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envoya en Maghreb une armée ketamienne sous les ordres d'Arouba-Ibn-Youçof le ketamien. Ce chef rentra en Ifrîkïa après avoir conquis la partie orientale du Maghreb. Une autre armée ketamienne, commandée par Messala-Ibn-Habbous, pénétra dans le même pays, s'empara des états idricides et obligea les membres de cette famille à reconnaître la souveraineté d'ObeidAllah. Yahya-Ibn-Idris-Ibn-Omar, dernier des rois idricides, abdiqua le pouvoir et fit sa soumission au vainqueur. En récompense de sa conduite, Messala lui confia le gouvernement de Fez et reprit le chemin de Cairouan après avoir choisi MouçaIbn-Abi-'l-Afïa, émir des Miknaça et seigneur de Teçoul et de Tèza, pour commander dans les plaines du Maghreb. MohammedIbn-Khazer, petit-fils de ce Mohammed-Ibn-Khazer-Ibn-Hafs qui avait soutenu la cause d'Idris l'ancien, se mit alors en révolte et porta les Zenata et les peuples du Maghreb central à proscrire les partisans de la dynastie fatemide. En l'an 309 (924922), le Mehdi Obeid-Allah fit marcher contre lui une armée ketamienne sous la conduite de Messala - Ibn - Habbous, gouverneur du Maghreb. Ibn-Khazer rassembla les Maghraoua et les autres peuples zenatiens afin de résister à cette attaque. L'armée de Messala fut mise en déroute et ce général, s'étant élancé sur Mohammed-Ibn-Khazer, mourut de la main de ce chef.

L'année suivante, Obeid-Allah envoya son fils, Abou-'l-Cacem, contre Ibn-Khazer. A l'approche de ce prince, les Zenata prirent la route du Désert et, se voyant traqués par lui jusqu'au Molouïa, ils coururent se réfugier dans le territoire de Sidjilmessa. Abou-'l-Cacem se jeta alors sur le Maghreb, qu'il parcourut en tous sens, afin de le soumettre à l'autorité du gouvernement fatemide.

Ayant alors confirmé Ibn-Abi-'l-Afïa dans son commandement, il rentra en Ifrikïa, sans avoir à souffrir, en marche, de la moindre ruse de guerre.

4. Il faut remplacer le mot ictada par intacad dans le texte arabe.

Vers cette époque, [Abd-er-Rahman-]en-Nacer, seigneur de Cordoue, conçut l'espoir d'occuper le Maghreb occidental, et, après avoir écrit aux princes idricides et aux chefs zenatiens pour leur faire connaître ses intentions, il leur envoya, l'an 316 (928-9), son conseiller privé, Mohammed-Ibn-Abd-Allah-IbnAbi-Eïça. La réponse d'Ibn - Khazer ne se fit pas attendre : il s'empressa d'expulser du Zab les partisans des Fatemides et de leur enlever Chelif et Ténès. Il prit aussi la ville d'Oran, y plaça comme gouverneur son fils El-Kheir et soumit à l'autorité des Oméïades toutes les parties du Maghreb central, à l'exception de Téhert. Son zèle pour cette cause trouva un imitateur dans Idrîs, fils d'Ibrahim-Ibn-Eïça-Ibn-Mohammed-Ibn-Soleiman et seigneur d'Archgoul.

En l'an 317 (929-30), En-Nacer enleva Ceuta aux Idrîcides. Plus tard, Mouça-Ibn-Abi-l-Afïa passa du côté des Oméïades et prêta son appui à Mohammed-Ibn-Khazer. Felfoul, frère de celui-ci, alla se joindre aux Fatemides et, en récompense de sa défection, il obtint du Mehdi Obeid-Allah le gouvernement de Téhert. Ayant alors marché sur Fez, chassant devant lui les populations nomades, tant zenatiennes que miknaciennes, it réussit à soumettre le Maghreb. En 322 (934), l'eunuque Meiçour [général fatemide] entra dans ce pays et mit le siége devant Fez; mais la résistance qu'il y trouva fut si grande qu'il repartit pour l'Ifrikïa. En 328 (939-40), Hamîd- Ibn-Yesel [officier au service des Fatemides] passa du côté de Mohammed-Ibn-Khazer; puis, il traversa le Détroit et obtint d'En-Nacer le gouvernement du Maghreb central.

L'embarras que la révolte d'Abou-Yezîd créa au gouvernement fatemide permit à Mohammed-Ibn-Khazer et aux Maghraoua de montrer toute leur puissance, et, en l'an 333 (944-5), ils marchèrent contre Téhert avec Hamîd-Ibn-Yesel, le général oméïade. Parmi les chefs qui prirent part à cette expédition, on remarqua El-Kheir-Ibn-Mohammed, son frère Hamza, son on

4 Souverain oméïade de l'Espagne.

cle Abd-Allah-Ibn-Khazer, et Yala-Ibn-Mohammed, à la tête des Beni-Ifren. Tóhert fut emporté d'assaut; Abd-Allah-Ibn-Bekkar y trouva la mort, et l'eunuque Meiçour, général commandant de la place, fut fait prisonvier. Dans un des combats qui précédèrent la chute de la ville, Hamza-Ibn-Mohammed-Ibn-Khazer perdit la vie. Quelque temps auparavant, les Maghraoua, sous les ordres de Mohammed-Ibn-Khazer, étaient allés prendre Biskera et tuer Zeidan, eunuque [qui y commandait au nom du souverain fatemide].

Quand Abou-Yezid eut levé le siége d'El-Mehdïa, Ismaïl-elMansour sortit à sa poursuite et pénétra dans le Maghreb. La proximité de ce souverain excita les appréhensions de Mohammed-Ibn-Khazer qui n'avait pas oublié sa défection et son acharnement à massacrer les partisans des Fatemides. Pour conjurer le danger qui le menaçait, il fit porter à El-Mansour un acte d'hommage et, en réponse à ce simulacre d'obéissance, il reçut la recommandation de poursuivre Abou-Yezîd et de mériter une récompense de vingt charges d'or en s'emparant de lui.

En l'an 340 (954-2), quelques années après la mort d'AbouYezid, son partisan dévoué, Mâbed-Ibn-Khazer, frère de Mohammed-Ibn-Khazer, tomba entre les mains d'Ismaïl-el-Mansour ot subit la peine de mort. Sa tête fut plantée sur la muraille de Cairouan. Mohammed-Ibn-Khazer et son fils El-Kheir continuèrent à gouverner dans le Maghreb central, dont ils avaient partagé les provinces avec Yala-Ibn-Mohammed. En cette année, Fotoub, fils d'El-Kheir, accompagné des cheikhs de Téhert et d'Oran, se rendirent à la cour d'En-Nacer l'oméïade et reçurent de lui l'autorisation de repasser le Détroit et de rentrer dans leurs gouvernements respectifs.

Une guerre qui éclata entre les Maghraoua et les Sanhadja donna ensuite beaucoup d'occupation à Mohammed-Ibn-Khazer et à son fils El-Kheir. Yala-Ibn-Mohammed réussit alors à prendre et à dévaster la ville d'Oran 1. Vers la même époque, En-Nacer

En l'an 298 (910-1), Dowas-Ibn-Soulat, officier qui gouvernait le Maghreb central au nom des Fatemides et qui résidait à Téhert, fit re

fit choix de Hamid-Ibn-Yesel pour gouverner Tlemcen et le pays qui en dépend; il confia, en même temps, le gouvernement du Maghreb à Yala-Ibn-Mohammed. Jaloux de voir une telle distinction accordée à son rival, Mohammed-Ibn-Khazer embrassa de nouveau le parti des Fatemides. En l'an 342 (933-4), il se rendit auprès d'El-Moëzz, qui était monté sur le trône après la mort de son père Ismaïl, et reçut de ce monarque l'accueil le plus honorable. Depuis lors, il resta fidèle aux Fatemides et, dans les années 347 et 348 (958-60), il prit part à l'expédition de Djouher dans le Maghreb. En 350 (961), il fit encore une visite à El-Moëzz et mourut à Cairouan, âgé de plus de cent ans. Cette même année fut marquée par la mort d'En-Nacer, le souverain oméïade; par le progrès de l'influence fatemide en Maghreb et par les revers du parti oméïade, dont les adhérents durent se retirer dans les districts de Ceuta et de Tanger.

El-Hakem-el-Mostancer, fils et successeur d'En-Nacer, imita la conduite de ses prédécesseurs et fit un appel à la fidélité des princes africains. Mohammed-Ibn-el-Kheir, petit-fils de Mohammed-Ibn-Khazer, s'empressa d'y répondre en se rappelant que son père et sou afeul avaient servi En-Nacer et que sa famille, les Beni-Khazer, tenait par les liens de clientèle à la famille des Oméïades. Nous avons déjà mentionné qu'Othman-Ibn-Affan [le troisième khalife] s'était déclaré patron de Soulat-Ibn-Ouezmar, aïeul des Khazer 1. Le chef maghraouien passa au fil do l'épée les partisans des Fatemides et avait déjà subjugué [une grande partie de] leur pays quand le khalife El-Moëzz lui suscita un adversaire redoutable dans la personne de Ziri-Ibn-Menad, émir des Sanhadja. Zîri eut l'ordre de faire la guerre aux Zenata et l'autorisation de garder pour lui-même toutes les provinces qu'il pourrait leur enlever. En l'an 360 (970-1), quand les

bâtir et repeupler la ville d'Oran. L'année précédente, cette colonie arabe-espagnole avait été détruite par les tribus du voisinage. Ce fut en l'an 343 que Yala s'en empara.

Ci-devant, p. 228.

troupes sanhadjiennes furent réunies, Bologguîn, fils de Zîri, profita d'un avis qu'il tenait d'une personne au service de Mohammed-Ibn-el-Kheir, et tomba sur les Zenata avant qu'ils eussent complété leurs préparatifs de guerre. Cette attaque trouva cependant une vigoureuse résistance, et ce ne fut qu'à la suite d'un combat acharné que les Zenata s'enfuirent du champ de bataille. Mohammed-Ibn-el-Kheir, se voyant entouré par l'ennemi, quitta ses compagnons et mourut de sa propre main. La déroute des Maghraoua fut complète dix-sept de leurs émirs restèrent sur le champ de bataille, et, de là, on peut juger à combien montait le nombre total de leurs morts. Pendant que les autres tribus du Maghreb se rangeaient sous l'autorité [du souverain] de l'Ifrikïa, les Maghraoua se rallièrent autour d'ElKheir-Ibn-Mohammed, fils de leur dernier chef, MohammedIbn-el-Kheir.

Bologguîn travailla ensuite à indisposer le khalife Mâdd[-elMoëzz] contre Djâfer-Ibn-Ali-Ibn - Hamdoun, seigneur d'ElMecîla et du Zab, en lui rappelant les liaisons que ce chef avait entretenues avec Mohammed-Ibn-el-Kheir. Djàfer eut quelques soupçons de ce qui se passait et, quand El-Moëzz se disposa à partir pour le Caire et l'envoya chercher afin de lui confier le gouvernement de l'Ifrikïa, il en ressentit une telle appréhension qu'il alla se joindre aux Maghraoua. Fortifié par le concours de ce chef, El-Kheir-Ibn-Mohammed marcha contre les Sanhadja et, à son tour, il remporta la victoire. Zîri-Ibn-Menad, chef de la confédération sanhadjienne, mourut sur le champ de bataille, et sa tête fut apportée à Cordoue par Yahya, frère de DjâferIbn-Ali, et une députation de la famille Khazer?.

Au bout de quelque temps, Djâfer commença à se méfier des Zenata et jugea prudent d'aller joindre son frère Yahya, qui était resté à la cour d'El-Hakem l'oméïade.

1 Dans le texte arabe, il faut sans doute lire wa farès, à la place de wa fawed.

Voy. t. 1, pp. 7, 8.

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