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En terminant, je me fais un devoir de déclarer qu'après réflexion, et sur un nouveau renseignement de M. Reboud, j'abandonne entièrement l'idée malencontreuse que l'énonciation des noms des défunts a pu être omise dans les textes latins des deux inscriptions bilingues de la Cheffia, qui ne portent plus que VIXIT ANNIS etc. Errare humanum est; perseverare diabolicum. Cette rectification n'affaiblit en rien le fond du travail.

Paris, 20 décembre, 1868.

A. JUDAS.

L'INSCRIPTION

DU TETRASTYLE DE POTITUS

A CONSTANTINE

PAR

M. CHERBONNEAU,

Directeur du Collège Impérial arabe-français d'Alger.

On peut dire, sans exagération, que Lambèse et Constantine sont des mines inépuisables d'épigraphie romaine; car, en dépit du temps d'arrêt que l'installation des colons européens imprime graduellement aux fouilles aussi bien qu'aux démolitions, il ne s'écoule pas un mois pas une semaine, sans qu'on découvre, notamment dans la dernière de ces villes, une pierre ou un objet se rattachant, par quelque point, à l'histoire du passé. Cirta était la résidence de Syphax qui, au dire de Tite-Live, y possédait un palais somptueux. Massinissa et, après lui, Micipsa l'avaient ornée de toutes sortes d'édifices et d'établissements publics dont Strabon nous a transmis la mention. Ruinée en 311 de l'ère chrétienne, dans la guerre de Maxime contre Alexandre, paysan pannonien, qui s'était fait proclamer empereur en Afrique, Cirta, fut rétablie en 313, sous le règne de Flavius Valerius Constantin, et quitta son nom d'origine numidique pour prendre

celui de Constantine, qu'elle conserve encore aujourd'hui. Si cette place forte, grâce à sa position exceptionnelle, put résister au torrent dévastateur de l'invasion vandale, elle eut cependant beaucoup à souffrir des guerres suscitées dans son sein, par les querelles religieuses qui lui portèrent un coup plus terrible que l'islamisme. Lorsque les Français y entrèrent, au mois d'octobre 1837, on y voyait, encore debout, des ruines assez nombreuses pour se faire une idée de son antique splendeur: du côté de la brèche, plusieurs arcades du Tétrapyle, un temple privé seulement de sa toiture, et le grand tunnel en pierres de taille où les grains, s'il faut en croire le géographe Edrisi, pouvaient se conserver pendant un siècle; dans l'enceinte de la Kasba, des citernes colossales qui n'ont pas tardé à être utilisées, des restes de l'Église chrétienne et du temple de Mercure, enfin quelques murs du Capitole, à côté desquels a été exhumée une victoire en airain qui occupe actuellement une place distinguée au musée de la Mairie.

Les autres monuments, tels que le Spelaeum bâti aux frais de P. Ccionius Daecina Albanus, l'arc de triomphe élevé par la munificence de Q, Fulvius Faustus, le portique de Gratien, l'édicule à quatre colonnes de M. Caecilius Vitalis, ainsi que le bain de Pacatus, avaient laissé un si grand nombre de vestiges, les uns noyés dans les massifs de maçonnerie arabe, les autres servant de soubassement à des mosquées, qu'il n'eut pas été impossible à un habile architecte d'en déterminer l'emplacement. Toutefois, la disposition de l'ancienne Cirta avait cela de particulier, que les bâtiments militaires occupaient, comme du temps des Berbères, et sous l'administration

française, le point culminant du rocher, tandis que les édifices civils, c'est-à-dire les éléments de la vie active, de l'industrie et du commerce, se groupaient aux abords de la porte principale, que nous avons remplacée par la porte Valée. Combien de preuves garantissent cette assertion, sans compter la physionomie extérieure de la ville, évidemment plus accessible de ce seul côté!

Le percement de la rue Impériale ayant provoqué le dégagement de l'angle oriental de la place Nemours, des découvertes d'un certain intérêt se sont produites successivement sur le terrain de M. Cordonnier, qui aboutit à un des pieds droits du tétrapyle, plus connu généralement sous le nom d'El-Maukof. J'ai publié dans la Revue africaine (juillet 1868, p. 241 et suiv.), les inscriptions latines si heureusement rendues à la lumière. Aujourd'hui c'est une pierre épigraphique que l'on extrait d'un mur arabe où elle avait été posée, la tête en bas. L'écriture est de l'époque des Antonins; le bloc ne mesure pas moins d'un mètre en hauteur. Deux copies de ce monument, destiné à perpétuer le souvenir d'un tétrastyle que surmontait un dôme, m'ont été envoyées par MM. Féraud, le secrétaire de la Société Archéologique de Constantine, et Antoine, adjoint au Maire.

En voici la reproduction exacle.

C. IVLIVS

Q. F. QVIR
POTITYS

TETRASTY

LVM. ET

THOLVM

D. E. D

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