequel était parti de Cairouan à la tête d'une armée pour dégager Itouweft. Zîri marcha au devant des deux chefs, mit leurs troupes en déroute, s'empara de leur camp et alluma une guerre qui embrasa l'Ifrîkia.

Badis rentra alors en campagne et, sorti de Raccada avec son armée, il passa anprès de Tobna et invita Felfoul à lui amener des renforts; mais ce chef s'en excusa à cause de la violente animosité que les Sanhadja montraient contre les tribus zenatiennes de l'Ifrîkïa. Il demanda, en même temps, à être confirmé dans son commandement et à y rester jusqu'au retour du souverain. Bien que cette faveur lui fût accordée, ses soupçons et les appréhensions de ses Maghraouiens augmentèrent à un tel point qu'ils évacuèrent Tobna. Quand Badis s'en fut éloigné, ils y rentrèrent

1 Voy. ci-devant, p. 241.

2 Comme il s'agit ici de la tribu sanhadjienne descendue de Tik'at, il faut probablement lire Tokollata ou Tiklata.

de nouveau, et Felfoul, s'étant mis à ravager les contrées voisines, dévasta les environs de Tidjès et investit la ville de Baghaïa.

Zîri se jeta dans le Désert en apprenant que Badis était arrivé à Achîr; aussi ce prince reprit le chemin de l'Ifrîkïa, après avoir accordé à son oncle, Itouweft, les gouvernements réunis de Téhert et d'Achîr. En passant par El-Mecîla, il reçut la nouvelle que ses oncles, Makcen. Zaoui, Arem et Maghnîn, s'étaient révoltés contre lui, et il apprit qu'Abou-'l-Behar, craignant sa colère, s'était enfui du camp pour aller les joindre. Il envoya aussitôt contre eux son oncle, Hammad-Ibn-Bologguîn, et partit pour rejoindre le corps d'armée qu'il avait expédié contre Felfoul-Ibn-Saîd. Ce chef venait de mettre le siége devant Baghaïa, après avoir mis en déroute un corps de troupes sanhadjiennes et tué leur chef, Abou-Zâïl. A l'approche de Badîs, il se retira du côté de Mermadjenna, sans pouvoir cependant échapper à l'activité de son adversaire. Dans la bataille qui s'ensuivit ses bandes *zenatiennes et berbères furent dispersées et il dut se réfugier lui-même dans la montagne d'El-Hannach, après avoir abandonné ses tentes et ses bagages. Une dépêche de Badîs, renfermant la nouvelle de cette victoire, vint rassurer les habitants de Cairouan, qui avaient été effrayés par les bruits les plus alarmants et dont un grand nombre s'étaient transportés à ElMehdia. L'on y avait même commencé à barricader les rues, par suite de l'épouvante que la mort de Zaïl et la défaite des Sanhadja avaient inspirée.

Ce fut vers la fin de l'an 389 (fin de 999) que Badis remporta sur Felfoul cet avantage. Rentré à Cairouan, il apprit que ses oncles, les fils de Zîri - Ibn- Menad, avaient formé une alliance avec Felfoul, réuni leurs forces aux siennes et commencé le siége de Tebessa. Il s'empressa de marcher contre eux et, par cette démonstration, il les obligea à se disperser. Les révoltés

Voy. t. I, p. 16.

2 Pour nezel (s'établir dans), il faut sans doute lire nazel (assiéger).

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