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sions des Aulad - Yahya Ibn-Ali - Ibn - Sebâ, famille douaouidienne.

Dans les temps anciens, un devin zenatien, nommé MouçaIbn-Saleh', parut chez les Ghomert, acquit une grande célébrité et laissa chez eux une renommée qui se maintient encore. L'on s'y transmet de vive voix certains oracles qu'il prononça en langue berbère. Ces discours affectent une forme rhythmique et renferment l'histoire de l'empire que cette race zenatienne devait fonder, ainsi que des victoires qu'elle remporterait sur les tribus des plaines et des montagnes et sur les habitants des villes. La véracité d'une grande partie de ces prédictions a été confirmée par les événements. L'on rapporte de cet homme un oracle qui, étant traduit en arabe, annonce que la dévastation atteindra Tlemcen; que les maisons de cette ville deviendront un champ qui sera labouré par un nègre au moyen d'un taureau noir et borgne. Des hommes dignes de foi ont assuré qu'ils virent l'accomplissement de cette prédiction après la destruction de Tlemcen par les Mérinides, entre les années 760 et 770. Parmi les Zenata de cette branche, Ibn-Saleh a encore des partisans. dévoués et des adversaires acharnés : les uns le regardent comme un saint ou un prophète, les autres le considèrent comine un magicien. Jusqu'à présent, aucun renseignement n'est venu pour nous aider à reconnaître son véritable caractère. Dieu seul le sait.

NOTICE DES BENI-OUARGLA, TRIBU ZENATIENNE, ET DE LA VILLE QUI PORTE LEUR NOM ET QUI EST SITUÉE DANS LE DESERT DE L'IFRIKÏA.

Les Beni-Ouargla, peuple zenatien, descendent de Ferîni, fils de Djana, et sont frères des Izmerten, des Mendjésa, des Sebertera et des Nomaleta. De toutes ces tribus, celle des Ouargla est

↑ Voy. t. I, p. 205.

Voy, ci-devant, p. 186.

maintenant la mieux connue. Ils n'étaient qu'une faible peuplade habitant la contrée au Midi du Zab, quand ils fondèrent la ville qui porte encore leur nom et qui est située à huit journées au Sud de Biskera, en tirant vers l'Ouest. Elle se composa d'abord de quelques bourgades voisines les unes des autres, mais sa population ayant augmenté, ces villages finirent par se réunir et former une ville considérable. Les Beni-Ouargla avaient alors parmi cux une fraction d'une tribu maghraouienne, les Beni - Zendak, et ce fut chez ceux-ci qu'Abou - Yezîd le nekkarite se réfugia, l'an 325, après avoir pris la fuite pour éviter l'emprisonnement1. Ce perturbatcur passa une année sous la protection de cette tribu et se rendit à plusieurs reprises chez les Beni Berzal du Mont-Salat et chez les tribus berbères de l'Auras, afin de les convertir aux doctrines de la secte nekkarienne. Quand il quitta définitivement son lieu de retraite, il passa dans l'Auras.

Les Beni-Ouargla, voyant leur ville devenir très-populeuse, en firent une place forte pour leur servir d'asile et pour recevoir une foule de nomades zenatiens qui avaient été expulsés de leurs territoires par les Arabes hilaliens, à l'époque où les Athbedj s'approprièrent les plaines du Zab et celles qui entourent la CàlaBeni-Hammad.

L'émir Abou-Zékérïa le hafside, devenu souverain de l'Ifrikïa, eut occasion d'en parcourir toutes les localités, pendant ses marches à la poursuite d'Ibn-Ghanîa. Etant passé par Ouargla, il en fut émerveillé et, voulant ajouter à l'importance de cette ville, il y fit bâtir l'ancienne mosquée dont le haut minaret porte encore inscrit sur une pierre le nom du fondateur et la date de sa cons

truction.

De nos jours, la ville des Ouargla est la porte du Désert par laquelle les voyageurs qui viennent du Zab doivent passer quand ils veulent se rendre en Soudan avec leurs marchandises. Les habitants actuels descendent, les uns, des anciens Beni-Ouargla

4 Voy. p. 203 de ce volame.

et, les autres, des Beni-Ifren et des Maghraoua, frères des BeniOuargla. Leur chef porte le titre de sultan, sans encourir, pour cela, l'animadversion publique 2. La maison régnante est celle des Beni-Abi-Ghaboul, « branche, disent-ils, d'une illustre fa» mille des Ouargla nommée les Beni Ouaguîn 3. » Le sultan actuel s'appelle Abou-Bekr-Ibn-Mouça-Ibn-Soleiman ; il descend d'Abou-Ghaboul, personnage dont la postérité, en ligne directe, y a toujours exercé la souveraineté.

A vingt journées au Sud de Ouargla, en tirant vers l'Ouest, on trouve la ville de Takedda, capitale du territoire occupé par les peuples qui portent litham. C'est là où se donnent rendezvous les gens du Soudan qui vont faire le pèlerinage de la Mecque. Fondé par les Sanhadja porteurs de litham, Takedda est encore habité par ce peuple. Le chef qui y gouverne, avec le titre de sultan, appartient à une bonne famille sanhadjienne. Il est en correspondance avec l'émir du Zab, auquel il envoit, et dont il reçoit des lettres et des cadeaux.

En l'an 754 (1353), sous le règne du sultan Abou-Einan, je me rendis à Biskera, chargé d'une mission politique, et j'y rencontrai, chez l'émir Youçof-Ibn-Mozni, un ambassadeur venu de la part du seigneur de Takedda. Ce fut de cet envoyé que j'eus mes renseignements sur l'importance de cette ville et sur les caravanes qui y passent. « Cette année-ci, me dit-il, >> une caravane de marchands venant de l'Orient [l'Egypte] >> traversa notre ville pour se rendre à Melli, et on y compta

1 Lisez ikhouanihim, à la place de d'ikhounihim dans le texte arabe. 2 Voy. les réflexions de notre auteur, pp. 91 et 301 de ce volume. 3 Le texte imprimé porte Ouaguir. Cette leçon est mauvaise; la famille de Ouaguîn se trouve encore à Ouargla.

Ci-devant, t. II. p. 116, notre auteur place Takedda à soixante-dix journées au Sud-Ouest de Ouargla. Cette indication est, sans doute, la meilleure puisqu'elle s'accorde avec celle d'Ibn-Batouta : ce voyageur compte vingt journées de Takedda à Bornou dans le pays des Nègres et soixante-dix journées de Takedda à Touat. Or, nous savons que Bornou est aussi éloigné de Ouargla que de Tonat.

» douze mille chameaux chargés. » Une autre personne m'a informé que le même fait se reproduit tous les ans. Takedda reconnaît la souveraineté du sultan de Melli, ville nègre, ainsi que le font toutes les autres villes du Sahara auxquelles on donne le nom collectif d'El-Melestin".

NOTICE DES BENI-DEMMER, PEUPLE ZENATIEN, ET DES MEMBRES DE CETTE TRIBU QUI EXERCÈRENT DES COMMANDEMENTS EN ESFAGNE.

Les Beni-Demmer, tribu zenatienne descendue d'Ourcîk, fils d'Addîdet, fils de Djana, fournirent un grand nombre de branches qui habitaient les montagnes et les environs de Tripoli. Une de leurs fractions s'adonne encore à la vie nomade et fréquente les plaines situées dans l'Ifrikïa occidentale. Les BeniOurghma, autre branche des Aiddemmer 3, habitent les montagnes de Tripoli avec le reste de leur peuple. Les Beni-Ournîd, dont l'aïeul, Ournîd, fut fils de Ouanten, fils d'Ouardiren, fils de Demmer, formaient une branche très-considérable de la tribu des Demmer et poussèrent de nombreuses ramifications dont nous pouvons citer les Beni-Ourtantin, les BeniGharzoul et les Beni-Tofourt. Il se trouve, cependant, des personnes qui regardent ces trois familles comme se rattachant à Demmer par un autre aïeul qu'Ournid.

1 Selon une autre leçon, qui, du reste, nous paraît inadmissible, la dime de cette caravane fut de douze mille chameaux.

Ce mot est alléré dans tous les manuscrits. On le retrouve encore dans notre texte arabe, t. 1, p. 394. Il faut probablement lire Macin, pays situé sur la rive gauche du Djoliba, au Sud-Ouest de Tenbocton. Le géographe Abou-Obeid- el-Bekri en fait mention; c'est le Massina de nos cartes.

3 Aiddemmer est une contraction des mots berbères aïth Demmer (gens ou tribu de Demmer).

Voy., ci-devant, pp. 186, 187.

De nos jours, les derniers restes des Beni-Ournid habitent la montagne qui domine Tlemcen et qui porte leur nom. Ils avaient précédemment occupé les plaines au Midi de cette montagne, mais, en ayant été repoussés par les Beni-Rached, qui venaient de quitter le Désert pour habiter le Tell, ils se réfugièrent dans le lieu qu'ils occupent maintenant.

Plusieurs chefs et guerriers appartenant à la tribu des Aiddemmer passèrent en Espagne avec les Zenata el autres Berbères qui allèrent se mettre au service d'El-Hakem-el-Mostancer. Incorporés dans l'armée de ce souverain oméïade, ils aidèrent le chambellan El-Mansour-Ibn-Abi-Amer dans l'accomplissement de ses projets ambitieux et, plus tard, ils parcoururent toutes les parties de l'empire sous la conduite. du sultan El-Mostaïn. Ralliées au parti de ce monarque, et ensuite au parti des Hammoudites, ces troupes africaines vainquirent les troupes espagnoles de race arabe, à la suite d'une longue guerre civile qui amena la ruine du khalifat. Quand ils eurent démembré l'empire, ils usurpèrent les fonctions de la souveraineté et le gouvernement des provinces.

Nouh-ed-Demmeri, un de leurs chefs, tint le premier rang parmi les partisans d'El-Mansour et reçut d'El - Mostaïn le gouvernement de Mourour (Moron) et d'Arkos. En l'an 404 (1013-4), il profita de l'anarchie dans laquelle l'Espagne musulmane était tombée pour se déclarer souverain indépendant et pour prendre le titre de sultan. Il mourut en 433 (4041-2) et transmit le pouvoir à son fils, Abou-Menad-Mohammed-Ibn-Nouh. Celui-ci prit le double titre d'El-Hadjeb (chambellan du khalife) et d'Ezz-ed-Dola (majesté de l'empire), so conformant ainsi à l'exemple donné par [ses voisins] les chefs qui s'étaient rendus indépendants. El-Motaded-Ibn-Abbad, sei

1 Moron est situé à 14 lieues E.-S.-E de Séville. La leçon proposée dans la note 5, p. 74 du texte arabe, est fausse. M. de Gayangos, dans sa traduction d El- Maccari, avait déjà reconnu que le Mourour des historiens arabes est le Moror des chroniques chrétiennes et le Moron de nos jours.

T. III.

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