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treté et à soumettre le pays, après avoir dirigé ses troupes contre eux à plusieurs reprises. Il força, de cette manière, l'émir Mohammed-Ibn-Atïa-t-el-Asamm à quitter le territoire du Ouancherich, et il expulsa du pays de Chelif l'émir Rached - IbnMohammed, qui s'y était établi après la mort de Youçof-IbnYacoub. En prenant possession de ces contrées, il y installa de nouveaux gouverneurs et repartit ensuite pour Tlemcen.

pays des

En l'an 710 (1310-4), il conduisit son armée dans le Toudjîn, occupa Taferguint, ville située au centre de leurs possessions, chassa du Ouancherîch les derniers restes de la famille de Mohammed-Ibn-Abd-el-Caouï, et les remplaça dans le commandement par des familles toudjinides, les Hachem et les BeniTigherîn. A cette occasion, Yahya-Ibn-Atïa le toudjinide reçut le commandement de sa tribu établie dans le Quancherich; Youçof-Ibn-Hacen, l'un des Aulad--Azîz, fut nommé gouverneur de Médéa et des contrées voisines, et Sâd le toudjinide, membre de la famille Selama-Ibn-Ali, fut chargé du commandement de son peuple, les Beni-Idlelten, et du gouvernement de toutes les populations qui habitaient la partie occidentale du territoire des Toudjîn. Les autres branches de cette grande tribu durent se résigner à payer l'impôt et à fournir des otages pour garantir leur obéissance. Abou-Hammou les plaça sous les ordres d'un de ses clients, le général Youçof-Ibn-Habboun1-el-Hoouari, auquel il permit de prendre les insignes de la souveraineté. A son affranchi Mocameh, il accorda les mêmes marques d'autorité avec le gouvernement du pays des Maghraoua, et, à son cousin, Mohammed-Ibn-Youçof, il confia le gouvernement de Miliana. Ces arrangements terminés, il repartit pour Tlemcen.

ZÎREM-IBN-HAMMAD, QUI AVAIT USURPÉ LE COMMANDEMENT
A BRECHK, PERD LA VIE.

Cet aventurier appartenait à la tribu des Meklata et avait un grand nombre de parents, tant à Brechk qu'aux environs, cir

Ailleurs, ce nom est écrit Haiyoun.

T.III.

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constance qui lui valut une place dans le corps de cheikhs qui administrait cette ville. Zirem est une altération vulgaire de Ziri. Les habitants de Brechk ayant fait leur soumission à Yaghmoracen, lors de la conquête du pays des Maghraoua par ce chef, Zîrem conçut la pensée, après la mort du vainqueur, de mettre à profit l'état d'hostilité qui régnait entre les Maghraoua et les Abd-el-Ouad, pour s'emparer du gouvernement de Brechk et pour y maintenir son indépendance, en s'appuyant alternativement sur l'un ou sur l'autre de ces peuples. En l'an 683 (1284-5), il accomplit son projet et, l'année suivante, il eut à soutenir un siége contre Othman-Ibn-Yaghmoracen.

Neuf ans plus tard, Othman fit une expédition dans le pays des Maghraoua, et, pendant quarante jours, il assiégea la ville de Brechk où Thabet-Ibn-Mendil s'était réfugié. Thabet s'embarqua alors pour le Maghreb, et Zîrem obtint la retraite d'Othman en faisant acte de soumission. Quand le prince abd-el-ouadite fut rentré dans Tlemcen, Zirem se révolta encore et, comme les descendants de Yaghmoracen-Ibn-Zian furent obligés à se défendre chez eux pendant le long siége, il eut le temps de consolider son autorité à Brechk et de parvenir à un certain degré de puissance. Pour se garantir contre les Mérinides, dont les armées venaient de soumettre le pays des Maghraoua, il les servit avec zèle et dévouement. La mort de Youçof-Ibn-Yacoub ayant fait lever le siége de Tlemcen et rétréci les limites de l'empire mérinide, Zîrem reprit son ancienne ligne de conduite à l'égard des Abd-el-Ouad et, profitant de leur éloignement, il témoigna à leur chef une soumission peu réelle tout en lui envoyant des adresses très-respectueuses.

Quand Abou-Hammou soumit le pays des Maghraoua et porta ses armes bien au-delà de Brechk, Zîrem conçut de sérieuses inquiétudes et, pour se garantir du danger, il offrit de céder sa ville au prince abd-el-ouadite, moyennant des lettres de grâce. Abou - Hammou laissa la conduite de cette affaire au mufti de son empire, Abou-Zeid-Abd-er-Rahman, personnage dont le père, Mohammed, autrefois imam de Brechk, avait été tué en guet-apens par Zirem à l'époque où celui-ci s'empara du pouvoir.

Abou-Zeid et son frère Eïça [fils de l'Imam] se réfugièrent dans Tunis après la mort de leur père et y firent leurs études. Ensuite, ils allèrent demeurer à Alger, d'où ils se transportèrent à Miliana.

Lors de la mort de Youçof-Ibn - Yacoub, ils remplissaient dans cette ville les fonctions de cadi, et ce fut vers cette époque qu'ils se rendirent auprès d'Abou-Zian avec les autres. chefs civils et militaires que le gouvernement mérinide y avait installés.

Parmi ces fonctionnaires se trouvait Mendil - Ibn - Mohammed-el- Kinani, personnage dont nous reparlerons dans l'histoire des Mérinides et qui était leur ministre des finances. Mendil, dont le fils avait étudié sous ces deux savants, en fit un si grand eloge en la présence d'Abou-Zîan et d'Abou-Hammou, que celui-ci, étant parvenu à la souveraineté, bâtit pour eux, au Matmar de Tlemcen, un collége1 ayant une maison de chaque côté pour leur servir de logements. Ils y donnèrent des leçons dans deux grandes salles disposées à cet effet, et, comme ils eurent l'honneur d'être nommés muftis et conseillers d'état, ils obtinrent une haute influence à la cour.

Zirem ayant donc sollicité une amnistie et prié Abou-Hammou de lui envoyer un homme auquel il pourrait se fier pour l'accompagner à Tlemcen, Abou-Zeid-Abd-er-Rahman, l'aîné des deux frères, fut chargé de cette commission. Avant de partir, il obtint du sultan l'autorisation de venger la mort de son père s'il en trouvait l'occasion. Arrivé à Brechk, il reçut tous les jours, matin et soir, la visite de Zîrem; et, ayant enfin mûri ses plans, il réussit, par un coup de trahison, à faire mourir sa victime. Cela eut lieu en l'an 708 (4308-9). Le sultan AbouHammou, étant ainsi devenu maître de Brechk, supprima le conseil des cheikhs et l'indépendance de la ville.

1 Yahya-Ibn-Khaldoun dit que ce collége était situé auprès de la Porte de Cachout et que cette porte était à l'Occident de la ville.

RÉDUCTION D'ALGER ET ABDICATION D'IBN-ALLAN.

HISTOIRE DE CE PERSONNAGE.

La ville d'Alger formait un des gouvernements de l'empire sanhadjien. Elle eut pour fondateur Bologguîn - Ibn - Zîri et, après sa mort, elle servit de résidence à [l'un ou à l'autre de] ses descendants. Plus tard, elle passa sous la domination des Almohades et fut comptée au nombre des villes de l'Ifrikia et des deux Maghrebs qui obéissaient à la famille d'Abd-el-Moumen.

Les descendants d'Abou - Hafs étendirent leur domination jusque sur les pays des Zenata, après avoir usurpé le commandement des Almohades, et ils firent de Tlemcen une de leurs places frontières. Yaghmoracen en reçut le commandement pour lui et pour ses enfants, pendant que la famille de Mendil-IbnAbd-er-Rahman obtint le commandement des plaines qu'occupaient les Maghraoua. Le gouvernement du Ouancherîch et des territoires toudjinides qui en dépendent fut accordé à Mohammed-Ibn-Abd-el-Caouï et à ses enfants. Toute la région située entre ces territoires et la capitale resta sous l'administration de fonctionnaires envoyés de Tunis, et la ville d'Alger eut ainsi pour gouverneur un officier almohade.

En l'an 664 (1265-6), les Algériens cessèrent d'obéir au sultan hafside, El-Mostancer, et, pendant sept ans, ils jouirent tranquillement de leur indépendance. En 671 (1272-3), Abou-Hilał, gouverneur de Bougie, vint les assiéger par l'ordre de ce khalife et il resta sous les murailles de leur ville pendant plusieurs mois avant de se retirer. En 674 (1275-6), Abou-'l-Hacen-IbnYacîn arriva avec une armée almohade et prit Alger d'assaut. Les membres du conseil des cheikhs furent emmenés prisonniers [à Tunis] et ne recouvrèrent la liberté qu'après la mort d'El-Mostancer.

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La désunion s'étant mise entre les descendants d'Abou-Hafs, l'émir Abou-Zékérïa se rendit maître des provinces qui formaient la frontière occidentale de l'empire et reçut des habitants. d'Alger l'assurance de leur fidélité. A cette occasion, il leur donna pour gouverneur Ibn-Akmazîr, le même officier qui exerçait déjà le commandement chez eux. Ce fonctionnaire resta en place jusqu'à un âge très-avancé. Il avait pour homme d'affaires. un cheikh algérien nommé Ibn-Allan auquel il confiait l'exécution de tous ses ordres. La délégation d'un tel pouvoir à cet homme lui ouvrit la voie à la présidence du conseil des cheikhs, position qu'il occupait encore quand son patron cessa de vivre. Aussitôt que cet événement eut lieu, Ibn-Allan forma le projet d'usurper le commandement à Alger, et, ayant fait appeler chez lui, la même nuit, ceux de ses collègues dont il craignait la puissance, il leur fit trancher la tête. Le lendemain, au point du jour, il parut avec les insignes du commandement et se fit proclamer souverain. Une foule de cavaliers et de fantassins, les uns venus des pays éloignés, les autres fournis par la tribu des Thâleba, arabes de la Metîdja, accourut sous ses drapeaux. Ayant bientôt rassemblé un grand nombre d'archers et d'autres troupes, il se trouva assez fort pour repousser les armées qui, à diverses époques, partaient de Bougie pour faire le siége de sa ville. Il châtia aussi les Melîkich et leur enleva la perception des impôts dans la plupart des terres de la Metîdja.

Quaud les Mérinides portèrent au loin la terreur de leurs armes et subjuguèrent les provinces orientales du Maghreb central, leur chef, Abou-Yahya-Ibn-Yacoub, mit le siége devant Alger. Ibn-Allan, voyant que la ville allait succomber, s'adressa au cadi Abou-l-Abbas-el-Ghomari qui se rendait à la cour mérinide avec une mission de l'émir [Abou-'l-Baca-]Khaled[, seigneur de Bougie], et le pria d'intercéder pour lui auprès du sultan

Dans le texte arabe, le mot wabouho n'offre aucun sens. Peut-être faut-il lire rabouho (ils craignirent).

2 A la place du mot lebta, il faut, sans doute, lire li-nadrihi.

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