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ment à l'articulation arabe. C'est ainsi qu'un Français prononcera toujours les mots Amin, Mengoub, Hassein, comme s'ils étaient écrits: Amain, Maingoub, Hassain.

En présence de ces difficultés, je n'ai pas adopté de système absolu, ne souffrant pas d'exception, m'efforçant au contraire, même aux dépens de l'orthographe arabe, de retrancher toute lettre inutile et de rendre, sous sa forme la plus simple pour des Français, les sons, tels qu'ils frappent notre oreille en Algérie. N'oublions pas, en effet, qu'il s'agit des hommes et des choses de ce pays, et non de ceux d'Egypte, de Damas ou de Djedda. Quiconque a entendu prononcer ici le nom sme, ne s'avisera jamais de le transcrire par Masoud, ainsi que l'exigeraient nos professeurs, mais bien par Meçaoud. Il en est de même de New, qui vient de la même racine. La meilleure reproduction consistera à le rendre par Saad, en ajoutant un a, et non par Sad, quels que soient les signes dont on affectera ce seul a.

J'ajouterai souvent un e muet aux noms terminés par in, ein, an, on, et j'écrirai Slimane au lieu de Souleiman (ou Soliman), Houcéïne, Yar'moracene, etc.

Quant aux articulations qui manquent dans notre langue, voici comment je les rendrai :

Le, par th, t ou ts.

Le , par un h; ce qui, du reste, ne reproduit nullement la prononciation de cette consonne forte, et comme je ne figurerai jamais les par un h, le lecteur saura qu'il doit toujours s'efforcer de prononcer cette lettre par une expiration s'appuyant sur la voyelle suivante. Leż, par le kh, groupe bizarre encore plus imparfait T'h seul pour la précédente lettre.

que

Le

رع

généralement par un a lié à une des voyelles a, i, o, quelquefois par une de ces lettres seules ou par la diphthongue eu ou par l'ë. Cette lettre, dont la prononciation est impossible à reproduire en français, conserve presque toujours, dans la pratique, un premier son rapprochant de l'a et provenant de la contraction du gosier; ce son s'appuie ensuite sur la voyelle dont cette consonne, car c'en est une, est affectée. C'est pour

quoi j'écrirai Chiaïte au lieu de Chiite, Saad au lieu de Sad, etc.

Le ¿, généralement par un r'. Si tout le monde grasseyait l'r, il n'y aurait pas de meilleure manière de rendre cette lettre arabe; malheureusement, il y a en arabe I'r non grasseyé, et il faut bien les différencier. Dans le cas où ces deux lettres se rencontrent, la prononciation de chacune s'accentue en sens inverse, et alors je rends le & par un g'. Exemples: Magreb, Berg'ouata.

Le, par un k, comme dans Kassem, ou par un g, comme dans Gabès. Cette lettre possède encore une intonation gutturale que l'on ne peut figurer en francais.

Les, par un h. Quant au & (ta lié), dont la prononciation est celle de notre syllabe muette at dans contrat, je le rends par un simple a et j'écris : Louata, Djerba, Médéa.

Je ne parle que pour mémoire des lettres b, b, jei jo dont il est impossible de reproduire, en français, le son emphatique, et je les rends simplement par t, d, s, d.

INTRODUCTION

DESCRIPTION PHYSIQUE ET GÉOGRAPHIQUE
DE L'AFRIQUE SEPTENTRIONALE

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DESCRIPTION ET LIMITES'. Le pays dont nous allons. retracer l'histoire est la partie du continent africain qui s'étend depuis la limite occidentale de l'Egypte jusqu'à l'Océan Atlantique, et depuis la rive méridionale de la Méditerranée jusqu'au Soudan. Cette vaste contrée est désignée généralement sous le nom d'Afrique septentrionale, sans y comprendre l'Egypte, qui a, pour ainsi dire, une situation à part. Les Grecs l'ont appelée Libye; les Romains ont donné le nom d'Afrique à la Tunisie actuelle, et ce vocable s'est étendu à tout le continent. Les Arabes ont appliqué à cette région la dénomination de Mag'reb, c'est-à-dire Occident, par rapport à leur pays. Nous emploierons successivement ces appellations, auxquelles nous ajouterons celle de Berbérie, ou pays des Berbères.

Nous avons indiqué les grandes limites de l'Afrique septentrionale. Sa situation géographique est comprise entre les 24° et 37° de latitude nord et les 25° de longitude orientale et 19° de longitude occidentale; ainsi le méridien de Paris, qui passe à quelques lieues à l'ouest d'Alger, en marque à peu près le centre.

Les côtes de l'Afrique septentrionale se projettent d'une façon irrégulière, sur la Méditerranée. Du 31° de latitude, en partant de l'Egypte, elles atteignent, au

1. Suivre sur la carte de l'Afrique septentriouale au xve siècle (vol II).

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sommet de la Cyrénaïque, le 33°, puis s'infléchissent brusquement, au fond de la grande Syrte, jusqu'au 30°.

De là, la côte se prolonge assez régulièrement, en s'élevant vers le nord-ouest jusqu'au fond de la petite Syrte (34). Puis elle s'élève perpendiculairement au nord et dépasse, au sommet de la Tunisie, le 37°. Elle suit alors une direction ouest-sud-ouest assez régulière, en s'abaissant jusqu'à la limite de la province d'Oran, pour, de là, se relever encore et atteindre le 36°, au détroit de Gibraltar.

Le littoral de l'Océan se prolonge au sud-sud-ouest, en s'abaissant du 8° de longitude occidentale jusqu'au

19°.

La partie septentrionale de la Berbérie se rapproche en deux endroits de l'Europe. C'est, au nord-est de la Tunisie, la Sicile, distante de cent cinquante kilomètres environ, et, à l'ouest, l'Espagne, séparée de la pointe du Mag'reb par le détroit de Gibraltar. Cette partie de l'Afrique offre, du reste, beaucoup d'analogie avec les dites régions européennes, tant sous le rapport de l'aspect et des productions que sous celui du climat.

Les écarts considérables de latitude que nous avons signalés en décrivant les côtes influent sur les conditions physiques et climatériques; aussi le littoral des Syrtes diffère-t-il sensiblement de la région occidentale.

OROGRAPHIE. La région comprise entre la petite Syrte et l'Océan est couverte d'un réseau montagneux se reliant au grand Atlas marocain, qui pénètre dans le sud jusqu'au 30° et dont les plus hauts sommets atteignent 3,500 mètres d'altitude. Toute cette contrée montagneuse jouit d'un climat tempéré et d'une fertilité. proverbiale. Les indigènes, peut-être d'après les Romains, lui ont donné le nom de Tel. Ce Tel, en Algérie et en Tunisie, ne dépasse guère, au midi, le 35o de latitude.

Dans la partie moyenne de la Barbarie, c'est-à-dire ce qui forme actuellement l'Afrique française, la région telienne aboutit au sud à une ligne de hauts plateaux,

dont l'altitude varie entre 600 et 1,200 mètres. Le DjebelAmour en marque le sommet; au delà, le pays s'abaisse graduellement vers le sud et rapidement vers l'est, ce qui donne lieu, dans cette dernière direction, à une série de bas-fonds reliés par des cours d'eau aboutissant aux lacs Melr'ir et du Djerid, près du golfe de la petite Syrte. Cette ligne de bas-fonds est parsemée d'oasis produisant le palmier; c'est la région dactylifère.

Des montagnes dont nous venons de parler descendent des cours d'eau, au nord dans la Méditerranée, à l'ouest dans l'Océan. Ceux du versant nord sont généralement peu importants, en raison du peu d'étendue de leur cours ce sont des torrents en hiver, presque à sec en été. Les rivières du versant océanien, venant de montagnes plus élevées et ayant un cours moins bref, ont en général une importance plus grande.

Au delà des hauts plateaux et de la première ligne des oasis, s'étend le grand désert ou Sahara jusqu'au Soudan. C'est une vaste contrée généralement aride, entrecoupée de chaines montagneuses, de vallées, de plateaux desséchés et pierreux et de dunes de sable. Des régions d'oasis s'y rencontrent. Le tout est traversé par des dépressions formant vallées, dont les unes s'abaissent vers le Soudan et les autres se dirigent vers le nord pour rejoindre les lacs Melr'ir et du Djerid. Les vallées, les oasis et certaines parties montagneuses sont seules habitées.

Dans la Tripolitaine, la région telienne est moins élevée et a moins de profondeur; en un mot, le désert est plus près. Cependant, derrière Tripoli se trouve un massif montagneux assez étendu, donnant accès au Hammada (plateau) tripolitain.

Le littoral de la Cyrénaïque est bordé de collines qui forment les pentes d'un plateau semblable à celui de Tripoli, mais moins étendu. Quelques oasis se trouvent au sud de ce plateau. Au delà commence le grand désert de Libye.

T. I.

b

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