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importation incessante d'or et d'argent en lingots, en lames et en fils dans tous les États du Magreb, soit pour les travaux de bijouterie, soit pour les hôtels des monnaies établis à Maroc, Tunis, Bougie et Tripoli. Les rois d'Afrique accordaient une remise de moitié du droit ordinaire de dix pour cent sur ces objets, et la franchise entière quand les métaux étaient achetés pour leur propre usage ou pour les hôtels des monnaies. Les seigneurs indépendants de Tripoli ont autorisé quelquefois la fabrication à leurs hôtels des monnaies d'espèces arabes au compte de maisons chrétiennes.

6. Bijoux.

Pierres précieuses, rubis et balais, émeraudes, turquoises, perles et bijoux divers, montés ou non montés. Cette catégorie comprenait certainement, avec les verroteries de Venise, les coraux travaillés et sertis qu'on réexportait en Barbarie.

7. Quincaillerie et mercerie.

Fils de fer et fils de laiton, objets divers en fil de laiton, cottes de mailles, trompettes, outils en fer et acier, chandeliers et bassins en cuivre, et autres articles de quincaillerie, généralement dits articles de Milan. Fils d'or.

8. Laque vernis et mastic.

Grande importation de laques de toutes sortes dans le Magreb, dès le douzième siècle et jusqu'au seizième. Le mastic est cité comme article d'importation dans les documents de Pise et de Gênes. Pegolotti est à consulter sur les qualités requises dans les différentes laques et sur l'étendue du commerce de ces matières au moyen âge.

1. Tissus de coton.

9. Tissus et draps.

2. Tissus de lin et de chanvre. Toiles fines et toiles grossières. Toiles de Bourgogne. Toiles dites de fondouc ou d'entrepôt.

3. Tissus de laine. Étoffes légères et draps. Futaines blanches et noires. Camelots. Estanfort d'Arras. Canevas.

4. Draps d'Arras. Draps blancs de Perpignan. Draps rouges de Languedoc. Draps de Châlons, de Douai et de Saint-Quentin. Drap dit vintain. Draps rayés, dits biffes de Paris. Draps de Florence. Spiga, drap commun fabriqué en Italie. Draps d'Angleterre fins et grossiers, tondus et non tondus. Draps étroits, appelés en Italie ses et sventoni. Bérets et bonnets.

5. Tissus de soie. Draps d'or et brocarts, avec ou sans duvet. Draps de soie, damas, taffetas cramoisis, satins, velours divers, velours écarlate. Étoffes de soie fabriquées dans les Cévennes.

10. Matières textiles.

Lin. Fil de Bourgogne. Quelques soies. Des cotons filés. Or et argent filės.

11. Substances tinctoriales.

1. Teintures minérales. Cinabre, orpiment ou arsenic jaune. 2. Teintures végétales. Guède ou pastel, indigo, safran.

12. Substances servant à la teinture ou au blanchiment.

Alun. Céruse. Soufre, très employé au Magreb pour le blanchiment des toiles.

13. Céréales.

Orge, froment et fèves de Catalogne, du Roussillon, du

bas Languedoc et des îles Baléares, dans les royaumes de Tunis et de Bougie. Dès le douzième siècle, et moyennant un léger tribut, les rois de Tunis s'étaient réservé la faculté d'exporter en franchise les blés de Sicile dans leurs États.

14. Épiceries.

Poivre, noix muscades, manne, girofle et bois de girofle, rhubarbe, gingembre, cannelle et toutes épiceries en général. Elles parvenaient en Barbarie par trois voies différentes : 1o par les navires chrétiens venant des ports d'Europe où se trouvaient de grands entrepôts d'épiceries des Indes; c'était, sans aucun doute, la moins abondante; 2° par les navires chrétiens et arabes faisant le commerce direct d'Égypte en Barbarie; 3o enfin par les caravanes, exclusivement musulmanes, qui chaque année se rendaient du Magreb en Égypte et revenaient dans l'ouest, en traversant les royaumes de Maroc, de Tlemcen, Tunis et Tripoli.

15. Parfums:

Musc, benjoin, civette, bois d'aloès, ambre parfumé, tigname, plantes et substances odorantes en général.

16. Substances médicinales.

Gomme, borax, storax, camphre, laudanum, aloès, tartre, safran.

17. Vin.

Transport continuel, et qui paraît avoir été considérable, de vins de France, de vins d'Espagne et de vins de Grèce dans tous les royaumes du Magreb, où la vente s'en faisait publiquement. Non seulement les bazars et les fondoucs chrétiens

renfermaient souvent une ou plusieurs boutiques appropriées à la vente du vin en gros et en détail, mais il existait dans plusieurs villes, à Tunis et à Bougie notamment, un magasin ou entrepôt général appelé le fondouc du vin, dans lequel la vente avait lieu avec la permission du roi et sous la surveillance de ses agents ou des marchands auxquels il en affermait le droit. Les notaires instrumentaient quelquefois dans ce lieu, que les chartes désignent sous le nom de domus gabelle vini. La ferme était mise aux enchères et paraît avoir été une source de revenus assez considérables. Vers 1300, un noble vénitien, Marc Caroso, l'avait obtenue du roi de Tunis, pour un an, au prix de 34,000 besants, somme qui pouvait répondre au moins à 70,000 francs. Un Pisan l'acheta après lui. Le fermier, qui avait intérêt à centraliser le débit à son entrepôt, payait une indemnité mensuelle de 50 besants au consul vénitien pour qu'on ne vendît pas du vin dans le fondouc de la nation à Tunis.

Par suite d'arrangements particuliers concernant soit le règlement d'indemnités dues pour dommages commerciaux, soit la solde des milices auxiliaires, les émirs déléguèrent quelquefois et temporairement aux rois chrétiens tout ou partie des revenus de la gabelle du vin. En 1323, le roi d'Aragon obtint, au moins momentanément, la franchise presque entière des vins importés dans les royaumes de Tunis et de Bougie; pour tout droit, la douane dut se borner à retenir une jarre sur un transport excédant cent jarres de vin.

L'usage et le débit du vin étaient choses si communes en Afrique, qu'on avait coutume de donner en certaines circonstances aux portefaix arabes et autres gens de service, en sus de leur salaire, une gratification supplémentaire appelée le vin, expression et rémunération répondant au bakchich des Orientaux, à la mancia des Italiens et à notre pourboire. Les rois de Tunis envoyaient souvent aux ambassadeurs, à leur arrivée, des fruits, des confitures et du vin.

La plus grande partie de ces vins importés en Afrique était sans doute destinée aux chrétiens habitant le pays, aux marchands et aux agents ou employés des fondoucs et des consulats, aux troupes des milices chrétiennes et peut-être aux prisonniers chrétiens; mais il paraît incontestable qu'une partie était directement et ostensiblement vendue aux musulmans eux-mêmes. Nous voyons dans le chapitre des statuts de la ville de Marseille de l'an 1228, relatif aux vins de France exportés par Marseille à Ceuta, Oran, Bougie, Tunis et autres villes de Barbarie, où ils se vendaient en gros et en détail, qu'il y avait des magasins et des débits dans lesquels il était permis de vendre du vin aux Sarrasins, et d'autres affectés seulement à la vente aux chrétiens et non aux Sarrasins: Ad vinum ibidem vendendum Saracenis; ad vinum vendendum christianis tantum et non Saracenis. Les Almoravides ont été accusés par les Almohades d'avoir toléré parmi eux l'usage du vin. La date du statut de Marseille montre que les Almohades auraient encouru eux-mêmes le reproche qu'ils adressaient à leurs prédécesseurs pour décrier leur doctrine et leur autorité.

18. Navires.

Les sultans exemptaient la vente des navires et des barques opérée dans leurs ports, à des chrétiens ou à des musulmans alliés, de tous tarifs. Le droit de 10 pour 100 n'était prélevé que lorsque la vente avait lieu à des chrétiens ou à des Arabes n'ayant pas des traités avec les Maugrebins. Venise et Gênes, qui possédaient de grands chantiers de construction, durent à ces dispositions de vendre beaucoup de navires et d'agrès maritimes sur toute la côte d'Afrique. L'Église, en prohibant expressément et d'une manière permanente ce commerce avec les Arabes de Syrie et d'Égypte, ne l'interdit avec l'Afrique occidentale qu'aux époques très rares dans lesquelles les sultans de Tunis ou de Maroc, qui ne soutinrent pas

la

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