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viennent de la souche de Lehan, fils de Meld. Quelques-uns citent une autre tribu lebanide appelée Ounîfen.

Les tribus issues de Hoouar sont, d'abord les Beni-Kemlan, puis les Melîla, dit-on, ensuite les Gharian, les Ouergha, les Zeggaoua, les Mecellata (ou Meslata) et les Medjris. Les cinq dernières sont indiquées par les généalogisteş berbères. A cette liste on ajoute quelquefois les Ounîfen, tribu dont on regarde actuellement les Medjrîs comme faisant partie. Sabec et les généalogistes qui suivent son autorité considèrent les Beni-Kemlan comme une branche des Ourídjen, enfants de Maggher; ils disent aussi que cette mème tribu se subdivisait en plusieurs ramifications, telles que les Beni-Kici, les Ourtagot, les Ticouat et les Heiouara.

Plusieurs tribus descendues d'Addas, fils de Zahhîk, sont comptées aussi parmi les Hoouara. C'est ainsi qu'Ibn-Hazm s'accorde avec les disciples de Sabec et avec leur maître à représenter les Heragha, les Terhouna?, les Ouchtata, les Andara, les Henzouna, les Autîta et les Sanbera comme peupladeshoouarides.

Lors de la conquête musulmane, toutes les tribus portant le nom générique de Hoouara, tant celles qui remontent leur origine à El-Abter que celles qui ont Bernès pour ancêtre, habitaient la province de Tripoli et la partie du territoire de Barca qui en est voisine; fait que rapportent également El-Masoudi et El-Bekri. Les unes possédaient des demeures fixes, les autres. vivaient en nomades. Parmi elles, il s'en trouva une qui traversa les sables jusqu'au Désert et s'établit à côté des Lamta porteurs du voile, qui habitaient auprès de Gaugaua 3, localité située dans le pays des Noirs, vis-à-vis l'Ifrikža. On reconnaît l'origine hoouaride de cette peuplade au nom qu'elle porte et qui est une altération du mot Hoouara ,car, ayant changé leou de ce

1. L'orthographe de ces noms est incertaine, les manuscrits offrant beaucoup de variantes.

2. Ci-devant, page 171, ce nom est écrit Terehna.

3. Le Gaugaua d'Ibn-Khaldoun est sans doute le Kaukau d'Ibn-Batouta, ville située sur le Niger, au sud-est de Tenboktou.

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mol en une espèce de k dont le son est l'intermédiaire du k doux et du k guttural, ils en ont formé Heggar'.

Les Hoouara se firent d'abord remarquer par la part active qu'ils prirent à la grande apostasie des Berbères et aux guerres qui en furent la suite; ils se distinguèrent plus tard par leur engouement pourles doctrines kharedjites, et surtout pour celle des Eibadites. Abd-el-Oua hed-Ibn-Yezîd, un de leurs chefs, aida Okacha-el-Fezari dans sa révolte contre Handala (l'émir arabe). Les deux partis se firent une guerre acharnée jusqu'à ce qu'en l'an 124 (741-2), sous le règne de Hicham-Ibn-Abd-el-Mélek, Handala défit ses adversaires et les tailla en pièces.

Yahya-Ibn-Founas, un autre chef hoouaride, prit les armes contre Yezid-Ibn-Hatem, et, en l'an 156 (772-3), il réunit sous ses drapeaux une grande partie de sa tribu ainsi que de plusieurs autres. Abd-Allah-Ibn-es-Samt-el-Kindi, le général quicommandait à Tripoli, marcha contre le chef insurgé en suivant le bord de la mer ?, et le força à prendre la fuite après lui avoir tué la plupart de ses partisans hoouarides. Modjahed-Ibn-Moslem, membre de la tribu de Hoouara, fut un des généraux qui combattirent pour Abd-er-Rahman-Ibn-Habîb. Plus tard, quelquesuns de leurs guerriers les plus distingués passèrent en Espagne avec Tarec et y établirent leur séjour. Parmi les descendants de ces émigrés on remarqua la famille d'Amer-Ibn-Ouehb, émir qui gouverna Ronda sous les Almoravides, et les Beni-Dou-'nNoun, famille qui enleva cette ville aux Amer-Ibn-Ouehb et

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1. Ibn-Balouta nous apprend, dans le récit de son voyage au pays des Noirs (voyez le Journal asiatique de 1843), qu'en revenant de ces contrées, il lui fallut un mois pour traverser le territoire des Heggar, et qu'en sortant de cette région, il atteignit les oasis de Touat. En effet, les Haggar occupent encore le pays qui s'étend au sud de Touat et à l'ouest de Ghat, ville du Fezzan.

2. Dans la traduction, nous n'avons pas essayé de rendre les mols bisouarïa min souahilihim, qui peuvent signifier : à Souarïa dans le pays du littoral, ou bien : avec la cavalerie fournie par les populations du lilloral. Si l'on admet cette dernière explication, il faut supposer que le mot persan souvaria (cavalerie) ait été admis dans la langue arabe.

qui s'empara aussi de Tolède. Citons encore les Beni-Rezîn, seigneurs d'Es-Sehla !.

En l'an 196(811-2), les Hoouara se révoltèrent contre Ibrahîm-Ibn-el-Aghleb, et conduits par Eïad-Ibn-Ouehb, un de leurs chefs, ils mirent le siège devant la ville de Tripoli, l'emportèrent d'assaut et la ruinèrent de fond en comble. Abou-'l-Abbas, fils d'Ibrahîm, marcha contre eux, d'après l'ordre de son père, et les ayant défaits dans une bataille sanglante, il releva la ville de ses ruines. Abd-el-Ouehhab-Ibn-Rostem, seigneur de Tèhert, courut alors au secours des Hoouara qui avaient invoqué son appui, et les rallia sous ses drapeaux ainsi que plusieurs fractions de la tribu de Nefouça. Il mit alors le siège devant Tripoli et y tint Abou-'l-Abbas étroitement bloqué. Sur ces entrefaites, Ibrahîm-Ibn-el-Aghleb mourut à Cairouan, et Abou-'l-Abbas, qu'il avait déjà désigné comme successeur du trône, décida Abdel-Ouehhab à se retirer dans le pays des Nefouça après avoir acheté la paix en cédant aux assiégeants les campagnes de la province de Tripoli.

Plus tard, les Hoouara devinrent les alliés de l'empire et prirent part à la conquête de la Sicile. Zouaoua-Ibn-Néam-elHall, un de leurs chefs, assista à ce triomphe des armes musulmanes. A une époque encore plus récente, ils déployèrent une grande audace pendant la révolte d'Abou-Yezid, le Nekkarien, dont ils avaient embrassé la cause aussitôt qu'il se fut rendu maître du Mont-Auras et de Mermadjenna, localités qu'ils habitaient alors. Pendant cette guerre les Hoouara, et les BeniKemlan surtout, commirent des forfaits épouvantables. Après la mort d'Abou-Yezîd, Ismaîl-el-Mansour envahit leur pays à l'improviste et châtia les Beni-Kemlan si rudement, que depuis lors on n'a plus entendu parler d'eux. A partir de cette défaite, les Hoouara eurent à supporter la domination de toutes les

1. Es-Sehla (la plaine) fut le nom d'un territoire très considérable appelé maintenant corregimiento de Albarracin, et dont la capitale était Santa-Maria de Albarracin (Ibn-Rezin. Voyez le Makkari de M. de Gayangos, vol. I, page 378. On trouvera dans ce savant et utile ouvrage des renseignements sur les Beni-Rezîn.

dynasties qui se sont succédé en Ifríkïa ; aussi, partout où ils se trouvent, on les voit réduits au rang de peuples tributaires.

Quelques débris de cette tribu se rencontrent en Egypte, où les uns s'adonnent à la culture de la terre et les autres font le métier de batelier ou de berger.

Entre Barca et Alexandrie on trouve une peuplade hoouaride appelée El-Methaïna. Elle mène une vie nomade et accompagne partout les Azza, branche de la tribu soleimide des Héïb. Il s'en trouve encore sur les plateaux de l'Ifríkïa, depuis Tebessa jusqu'à Mermadjenna, et de la jusqu'à Bédja. Ils y vivent en nomades et sont comptés au nombre des Arabes pasteurs de la tribu de Soleim, auxquels, du reste, ils se sont assimilés par le langage et l'habillement ainsi que par l'habitude de vivre sous la tente. Comme eux aussi ils se servent de chevaux pour monture, ils élèvent des chameaux, ils se livrent à la guerre et ils font régulièrement la station du Tell dans l'été et celle du Désert dans l'hiver. Ils ont oublié leur dialecte berbère

pour apprendre la langue plus élégante des Arabes, et à peine comprennent-ils une seule parole de leur ancien idiome.

C'est à côté de Tebessa que l'on rencontre la première de ces peuplades hoouarides; elle s'appelle les Beni-Ounîfenet obéit à la famille de Soleim ou Selîm], fils d'Abd-el-Ouahed, fils d'Asker, fils de Mohammed, fils de Bàra, fils de Hannach'. Elle reconnaît en seconde ligne l'autorité de la famille de Zeitoun, fils de Mohammed, fils de Bâra, et celle de la famille de Dahman, petit-fils de Båra. Avant d'avoir choisi leurs chefs parmi les descendants de Båra, les Ounîfen les prenaient dans la maison de Saïa, une autre de leurs familles. Leur territoire se compose de la plaine de Tebessa et de celle de Mermadjenna ainsi que des lieux voisins.

Immédiatement à l'orient de cette tribu on trouve les Caïser, autre branche de la même souche. Ce peuple reconnaît tantòt l'autorité de la maison des Zeaza et tantôt celle des fils de Haracat, familles dont l'origine remonte à un ancêtre commun, nommé Moumen. Ils habitent la plaine d'Obba et le territoire situé entre cette ville et Laribus. Du côté de l'orient il sont pour voisins les Besoua, autre tribu de la même race.

1. Ce Hannach doit être l'ancêtre des llanancha, peuple qui habite encore la région indiquée ici par notre auteur. Ilanancha est le pluriel de llannach,

Les Besoua ont pour chefs les fils de Soleiman-Ibn-Djame, membre de la famille Remamna (les Romman). Le commandement en second appartient à la tribu d'Ourmana. Les Besoua occupent la région qui s'étend depuis Toborsoc jusqu'à Hamma et de là à Zongar, chaîne de montagnes qui entoure la plaine et le littoral de Tunis.

Ils ont pour voisins, dans le pays situé entre la mer et Bédja, une autre peuplade hoouarienne appelée les Beni-Soleim ou Selîm]. Avec ceux-ci demeure une tribu d'Arabes modérites, descendue de Hodeil-Ibn-Modreka-Ibn-el-Yas, qui abandonna les territoires qu'elle occupait dans le Hidjaz pour accompagner les Arabes hilaliens, lors de la migration de ceux-ci en Maghreb. Établie dans cette partie de l'Ifríkïa, elle s'est tellement incorporée avec les Beni-Soleim qu'on la regarde maintenant comme une population hoouaride.

Avec les Besoua se trouve aussi une peuplade rîahide qui fait remonter son origine à Otba-Ibn-Malek-Ibn-Riah. Elle est regardée comme faisant partie de cette tribu hoouaride dont elle suit, du reste, les habitudes nomades. Elle est soumise à l'impôt ainsi que les Besoua.

Dans la même localité on trouve une tribu arabe descendue de Mirdas-Ibn-Soleim. Elle s'appelle les Beni-Habîb et se donne pour ancêtre le nommé Habib-Ibn-Malek. De même que toutes les tribus hoouarides, elle paie l'impôt.

Les campagnes de l'Ifrîkïa servent encore d'habitation à plusieurs autres populations nomades dont la majeure partie appartient aussi à la tribu de Hoouara. Elles s'occupent à élever des boeufs et des moutons, elles se servent de chevaux pour monture, et elles paient au sultan de l'Ifrîkîa quelques contributions dont le montant est réglé par les agents du fisc qui prennent pour base de leur travail certains principes dont ils ne s'écartent pas. Elles sont aussi dans l'obligation de fournir un contingent d'hommes au sultan toutes les fois qu'il leur en fait la demande. En récom

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