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dition du comte O'Reilly, en 1775. Descendant, pour la plupart, des Israélites chassés d'Espagne à la fin du XIVe siècle, persécutés par les Espagnols à Oran, à Bougie, à Tunis, ils n'avaient guère plus à se louer de la civilisation chrétienne que de la barbarie musulmane. Aussi, célébrent-ils encore aujourd'hui, les 9 et 10 juillet, un anniversaire institué par eux à la suite des expéditions malheureuses de 1542 et de 1775. M. Cahen, poursuivant ces études, dont il élargit le cadre, nous présente, dans le volume suivant et sous ce titre: les Juifs dans l'Afrique septentrionale, un mémoire étendu où il établit l'origine des Israélites du pays, parle du rôle qu'ils ont joué et traite de leurs mœurs et coutumes.

» L'histoire de Constantine sous la domination turque, par M. Vayssettes, 1517-1837, est l'achèvement d'une ébauche que nous avons eu l'occasion de signaler précédemment dans la Revue africaine. Ce qui a été publié alors n'embrassait qu'une période de trois quarts de siècle environ, tandis que le travail entier sera l'histoire de plus de trois siècles. La première partie, insérée dans le onzième volume du Recueil des Mémoires de Constantine, contient l'historique de 1514 à 1648, outre des considérations générales sur l'organisation gouvernementale des Turcs.

> La notice de M. Féraud sur le Palais de Constantine est à la fois une étude archéologique et une page d'histoire moderne. On y lit de curieux détails sur l'architecture arabe et sur le dernier bey de Constantine, El-Hadj-Ahmed, ses femmes, ses cruautés, ses exactions. Dans l'auteur de cet article, secrétaire de la Société archéologique, nous aimons à retrouver un nom plusieurs fois signalé par nous,

celui d'un des plus laborieux collaborateurs des deux sociétés savantes algériennes, dont les travaux lui ont valu récemment le titre honorable et bien mérité de correspondant du ministère de l'instruction publique. Malheureusement, celle Société de Constantine a perdu, en M. de Contenein, colonel du génie, maire de la ville, un excellent président, dont M. de Toustain du Manoir, préfet du département, a retracé l'honorable carrière dans le discours prononcé lors de ses obsèques, le 11 avril 1867. C'était un modèle accompli de ces existences noblement partagées entre la plume et l'épée, telles que notre colonie d'Afrique nous en a déjà offert un si grand nombre d'exemples à tous les degrés de la hiérarchie.

Si nous avions besoin de justifier l'étendue donnée par nous à cette double analyse, nous vous rappellerions que, de toutes les sociétés savantes sur lesquelles s'étend la sollicitude du Comité, il n'en est pas qui aient plus besoin d'encouragements que ces foyers lointains de science et d'études, où les moindres marques d'attention de votre part sont attendues avec empressement, accueillies avec reconnaissance. Ainsi, le Recueil de la Société de Conslantine, dans l'avant-propos de son dixième volume, n'a pas manqué de rappeler le compte-rendu bienveillant que notre collègue, M. de Maslatrie, lui avait précédemment consacré. »

Qu'il nous soit permis d'exprimer ici notre gratitude à MM. les Membres du Comité, et particulièrement à leur”. rapporteur, pour la bienveillance qu'ils nous témoignent. Cette bienveillance est, pour nous, un puissant motif d'en

couragement: nous nous efforcerons le la mériter de plus en plus.

Nous ne pouvons en dire autant du rapport fait à la suite du concours ouvert dans le ressort académique d'Alger, pour les ouvrages ou mémoires d'histoire, d'ar chéologie ou de science. !

Nous avions cru que les travaux publiés dans notro Recueil avaient un certain intérêt historique ou archéologique; mais M. le Rapporteur a voulu nous détromper et nous faire comprendre que les membres des sociétés savantes, sollicités exclusivement jusqu'à ce jour dans » leurs études par le goût des choses et de l'esprit, l'a » mour désintéressé de la vérité, t'honnête pensée d'occu» per honorablement leurs loisirs, et aussi par je në sais » quelle innocente démangeaison d'écrire pour l'instruc ▷tion et l'agrément d'une société d'amis choisis et bien

veillants, nos meilleurs collègues des sociétés savantes » se croyant bon gré mal gré appelés sur un plus grand théâtre, comprendront aussi que leurs devoirs, ne sont » plus les mêmes, et qu'ils auront désormais, au moins sui» vant l'occasion, à s'imposer des règles, sévères pour te » choix des sujets, la composition the leurs œuvres et les » expressions de leurs pensées. $

Ces compliments pèu flatteurs à notre adresse, ne sont sans doute exprimés que pour aftenuer le résultat du concours, ou bien cette leçon donnée par le Rapporteur doit-elle signifier autre chose, à savoir r — que, doréna vant, nous devons abandonner Farchéologie et l'histoire pour ne nous occuper que de chansons kabiles modernes ? Si nous avons compris la pensée du Rapporteur, nous lui

dirons que la Société archéologique de Constantine ne veut changer ni son titre ni son but, et qu'elle persévérera, même sans encouragements, dans ce que M. le Rapporteur veut bien appeler l'innocente démangeaison d'écrire pour l'instruction et l'agrément d'une société d'amis choisis et bienveillants; et nous voulons le prouver.

Déjà, nous avons des matériaux pour notre quatorzième volume, qui, nous osons le croire, ne sera pas plus dénué d'intérêt que les précédents. - Au nombre des pièces qui y figureront, nous pouvons dès à présent citer: 1° l'Histoire de Gigelli, ville qui fut la première station de la puissance turque en Algérie, et dont les Français furent durant quelque temps les maîtres; ce sera la continuation du grand ouvrage de M. L. Ch. Féraud; 2o une Notice sur les anciennes rues de Constantine, que la pioche fait disparaître l'une après l'autre pour transformer la vieille cité musulmane en ville française, par M. Oppetit: c'est de l'actualité.

- Est-ce tout? Non. Il nous reste à exprimer, à notre tour, quels regrets profonds nous a fait éprouver la mort prématurée de M. Berbrugger, le doyen des savants de la Colonie. Dans la Revue africaine, M. Cherbonneau, son ami, a retracé en détail la vie du fondateur de ce journal et de la Société historique algérienne; que pourrions-nous ajouter? Rien. M. Cherbonneau a parlé au nom de tous; il a peint tout ce que nous avons ressenti.

Une autre perte a été également sensible, surtout aux arabisants c'est celle de M. Bresnier, professeur à la chaire arabe d'Alger, auteur de plusieurs ouvrages trèsestimés et nécessaires à l'étude de la langue arabe. Enlevé presque en même temps que M. Berbrugger à ses

élèves, à ses nombreux amis, M. Bresnier a été, dans la Revue africaine, l'objet d'un article nécrologique de M. Cherbonneau.

P.-S. Au moment où nous venons de terminer cet avant-propos, nous lisons, dans le Moniteur de l'Algérie du 25 décembre 1869, sous la rubrique Échos de Paris, un paragraphe où il est dit que l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a eu à élire un correspondant, en remplacement de M. Berbrugger, décédé, et qu'au nombre des postulants se trouvait le savant M. Cher bonneau, • qui a dirigé avec tant d'éclat la Revue archéologique de Constantine. »

Sans doute, M. Cherbonneau, par la multiplicité des Mémoires qu'il a rédigés pour notre Revue, a tenu une large place parmi nos épigraphistes. Néanmoins, et pour rendre hommage à la vérité, nous devons faire connaître à l'auteur anonyme de l'article du Moniteur de l'Algérie, qui l'ignore probablement, que la Société n'a jamais délégué à un directeur la publication de ses œuvres. Le choix des travaux qui lui sont remis a toujours été, et est encore à présent, fait par une commission de trois membres renouvelée annuellement.-M. Cherbonneau a fait partie de cette commission durant son séjour à Constantine; mais il n'a jamais disposé que de sa voix pour l'admission dans le Recueil ou pour le rejet des Mémoires présentés : autrement, la Commission aurait été annihilée et inutile.

Nous pourrions peut-être ajouter que si M. Cherbonneau a eu parfois quelque influence sur les verdicts rendus, il n'en a profité que pour faire prédominer presque exclusivement ses articles archéologiques Depuis son départ, notre cadre s'est élargi; notre Recueil a inséré tous les

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