F676 MAY 161881 Abinot fund. La notice sur la langue et les origines berbères se trouve à la fin du quatrième volume. Depuis l'époque où le partage de l'empire hafside en deux principautés, celle de Tunis et celle des provinces occidentales, eut empêché l'autorité impériale d'étendre plus longtemps une ombre tutélaire sur le Djerîd, les habitants de cette région se laissaient gouverner par une junte composée de leurs cheikhs. Quelquefois, même, l'un ou l'autre de ces chefs essayait d'usurper le commandement, ainsi que cela avait déjà eu lieu avant l'arrivée des Almohades. En effet, quand Abd-el-Moumen entra en Ifrîkïa, il trouva les Beni-'r-Rend exerçant la souveraineté dans Cafsa ef Castilia, pendant qu'Ibn-Ouatas gouvernait à Touzer et Ibn-Matrouh à Tripoli. Notre seigneur, le sultan [Abou Yahya-] Abou-Bekr, étant demeuré l'unique représentant de la monarchie hafside, ne pouvait d'abord s'occuper du Djerid, à cause des embarras que lui suscitèrent les princes de Tlemcen et des expéditions que les troupes abd-el-ouadites, secondées par Hamza-Ibn-Omar, ne cessaient d'entreprendre contre ses états. Mais, maintenant que le sultan Abou-'l-Hacen se tenait en observation et empêchait les BeniAbd-el-Ouad de faire le moindre mouvement,- que les troupes de cette dynastie étaient rentrées dans leur nid, après avoir plané sur les provinces de l'empire hafside, que la ville de Bougie, délivrée de leur présence, commençait à respirer, que les contrées voisines étaient délivrées de leur oppression, que l'agitation causée par les insurgés s'était apaisée et que les cris de la sédition ne retentissaient plus dans le pays, le sultan put enfin diriger ses regards vers les frontières de son royaume et prendre des mesures pour faire disparaître jusqu'aux dernières traces de l'esprit d'insubordination. Il ambitionuait surtout l'honneur de soumettre le Djerid et d'arracher les habitants de ce pays lointain aux griffes de ces loups toujours hurlants, de ces chiens toujours hargneux, les chefs de leurs villes et les Arabes de leurs déserts. En l'an 735 (1334), il marcha sur Cafsa, ville dont Yahya-IbnMohammed avait usurpé le commandement. Ce chef appartenait à une des premières familles de l'endroit où il gouvernait alors en maître son aïeul, Ali, étant fils d'Abd-el-Djelîl-Ibn-Abedes-Cherîdi. Le sultan livra plusieurs assauts à Cafsa et foudroya la place avec ses catapultes, sans pouvoir s'en emparer; mais, ayant commencé à faire abattre les palmiers et arracher les plantations des alentours, il obligea les habitants à implorer sa miséricorde. Dans le mois de Rebiâ second (décembre) de la même année, le petit-fils d'Abd-el-Djelîl sortit de la ville, se livra au sultan et fut conduit à Tunis avec plusieurs autres membres de la même famille. Le reste s'enfuit à Cabes, afin de se mettre sous la protection d'Ibn -Mekki. Le peuple de Cafsa rentra de cette manière sous l'ombre bienfaisante du gouvernement hafside, après être resté, pendant un temps, au grand soleil de l'indépendance, et ils reçurent du sultan un accueil plein de bonté et d'indulgence. Ce prince étendit sur eux le manteau de sa justice et accorda à leurs pauvres des portions de terre, soit en don, soit en fief. Il renou vela les édits impériaux qui avaient été promulgés en leur faveur et qu'ils avaient soigneusement conservés; il choisit même leur ville pour la résidence de son fils, l'émir Abou-'l-Abbas, désigné plus tard comme successeur au trône. En y établissant ce prince, il lui conseilla de traiter les habitants avec une grande bienveillance, et lui ayant conféré, de plus, le gouvernement de Castîlïa et des lieux voisins, il plaça auprès de lui, en qualité de chambellan, le chef almohade, Abou-'l-Cacem-Ibn-Ottou. Reprenant alors le chemin de la capitale, il y fit son entrée au mois de Ramadan de la même année (avril-mai 1335). LES ÉMIRS ABOU-FARES 1-AZOUZ ET ABOU-'L-BACA-KHALED OBTIENNENT LE GOUVERNEMENT DE SOUÇA ET D'EL-MÊHDÏA. Vers l'époque où le sultan renversa la puissance du chambellan Ibn-Séïd-en-Nas et plaça Mohammed-Ibn-Ferhoun auprès de son fils l'émir Abou-Zékérïa, les descendants de Yaghmoracense virent attaqués par leur ennemi héréditaire [le sultan mérinide]. Cet événement procura au sultan [Abou-Yahya-] Abou-Bekr assez de loisir pour rétablir l'ordre dans son royaume, et raffermir les bases de son autorité, en confiant le commandement de ses provinces aux plus distingués d'entre ses fils. A Khaled et Azouz, conjointement, il accorda le gouvernement de Souça et de la région maritime. Il les installa dans cette ville et plaça auprès d'eux Mohammed- Ibn-Taher vieux serviteur de l'empire. Cet homme appartenait à une famille andalousienne que les événements politiques avaient forcé d'émigrer en Ifrîkïa. Ses ancêtres, seigneurs de Murcie, s'étaient faits remarquer au nombre des petits souverains qui régnèrent sur les provinces de l'Espagne [musulmane], et son frère, Abou-'l-Cacem, avait rempli les fonctions de ministre des finances à Tunis. 1 Dans le texte arabe imprimé le mot ben doit être supprimé. 2 Dans le texte arabe il faut insérer le mot bi-al avant Yaghmoracen. Mohammed-Ibn-Taher mourut en l'an 735 (1334-5), quelque temps après sa nomination, et fut remplacé par Mohammed-IbnFerhoun, que le sultan rappela de Bougie pour cet objet. Les deux princes, étant encore très-jeunes, avaient besoin d'un sage conseiller comme lui, et leur père savait qu'Abou-Zékérïa avait maintenant assez d'expérience pour se choisir un bon ministre. Il est vrai que, dans la suite, Abou-Zékérïa rappela IbnFerhoun auprès de lui. Lors de la disgrâce et de la chute d'Ibn-el-Hakîm, le sultan enleva la ville d'El-Mehdïa à Ibn-er-Regrag et y installa son fils, l'émir Abou-'l-Baca [-Khaled], en qualité de gouverneur. AbouFares[-Azouz], l'autre frère, resta ainsi seul gouverneur de Souça. Mohammed-Ibn-er-Regrag avait été établi dans ElMehdïa par son parent Ibn-el-Hakîm, lequel en avait dépossédé Ibn-Abd-el-Ghaffar, natif de Raghîs. Voulant se faire de cette ville un lieu de retraite en cas de revers, Ibn-el-Hakîm y avait formé un dépôt d'armes et de vivres et installé un commandant qui tenait à lui par les liens de famille; mais toutes ces précautions ne lui servirent à rien. Les deux émirs gardèrent leurs commandements jusqu'à leur mort. MORT DE L'ÉMIR ABOU-ABD-ALLAH, SEIGNEUR DE CONSTANTINE. SON FILS LUI SUCCEDde. : 1 Le sultan aimait l'émir Abou-Abd-Allah plus que ses autres fils il lui témoignait la plus tendre affection et lui montrait une indulgence extrême, à cause des traits de caractère qui annonçaient en cet enfant un esprit élevé et fait pour commander. Tout le monde reconnaissait la justice de cette préférence, jusqu'à Ibn-Ghamr, le puissant gouverneur de Bougie et de Constantine, l'habile défenseur de Bougie contre les Zenata 2. En l'an 749 Le texte arabe des manuscrits porte ses fils. 2 Dans le texte arabe il faut lire min Zenata à la place d'oua min Zenata. |