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Abd-Allah-Ibn-Bakkar, Mohammed-Ibn-el-Kheir-Ibn-Khazer, Bekças - Ibn - Séïd - en - Nas, cousin du précédent, Zîri - IbnKhazer, Zîri - Ibn - Atïa - Ibn - Tebadelt, Mocatel - Ibn - Atia, frère du précédent, Khazroun-Ibn-Mohammed et Felfoul-IbnSaid, tous émirs de tribus maghraouiennes. On y remarqua, de plus, Ismail-Ibn-Bouri, émir des Miknaça, son cousin Mohammed-Ibn-Abd-Allah-Ibn-Medîn et Khazroun-Ibn-Mohammed-elAzdadji. De tous ces chefs, Yeddou-Ibn-Yala fut le plus puissant et parut le plus dévoué aux Oméïades.

Après la mort d'El-Hakem et l'avènement de Hicham-elMouwaïed, l'administration de l'empire oméïade se concentra entre les mains du grand chambellan Mohammed-Ibn-Abi-Amer [el-Mansour]. S'étant décidé à n'occuper qu'un seul point du continent africain, ce ministre fut à peine dans l'exercice du pouvoir, qu'il installa dans Ceuta une garnison composée [d'une partie] de la milice du sultan et commandée par des officiers appartenant à l'empire. Plusieurs fonctionnaires, les uns hommes d'épée, les autres hommes de plume, et tous redevables de leur fortune à l'état, furent chargés du service de la place, pendant que les princes zenatiens devaient maintenir dans l'obéissance tout le pays du dehors. Ibn-Abi-Amer envoya fréquemment à ces chefs des gratifications et des robes d'honneur; il les accueillit avec de grands honneurs chaque fois qu'ils se rendaient à la cour, et il inscrivit volontiers sur les rôles de l'armée tous ceux qui désiraient entrer au service du sultan. Ces guerriers montrèrent, en conséquence, un dévouement parfait à la dynastie oméïade et firent tous leurs efforts pour étendre sa puissance.

L'émir Yahya s'étant alors brouillé avec son frère Djâfer*, lui enleva la majeure partie de ses troupes et forma de la ville de Basra un commandement séparé. Djåfer alla faire la guerre sainte en combattant les Berghouata et essuya une défaite. Rappelé par Ibn-Abi-Amer, qui appréciait beaucoup sa droiture et

1. Ou, plus correctement, Medyen.

Voy. t. II, p. 557.

qui cherchait à s'en faire un appui, Djâfer s'y refusa d'abord à cause de certains désagréments qu'il avait déjà éprouvés en Espagne de la part d'El-Hakem ; mais, ensuite, il y donna son consentement, laissa le commandement du Maghreb à son frère et traversa le Détroit. La haute distinction avec laquelle le chambellan accueillit son arrivée excita l'émulation des chefs zenatiens tous recherchèrent à l'envi la faveur de la cour et tous s'empressèrent de lui témoigner leur dévouement.

:

En l'an 366 (976-7), Khazroun-lbn-Felfoul alla s'emparer de Sidjilmessa et achever la ruine de la dynastie des Midrar 1. IbnAbi-Amer le récompensa de ce service en le nommant gouverneur de la ville conquise.

En l'an 369 (979-80), Bologguîn-Ibn-Zîri, lieutenant-général des Fatemides en Ifrikia, entreprit sa grande expédition en Maghreb. Pour arrêter son progrès, Ibn-Abi-Amer se transporta de Cordoue à Algésiras, où il fit embarquer beaucoup de troupes et cent charges d'or tirées du trésor public. Djâfer-Ibn-Ali traversa le Détroit et, arrivé à Ceuta, il rassembla tous les princes zenatiens autour du drapeau oméïade. A la vue de cette armée, Bologguîn s'éloigna et porta la guerre chez les Berghouata. Il combattit ce peuple jusqu'à l'an 373 (983-4), quand la mort vint mettre un terme à sa carrière. Djâfer s'en retourna auprès d'IbnAbi-Amer qui ne pouvait plus se passer de lui.

Sur ces entrefaites, Hacen-Ibn-Kennoun quitta le Caire et se rendit en Ifrikïa, avec une lettre dans laquelle le khalife fatemide, El-Azîz-Nizar, fils d'El-Moëzz-Mâdd, invita Bologguîn, seigneur de ce pays, à fournir des troupes et de l'argent au porteur et à le soutenir contre les princes du Maghreb 3. Ayant reçu [à Cairouan, du lieutenant] de Bologguîn les moyens de continuer sa route, avec une forte somme d'argent et la promesse d'une autre bien plus considérable, il pénétra dans le Maghreb, où il

1 Voy. t. 1, p. 265.
2 Voy. t. I, p. 41.
152.

3 Voy. t. II, p.

trouva l'autorité oméïade solidement établie. Ce fut à cette époque que Bologguîn mourut. El-Mansour, fils et successeur de ce prince, eut trop à faire pour s'intéresser à Ibn-Kennouo qui venait d'appeler les Berbères sous son drapeau.

En l'an 375 (985-6), Ibn-Abi-Amer ordonna à son cousin, Amr-Ibn-Abd-Allah, surnommé Askéladja, d'aller étouffer cette révolte, et, afin de mieux surveiller les opérations de ce chef, il le suivit jusqu'à Algésiras. Hacen-Ibn-Kennoun fut cerné par les troupes oméïades et se vit obligé à demander grâce. Askéladja la lui promit et le fit partir pour Cordoue; mais Ibn-Abi-Amer, s'étant rappelé combien de fois le prisonnier avait violé sa parole, ne crut pas convenable de valider l'engagement pris par son général et se fit apporter la tête du malheureux idrîcite. Telle fut la fin de la dynastie fondée par Idrîs. Askéladja fut trèsoffensé du procédé de son cousin et, pour se soulager le cœur, il laissa échapper quelques paroles de mécontentement devant ses troupes. Ibn-Abi-Amer eut bientôt connaissance de l'indiscrétion de son général, et, l'ayant envoyé rejoindre Ibn-Kennoun dans l'autre monde, il donna le gouvernement du Maghreb au vizir Hacen-Ibn-Ahmed-Ibn-Abd-el-Ouédoud-es-Selmi. Ce fonctionnaire partit pour l'Afrique avec une nombreuse armée et l'autorisation de puiser à volonté dans les trésors de l'état.

En l'an 376 (986-7), le nouveau gouverneur arriva à sa destination et dirigea les affaires du pays avec une main si ferme qu'il tint en respect toutes les populations berbères. A Fez, siége de son commandement, il rassembla tant de troupes et de princes zenatiens qu'Ibn-Abi-Amer lui-même en ressentit de l'inquiétude. Rappelé par ce ministre, qui voulait éprouver ainsi sa fidélité, il partit avec empressement, trouva un accueil trèshonorable à la cour et reçut l'autorisation d'aller reprendre son commandement.

Parmi les princes zenatiens, Yeddou-Ibn-Yala se fit [alors] remarquer par ses intrigues contre les Oméïades et par le peu de sincérité qu'il mettait dans sa soumission. Pour le maintenir dans l'obéissance, Ibn - Abi- Amer lui opposa Zîri-IbnAtïa comme rival, dans l'espoir que l'esprit d'émulation les

maintiendrait tous les deux dans le devoir. Il est vrai que la faveur du chambellan était déjà acquise à Zîri dont la fidélité avait pour garantie un caractère franc et loyal. En l'an 379 (989-90), Zîri reçut l'ordre de se rendre à Cordoue, et, s'étant mis en route à l'instant même, il s'y vit comblé d'honneurs et de gratifications, depuis le moment de son arrivée en Espagne jusqu'à celui de son départ. Le messager qui porta une semblable invitation à Yeddou, obtint de lui cette réponse : « Va demander » à Ibn-Abi-Amer si l'onagre se laisse mener chez le dompteur » de chevaux ? » Dès lors, Yeddou lâcha la bride à son esprit de rapine et de brigandage. Ibn-Abd-el-Ouédoud, gouverneur du Maghreb, se mit en campagne avec les milices espagnoles et les troupes fournies par les princes zenatiens; voulant soutenir Ziri-Ibn-Atïa, l'adversaire et rival de Yeddou. Celui-ci rassembla une armée et, en l'an 381 (991-2), il remporta sur Ibn-Abd-elOuédoud une victoire éclatante. Les milices du sultan furent écrasées, les troupes maghraouiennes taillées en pièces et le vizir reçut une blessure dont il mourut au bout de quelques jours. Ibn-Abi-Amer apprit cette fâcheuse nouvelle par une dépêche, et, sur-le-champ, il fit porter à Zîri l'ordre d'occuper Fez, de prendre à sa solde tous les gens du vizir et de se charger du gouvernement du Maghreb. Noùs reviendrons sur ces événements dans la notice des Beni-Atïa, nous bornant ici à faire savoir que Yeddou enleva Fez à Zîri par deux fois.

Vers cette époque, Abou-'l-Behar, fils de Zîri-Ibn-Menad le sanhadjien, se révolta contre son neveu, El-Mansour-Ibn-Bologguin, seigneur de Cairouan, et répudia l'autorité des Fatemides. S'étant réfugié dans la partie maritime de la province de Tlemcen, il envoya un autre de ses neveux et les officiers de sa suite en Espagne, afin de solliciter l'appui d'Ibn-Abi-Amer. Ce ministre fit porter des cadeaux et de l'argent au transfuge qui se trouvait alors à Fez, avec Zîri-Ibn-Atïa. Le chef maghraouien et son

1 Dans le texte arabe, il faut ajouter la conjonction copulative et lire wa wodjouh.

hôte réunirent leurs efforts contre Yeddou-Ibn-Yala qui, de son côté, leur fit beaucoup de mal. Dans la suite, Abou-'l-Behar se rangea encore du côté de son neveu, El-Mansour, et, après avoir essuyé une défaite dans une guerre contre Zîri, son ancien allié, il se rendit à Ceuta, d'où il alla rejoindre sa famille [à Cairouan]1.

Devenu plus puissant par cette victoire, Zîri livra un combat à Yeddou, lui tua plus de trois mille cavaliers et s'empara des trésors, du camp et du harem de son adversaire. Cette rencontre eut lieu en l'an 383. Yeddou mourut dans le Désert où il était allé se réfugier. Il eut pour successeur dans le commandement de sa tribu, Habbous, fils de son frère, Zîri-Ibn-Yala. Habbous fut assassiné par son cousin, Abou-Yeddas-Ibn-Dounas qui ambitionnait le pouvoir. Le meurtrier, voyant que la tribu repoussait ses prétentions, s'enfuit de nuit et passa en Espagne avec une nombreuse troupe de partisans. Hammama, fils de Zîrı-IbnYala et frère de Habbous 2, prit alors le commandement des BeniIfren et parvint à relever leur puissance.

Selon un autre récit, la guerre entre Yeddou et Zîri-Ibn-Atïa fut pour les deux partis une alternative de succès et de revers; la ville de Fez tomba au pouvoir, tantôt de l'un, tantôt de l'autre. Zîri étant allé visiter El-Mansour[-Ibn-Abi-Amer], Yeddou profita de son absence pour occuper Fez et y massacrer uue foule de Maghraoua. Zîri revint alors, mit le siége devant la ville et força son adversaire à soutenir une lutte dans laquelle beaucoup de Maghraouiens et d'Ifrenides succombèrent. En 383 (993-4), Zîri emporta Fez de vive force et envoya la tête de Yeddou au seuil du khalifat, à Cordoue. Dieu sait auquel de ces récits on doit accorder confiance.

Devenu chef des Beni-lfren, Hammama les mena du côté de Chala, dans le Maghreb-el-Acsa, et enleva à Zîri cette ville ainsi que la partie de Tedla qui en dépend. Pendant toute la durée de

↑ Voy. t. 1, pp. 15, 16.

2 La leçon du texte imprimé est bonne à l'égard du mot akhou. Dans l'errata, nous avons eu le tort de proposer la leçon akhi.

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