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» bien et de pardonner aux coupables, à l'exception de ceux qui » ont transgressé les lois de Dieu, dont le nom soit béni et exalté! >> En recevant son assentiment à ces conditions, nous avons » pris Dieu à témoin, et, en fait de témoin, Dieu [nous] suffit I >> Aussi, nous avons envoyé un des grands officiers de l'empire, >> notre féal ami, le vizir Abou-Mohammed-Ali-Ibn-Hadlem2, que >> Dieu exalte! afin qu'il reçoive d'El-Moëzz les sûretés qu'il >> doit fournir et qu'il rende impératives les obligations d'un >> acte par lequel El-Moëzz obtiendra de grands avantages. Nous >> lui avons ordonné de vous faire assister à la ratification de ce >> traité comme parties intéressées, et, à cause du grand intérêt >> que nous prenons à votre bonheur, nous mandons à El-Moëzz » de protéger les faibles contre les forts et de ne jamais per» mettre que le moindre mal vous arrive; car telle est notre » volonté, soyez-en parfaitement assurés.

<«< Voulant aussi que le cadi Abou-Abd-Allah donne jugement >> avec notre autorisation et appui, de sorte que le blâme d'au>> cun censeur ne puisse l'atteindre devant Dieu, il nous a plu >> de lui confier les fonctions de juge et, comme nous espérons » qu'il justifiera notre choix, nous le revêtissons de la dignité » de cadi. Ainsi, que Dieu nous soit en aide ! plaçons notre >> confiance en Dieu seul!

« Recevez de notre part un salut plein de bienveillance au» quel je prie Dieu d'ajouter sa miséricorde et sa bénédiction! «Ecrit dans le mois de Dou-'l-Câda de l'an trois cent quatre>> vingt-seize (août 1006). »

Ce fut ainsi qu'El-Moëzz, fils de Ziri, obtint le gouvernement du Maghreb entier, à l'exception, toutefois, de la ville et province de Sidjilmessa; car Ouadeh, l'affranchi d'El-Mansour, étant gouverneur du Maghreb, avait choisi Ouanoudîn, fils de Khazroun-Ibn-Felfoul, pour y commander, ainsi que l'on verra plus loin.

1 Coran, sourate iv, verset 81.

Dans le texte arabe imprimé, ce nom est écrit Djedlem. La leçon adoptée dans la traduction est celle d'un de nos manuscrits.

Encouragé et ranimé par l'arrivée de ce diplôme, El-Moëzz envoya ses agents dans toutes les provinces pour y prélever l'impôt, et, tout en augmentant l'étendue de son empire, il ne cessa de trouver une obéissance parfaite dans les diverses classes de ses sujets.

Après la dissolution du khalifat des Oméïades espagnols et le démembrement de leur empire par les gouverneurs de leurs provinces, El-Moëzz forma le projet d'enlever Sidjilmessa à la famille de Ouanoudîn-Ibn-Khazroun. En l'an 407 (4046-7), il se mit en marche avec une armée nombreuse qu'il avait rassemblée pour cet objet; mais, ayant été battu et repoussé par les troupes de Sidjilmessa qui s'etaient avancées à sa rencontre, il ne ramena à Fez qu'un débris de ses bandes et passa le reste de ses jours à lutter contre les difficultés de sa position. Il mourut en 417 (1026) et eut pour successeur, son cousin, Hammama, fils d'El-Moëzz-Ibn-Atia. Quelques historiens, trompés par la similitude du nom, ont pris ce Hammama pour le fils d'El-MoëzzIbn-Zîri.

Hammama atteignit à une grande puissance et vit sa cour fréquentée par une foule d'émirs, de légistes, d'ambassadeurs et de poètes. En l'an 424 (1033), son autorité fut menacée par l'émir ifrenide, Abou-'l-Kemal-Temîm, fils de Zîri-Ibn-Yala et membre de la famille de Yeddou-Ibn-Yala, laquelle était alors maîtresse des environs de Salé1. Temim marcha sur Fez à la tête des tribus ifrenides et de leurs alliés zenatiens, attaqua Hammama qui venait au-devant de lui avec les Maghraoua, et le força à prendre la fuite après un combat très-acharné. Cette journée coûta la vie à une foule de Maghraoua. Les Ifrenides s'emparèrent de Fez, mirent au pillage le quartier juif et réduisirent en esclavage les femmes de ce peuple. Par ce coup fatal, la prospérité des juifs fut anéantie.

Pendant que Temîm établissait son autorité dans Fez et dans les provinces du Maghreb, Hammama s'était réfugié dans Oudjda

1 Voy. ci-devant, p. 222.

et s'occupait à rassembler les tribus maghraouiennes qui habitaient les rivages du Molouïa et du Za. En l'an 429 (1037-8), il reprit Fez et obligea sɔn adversaire à lui abandonner la souveraineté du Maghreb et à rentrer dans Salé.

En l'an 430 (1038-9), il marcha au-devant d'El-Caïd-IbnHammad, seigneur d'El-Calâ, qui s'avançait contre lui à la tête d'une armée sanhadjienne1; mais, ayant découvert que les Zenata s'étaient laissés corrompre par les dons de ce prince, il vit la nécessité de conclure une paix en faisant sa soumission. Rentré à Fez, il mourut en 431 (1039-40). Tous ses états passèrent à son fils, Abou-'l-Attaf-Dounas, qui eut bientôt à combattre son cousin Hammad, fils de Moannecer-Ibn-el-Moëzz. Hammad, dont l'armée était très-nombreuse, se rendit maître de tout le pays ouvert et, à la suite de plusieurs combats, il força Dounas à se retrancher dans Fez. Ce fut alors que celui-ci fit creuser le fossé que l'on appelle encore Siadj-Hammad (l'enceinte de Hammad). Les assiégeants coupèrent l'aqueduc qui conduisait l'eau dans le quartier des Cairouanides et tinrent la ville étroitement bloquée jusqu'à la mort de leur chef, Hammad, en 435 (1043-4). Dounas conserva son empire et, pendant un long règne, il consacra tous ses soins à l'embellissement de sa capitale. Il y construisit beaucoup d'édifices publics, des bains, des caravansérails et entoura les faubourgs d'une bonne muraille. Fez devint alors très-florissant et forma un grand centre commercial où les marchandises affluèrent de tous les côtés.

En l'an 451 (1059), aussitôt après la mort de Dounas, son fils, El-Fotouh, prit le commandement et s'établit dans le quartier des Andalous. Peu de temps après, il eut à soutenir une lutte contre son frère cadet, Adjîça, qui s'était fortifié dans le quartier des Cairouanides et dont la révolte avait jeté la division dans leur empire. Une suite de combats, où chaque parti remporta alternativement la victoire, eut lieu dans le local qui séparait les deux quartiers, local dont la position est encore indiquée par la

1 Voy. t. I, p. 46.

porte d'El-Tâba', qui forme l'entrée du quartier des Cairouanides. El-Fotouh fit construire dans son quartier la porte nommée Bab-el-Fotouh, et Adjîça en fit bâtir dans le sien une autre qui prit son nom et que l'on appelle maintenant Bab-Djîça; l'usage ayant amené la suppression de la première lettre du mot. Les choses continuèrent en cet état jusqu'à l'an 453 (1061), quand El-Fotouh réussit à surprendre son frère et à le tuer.

Bientôt après, les Lemtouna almoravides envahirent le Maghreb à l'improviste, et El-Fotouh, craignant les suites de cette invasion, s'éloigna de Fez. Bologguin-Ibn-Mohammed-Ibn-Hammad profita de cette circonstance et, en l'an 454 (1062), il fit une expédition en Maghreb, selon son habitude, pénétra dans Fez et emmena comme otages plusieurs notables de la ville. S'étant ainsi assuré l'obéissance des autres habitants, il s'en retourna dans sa forteresse, la Calâ- Beni-Hammad.

Moannecer, fils de Hammad-Ibn-Moannecer 2, succéda à ElFotouh et soutint une guerre contre les Almoravides. Vaincu par eux dans une grande bataille, l'an 455 (1063), il se réfugia chez les Sadina et laissa tomber Fez au pouvoir de Youçof-Ibn-Tachefîn. Ce souverain y installa un de ses officiers comme gouverneur et partit pour conquérir le pays des Ghomara. Moannecer profita de son éloignement pour reprendre la ville et en faire mourir le gouverneur et les autres Lemtouniens qui s'y trouvaient. Les uns périrent sur le bûcher; les autres sur la croix. Il marcha ensuite contre Mehdi-Ibn-Youçof-el-Gueznaï, seigneur de la ville des Miknaça (Mequinez), qui avait embrassé le parti des Almoravides et, l'ayant vaincu, il envoya sa tête au chambellan Soggout-el-Berghouati, gouverneur de Ceuta. A cette nouvelle, Yonçof-Ibn-Tachefin envoya une armée almoravide à Fez pour en faire le siége. Bientot la ville se trouva si étroitement bloquée

1 Variante: El-Acaba; peut-être En-Nacba.

2 Dans le texte arabe imprimé, on lit Mansour; il faut remplacer ce nom par Moannecer.

3 C'est à tort que le texte arabe porte Sokoun.

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que les habitants ne purent plus recevoir des vivres du dehors et commencèrent à ressentir les effets de la disette. Moannecer prit enfin la résolution de vaincre et de mourir, et, ayant opéré une sortie contre l'ennemi, il succomba dans le conflit sans que l'on pût jamais découvrir son corps. Ceci eut lieu en l'an 460 (1067-8).

Les habitants de Fez proclamèrent alors son fils Temîm. Le règne de ce prince fut une suite de malheurs : siége de la ville, révoltes, maladies et famine. Youçof-Ibn-Tachefîn fut trop occupé dans le pays des Ghomara pour diriger tous ses efforts contre Fez; mais, en l'an 462 (1069-70), quand il eut enfin réduit cette région, il vint en personne y mettre le siége. Au bout de quelques jours, il emporta la place d'assaut et tua [dans les deux grandes mosquées seulement] plus de trois mille Maghraouiens, Ifrenides, Miknaciens et Zenatiens avec leur chef, Temîm. Au lieu d'enterrer les cadavres séparément, on creusa plusieurs fosses où l'on en déposa un grand nombre à la fois. La partie des habitants qui échappa au massacre se réfugia dans Tlemcen. Youçof-Ibn-Tachefîn fit alors abattre les murailles qui séparaient les deux quartiers de Fez et en forma une seule ville qu'il entoura d'une même enceinte. Ainsi finit l'empire que les Maghraoua avaient établi dans Fez.

NOTICE DES BENI-KHAZROUN, FAMILLE MAGHRAOUIENNE QUI RÉGNA DANS SIDJILMESSA.

Khazroun, fils de Felfoul, fils de Khazer, était émir des Maghraoua et un des membres les plus influents de la famille Khazer, précisément à l'époque où les Sanhadja, sous la conduite de Bologguîn-Ibn - Zîri, enlevèrent le Maghreb central à sa tribu et la forcèrent à traverser le Molouïa pour se réfugier dans le Ma

En arabe pour (obtenir) l'une (ou l'autre) des deux délivrances. Indication fournie par le Cartas, page 91 du texte arabe.

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