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Obeid-Allah, fils d'Abd-Allah-Ibn-ez-Zobeir, avec une troupe de Beni-Aced; Abd-Allah, fils d'Amr-Ibn-el-Aci etEl-Mottelib, fils d'Es-Saîb-Ibn-Abi-Quédâa, accompagnés d'une bande de Beni-Sehm. Merouan, fils d'El-Hakem, suivit l'armée avec son frère El-Hareth et plusieurs autres membres de la famille Omeïa. Une troupe de la tribu de Zehra s'y trouva aussi, et avec elle El-Misouar, fils de Makhrema-Ibn-Neufel et Abder-Rahman, fils d'El-Asoued-Ibn-Abd-Yagouth; de plus, une compagnie de la tribu d'Amer-Ibn-Lowaï-Ibn-Ghaleb, sous les ordres d'Es-Saïb, fils d'Amer-Ibn-Hicham, et de Bosr, fils d'Arta; une troupe de la tribu de Hodeil commandée par AbouDîb-Khoweiled, fils de Khaled, membre de cette tribu. AbouDîb mourut en Ifrîkïa, et ce fut Abd-Allah, fils d'Ez-Zobeir, qui présida à son enterrement. De plus, Abd-Allah, fils d'Anès; Abou-'d-Dorr-el-Ghaffari; El-Micdad-Ibn-Amr[-Ibn-el-Asoued] de latribu de Behra; Bilal, fils d'El-Hareth-el-Mozeni, El-Acem et Moaouïa, fils de Hodeidj; Fodala, fils d'Obeid; Roweife, fils de Thabet; Hamza, fils de Khoweiled; Abou-Zâma, de la tribu de Belî; El-Moséïeb, fils de Hazn; Djébéla, fils d'Amr, de la tribu de Saéd; Zîad, fils d'El-Hareth, de la tribu de Sodâ ; Sofyan, fils de Ouehb; Caïs, fils de Bechar-Ibn-Mesléma; Zoheir, fils de Caïs; Abd-er-Rahman, fils de Sakhr; Amr, fils d'Auf, et Ocba, fils de Nafê, de la tribu de Fihr 1. On y comptait encore six cents hommes de la tribu de Djoheina, trois cents de la tribu d'Aslem, sous les ordres de Hamza-Ibn-Amr-el-Aslemi et de Séléma, fils d'El-Akrâ; huit cents de la tribu de Mozeina; quatre cents de celle de Soleim; cinq cents fournis par les tribus d'Ed-Dîl, Somra et Ghaffar; sept cents par celles de Ghatafan, Achdjà et Fezara, et quatre cents de la tribu de Kâb-Ibn-Amr: ceux-ci furent les derniers qui vinrent se joindre à Othman, au camp d'El-Djorf, lieu situé à trois milles de Médine. Othman fournit à ses frais mille chameaux pour servir de monture aux musulmans pauvres ; il donna aussi des chevaux pour le même objet; ensuite

1. La plupart des chefs nommés dans cette liste avaient servi sous Mahomet. Ils appartiennent tous à la haute noblesse arabe.

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il distribua des armes aux soldats et leur accorda les gratifications d'usage. Ceci se passa dans le mois de moharrem de l'an 27 de l'hégire (octobre 647). Othman monta alors en chaire, et adressant la parole aux troupes, il les exhorta à combattre pour la cause de Dieu. Son discours se termina par ces paroles: « J'ai mis à votre tête Merouan, fils d'El-Hakem; il vous conduira auprès d'Abd-Allah-Ibn-Sâd qui doit alors prendre le commandement, et maintenant je vous recommande à la garde de Dieu ! » L'armée, étant arrivée en Égypte, opéra sa jonction avec un corps considérable qu'Abd-Allah-Ibn-Sâd avait rassemblé; aussi le nombre des combattants se trouva porté à vingt mille. IbnSâd nomma alors Ocba, fils de Nafê, son lieutenant en Égypte, et partit lui-même avec les troupes de l'expédition.

Nous donnerons ici, d'après Ez-Zohri, le récit suivant que lui avait fait Rebiâ, fils d'Abbad, de la tribu d'Ed-Dîl 1. « A notre arrivée, Abd-Allah [-Ibn-Sâd] envoya en avant des éclaireurs et des corps avancés ; moi-même, je marchais, autant que possible, avec les éclaireurs, et par Allah! nous voilà arrivés sous les murs de Tripoli, où nous reconnûmes que les Grecs s'étaient fortifiés. Abd-Allah y mit le siège; mais ensuite, ne voulant pas se laisser détourner du but qu'il avait en vue, il donna l'ordre de décamper. Pendant que nous faisions nos préparatifs, nous aperçûmes des vaisseaux qui venaient d'aborder la côte : aussitôt nous courûmes sus, et nous jetâmes à l'eau ceux qui s'y trouvaient. Ils firent quelque résistance, mais ensuite ils se rendirent, et nous leur liâmes les mains derrière le dos. Ils étaient au nombre de quatre cents. Abd-Allah vint alors nous joindre, et il leur fit trancher la tête. Nous prîmes ce qui était dans les vaisseaux, et cela fut notre premier butin. Abd-Allah marcha alors sur Cabes et y mit le siège, mais les anciens compagnons du Prophète lui conseillèrent d'y renoncer, pour ne pas être détourné de son projet contre l'Ifrîkïa. Il se remit donc en marche, et envoya partout

1. Ceci est le récit controuvé dont il est fait mention dans l'avantpropos.

des détachements qui lui ramenèrent des bœufs, des moutons et du fourrage.

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Le même narrateur ajoute: «< Leur prince (mélek) se nommait Djoredjîr, et son autorité s'étendaitdepuis Tripoli jusqu'à Tanger. Il gouvernait au nom de Heracl (Héraclius). Quand il eut avis de l'approche de l'armée musulmane, il rassembla des troupes et se disposa à combattre. Le nombre de ses soldats montait à cent vingt mille. »

Le narrateur dit plus loin : « Ayant fait les dispositions nécessaires, nous marchâmes contre son armée, et quelques jours se passèrent en pourparlers. Nous l'invitâmes à embrasser l'islamisme, mais il fit le fier et répondit qu'il n'y consentirait jamais. Nous lui fîmes alors la proposition de nous payer un tribut (kharadj) annuel, mais il répondit : Si vous me demandiez un seul dirhem, je ne le donnerais pas ! Nous nous apprêtâmes donc à le combattre, après l'avoir averti [de notre intention]. Abd-AllahIbn-Sâd disposa son armée en aile droite, aile gauche et centre; le prince des Roum en fit autant, et la rencontre eut lieu dans une plaine étendue, nommée Bâcoubâ2, laquelle est éloignée du siège du gouvernement grec d'un jour et d'une nuit de marche; elle est située à la même distance de Carthagina (Carthage). Carthagina est une vaste cité renfermant des édifices très élevés dont les murs sont en marbre blanc ; il y a des colonnes et des marbres de couleurs variées en quantité immense. »

Plus loin ce narrateur dit : « La guerre entre les deux partis se prolongea, et Othman, ne recevant plus aucune nouvelle des musulmans, fit partir Abd-Allah-Ibn-ez-Zobeir. Ce chef prit avec lui douze cavaliers de sa tribu et pressa sa marche pour joindre les vrais croyants. Son arrivée, qui eut lieu de nuit, ex

1. Tanger appartenait alors aux Goths.

2. L'auteur de ce récit a emprunté au Livre des Conquêtes d'El-Beladori le fait dont il parle ici. Ibn-Sâd, dit cet historien, fit halte à Acouba (bi-Acouba). Notre narrateur, ne se doutant pas que le b de ce mot fût la préposition affixe, l'a lu Bâcouba. Ce trait suffit pour démontrer que le prétendu Ez-Zohri, ou son garant Rebia-Ibn-Abbad, composa son récit postérieurement à l'an 280 de l'hégire. El-Beladori mourut vers cette année.

cita une vive joie dans l'armée. Le bruit en fut si grand que les Grecs prirent l'alarme, et, s'étant imaginés qu'on venait les attaquer, ils passèrent une fort mauvaise nuit. Enfin, un de leurs espions rentra au camp et dit au prince que nous avions reçu des renforts. Les musulmans et les Grecs se battirent tous les jours jusqu'à l'heure de midi; alors les deux partis se retiraient dans leurs camps respectifs et le combat cessait. Ibn-ez-Zobeir présida le lendemain à la prière du matin ; il marcha ensuite au combat avec les musulmans, et fit éprouver à l'ennemi des pertes considérables. N'ayant pas vu Ibn-Sâd parmi les combattants,il demanda où il était, et apprit que depuis quelques jours ce chef ne sortait plus de sa tente. Comme Ibn-ez-Zobeir n'avait pas encore eu d'entrevue avec lui il alla le trouver, et après l'avoir salué, il lui communiqua les instructions d'Othman 1et demanda le motif qui le retenait loin du combat. Ibn-Sâd lui répondit : Le prince des Grecs a fait faire cette proclamation en langue grecque et arabe par la voix d'un héraut : Grecs et Musulmans! quiconque tuera 'Abd-Allah-Ibn-Sâd aura ma fille en mariage avec cent mille dinars. Or, sa fille était d'une beauté merveilleuse; elle l'accompagnait à cheval au combat, habillée des étoffes les plus riches et portant sur sa tête un parasol en plumes de paon 2. Et tu n'ignores pas, continua Ibn-Sâd, que

1. Ibn-ez-Zobeir, chargé par le khalife d'une mission très importante, arrive au camp, préside à la prière et prend part au combat avant d'avoir communiqué ses dépêches au général en chef!

2. Voici le récit d'Ibn-ez-Zobeir lui-même, tel qu'il est rapporté dans le Kitab-el-Aghani (voyez p. 79 de ce volume) et tel qu'il a été reproduit par plusieurs historiens : « Djoredjîr, souverain de l'Ifrîkïa et roi des Francs, nous cerna avec cent vingt mille hommes (?); quant à nous, nous étions vingt mille. Les musulmans, réduits aux abois, ne s'accor daient plus sur ce qu'il fallait faire; et Abd-Allah-Ibn-Sâd s'était retiré dans sa tente pour y être seul et réfléchir sur sa position, quand je vis, moi, l'occasion de surprendre Djoredjîr. Il était derrière son armée, monté sur un cheval gris et accompagné de deux jeunes filles qui le garantissaient du soleil avec des plumes de paon. Je me rendis aussitôt à la tente d'Abd-Allah-Ibn-Såd, et je demandai au chambellan la permission d'entrer. Cet officier me répondit : « Il s'occupe, en ce mo

la plupart de ceux qui m'accompagnent ont été nouvellement convertis à l'islamisme; ainsi je dois craindre que l'offre de Djoredjîr ne les porte à me tuer; voilà la raison de mon absence du combat. Chasse cette crainte de ton âme, répondit Ibnez-Zobeir, et fais proclamer dans ton armée, et de sorte que les Grecs puissent l'entendre: Musulmans et Grecs! quiconque tuera le prince Djoredjîr aura sa fille et cent mille dinars. Cette proclamation vaudra bien l'autre. Ibn-Sâd suivit ce conseil, et quand le chef des Grecs entendit la proclamation, son cœur fut rempli d'effroi pendant que celui de notre général en fut délivré. La guerre continua de la même manière qu'auparavant,

ment, de nos affaires, et il m'a ordonné ne n'admettre personne. »> Alors je passai derrière la tente et en ayant soulevé le bord inférieur, je me trouvai en présence du général, qui venait de se jeter sur son lit. En me voyant, il fut saisi de crainte et s'écria : « Qui t'amène ici, Ibn-ez-Zobeir? » Je lui répondis : « Voilà bien l'homme velu; ils sont tous poltrons! Je viens de découvrir une occasion favorable pour surprendre notre ennemi, et je crains qu'elle ne m'échappe; viens donc avec moi et dis aux troupes de me seconder. » « De quoi s'agit-il? » dit Ibn-Sad? Je le lui fis connaître, et il s'écria aussitôt : « Par ma vie! l'occasion est belle. » Il sortit alors, et voyant ce dont je m'étais déjà aperçu, il ordonna aux soldats de me seconder. Ayant fait choix de trente cavaliers, je leur dis : « Pendant que je charge sur l'ennemi, empêchez que je ne sois assailli par derrière, et je vous réponds, s'il plaît à Dieu, de quiconque se trouvera sur mon chemin. » Je m'élançai alors vers l'endroit où j'avais remarqué Djoredjir; les cavaliers me suivirent en me protégeant; et, ayant percé les rangs de l'ennemi, j'entrai dans un terrain ouvert et je courus sur ce chef. Ainsi que la plupart des siens, il me prit pour un messager; mais, voyant que j'étais armé, il tourna bride et s'enfuit. Je l'atteignis promptement et, l'ayant renversé à terre d'un coup de lance, je me précipitai sur lui. Les jeunes filles cherchèrent à le protéger contre le coup d'épée que j'allais lui asséner, et l'une d'elles en eut la main abattue. Ayant achevé mon adversaire, je plaçai sa tête au bout de ma lance et l'élevai en l'air. Alors la confusion se mit parmi ses troupes, les musulmans se portèrent vers l'endroit où je me trouvais; ils firent un grand carnage de l'ennemi et la déroute fut complète. Ibn-Sad me dit alors: « Personne n'est plus digne que toi de porter au khalife la nouvelle de cette victoire. »

On voit que dans ce récit il n'est pas fait la moindre mention de la fille de Djoredjîr, mais on y reconnaît quelques traits qui ont servi au faussaire pour confectionner la légende de cette belle amazone.

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