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le trône un jeune enfant de ce prince. D'un autre côté, YouçolIbn-ez-Zabra, fils d'Abou-Hammou et gouverneur d'Alger au nom d'Abou-Tachefin, fut informé des mêmes événements et accourut, avec ses alliés arabes, à Tlemcen, où il ôta la vie à Ibn-el-Ezz et au nouveau sultan. Abou-'l-Abbas, auquel on annonça ces nouvelles, se rendit aussitôt à Tèza, plaça son fils, Abou-Fares, à la tête de l'armée et renvoya Abou-Zian à Fez pour y rester sous bonne garde.

Abou-Fares marcha alors sur Tlemcen, y fit proclamer la souveraineté de son père et confia au vizir Saleh-Ibn-Hammou le soin de réduire les forteresses orientales du royaume abd-elouadite. Après avoir occupé Milîana, Alger, Tedellis et tout le pays jusqu'à la frontière de la principauté de Bougie, cet officier alla mettre le siége devant Tadjhammoumt, château dans lequel Youçof-Ibn-ez-Zabia s'était enfermé.

De cette manière, l'autorité de la dynastie abd-el-ouadite fut encore anéantie dans le Maghreb central..

MOBT D'ABOU -'L - ABBAS, SEIGNEUR DU MAGHREB. — ABOU - ZÎAN, FILS D'ABOU- HAMMOU, DEVIENT MAÎTRE DE TLEMCEN ET DU MA

GHREB CENTRAL.

Après avoir fait occuper Tlemcen par son fils Abou-Fares, le sultan Abou-'l-Abbas se tint dans Tèza pour mieux surveiller la conduite de ce prince et celle du vizir Saleh, qui s'était porté en avant afin de soumettre les provinces orientales de l'empire abd-el-ouadite. Il était encore dans cette ville quand YouçofIbn-Ali-Ibn-Ghanem lui apporta un riche cadeau de la part du sultan de l'Egypte.

Youçof-Ibn-Ali, émir des Aulad-Hocein, tribu makilienne, était allé faire le pèlerinage, l'an 793 (1390); et, comme il désirait être présenté à El-Mélek-ed-Daher-Bercouc, prince d'origine turque qui gouvernait l'Egypte, j'allai parler de lui à ce sultan et mentionner le haut rang qu'il occupait dans sa tribu. Par cette démarche, je lui procurai un accueil très-honorable. Quand il fut

revenu de la Mecque, il eut dn sultan égyptien la commission de porter au seigneur du Maghreb un cadeau qui, selon l'usage des rois, se composait des produits les plus précieux du pays. Abou'l-Abbas reçut ce témoignage d'égards avec un plaisir extrême et tint même une séance solennelle afin de le montrer au public et s'en faire un titre de gloire. Voulant alors en envoyer l'équivalent au sultan Bercouc, il fit chercher les plus beaux chevaux et les plus riches étoffes et habillements qui pourraient se trouver en Maghreb. Tout était réuni et Youçof-Ibn-Ali s'apprêtait à porter ce cadeau au Caire, afin de l'offrir au souverain de l'Egypte, quand Abou-'l-Abbas tomba malade et mourut à Tèza dans le mois de Moharrem 796 (nov.-déc. 1393). On rappela aussitôt son fils Abou-Fares de Tlemcen; et, l'ayant proclamé sultan, on le conduisit à Fez. Abou-Zîan, fils d-Abon-Hammou, recouvra alors la liberté et partit pour Tlemcen afin d'y commander en qualité d'émir et au nom du sultan Abou-Fares.

Youçof-Ibn-ez-Zabïa venait de se rendre au milieu des BeniAmer, dans l'espoir de pouvoir s'emparer de Tlemcen avec leur appui; mais les chefs de cette tribu se laissèrent gagner par l'offre d'une forte somme d'argent et livrèrent leur hôte aux émissaires d'Abou-Zian. Ces gens reprirent alors la route de Tlemcen; et, ayant rencontré une troupe d'Arabes qui voulaient leur enlever le prisonnier, ils s'empressèrent de le tuer pour se tirer d'embarras et portèrent la tête de leur victime à l'émir Abou-Zian. La tranquillité fut ainsi rendue au royaume de Tlemcen et n'a pas été troublée depuis.

Ayant maintenant achevé l'histoire de l'empire fondé par les Beni-Abd-el-Ouad, tribu zenatienne de la deuxième race, nous allons traiter de la famille abd-el-ouadite qui passa aux Mérinides à l'époque où ceux-ci commencèrent à établir leur autorita dans le Maghreb. Nous voulons parler des Beni-Gommi, descendants d'Ali-Ibn-el-Cacem et frères des Tâ-Allah-Ibn-Ali, et nous raconterons en même temps l'histoire de leurs émirs, les Beni-Kendouz, famille qui exerça un haut commandement dans la province de Maroc. De cette manière, nous complèterons la notice des Beni-Abd-el-Ouad.

HISTOIRE DES BENI-GOMMI, TRIBU ABD-EL-OUADITE.

Au commencement de notre histoire des Beni-Abd-el-Ouad, nous avons dit que les Beni-Gommi étaient une des familles qui eurent El-Cacem pour ancêtre, qu'ils descendaient d'Ali-IbnYemel-Ibn-Izguen-Ibn-el-Cacem et qu'ils avaient pour collatéraux les Beni-Tâ-Allah, les Beni-Deloul et les Beni-Moti-Ibn-Djouher. Nous avons parlé des hostilités qui éclatèrent entre les Beni-Tâ-Allah et les Beni-Gommi, et nous avons mentionné que Kendouz-Ibn-Abd-Allah, chef de ceux-ci, tua Zîan-Ibn-ThabetIbn-Mohammed, chef des Tâ-Allah. La mort de Zian, avonsnous ajouté, fut vengée par son successeur, Djaber-Ibn-YouçofIbn-Mohammed, qui tua Kendouz, soit en guet-àpens, soit dans une bataille. Djaber envoya la tête de sa victime à Yaghmoracen, fils de Zian, et les gens de la famille de Yaghmoracen la mirent à la place d'une des pierres qui servaient à soutenir leurs marmites sur le feu, tant leur soif de vengeance était violente.

Les Beni-Gommi essuyèrent alors une série de revers, et, s'étant rendus à Tunis avec leur chef, Abd-Allah, fils de Kendouz, ils s'établirent auprès de l'émir Abou-Zékérïa. Lors de la conquête de Tlemcen par ce prince, Abd-Allah chercha à en obtenir le gouvernement, mais ses démarches n'eurent aucun succès. Quand El-Mostancer, fils d'Abou-Zékérïa, monta sur le trône, Abd-Allah exerça le commandement de sa tribu au nom de l'empire hafside; mais, quelque temps après, il passa dans le Maghreb avec tout son monde et campa dans le voisinage de Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack, qui était alors sur le point de prendre la ville de Maroc. Ce fut avec un vif plaisir que le prince mérinide s'empressa d'assigner à son nouvel hôte une position élevée dans l'empire et de l'établir, avec les Beni-Gommi, aux environs de Maroc. Il leur concéda des terres pour leur entretien et confia à leurs nomades le soin de ses chameaux et de ses bêtes

Voy. p. 329 de ce volume.

de somme. Hassan et Mouça, fils d'Abou-Saîd-es-Sobeihi, furent désignés par lui comme gardiens en chef de ses troupeaux. Ces deux hommes étaient très-habiles dans l'art d'élever des chameaux et avaient quitté l'Orient, avec une petite troupe de serviteurs, pour se rendre en Maghreb. Dès lors, les BeniGommi s'habituèrent à parcourir les environs de Maroc avec leurs troupeaux et à les conduire dans les pâturages du Sous.

En l'an 665 (1266-7), Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack envoya son neveu Amer-Ibn-Idris et Abd-Allah-Ibn-Kendouz en mission à la cour d'El-Mostancer, seigneur du Maghreb. Les Beni-Gommi s'incorporèrent alors dans la nation mérinide et devinrent une de ses tribus. A la mort d'Abd-Allah, fils de Kendouz, le commandement des Beni-Gommi passa à son fils Omar.

Quand Youçof-Ibn-Vacoub tenait la ville de Tlemcen étroitement bloquée et que tout le camp se réjouissait des maux qui affligeaient les Beni - Abd-el-Ouad, les Beni - Gommi se fâchèrent d'entendre insulter leurs parents; et, d'un mouvement unanime, ils répudièrent l'autorité du sultan. Passant alors, l'an 703, dans la province de Haha, ils se rendirent maîtres du Sous et mirent en déroute, à Tadert, les troupes de YaïchIbn-Yacoub, frère du sultan et gouverneur de Maroc, qui était sorti pour les combattre. Comme ils persistèrent dans leur rebellion, le même émir marcha contre eux, l'année suivante, et leur fit essuyer à Tamatrît une défaite qui brisa leur puissance. Omar - Ibn Abd - Allah et plusieurs autres notables de la tribu y perdirent la vie. Les fuyards se jetèrent dans le Désert et parvinrent à atteindre Tlemcen. Dans cette campagne, Yaïch détruisit Taroudant, capitale du Sous.

Les Beni-Kendouz avaient passé environ six mois à Tlemcen quand ils découvrirent que les princes de la famille Yaghmoracen complotaient leur mort. Ils repartirent alors pour Maroc; et, pendant leur retraite, Mohammed-Ibn-Abi-Bekr-Ibn-HammamaIbn-Kendouz, un de leurs chefs, repoussa vigoureusement les troupes que le sultan abd-el-ouadite avait envoyées à leur poursuite. Arrivés dans le désert qui touche au Sous, ils y restèrent jusqu'à la mort du sultan Youçof-Ibn-Yacoub; et, s'étant alors

fait donner une amnistie par le gouvernement mérinide, ils reprirent leur ancienne position dans l'empire et continuèrent à le servir avec fidélité.

Omar-Ibn-Abd-Allah eut pour successeur son fils Mohammed. Celui-ci exerça le commandement pendant deux ans et fut remplacé par son fils Mouça. Lors de la guerre que les émirs Abou'l-Hacen et Abou-Ali se firent du vivant même de leur père, le sultan Abou-Said, et qui dura encore après sa mort, le premier de ces princes trouva dans Mouça-Ibn-Mohammed un serviteur actif et dévoué dont la bravoure empêcha l'ennemi de violer le territoire de Maroc. Quand Mouça eut cessé de vivre, son fils Yacoub - Ibn-Mouça prit le commandement avec l'autorisation d'Abou-'l-Hacen, qui était devenu chef de l'empire.

Après avoir effectué la conquête de Tlemcen, ce sultan contraignit les Beni-Abd-el-Ouad à servir sous ses drapeaux. Les chefs de ce peuple et ceux des Beni-Gommi se communiquèrent alors les griefs qu'ils avaient contre lui; et quand le monarque mérinide se rendit à Cairouan pour livrer aux Beni-Soleim la bataille dont les suites lui furent si funestes, YacoubIbn-Mouça avertit ces Arabes, par une voie secrète, qu'il abandonnerait le parti du sultan et passerait de leur côté avec les Beni-Abd-el-Ouad, les Maghraoua et les Toudjîn. Ayant fait agréer ce projet aux gens de sa tribu et aux Beni-Abd-el-Ouad, il alla se joindre aux Beni-Soleim; et. par cette défection, il attira au sultan la disgrâce d'une déroute complète. Ce fut là ce qu'on appelle le désastre de Cairouan. Les Beni-Abd-el-Ouad s'en retournèrent alors chez eux et prirent pour chef un descendant de Yaghmoracen. Yacoub-Ibn-Mouça mourut en Ifrikïa, mais son frère Rahhou rentra en Maghreb.

Le sultan Abou-Einan donna le commandement des BeniGommi et de leur territoire à Obbou, fils de Youçof-Ibn-Mohammed et cousin germain des précédents. Après la mort d'Obbou, son fils Mohammed lui succéda.

Jusqu'à nos jours, les Beni-Gommi ont continué à faire le service militaire sous les ordres du gouverneur de Maroc, et ils exécutent fidèlement toutes les commissions que le sultan confie

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