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bats qu'ils parvinrent à refouler, à resserrer ou à s'assimiler ces populations.

Les Oulad Daoud, peuplade éminemment nomade, durent se retirer devant eux; une partie regagna les montagnes de l'Aurès dont ils étaient originaires; les autres reculèrent peu à peu jusqu'au Kherareb Sellaoua, où ils établirent leur campement définitif, et d'où ils inquiétèrent souvent, par la suite, les envahisseurs de leur pays. Les Oulad bou Afia furent contraints, à leur tour, de céder devant le nombre croissant des émigrants, et ils se retirèrent vers l'est, aux environs de Tiffach, où ils habitent encore aujourd'hui, soit dans le cercle de SoukAhras, soit dans celui de Guelma.

Les Oulad Delim, établis dans la zône qui forme aujourd'hui l'azel Delimia, restèrent quelque temps en paix avec leurs turbulents voisins, auxquels leur petit nombre ne portait pas ombrage; ils n'ont quitté le territoire de la tribu qu'au milieu du siècle dernier, pour aller labourer aux environs de Bône; leur fraction ne comptait. plus alors que six tentes.

Les Oulad Yahia ben Idir et les Guerfa se maintinrent plus longtemps que les autres populations expulsées, en raison de leur nombre et des secours qu'ils tiraient parfois des Haracta. Ils furent cependant refoulés aussi, et gagnèrent la partie orientale de la province, où ils s'établirent définitivement.

Les autres tribus autochtones ou nomades que les Amer trouvèrent en jouissance du sol, furent peu à peu annexées aux principales familles de la tribu setifienne; elles ont perdu le souvenir de leur origine.

Les familles qui ont été la souche de plusieurs des

sous-fractions actuelles des Amer Cheraga, sont: les Oulad Abd en-Nebi, les Oulad Chergui, les Oulad Soultan (qui se divisèrent en Oulad Soultan Mehéris du nom de la rivière qui traverse le pays, et Oulad Soultan Seraouïa, du nom des plateaux qu'ils cultivaient); les Oulad Djilila, les Oulad Nacer, les Oulad Ouar et les Oulad Embarek; les Oulad Bechebtia s'allièrent bientôt aux tribus de l'Oued Zenati, et accueillirent de nombreux indigènes de cette région, ce qui les fait considérer par leurs frères comme originaires de ce pays.

Ainsi s'établirent dès l'origine, pour se perpétuer jusqu'à nos jours, ces relations constantes entre les Amer Cheraga, habitant un pays éminemment et presque exclusivement propre à la culture des céréales, et les gens de l'Oued Zenati, chez qui les premiers trouvaient, en échange de leurs grains, du bois et des pâturages.

LES BEHIRA TOUILA

Cette tribu, ainsi que son nom arabe l'indique (Behira Touila, la longue plaine), occupe un vaste plateau qui s'étend des confins des Segnïa jusqu'à la limite des tribus des Haracta et des Kherareb, et dont la superficie est d'environ 17,000 hectares de très bonne terre, occupée par une population de 4,000 habitants, divisés en quatre fractions dont nous indiquerons les noms et l'origine.

Dans cette tribu, que traverse la route de Constantine

å Aïn Beïda, on trouve quelques puits ou fontaines, la plupart auprès de ruines romaines, tels que:

Biar el-Eugla, Biar el-Mordja, Henchir ben Dér'ar, Henchir Amar, Henchir el-Ksar, Henchir Oulad Abbas, Bir er-Raïn, Aïn el-Bordj, Aïn Sefah, etc.

Les habitants de Behîra Touïla n'ont d'autre histoire que celle qui remonte à leur origine, à laquelle se rattachent les causes qui les amenèrent dans la contrée où ils sont établis aujourd'hui. Leurs quatre fractions sont:

1o Les Oulad Dreïd, originaires de la grande tribu des Dreïd tunisiens. Il y a un peu plus d'un siècle, une discussion s'éleva entre les Dreïd Djouïn et les Dreïd Badia, à l'occasion de la nomination du cheikh. Ces derniers se séparèrent de leurs frères, pénétrèrent sur le territoire algérien et campèrent autour d'Aïn Khiouti, dans le djebel el-Ouach, près de Constantine. Salah Bey plaça les émigrants sur les terres, alors disponibles, de Behira Touïla ; mais, au moment où cette nouvelle installation définitive se régularisait, deux fractions des Dreïd se séparèrent du noyau principal; l'une d'elles se dirigea du côté de Bône, où on les retrouve encore aujourd'hui, et l'autre vers le Sahara.

20 et 3o Les fractions des Oulad Aziz et Oulad Mahouch sont originaires de l'Aurès. A la suite d'une querelle survenue entre les habitants du village de Menâ, dans l'Aurès, et leurs voisins, les Oulad Zian, deux frères, Aziz et Mahouch, furent forcés de s'expatrier. Suivis de leurs familles, ils descendirent dans la plaine de Behira Touïla, se placèrent sous la protection des beys, et s'établirent définitivement sur le territoire que leurs descendants occupent

encore.

4o La fraction des Eulma provient d'un groupe d'individus de la grande tribu de ce nom qui habite les plaines des environs de Setif, auxquels les beys donnèrent des terres à Behîra Touïla.

Au moment où ces quatre fractions, sous le nom collectif d'habitants de Behira Touïla, eurent pris possession de leur nouveau territoire, les Haracta, que ce voisinage allait priver d'une certaine étendue de terres de parcours, essayèrent de les expulser. La lutte fut assez énergique, et l'intérêt commun cimenta le lien d'union entre les quatre nouvelles fractions, dont la diversité d'origine berbère et arabe aurait pu être une cause de mésintelligence.

Les habitants de Behîra Touïla, protégés par les beys, étaient en quelque sorte les pasteurs du gouvernement. C'est à eux que l'on confiait la garde des troupeaux de chameaux, de moutons et de bœufs du beylik. A ce titre, l'impôt qu'ils avaient à payer était presque nul, et lorsque les tribus makhzen prenaient les armes, ils fournissaient aussi leur contingent de cavaliers. Après la prise de Constantine, ils restèrent fidèles au dernier bey el-Hadj Ahmed et le suivirent aux Haracta; mais celui-ci, étant forcé par le mouvement de nos colonnes, de s'éloigner vers le Sud, ils jugèrent prudent de se soumettre à la France et de rentrer sur leur territoire.

LES ZEMOUL

I

Lorsque le voyageur, se rendant de Constantine à Batna, a traversé la riche vallée du Bou Merzoug et arrive à la hauteur du 50 kilomètre de la route, il aperçoit, devant lui, une vaste plaine encadrée par deux montagnes. C'est le territoire de l'ancienne tribu makhzen des Zemoul, situé entre le djebel Guerioun et une autre montagne dont le point culminant, à cause de sa forme particulière, est appelée par les indigènes le Nif en-Necer, le nez ou le bec de l'aigle.

La tradition locale prétend que les deux montagnes étaient autrefois en guerre et ne cessaient de se tirer des coups de canon. Dieu, pour mettre fin à cette lutte, envoya du Sahara une autre montagne, nommée Sidi Halilif, qui vint se placer entre les combattants et les força ainsi à vivre en paix. La preuve que la montagne de Sidi Halilif vient du Sahara, disent les tolba du pays, c'est qu'à son sommet on trouve du der'mous, plante qui ne croit que dans cette contrée.

On raconte aussi qu'au sommet du Nif en-Necer existe une caverne avec une source, où s'étaient jadis établis cinquante tolba qui passaient leur existence à lire le Koran. Un soldat turc, qui avait commis une faute, alla leur demander asile. Le bey, ayant cu connaissance de l'endroit où s'était retiré le transfuge, envoya un détachement de troupes pour s'en saisir. A son approche,

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