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ghreb-el-Acsa. Nous avons déjà dit1 que les Khazer étaient partisans des Oméïades espagnols. El-Mansour - Ibn-Abi-Amer, devenu grand chambellan d'El-Mowaïed [Hicham II, dixième souverain oméïade d'Espagne], se borna, pendant la première période de son administration, à occuper un seul point du territoire de l'Afrique, et, après avoir établi dans Ceuta quelques fonctionnaires civils, plusieurs officiers supérieurs et une garnison prise dans les divers corps de l'armée, il laissa aux émirs zenatiens, chefs des Maghraoua, des Beni-Ifren et des Miknaça, le soin de gouverner le reste du pays et d'en défendre les frontières. Pour mériter les dons et les grâces que ce ministre était toujours prêt à leur accorder, les chefs africains s'efforcèrent à lui rendre d'utiles services.

Vers cette époque, Khazroun-Ibn-Felfoul marcha contre Sidjilmessa, ville qui obéissait à l'émir Abou-Mohammed-el-Motezzbillah, membre de la famille Midrar. Ce prince y avait établi son autorité, en l'an 352 (963), par l'assassinat de son frère, El-Montacer, lequel s'était emparé de la ville après le départ de Djouher, quand ce général emmena captif en Ifrîkïa3 l'émir midraride, Es-Chaker-lillah-Mohammed-Ibn-el-Feth. Ce fut en l'an 366 (976-7) que Khazroun- Ibn-Felfoul conduisit ses Maghraoua à la conquête de Sidjilmessa. El-Motezz sortit pour lui livrer bataille et essuya une défaite qui amena la prise de la ville et la chute de la dynastie kharedjite des Beni-Midrar. Le vainqueur fit proclamer, pour la première fois dans cette localité, la souveraineté des Oméïades et il donna l'ordre d'y célébrer la prière au nom de Hicham - el - Mowaïed. S'étant emparé des trésors d'El-Motezz et du dépôt d'armes que ce prince y avait formé, il écrivit au souverain espagnol l'annonce de cette victoire. La tête d'El-Motezz, qu'il envoya à Cordoue, fut exposée aux regards du public, devant la porte du palais. Ce fut au

1 Voy. page 228 de ce volume.

2 Voy. t. 1, p. 265.

3 Le texte arabe dit: en Maghreb.

bonheur constant d'Ibu-Ami-Amer que l'on attribua la prise de Sidjilmessa. Khazroun reçut de ce ministre le gouvernement de la ville conquise et des contrées qui en dépendent; un diplôme émané du khalife oméïade vint confirmer ce choix et permettre à l'émir maghraouien d'y établir son autorité. Il conserva le pouvoir jusqu'à sa mort et eut pour successeur son fils Ouanoudîn.

En l'an 369 (979-80), Bologguîn, fils de Zîri-Ibn-Menad, commença la grande expédition qui le mena dans le Maghreb-elAcsa et il contraignit les Zenata à se réfugier sous les murs de Ceata. Devenu ainsi maître de toutes les provinces du Maghreb [et de la ville de Sidjilmessa], il y établit des officiers pour gouverner en son nom. Il entreprit même le siége de Ceuta et, quand il eut renoncé à cette tentative, il tourna ses armes contre les Berghouata. Ayant ensuite appris que Ouanoudîn-Ibn-Khazroun avait envahi le territoire de Sidjilmessa, pris cette ville d'assaut, fait prisonnier le gouverneur [sanhadjien] et saisi tous les trésors et approvisionnements qu'on y avait déposés, il se dirigea de ce côté, l'an 373 (983-4); puis, il s'en éloigna et mourut en chemin. Ouanoudîn profita de son départ pour rentrer encore dans Sidjilmessa.

A la suite de ces événements, Zîri-Ibn-Atïa, petit-fils d'AbdAllah-Ibn-Khazer, soumit le Maghreb et obtint du2 khalife Hicham le gouvernement de Fez. Quelque temps après, il se révolta contre l'autorité d'El-Mansour et mit ce ministre dans la nécessité de faire passer en Afrique son fils Abd-el-Mélek [-el-Modaffer], à la tête d'une armée. Débarqué en l'an 388 (998), El-Modaffer enleva le Maghreb aux Beni-Khazer, occupa Fez et envoya des officiers dans toutes les provinces, afin d'y prélever l'impôt (kharadj) et de mettre les frontières à l'abri d'insulte. Hamîd-IbnYesel, qui avait quitté les Fatemides pour se joindre aux

1 Dans le texte arabe, il faut placer un alif avant l'aïn d'amaliha.

2 Dans le texte arabe, il faut lire, avec les manuscrits, bi-ahd (par un diplóme) à la place de bád.

Oméïades, reçut alors de lui le gouvernement de Sidjilmessa. Cette nomination eut lieu quand on sut que les Beni - Khazroun s'étaient enfuis de la ville. Hamid alla s'y installer et fit reconnaître aux habitants l'autorité de ses nouveaux maîtres.

Avant de rentrer en Espagne, El-Modaffer remit à Ouadeh le gouvernement de Fez et accorda une amnistie à Ouanoudîn-IbnKhazroun, à Felfoul-Ibn-Said, cousin du précédent, et à beaucoup d'autres grands personnages de la famille Khazer qui avaient sollicité leur grâce. Ces deux chefs proposèrent alors à Ouadeh de lui envoyer chaque année une somme fixe, un certain nombre de chevaux et de boucliers [en peau de lamt] et de lui laisser leurs enfants comme otages, pourvu qu'il donnât le gouvernement de Sidjilmessa à Ouanoudin. Ces conditions furent acceptées; et, vers le commencement de l'an 390 (décembre 999), Ouanoudin alla commander dans cette ville au nom des Oméïades.

En 396 (1005-6) El-Moëzz-Ibn-Zîri obtint d'El-Modaffer lo gouvernement de tout le Maghreb, à l'exception de Sidjilmessa, dont on ne voulut pas dépouiller Ouanoudîn.

Lors de la dissolution du khalifat de Cordoue, quand l'empire se fractionna en plusieurs états, par suite de l'usurpation des émirs qui commandaient dans les villes, dans les forteresses et dans les provinces de l'Espagne, Ouanoudîn aussi se déclara indépendant à Sidjilmessa et s'empara du Derâ. Ayant appris, en l'an 407 (1016-7), qu'El-Moëzz-Ibn-Zîri, seigneur de Fez, s'était mis en marche pour lui enlever sa ville, il sortit pour le combattre et mit en pleine déroute les bandes maghraouiennes que son adversaire avait rassemblées. Ce revers entraîna El-Moëzz dans une suite d'embarras et de malheurs qui durérent jusqu'à sa mort. Ouanoudîn, devenu alors très-puissant, occupa Sofrouï, l'une des dépendances de Fez, et installa les membres de sa famille comme gouverneurs dans toutes les bourgades du Molouïa.

Dans le texte arabe, il faut lire el-ámal, avec un alif avant l'aïn.

T. III.

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Quand il mourut, son fils Masoud lui succéda, mais je n'ai pu découvrir à quelle époque.

que

En l'an 445 (1053-4), Abd-Allah-Ibn-Yacîn rassembla les Almoravides faisant partie des tribus à litham, telles que les Lemtouna et les Messoufa, et ouvrit sa carrière de conquêtes par une irruption dans cette partie du Derâ Masoud--Ibn-Ouanoudîn s'était réservé comme lieu de pâturage pour ses chameaux. Masoud quitta Sidjilmessa en toute hâte, afin de protéger ses troupeaux et, dans le combat qui s'ensuivit, il perdit la journée et la vie. Nous avons déjà parlé de cet événement dans la notice des Lemtouna. L'année suivante, ce peuple fit une nouvelle incursion dans le pays et, s'étant emparé de Sidjilmessa, il passa au fil de l'épée tous les Maghraoua qui s'y étaient réfugiés et se jeta successivement sur les autres provinces du Maghreb, sur le Sous et sur les Masmouda de l'Atlas. En l'an 455 (1063), il prit Sofroui d'assaut et y massacra les enfants de Ouanoudîn et les débris des Maghraoua. En l'an 463 (1070-1), il enleva de vive force les bourgades du Molouïa et ruina complètement la puissance de la famille Ouanoudin.

HISTOIRE DES PRINCES DESCENDUS DE FELFOUL-IBN-KHAZROUN ET DE LEUR EMPIRE A TRIPOLI.

Après avoir forcé les Maghraoua et leurs chefs, les BeniKhazer, à se jeter dans le Maghreb-el-Acsa, Bologguin les contraignit, l'an 369 (979-80), à se réfugier sous les murs de Ceuta. El-Mansour-Ibn-Abi-Amer leur vint alors en aide et, s'étant avancé jusqu'à Algésiras, afin de mieux surveiller les opérations qui devaient avoir lieu, il expédia à leur secours l'émir Djâfer

1 Voy. t. I, p. 70.

Nous devons faire observer que les Beni-Khazer formaient une branche de la famille Khazroun.

Ibn-Ali et les princes berbères et zenatiens dont il s'était entouré. Bologguin reconnut l'impossibilité d'attaquer ses adversaires avec avantage et décampa pour envahir successivement les autres régions du Maghreb. Il reprit ensuite la route de son pays et mourut, l'an 372 (982-3), avant d'y arriver. Les tribus ifrenîdes et maghraouiennes rentrèrent alors dans les territoires d'où on les avait expulsés.

En 376 (986-7), le visir El-Hacen-Ibn-Abd-el-Ouédoud arriva en Maghreb, où El-Mansour l'avait envoyé pour prendre le commandement, et, par les honneurs extraordinaires qu'il prodigua aux émirs Mocatel et Zîri, fils d'Atïa-Ibn-Abd-Allah-IbnKhazer, il inspira une vive jalousie aux autres princes de la même famille. Said, fils de Khazroun, fils de Felfoul, fils de Khazer, céda à son mécontentement et, s'étant rendu à la ville d'Achîr, en l'an 379 (989-904), avec son fils, Ouerrou, il trouva l'accueil le plus bienveillant auprès d'El-Mansour, fils de Bologguin, qui venait d'y rentrer d'une expédition. Le souverain sanhadjien mit alors de côté tout sentiment d'animosité et donna au transfuge le gouvernement de Tobna; puis, voulant se l'attacher encore davantage, il accorda la main d'une de ses filles à Ouerrou.

Said et toute sa suite allèrent s'établir dans Tobna, d'où il se rendit à Cairouan, l'an 384 (991-2), pour offrir encore ses hommages à El-Mansour. Reçu avec des grandes démonstrations d'honneur par ce prince, qui était même sorti de la ville pour le rencontrer, il accepta le logement qu'on lui avait préparé et et mourut dans Cairouan, la même année.

Son fils Felfoul quitta aussitot Tobna et vint recevoir sa nomination au gouvernement de cette ville. El-Mansour le revêtit

1 Les manuscrits portent Yahya, ainsi que le texte arabe imprimé. Ailleurs, t. n, p. 12, notre auteur indique l'année 373 comme celle de la mort de Bologguîn.

3

• Voy. page 238 de ce volume.

Dans le texte arabe, il faut lire tissé, à la place de seba.

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