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et se retire à El-Manâ, petite forteresse des monts Aurès. L'année suivante, 1845, au mois de mai, ses menées dans l'Aurès nécessitent une nouvelle expédition commandée par le général Bedeau. A la première rencontre avec nos troupes, ses gens lâchent pied et il s'en revient seul, avec son goum, à El-Manâ, qu'il quitte bientôt après pour aller définitivement se fixer à Hamar-Khedou.

C'est là que, dans le commencement de l'année 1848, des pourparlers s'ouvrirent entre le commandant de Biskra et lui, au sujet de sa reddition à la France. Après bien des hésitations, il céda, et au mois de juin suivant, il remettait son épée aux mains de M. le commandant de SaintGermain. Quelques jours après, il revoyait, non sans une profonde émotion, son ancienne capitale, où il recevait encore pour une dernière fois, de la part des habitants, ces mêmes témoignages de respect et de crainte qu'ils lui avaient prodigués jadis, au temps de sa souveraine grandeur.

Après trois jours passés à Constantine, il fut dirigé sur Philippeville et embarqué sur un bateau de l'État, qui le transporta à Alger, où le gouvernement lui fit une pension de 12,000 francs et où il vécut dans la retraite, jusqu'à sa mort qui arriva le 30 août 1850. Son corps fut inhumé dans la mosquée de Sidi Abd-er-Rahman, audessus du jardin Marengo. Il avait, quand il mourut, environ soixante-trois ans.

Avec lui s'éteignit le dernier bey de Constantine, qui fut aussi le dernier représentant de la domination turque en Algérie.

Nous terminerons par la liste des beys qui ont gou

verné Constantine pendant la troisième et dernière période de notre histoire.

Hossein-Bey Ben-Bou-Ilanek, 1207 - 1er septembre

1792.

Moustafa-el-Ouznadji, 1209 février 1795.

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Abdallah Bey, 1219 novembre 1804.
Hosseïn Bey, 1221 décembre 1806.
Ali Bey, 1222 - août 1807.
Ahmed-Chaouche-el-Kebaïli, 1223

septembre 1808.

Ahmed-Tobbal Bey, 1223 octobre 1808.
Naman Bey, 1226 février 1811.

Mhammed-Tchakeur Bey, 1229 mars 1814.
Kara-Moustafa Bey, 1233 janvier 1818.

Ahmed Bey El-Mamelouk, 1233 - février 1818.
Mhammed Bey El-Mili, 1233 — fin août 1818.
Braham Bey El-Rarbi, 1234 juillet 1819.
Ahmed Bey El-Mamelouk, 2e fois, 1235 — août 1820.
Ahmed Bey El-Greïteli, 1237 — juillet 1822.

Mhammed Bey Manamanni, 1240 décembre 1824. El-Hadj Ahmed Bey, 1242 fin août 1826.

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LES TOMBEAUX MÉGALYTHIQUES

DES MADID

Par M. le Capitaine DE BOYSSON.

Les tombeaux mégalythiques des Mâdid portent, dans le pays, le nom de Tombeaux des Beni-Sfao. La légende raconte ainsi leur origine:

En ces lieux vivait jadis une tribu, dans laquelle l'inceste était devenu la règle de presque tous les mariages. Dieu voulut punir ces hommes pervers, et jeta sur eux une pluie de rochers, qui fit périr beaucoup d'habitants; les autres construisirent, avec ces matériaux venus du ciel, les monuments que nous prenons pour des tombeaux, et continuèrent à mener le même genre de vie.

> Dieu, dans sa colère, jura de les exterminer, et, pendant la nuit, fit tomber sur le pays une grande pluie de sable, qui intercepta l'air entre les pierres des constructions, et fit mourir toute la tribu. »

Les Beni-Sfao étaient, suivant la légende, des hommes extrêmement petits; mais, il nous a été permis de voir que, du moins sur cette particularité, les récits des Mâdid étaient fort erronés.

On désigne bien souvent aussi dans le pays ces mêmes tombeaux sous un autre nom, celui de Bou-Djouhala, c'est-à-dire le Père des Idolâtres; et quand on demande. des explications sur ce mot, les gens des environs disent toujours que ces idolâtres étaient des Roumi.

Ce serait donc, suivant eux, après la conquête romaine que ces tombeaux auraient été construits. Le mot de Djouhala, qui sert à les désigner, est exactement le même que celui qui est donné à la nécropole de Ras-el-Aïn-bouMerzoug, explorée en 1863, par M. l'interprète Féraud, et, sur la route de Jemmapes à Guelma, aux tombeaux de Roknia, explorés l'année dernière par M. le Général Faidherbe. 857

C'est là un premier point de contact entre nos monuments mégalythiques et les précédents; et si la disposition des pierres peut tout d'abord nous paraître bien différente, cela tient surtout, d'après nous, à la nature des matériaux trouvés dans les deux pays.

La même analogie nous parait exister encore entre les tombeaux des Mâdid et ceux de l'Ouennougha, malgré les dimensions plus considérables qu'on donnait généralement à ceux-ci.

A Roknia, la nature du sol ne fournissait que de gros blocs de pierres informes, et les tombeaux sont faits avec ces pierres fixées verticalement sur le sol. Elles sont ensuite recouvertes par une pierre beaucoup plus grande, qui porte sur le sommet des autres.

Dans l'Ouennougha, l'on trouvait de petits blocs de pierres taillées comme avec le ciseau; l'on rassemblait ces matériaux les uns sur les autres en formant une sorte de tronc de cône extrêmement évasé, et l'on ménageait au centre, une chambre rectangulaire.

Chez les Madid, les tombeaux sont tous dressés sur le versant occidental d'une colline qui sert de contrefort au Djebel Madid, et vient s'éteindre au nord du Hodna.

La pente est très rapide, et sous le sol on trouve, à peu

de profondeur, de larges dalles de grès blanc d'une épaisseur assez régulière, variant entre 10 et 20 centimètres. Avec les dalles les plus petites, on construisait les murs des tombeaux, et les plus larges servaient à recouvrir les

monuments.

La pente étant très forte, le mur avait très-peu de hauteur, 0m15 à 0m20 à peine, vers la partie supérieure; et l'on donnait une hauteur telle, que la dalle servant de toiture fut toujours dans une position horizontale. Cette hauteur variait entre 1m50 et 2m environ. Le monument était parfaitement cylindrique à l'extérieur, et avait un diamètre de 6 mètres environ; la dalle qui le recouvrait était donc très large, plusieurs avaient des dimensions assez grandes pour qu'il eût été possible de tracer sur leur surface une circonférence de 5 mètres de diamètre ; ce qui indiquerait à peu près un poids de quatre quin

taux.

A l'intérieur, se trouve une chambre rectangulaire de 1m80 de large sur 2m de long; la profondeur au-dessous de la dalle est très variable. Cette chambre était sans doute jadis close de tous les côtés; mais nous n'avons trouvé que trois ou quatre tombeaux ainsi fermés; tous les autres. présentent une ouverture fort irrégulière, faite, d'après, nous, par les voyageurs, qui venaient chercher un abri sous la dalle. Et pour agrandir ce lugubre domicile, ils fouillaient le sol et rejetaient la terre au-dehors. C'est ainsi que plusieurs de ces tombeaux ne présentent plus sous leurs pierres que le rocher lui-même, recouvert de cendre ou de paille. C'est cette même raison qui ne nous a pas permis d'apprécier la hauteur des chambres tumulaires.

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