Images de page
PDF
ePub

s'était caché, il fut conduit devant son neveu qui lui fit grâce de la vie et l'embarqua pour Bône. Ceci eut lieu dans le mois de Choual 749 (déc.-janv. 1348-9).

Arrivé à Bône, El-Fadl apprit que Mohammed-Ibn-Abd-elOuahed, un de ses parents et petit-fils d'Abou-Bekr, fils d'AbouZékérïa Ier, avait essayé d'y usurper le commandement. Ce Mohammed avait demeuré à Tunis, ainsi que son frère Omar, lequel y exerçait la surveillance des princes de la famille royale. Lors des derniers bouleversements, ils étaient allé trouver ElFadl et avaient obtenu la permission de rester à Bône pendant qu'il ferait l'expédition de Bougie. Croyant alors que le moment était favorable, ils tentèrent de s'emparer de la ville, mais ils succombèrent aussitôt sous les coups des domestiques du palais et des gens du peuple. Aussi. l'émir Abou-'l-Abbas-el-Fadl se vit, à son retour, débarrassé de leur présence, toute trace de leur existence ayant été effacée.

Rentré dans son palais, il jeta le bâton de voyage et reprit le commandement qu'il avait toujours exercé. L'émir Abou-AbdAllah resta maître de Bougie, royaume de son père, Abou-Zékérïa, et l'émir Abou-Zeid prit possession de Constantine.

Pendant ces événements, le sultan Abou-'l-Hacen n'avait pas quitté Tunis.

DÉPART D'ABOU-'L-HACEN POUR LE MAGHREB.

MARCHE D'EL-FADL

SUR TUNIS.

Les Arabes, après avoir fait leur soumission et livré IbnAbi-Debbous, marchèrent une seconde fois contre Abou-'Hacen dont ils répudièrent l'autorité. Fetita - Ibn - Hamza fut le promoteur de ce mouvement; mais son frère Khaled et les Aulad-Mohelhel passèrent du côté des Mérinides. Omar-IbnHamza, leur frère aîné, partit pour la Mecque, en voyant la désunion se mettre ainsi dans la tribu. Ensuite, Fetîta et ses compagnons invitèrent l'émir El-Fadl à venir les trouver, en lui promettant de soutenir ses droits et de le placer sur le trône de ses ancêtres. Vers la fin de l'an 749 (fév.-mars 1349), ce prince

quitta Bône pour se rendre au milieu des nomades et marcha avec eux sur Tunis. Après avoir entrepris et abandonné le siége de cette ville, ils vinrent encore l'investir en l'an 750; mais, vers la fin de l'été, ils s'en éloignèrent de nouveau. Abou-'l-Cacem-Ibn-Ottou, gouverneur du Djerid, les fit alors venir à Touzer, sa capitale, et reconnut l'autorité d'El-Fadl. Son exemple entraîna toutes les populations de cette province; les Beni-Mekki mêmes firent leur soumission au prince hafside, et toute l'Ifrikïa, d'une extrémité jusqu'à l'autre, se révolta contre Abou-'lHacen. Dans le mois de Choual (déc.-janv. 1349-50), ce monarque partit pour le Maghreb avec sa flotte, et l'émir El-Fadl marcha sur Tunis.

Abou-'l-Hacen avait laissé dans cette ville son fils Abou-lFadl, afin de contenir les habitants et d'empêcher que son embarquement fût accompagné des insultes de la populace; il croyait que ce prince n'y aurait rien à craindre, vu qu'il avait épousé la fille d'Omar-Ibn-Hamza. Dans le mois de Doul-'lHiddja (févr.-mars 1350), quand les drapeaux de l'émir El-Fadl se montrèrent sous les murs de Tunis, le cœur du parti hafside se mit à battre de nouveau; la populace s'attroupa autour du palais, y lança des pierres et plaça Abou-'l-Fadl dans la nécessité d'invoquer le secours de la famille à laquelle il s'était allié. Abou-'l-Leil [-Fetîta] vint le délivrer et le conduisit avec toute sa maison au milieu des Arabes; lui ayant alors fourni une escorte de cavaliers kaoubiens, il le fit partir pour le Maghreb. El-Fadl étant entré dans la capitale, occupa le trône des khalifes, ses aïeux, et releva l'édifice de la domination hafside, édifice que les Beni-Merin avaient dégradé et mis en ruine.

MORT DE L'ÉMIR EL-FADL. SON FRÈRE ABOU-ISHAC EST PROCLAMÉ KHALIFE ВТ PLACE SOUS LA TUTELLE D'ABOU-MOHAMMED-IBNTAFRAGUIN.

L'émir Abou-'l-Abbas-el-Fadl, devenu enfin maître de la capitale et de l'empire, nomma Ahmed-Ibn-Mohammed-Ibn-Ottou chambellan provisoire, en attendant qu'Abou-'l-Cacem-Ibn

Ottou, oncle de celui-ci, arrivât du Djerîd. A Mohammed-Ibnes-Chaouch, un de ses intimes, il confia le commandement de l'armée et l'administration de la guerre. Son ami et partisan, Abou-'l-Leil-Fetîta-Ibn-Hamza, parvint à exercer sur lui une influence extraordinaire et choqua tous les courtisans par l'extravagance de ses prétentions. On réussit, toutefois, à indisposer le sultan contre lui et à obtenir que ce chef fût remplacé [dans le commandement des Kaoub] par son frère Khaled. Ce fut pour opérer cette mutation qu'El - Fadl confia au cheikh Abou-'lCacem-Ibn-Ottou les fonctions de chambellan et la direction affaires de l'empire.

1

Alors ce ministre quitta Souça et, étant venu débarquer à Tunis, il annula les engagements pris envers Abou-'l-Leil et lui opposa comme rival Khaled-Ibn-Hamza, dont il s'était assuré l'appui. Abou-'l-Leil parvint à traverser la nomination de son frère en gagnant de nouveau la faveur du sultan. Il fit alors destituer Ibn-es-Chaouch qui fut envoyé à Bône pour y prendre le commandement de la garnison. Ces intrigues jetèrent le brandon de la discorde entre Abou-'l-Leil et Khaled; elles faillirent même briser le bon accord qui avait subsisté jusqu'alors entre les deux frères. Pendant qu'ils soufflaient, chacun de son côté, les étincelles de la guerre et qu'ils rassemblaient leurs partisans et amis, voilà qu'Omar, leur frère aîné, revint du pèlerinage, accompagné d'Abou-Mohammed-Ibn-Tafraguîn.

Quand Ibn-Tafraguîn s'enfuit de Tunis à Alexandrie, le sultan Abou-'l-Hacen invita le gouvernement égyptien à le faire emprisonner; mais le régent Beibogharous, émir tout puissant, prit le fugitif sous sa protection et le laissa partir pour la Mecque. Pendant les cérémonies du pèlerinage, vers la fin de l'an 750, Ibn-Tafraguîn y rencontra Omar-Ibn-Hamza et contracta avec lui l'engagement de se soutenir mutuellement et de rentrer en Ifrîkia. A leur retour, ils trouvèrent les troupes de Khaled et celles d'Abou-'l-Leil rangées en ordre de bataille et prêtes à s'attaquer.

Dans le texte arabe, il faut lire farésahom avec un sad.

Omar leur fit aussitôt signe de s'arrêter en secouant le pan de son manteau, et, ayant rejoint ses frères, il parvint à les mettre d'accord et à effacer de leurs cœurs tout sentiment d'animosité.

Ibn-Tafraguîn et les trois fils de Hamza tramèrent alors la chute d'El-Fadl et, pour en assurer l'exécution, un message fut envoyé à ce prince de la part d'Abou-'l-Leil-Fetita, pour lui exprimer son désir de rentrer en grâce. A la suite de cette communication, qui avait été accueillie favorablement, le sultan fut invité à remplacer Ibn-Ottou par Ibn-Tafraguin, ex-chambellan et premier ministre de son père. Cette proposition fut repoussée, et le lendemain, au point du jour, on vit toute la tribu de ces chefs campée sous les murs de Tunis. Les conjurés transmirent alors au sultan l'invitation de passer chez eux afin de régler le différend à l'amiable, et, au moment où il sortit de la ville, ils l'entourèrent de tous côtés et le conduisirent au camp.

Ibn-Tafraguin reçut alors des chefs arabes l'autorisation d'entrer dans Tunis, et le 14 de Djomada premier 751 (juillet 1350), il se rendit à la maison d'Abou-Ishac-Ibrahim, fils du feu sultan Abou-Yahya-Abou-Bekr. A force de promesses et de serments, il décida la mère du jeune prince à le lui confier, et, l'ayant conduit au palais, il le plaça sur le trône du khalifat et fit venir toutes les classes de la population pour lui prêter le serment de fidélité. Cette inauguration terminée, Abou-Ishac, qui avait à peine l'âge de puberté, reçut les hommages des Kaoub et ordonna l'emprisonnement de son frère El-Fadl que l'on avait amené devant lui. Vers le milieu de la même nuit, El-Fadl fut étranglé dans sa prison.

Le chambellan Ibn-Ottou resta caché toute la journée dans un recoin de la ville, mais vers le soir, un accident le fit découvrir. Mis aussitôt à la question, il mourut dans les tourments. Les gouverneurs des provinces firent prêter le serment de fidélité à leurs administrés, par ordre supérieur; et Ibn-Yemloul, seigneur de Touzer, envoya son adhésion au nouveau gouvernement, avec les impôts et les cadeaux d'usage. Les seigneurs de Nefta et de Cafsa suivirent cet exemple, mais Ibn-Mekki fut tellement indigné de voir Ibn-Tafraguîn tenir le nouveau sultan

en tutelle qu'il se mit à faire des courses sur le territoire de

l'empire.

LE SEIGNEUR DE

CONSTANTINE MARCHR SUR TUNIS.
EST NOMMÉ CHAMBELLAN.

IBN-MEKKI

L'usurpation d'Ibn-Tafraguîn, qui s'était emparé du gouvernement de l'état en proclamant khalife le prince Abou-Ishac, causa un vif mécontentement aux autres chefs et déplut extrêmement à Abou-'l-Abbas-Ibn-Mekki. Déjà, pendant le règne du sultan Abou-Yahya-Abou-Bekr, il voyait d'un œil jaloux la haute fortune de ce ministre; maintenant, il se décida à ne rien éparguer pour la renverser. Les Mohelhel, rivaux de la famille d'Abou-'l-Leil dans le commandement des Kaoub, lui offrirent. leur appui à cause de la préference qu'Ibn-Tafraguîn accordait à leurs concurrents. S'étant alors confédérés avec les Hakim, branche des Allaf, ils firent des incursions dans les provinces et envoyèrent une députation à Constantine afin d'inviter l'émir Abou-Zeid, seigneur de cette ville et des contrées voisines, à envahir l'Ifrikïa et arracher le royaume de ses ancêtres aux mains d'un usurpateur. Ce prince consentit à les seconder et leur fournit deux corps de troupes, l'un commandé par l'affranchi Meimoun, et l'autre par l'affranchi Mansour-el-Djahel. Yacoub-Ibn-Ali se joignit à eux avec ses Douaouida.

Afin d'arrêter le progrès de ces bandes qui marchaient sur la capitale, Ibn-Tafraguîn envoya contre elles une armée commandée par Abou-'l-Leil et dirigée par Mocatel, affranchi du sultan. Dans la bataille qui s'ensuivit et qui eut lieu l'an 752 (1351), dans le pays des Hoouara, l'armée d'Abou-'l-Leil essuya une défaite et perdit son chef qui mourut de la main de YacoubIbn-Soheim, cheikh des Hakim et membre de la famille d'ElCos. Pendant que les fuyards couraient se réfugier dans Tunis, les Aulad-Mohelhel et les troupes de Constantine se mirent à percevoir l'impôt dans le territoire des Hoouara, où rien ne s'opposait à leurs progrès, et ils s'avancèrent jusqu'à Obba avant

« PrécédentContinuer »