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SUR PLUSIEURS INSCRIPTIONS LIBYQUES

DÉCOUVERTES

DANS LES ENVIRONS DE CONSTANTINE

COMPLÉMENT

d'un Mémoire imprimé en novembre et décembre 1868

dans les Annales des Voyages (1)

PAR

M. le D' A. JUDAS

En traitant récemment, dans le Mémoire rappelé cidessus, d'une nombreuse série d'épitaphes libyques recueillies dans les environs de Bône, et qui m'avaient été communiquées par M. le docteur REBOUD, j'ai cité, aux pages 7 et suivantes, 15 et 30, cinq inscriptions analogues, dont quatre figurent dans le précieux Recueil publié par la Société archéologique de la province de Constantine, et dont l'autre m'a été envoyée par M. Cherbonneau, alors secrétaire de cette société. J'en donne une copie, sous le no 1, à la planche 1.

Il y a un tirage à

(1) Sur plusieurs séries d'épitaphes libyques, etc. part chez M. Challamel, aîné, libraire-éditeur, rue des Boulangers, n° 30.

Le même Recueil contient six autres textes de même espèce, savoir:

1853, planche xv, stèle du milieu, et planche xvi, stèle du milieu pareillement ;

1862, page 35, no 67; page 109, no 123; page 185, nos 155 et 156 (1).

Enfin, j'ai directement reçu de M. Cherbonneau, à des dates différentes, deux copies que je reproduis sur la planche 1.

Je me suis abstenu de faire entrer dans le travail précité l'examen de la plupart de ces monuments, parce que j'aurais cru manquer de convenance envers la Société archéologique de Constantine, en ne lui réservant pas et en ne lui soumettant pas le résultat de mes études sur des matériaux qu'elle m'avait fait l'honneur de mettre à ma disposition. C'est ce que je m'empresse de faire en ce moment, en reconnaissant que j'en dois la possibilité aux nouveaux éléments que m'a fournis la nombreuse collection de M. Reboud.

Je n'ai parlé des exemplaires de gauche des planches xv et XVI, 1853, que pour y signaler la présence du préfixe onomastique мs, mas ou mes, dont la significacation maître (2) est aujourd'hui reconnue, grâce aux renseignements recueillis par Barth et M. Hanoteau. A

(1) Le volume de 1866, planche xx, porte un fragment de plaque en marbre blanc, avec des caractères, non antiques ou libyens, mais relativement modernes, ce qui se reconnaît aux lettres représentées par des combinaisons de points: je ne m'en occupe pas ici.

(2) On a tort de citer le nom de l'ancien roi Micipsa comme un des exemples de l'emploi de ce préfixe; la prononciation différente révélait une autre racine, comme on le voit dans la transcription grecque Mikipsas.

part cette indication, la copie de la planche xv me paraît en beaucoup de points trop incertaine pour qu'il soit prudent d'en proposer une transcription complète et une interprétation. Quant à l'inscription de la planche xvi, elle est très-nette, et ne laisse de doute que pour trois figures, savoir celle du milieu de la colonne médiane, et la première (en bas), ainsi que l'avant-dernière de la colonne de gauche. Je ne me permets aucune rectification pour la figure de la rangée médiane; les deux autres me paraissent pouvoir être ramenées aux deux barres verticalement parallèles et, au commencement, par exemple, c'est-à-dire au bas de la rangée de gauche, représenter le signe de la filiation. Il n'y a certainement aucune témérité dans cette restitution, puisque nous constatons la nécessité d'en opérer une pareille au bas de la colonne médiane de la stèle de droite, en en comparant le texte à celui du no 13 de la collection de M. Reboud. Je lis donc :

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][subsumed][merged small][merged small]

La stèle médiane de la planche XVI paraît très-exactement rendue, sauf pour le signe inférieur du groupe bilittère, au-dessous de la petite figure de droite, signe qui est peut-être, en réalité, un carré fermé, soit R, ou un carré ponctué, soit B.

Quoiqu'il en soit, le tableau représente une femme, pro

bablement une mère, et deux enfants. Chacun des personnages a son nom distinctement indiqué. Celui de la mère, à la partie supérieure, est composé de trois lettres valant, en lisant toujours de bas en haut, ZMR, soit Zamar ou Azmar, Azamar. Au-dessous du petit portrait de gauche, une scule lettre м, ma, ou am, ou ama; au-dessous de cclui de droite, deux lettres dont la supérieure est conjecturalement un z, soit, en complétant le carré RZ, raz ou araz, ou, en supposant un point au centre de ce carré, BZ baz ou abaz.

La disposition du nom de la mère prouve qu'il doit être lu verticalement; je viens de dire de bas en haut ; c'est ainsi, en effet, que j'ai procédé dans le mémoire précédemment rappelé. J'ai invoqué plusieurs raisons à l'appui. J'en trouve une nouvelle sur la stèle qui avoisine à gauche, sur la même planche, celle dont je viens de parler. En effet, je crois qu'à la suite des nombreux exemples que j'ai rapportés dans mon précédent mémoire, on ne peut mettre en doute ni la lecture ni l'explication de la syllabe мs. Là où il n'y a aucun indice spécial, ce groupe et, par suite, l'inscription entière peuvent être lus soit de haut en bas, soit de bas en haut, en tournant la pierre à cet effet. Mais, sur la stèle de gauche de la planche XVI de 1853, l'inscription est surmontée d'une image humaine qui manifeste évidemment le haut; or мs, qui se trouve au bas de la colonne de droite, en étant certainement le commencement, la lecture ne peut se poursuivre que de bas en haut (1).

(1) L'exactitude de ce procédé m'a été depuis démontrée par une nouvelle inscription bilingue que M. Reboud m'a adressée; elle sera publiée

Une autre remarque est suggérée par le nom de la mère. C'est que rien n'indique un nom féminin. Cette circonstance ne parait pas de nature à dissiper l'étonnement que j'éprouvais in-petto, dans le cours de mon précédent travail, en ne rencontrant aucune apparence de nom de femme, étonnement qui a dû gagner quelques lecteurs. Peut-être en existe-t-il, mais sans forme spéciale.

Des quatre textes répandus dans le volume de 1862, aucun n'est complet; en outre, le n° 123, page 109, est fruste. Le n° 125, seul, page 185, me paraît comporter un examen particulier. J'en ai reçu, par les soins de M. J. Roger, un très bel estampage, qui prouve avec quelle correction l'inscription avait été gravée, et fait vivement regretter la disparition d'une partie de cette inscription. Je donne une copie du fragment au no 2 de la planche 1.

Un des détails qui communiquent de l'intérêt à ce fragment, c'est le point qu'il porte dans la colonne de gauche. Je me suis expressément occupé, dans mon précédent travail, d'un point analogue. Il m'a paru, en plusieurs cas signaler un mot d'usage commun, soit substantif, soit verbe, applicable toutefois à la destination funéraire des monuments. Je suis porté à penser qu'il remplit ici le même rôle. En effet, il vient, en comptant de bas en haut, après un groupe de quatre lettres, dont la dernière est un Yen ou N, désinence possible du participe ou de la troisième personne plurielle du prétérit. On peut conjecturer que les trois lettres précédentes constituent la ra

dans les Annales des Voyages, cahier d'avril prochain, ainsi que plusieurs autres composant une nouvelle et très-intéressante série.

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