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(1349), lors de la mort de ce fonctionnaire, le sultan porta ses regards vers les frontières de son empire et plaça la ville de Bougie sous le commandement de son fils, l'émir Abou-Zékérïa, auquel il donna Ibn-el-Caloun pour chambellan. Ayant ainsi pourvu à la sûreté de cette forteresse, il nomma un autre de ses fils, l'émir Abou-Abd-Allah, au gouvernement de Constantine et lui adjoignit Ahmed-Ibn-Yacîn [en qualité de ministre]. Les deux frères quittèrent Tunis en l'an 720, et chacun d'eux alla s'établir dans le siége de son commandement. Quelque temps après, Dafer-el-Kebir revint du Maghreb et fut désigné par le sultan comme chambellan du prince de Constantine. Il remplit les fonctions de cette place jusqu'à l'an 727, quand il fut tué auprès de Temzezdekt, ainsi que nous l'avons dit 1. Le secrétaire Abou-'l-Cacem-Ibn-Abd-el-Azîz, partit de Tunis pour le remplacer, mais, au bout d'une quarantaine de jours, il revint à la capitale. Le sultan confia alors cette charge à Ibn-Séïd-en-Nas, en l'autorisant de conserver la place de chambellan qu'il remplissait à Bougie et de se faire représenter à Constantine par l'affranchi Hilal, qui venait d'abandonner le service du général abdel-ouadite Mouça-1bn-Ali. Hilal fut renvoyé par l'émir AbouAbd-Allah après la chute d'Ibn-Séïd-en-Nas: son maître, qui était alors parvenu à l'âge viril, ayant voulu diriger par lui-même l'administration de la province. Le sultan donna son approbation à ce changement et, dès-lors, il prit l'habitude de consulter son fils sur ses propres affaires et de l'admettre àt des entretiens secrets. Vers cette époque, il envoya à Constantine un affranchi d'origine chrétienne nommé Nebîl.

En l'an 734 (1333-4), Dafer-es-Sinan fut appelé de Tunis par Abou-Abd-Allah pour prendre la direction des affaires civiles et militaires, mais, à l'expiration de dix-huit mois, il rentra dans la capitale après avoir remis à Nebîl la place de chambellan. Yaïch, ancien serviteur de la famille royale, fut ensuite envoyé à Constantine pour commander les troupes et défendre le territoire de la province; partageant ainsi avec Nebil les divers services de

* Voy. tome 11, page 465.

l'administration et les honneurs qui y étaient attachés. Depuis lors, rien ne changea dans la position de l'émir qui, de jour en jour, se distinguait davantage par ces occupations auxquelles doit se livrer tout prince qui désire cultiver ses talents et se rendre digne du commandement. Il termina sa carrière prématurément, avant d'avoir atteint la haute position qui lui semblait être réservée la mort vint le surprendre vers la fin de l'an 737 (juin-juillet 1337). Son fils aîné, Abou-Zeid-Abd-er-Rahman, prit alors le commandement, et le sultan y donna son approbation par un diplôme; mais, prenant en considération l'extrême jeunesse de ce prince, il lui imposa l'affranchi Nebil comme guide et tuteur.

MORT DE HAMZA-IBN-OMAR. -- SES FILS MARCHENT CONTRE LA CAPITALE. -LEUR DÉFAITE ET MORT DE LEUR VIZIR MOEZZ.

Par la conquête de la ville et du royaume de Tlemcen, le sultan mérinide, Abou-'l-Hacen, brisa la puissance de la dynastie zîanide, réduisit sous son autorité tous les peuples zenatiens et rassembla leurs nombreux guerriers autour de ses drapeaux. Les tribus voisines lui offrirent leur soumission; tous les cœurs s'humilièrent devant lui, et Hamza-Ibn-Omar vint l'engager à marcher contre l'Ifrikïa. Aux représentations tout-à-fait semblables à celles qu'il avait si souvent adressées à Abou-Tachefîn, le sultan répondit d'un ton sévère, lui ordonnant de mettre un terme à ses débordements et de renoncer aux hostilités contre le souverain de Tunis. Il lai offrit même d'intercéder en sa faveur auprès de ce prince et de lui applanir les voies de la réconciliation. Hamza écouta ce conseil et, profitant de la médiation du sultan, qui voulut bien répondre de sa sincérité, il sollicita la clémence du souverain hafside. Ayant alors promis une soumission sans bornes et pris l'engagement d'étouffer l'esprit d'insubordination qui travaillait les Arabes, il se procura nonseulement un bon accueil auprès du prince qu'il avait tant offensé, mais aussi un riche cadeau destiné à l'entretenir dans les senti

ments de fidélité et de dévouement dont il venait de donner l'assurance. Depuis ce moment, il servit le sultan avec un zèle et une sincérité parfaits et prêta un actif concours au général Mohammed-Ibn-el-Hakim, ce foudre de guerre qui avait entrepris de soumettre l'Ifrîkia, de rétablir l'ordre dans les provinces et d'extirper les dernières semences de rebellion. Ce fonctionnaire avait alors l'ordre de faire payer l'impôt à toutes les tribus nomades qui parcouraient le pays, d'obtenir la soumission des bandes insurgées qui hantaient encore les frontières de l'empire et de les forcer à discontinuer leur habitude de percevoir l'impôt au hom du gouvernement.

Dans l'exécution de cette tâche, il déploya une bravoure qui asssura la tranquillité des provinces et humilia l'orgueil de certains chefs qui, établis dans les régions lointaines, avaient cru pouvoir se maintenir indépendants; enfin, il releva l'autorité du gouvernement hafside et fit disparaître jusqu'aux derniers vestiges de la révolte. En l'an 739 (1338-9), il enleva El-Mehdïa à Ibn-Abd-el-Ghaffar, natif de Raghîs, qui s'en était emparé; ensuite, il se rendit à Tebessa, fit arrêter Mohammed-IbnAbdoun, cheikh de cette ville et l'envoya prisonnier à El-Mehdïa. Après la chute d'Ibn-el-Hakîm, cet homme fut remis en liberté. Le général hafside mit ensuite le siége devant Touzer et força le gouverneur, Ibn-Yemloul, à faire sa soumission et à donner ses fils comme ôtages. Alors, il se présenta, à plusieurs reprises, devant Biskera, mais, chaque fois qu'il voulut en commencer le siége, il se laissa détourner de son projet par les assurances de Youçof-Ibn-Mansour-Ibn-Mozui, qui prétendait tenir cette ville en vertu d'une autorisation accordée par les prédécesseurs d'[Abou-Yahya-]Abou-Bekr et confirmée par ce sultan. Toutefois, il ne se retira jamais sans avoir reçu la totalité de l'impôt, et cependant, Ibn-Mozni était alors attaché au service du sultan Abou-'l-Hacen. Il fit aussi une expédition dans le Rîgha, s'empara de Tuggurt, capitale de cette région, et, après en avoir enlevé toutes les richesses, il pénétra dans l'Auras et prit d'assaut la plupart des forts qui servaient de refuge aux habitants de cette montagne. Ce fut ainsi que, de tous côtés, l'empire lança

sur les réfractaires l'orage de sa puissance et que les troupes du sultan parcoururent les diverses parties du pays.

Sur ces entrefaites, en l'an 742 (1344-2), Hamza-Ibn-Omar fut tué en guet-apens par Abou-Aun-Ibn-Abi-Ali, chef des Beni-'l-Kethîr, famille kaoubienne. Ses fils, dont l'aîné s'appelait Omar, prirent le commandement de la tribu et, comme ils soupçonnaient le gouvernement tunisien d'avoir suborné l'assassin, ils rassemblèrent leurs guerriers et obtinrent le secours de leurs anciens rivaux, les Beni-Mohelhel. Ibn-el-Hakim marcha contre eux à la tête des milices et des contingents zenatiens, mais il essuya une défaite et perdit plusieurs de ses principaux officiers. Par suite de cet échec, il se replia sur Tunis, et, pendant qu'il s'y tenait retranché, l'ennemi vint camper autour de la ville. Ceci se passa en l'an 742 (1341-2). Pendant sept jours consécutifs, les Arabes attaquèrent les troupes de l'empire; mais la discorde s'étant enfin mise dans leurs rangs, Taleb-Ibn-Mohelhel et sa tribu firent leur soumission et obligèrent ainsi les fils de Hamza à prendre la fuite avec leurs partisans. Dans le mois de Djomada (novembre) de la même année, le sultan sortit à leur poursuite, ayant sous ses ordres l'armée impériale, les contingents hoouarites et ses alliés arabes. Il atteiguit l'ennemi à Raccada, dans la plaine de Cairouan, lui tua beaucoup de monde et, vers la fin de Ramadan (commencement de mars 1342), ik rentra dans sa capitale.

Les fuyards prirent la route du Désert et, en passant auprès de Cafsa, ils invitèrent Abou-'l-Abbas, le prince royal qui y gouvernait alors, à se révolter contre son père, lui promettant de marcher sous ses ordres jusqu'à Tunis. Le prince entra en correspondance avec eux et traîna la négociation en longueur jusqu'à ce qu'il trouva l'occasion d'arrêter et de décapiter MoëzzIbn-Motaên, vizir de Hamza et principal fauteur de ces derniers désordres. Le sultan fit planter sur les murs de Tunis la tête de

Le texte arabe, tant de l'édition imprimée que des manuscrits, porte thelathin (trente), c'est-à-dire 730,

ee perturbateur et, en témoignage de la satisfaction que lui causa la conduite de son fils, il profita du retour de ce prince à la capitale pour le déclarer héritier du trône.

Ce fut vers la fin de cette année (mai-juin 1342) qu'on prêta le serment de fidélité à l'émir Abou-'l-Abbas, en sa nouvelle qualité; les grands de l'empire et le peuple se rassemblèrent devant le portique du palais pour entendre lire l'acte de cette nomination, puis, ils se séparèrent en faisant des vœux pour la prospérité du sultan.

La rude leçon que les fils de Hamza venaient de recevoir les décida à faire leur soumission.

MORT DU CHAMBELLAN IBN-ABD-EL-AZÎz.

ABOU-MOHAMMED-IBN-TAFRAGUîn.

IL EST REMPLACÉ PAR

CHUTE D'IBN-EL-HAKÎM.

Abou-l-Cacem-Ahmed-Ibn-Ismail-Ibn-Abd-el-Azîz-el-Ghas

sani , appartenait à une famille andalousienne qui s'était fixée à Maroc. Ses aïeux y remplirent des emplois sous le gouvernement almohade, et son père alla s'établir à Tunis. Abou'l-Cacem-Ibn-Abd-el-Azîz fut élevé dans cette capitale et entra, comme secrétaire, au service du chambellan Ibn-ed-Debbagh. Lors de la chute de celui-ci, après l'occupation de Tunis par le sultan Abou-'l-Baca-Khaled, Ibn-Abd-el-Azîz trouva un protecteur dans Ibn-Ghamr et accompagna ce chambellan à Constantine. Djafer-el-Kebîr, étant venu séjourner dans cette ville, le prit pour secrétaire et, jusqu'à sa déportation en Espagne, il le garda auprès de lui. En l'an 713 (1313), Ibn-Ghamr le nomma ministre des finances à Constantine et, devenu ensuite maître absolu de la ville de Bougie, il laissa son protegé au service d'Ibn-el-Caloun. En 718 (1348), lors de l'arrivée du sultan [Abou-Yahya-]Abou-Bekr à Tunis, Ibn-el-Caloun rappela IbnAbd-el-Azîz de Constantine et lui confia l'administration des finances dans la capitale. Quelque temps après, Ibn-Abd-elAzîz, secondé par le Mizouar du même nom, commença ses intrigues contre Ibn-el-Caloun, et, en 724 (1324), il réussit à lui

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