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tenue par Abou-l-Behar dans ses rapports avec Zîri-Ibn-Atïa et Yeddou-Ibn-Yala 1. Zîri devint ensuite maître du Maghreb et, s'étant révolté contre El-Mansour, il plaça ce ministre dans la nécessité d'envoyer en Afrique son fils El-Modaffer, afin de comprimer l'insurrection. El-Modaffer chassa les Zenata du Maghreb-el-Acsa, mais Zîri pénétra dans le Maghreb central, assiégea plusieurs villes de ce pays et se porta en avant jusqu'à El-Mecîla et Achîr.

A cette époque, Said-Ibn-Khazroun avait embrassé le parti des Sanhadja et obtenu d'eux le gouvernement de Tobna. Tous les Zenata de l'Ifrîkïa s'étaient ralliés autour de lui, ainsi qu'ils le firent plus tard autour de son fils Felfoul. Lors de l'expédition de Zîri contre El-Mecîla et Achir, Felfoul abandonna les Sanhadja, leur fit la guerre et donna tant d'occupation à Badîs, ainsi qu'à El-Moëzz 3, fils et successeur de Badis, qu'il les empêcha de porter leurs armes dans le Maghreb central. HammadIbn-Bologguîn, auquel ils remirent le soin de rétablir l'ordre dans cette proviace, entama une guerre avec les Zenata qui lui rapporta tantôt des victoires, tantôt des revers.

En l'an 393 (1002), après la mort de Zîri-Ibn-Atïa, son fils, El-Moëzz, devenu souverain du Maghreb, enleva aux Sauhadja la ville et la province de Tlemcen et fonda la ville d'Oudjda, ainsi que nous l'avons dit. [Son parent] Yala-Ibn-Mohammed s'établit dans Tlemcen, le servit fidèlement et transmit à ses en fants le gouvernement de cette ville et de tout le pays envi

ronnant.

Les successeurs de Hammad, prince qui avait enlevé le pays des Sanhadja à la famille de Bologguîn, eurent tant à faire dans

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'Page 240 de ce volume.

2 Telle est la leçon des manscrits; celle du texte imprimé est fausse. Les manuscrits et l'édition imprimée du texte arabe portent ElMansour. Cette leçon est fausse.

• Ce fut Zìri, père d'El-Moëzz, qui fonda Oudjda. Voy. ci-devant, p. 243.

leurs guerres avec les Zirides qu'ils conclurent plusieurs trèves avec les fils de Yala et leur donnèrent ainsi le loisir de consolider leur autorité dans Tlemcen. Les Arabes hilaliens ayant envahi l'Ifrikïa et enlevé ce pays à El-Moëzz[-Ibn-Badîs], s'en partagèrent les provinces et allèrent ensuite occuper les campagnes des états régis par les Hammadites. Cette famille dut se tenir enfermée dans la Calà, mais elle parvint ensuite à relever sa puissance et, secondée par les Arabes des tribus d'Athbedj et de Zoghba, elle soumit les Zenata du Maghreb central. Après cette conquête, elle installa ses nouveaux alliés dans le Zab, en leur concédant plusieurs localités de ce pays. Dans leurs guerres avec les Yala, émirs de Tlemcen, [les Hammadites se faisaient appuyer par] les Zoghba, peuple dont le territoire était plus rapproché [de leur capitale que ne l'était le pays des Athbedj].

Tlemcen obéissait alors à un descendant de Yala, nommé Bakhti, lequel eut pour vizir et général un ifrenide appelé AbouSoda-Ibn-Khalila. Cet officier sortait assez souvent pour combattre les Athbedj et les Zoghba, et, en ces occasions, il rassembla sous son drapeau les Maghraoua, les Beni-Ifren, les BeniIloumi, les Beni-Abd-el-Ouad, les Toudjin, les Beni-Mer în et toutes les autres tribus zenatiennes du Maghreb central qui reconnaissaient l'autorité des Beni-Yala. Dans un de ces conflits, lequel eut lieu postérieurement à l'an 450 (1058), Abou-Soda perdit la vie.

Après la mort de Bakhti et l'avènement de son fils, El-Abbas, les Almoravides s'emparèrent du Maghreb-el-Acsa, et leur chef, Youçof-Ibn-Tachefîn, expédia une armée lemtounienne contre Tlemcen. Mezdeli, l'officier qui commandait ces troupes avait l'ordre de combattre les Maghraoua établis dans cette ville et les derniers restes de la famille Zîri[-Ibn-Atïa] qui s'y étaient réfugiés. Il soumit le Maghreb central, dispersa les bandes que Moalla, fils d'El-Abbas, fils de Bakhti, conduisit à sa rencontre, fit Moalla prisonnier et lui ôta la vie.

En l'an 473 (1080-4), Youçof-Ibn-Tachefîn vint à la tête de tous ses corps almoravides et s'empara de Tlemcen. Les Maghraoua, qui s'y étaient enfermés, furent exterminés et El-Abbas, fils de

Bakhti, subit la mort ainsi que tous les autres membres de la famille Yala. Après cette conquête, Youçof se rendit maître. d'Oran, de Ténès, du Ouancherich, de Chelif et de tout le pays jusqu'à Alger. De là, il rebroussa chemin, après avoir fait disparaître du Maghreb central toute trace de la puissance des Maghraoua. Dans Tlemcen il installa une garnison almohade, sous les ordres de Mohammed - Ibn-Tînamer le nessoufien, et, sur l'emplacement de son camp, il båtit la ville de Tagraret, nom qui signifie station en langue berbere. Aujourd'hui Tagraret ne forme qu'une seule ville avec Agadir qui est l'ancien Tlemcen. La domination des Maghraoua disparut ainsi de tout le Maghreb comme si elle n'y avait jamais existé.

LES ÉMIRS MAGHRAOUIENS D'AGHMAT.

Je n'ai jamais pu découvrir les noms des émirs d'Aghmat, mais je sais qu'ils y gouvernaient à l'époque où les derniers princes de la famille Zîri[-Ibn-Atïa] régnaient à Fez et que les descendants de Yala l'ifrenide commandaient dans Salé et dans Tedla. Ils eurent pour voisins les Masmouda et les Berghouata. Le dernier de ces émirs vécut entre les années 450 et 460 (de 1058 à 1067). Il se nommait Lacout', fils de Youçof-Ibn-Ali. Sa femme, Zeineb la nefzaouienne, fille d'Ishac, était aussi distinguée par son habileté politique que par sa beauté. En l'an 449 (1057-8), quand les Almoravides s'emparèrent d'Aghmat, Lacout se réfugia dans Tedla et descendit chez Mohammed-IbnTemîm l'ifrenide, seigneur de Salé et des contrées voisines. En l'an 451 (1059), les Almoravides prirent Tedla, tuèrent l'émir Mohammed avec ses Ifrenides et Lacout. L'émir des Almoravides, Abou-Bekr-Ibn-Omar, épousa Zeineb, mais, en partant pour le Désert, l'an 453 (1061), il la céda à son cousin, YouçofIbn-Tachefin, qu'il venait de nommer gouverneur du Maghreb.

Variante Laghout Voy. t. 1, p. 71.

Ce fut à l'intelligence de cette femme que Youçof dut l'établissement de sa puissance; ce fut en suivant les conseils de Zeineb qu'il parvint à obtenir l'autorité suprême, après le départ d'Abou-Bekr, et à détourner la résistance que ce chef avait voulu lui opposer'.

Voilà tout ce que j'ai pu apprendre au sujet de Lacout-IbnYouçof et de sa famille.

NOTICE DES BENI-SINDJAS, DES RIGHA, DES LAGHOUAT ET DES BENI-OUERRA, TRIBUS MAGHRAOUIENNES.

« Ces quatre peuples appartiennent à la tribu des Maghraoua, » bien que quelques personnes prétendent qu'ils font partie » d'une toute autre branche de la grande famille zenatienne. »> Je tiens ce renseignement d'un homme digne de confiance, lequel l'avait appris d'Ibrahîm-Ibn-Abd-Allah-et-Tîmzoughti, « pre» mier généalogiste zenatien de son époque, » me dit-il. L'on sait cependant que les Sindjas, les Righa, les Laghoaut et les Beni-Ouerra ont toujours compté parmi les branches les plus considérables de la tribu des Maghraoua.

Les Sindjas occupent plusieurs localités de l'Ifrîkïa, du Maghreb central et du Maghreb-el-Acsa. On en trouve aussi au midi du Maghreb central, dans la montagne des Rached et dans celle de Guérîguera; ou les rencontre même dans le Zab et dans le territoire de [la ville de] Chelif. Une de leurs familles, les Beni-Ghïar, habite cette dernière localité, et une autre, les BeniEinan, demeure dans le territoire de Constantine.

Autrefois, les Beni-Sindjas formaient une grande population et se signalèrent en Ifrikïa et en Maghreb par la part qu'ils prirent à la guerre des Zenata contre les Sanhadja. A cette époque, ils n'eurent presqu'aucun autre métier que le brigandage sur les

1 Voy. t. I, p. 72.

2 Variante: Ghiar.

T. III.

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grandes routes et le pillage des villes. En l'an 514 (1120-1), ils bloquèrent Cafsa, après en avoir ravagé les environs et massacré toutes les troupes melkatiennes qu'ils y rencontrèrent. Ils repoussèrent même une sortie de la garnison et lui tuèrent beaucoup de monde. Leurs désordres devinrent enfin si intolérables que Mohammed-Ibn-Abi-'l-Arab, général du sultan [sanhadjien Ali-Ibn-Yahya], fut envoyé dans le Djerîd avec un corps d'armée pour les faire cesser. Cet officier en expulsa les Sindjas et rétablit la sûreté des communications; puis, en l'an 515 (1121-2), quand ils y recommencèrent leurs déprédations, il les attaqua de nouveau, leur tua beaucoup de monde et rapporta une grande quantité de têtes à Cairouan. Le gouvernement sanhadjien ne cessa de poursuivre cette population et de la moissonner avec l'épée jusqu'à ce qu'il en brisa la puissance.

Les Arabes hilaliens étant alors arrivés en Ifrikïa, enlevèrent aux Zenata et aux Sanhadja les campagues de ce pays et forcèrent [les Sindjas] à se réfugier dans leurs châteaux forts et dans leurs montagnes. Ils les contraignirent même au paiement de l'impôt, à l'exception de quelques familles qui se tenaient dans le Mont-Rached et d'autres régions du Désert. Elles restèrent dans ces contrées, bien loin des postes occupés par les troupes de l'empire, et ne payèrent aucune espèce de contribution; mais, ayant été domptées par les Amour, tribu arabe hilalienne qui vint s'établir dans cette localité, elles finirent par devenir les alliés et serviteurs du conquérant.

Les Sindjas du Zab sont, de nos jours, une population de contribuables, payant l'impôt aux cheikhs qui occupent les places fortes de cette contrée. Ceux qui habitent les territoires de Chelif et de Constantine sont aussi de ces populations soumises qui paient l'impôt au gouvernement établi. Ils professaient tous les mêmes doctrines kharedjites que les Zenata de la première

Peut-être telkatiennes, c'est-à-dire sanhadjiennes. Dans la note 2, p. 260 de ce volume, il faut lire Telkat, Tolokkata et Telkata.. 2 Pour âna, lisez ánha dans le texte arabe.

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