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Caius Iulius, Quinti filius, Quirina, Politus, tetrastylum et tholum dedit et dedicavit.

« Caius Julius, fils de Quintus, de la tribu Quirina, surnommé Potitus, a offert et dédié un tétrastyle et une coupole.

Le personnage mentionné dans cette dédicace devait être simplement un des notables de la ville, puisque son nom n'est accompagné d'aucun titre. En effet, l'usage voulait que les habitants parvenus à un certain degré d'opulence, posassent leur candidature aux honneurs municipaux, soit en fondant à leurs frais un établissement d'utilité publique, soit en contribuant à l'embellissement de la localité par l'érection d'un autel, d'une statue, etc. Quant à la désignation de membre de la tribu Quirina, qui figure si souvent dans les inscriptions relevées à Cirta et dans les colonies cirtéennes, elle est de nature à nous faire conjecturer que cette tribu n'était pas seulement destinée à recevoir dans son sein les habitants de Cirta, devenus citoyens romains, mais encore tous ceux de la Numidie qui avaient obtenu le même honneur.

Je viens au tétrastyle en question. Ainsi que l'indique son nom, ce genre de construction se composait de quatre colonnes disposées en carré, et supportant une toiture en forme de dôme ou de coupole « tholus. » On l'appelait aussi ædicula tétrastyla, et, la plupart du temps, on plaçait au milieu une statuc de marbre ou d'airain. Mais, dans ce dernier cas, la dédicace en faisait mention, comme il appert du no 1835 des inscriptions romaines de l'Algérie, publiées par M. Léon Renier.

HISTOIRE DES VILLES

DE LA PROVINCE DE CONSTANTINE

ᏢᎪᎡ

L. Charles FÉRAUD,

Interprète de l'armée d'Afrique.

Sparsa colligo.

Dans la plupart de nos villes algériennes, les hommes chez lesquels s'est éveillé le désir et la curiosité bien naturelle de connaître le passé du pays où la destinée les a placés, sont généralement privés des ressources littéraires que la métropole offre en si grande abondance. Constantine, elle-même, chef-lieu de notre province, si largement pourvue que puisse être sa bibliothèque municipale, ne possède pas encore son histoire. Personne, jusqu'ici, n'a entrepris d'en établir la chaîne à peu près complète et détaillée; les éléments en sont épars dans une série de publications spéciales, souvent très rares, appartenant au domaine de l'érudition et qui ne sont, à vrai dire, connues que de très peu de monde; il faut, pour les rassembler, avoir le loisir de se livrer à de nombreuses et patientes recherches.

J'ai entendu beaucoup de gens se plaindre de l'absence

d'un livre accessible à chacun, commode à consulter et réunissant en même temps sur leur patrie d'adoption tout ce qu'il leur importait de connaitre. La Société Archéologique de la province de Constantine, qui s'est imposé la tâche de recueillir et de livrer à la publicité tous les faits authentiques pouvant jeter quelque lumière sur l'histoire locale, tient aussi à honneur de répondre au désir manifesté, et nous osons espérer que le projet qu'elle a conçu, loin d'être considéré comme prématuré, sera au contraire accueilli avec sympathie.

Une œuvre de cette étendue, bien qu'elle se compose de nombreux extraits des meilleurs ouvrages déjà publiés, ne peut s'improviser en un jour; mais il ne dépendra pas de nous qu'elle ne soit achevée dans le plus court délai possible. Sans aucune prétention au point de vue littéraire, elle aura néanmoins, pour les habitants du pays, le mérite de son utilité.

Notre rôle, pour le moment, se borne, répétons-le, à grouper et à coordonner les faits, celui des futurs historiens de l'Algérie sera de les juger et d'en tirer des vues d'ensemble. Chacune des villes de notre province va donc être, dans ce Recueil, l'objet d'une étude spéciale, et c'est par Bougie, réputée la plus ancienne, que commence, dès à présent, cette série de monographies.

بــجـــايــة

BOUGIE

Il n'y a guère, en Algérie, de ville qui, par la grandeur des souvenirs dont se compose son passé, et par l'importance politique, militaire et commerciale que lui réserve assurément l'avenir, justifie plus que Bougie, l'antique Saldæ, les différents travaux que lui ont consacré plusieurs écrivains. Jadis cité florissante, d'une population de cent mille âmes, elle en compte à peine quatre mille aujourd'hui. Déchue de son ancienne splendeur, appauvrie, délaissée, elle a eu le sort de tout ce qui cesse d'exciter l'intérêt. Il ne faut pas la juger, cependant, d'après l'état de décadence où l'ont amenée les causes que nous aurons à raconter; il faut la revoir, par la pensée, à l'époque du moyen âge, lorsqu'elle avait, sur la côte d'Afrique, la prépondérance des lettres et du commerce. Elle avait alors une forte existence individuelle; non-sculement elle vivait libre et avait modifié à son profit l'autorité des sultans de l'Orient et de l'Occi

dent dont elle relevait d'abord, mais elle avait encore ajouté à sa force personnelle, en s'unissant par des traîtés d'alliance et de commerce aux principales cités du littoral de la France, de l'Espagne et aux puissantes républiques d'Italie.

Capitale, dit-on, des premières possessions vandales en Afrique, Bougie devint, de nouveau, sous le gouvernement des émirs, la capitale d'un royaume dont l'autorité s'étendait sur toute la province actuelle de Constantine et une partie de celle d'Alger. Le surnom de Ville Sainte et de Petite Mecque, qu'on lui donnait dans le monde musulman, et l'hospitalité qu'elle accorda libéralement dans ses murs à un nombre considérable de Maures et de Juifs chassés d'Espagne, sont autant de faits qui en disent assez pour que toute réflexion soit superflue.

On a pensé que si, au XVIe siècle, Barberousse était parvenu à enlever cette ville aux Espagnols qui l'occupaient depuis l'an 1509, le hardi corsaire en aurait probablement fait le siége de la domination turque sur la côte barbaresque. Alger, que le hasard des circonstances mit au premier rang, serait, dès lors, resté une modeste. bourgade, comme l'étaient, au moment de notre conquête, la plupart des autres centres de population du littoral. Puisque nous voilà lancé sur le terrain des inductions, il convient d'ajouter que les avantages offerts par la position exceptionnelle de Bougie, auraient, sans doute, décidé Louis XIV à y fonder un établissement durable, si, mieux renseigné, il avait dirigé sur ce point l'expédition commandée par le duc de Beaufort, au lieu de lui préférer Gigelli, dont on ne prit possession que d'une manière éphémère.

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