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de l'Ifrikïa, ducôté du Maghreb, et Masmoud alla habiter dans >> le voisinage de Tanger. » Nous supprimons le reste de cette légende qui est très longue et dont Ibn-Abd-el-Berr lui-même, ainsi qu'Abou-Mohammed-Ibn-Hazm, a contesté l'exactitude.

Selon d'autres, les Berbères seraient tous une portion du peuple de Djalout (Goliath), et voilà le généalogiste Ali-IbnAbd-el-Azîz-el-Djordjani' qui dit dans son livre des généalogies : « Je ne connais aucune opinion à ce sujet qui se rap>> proche plus de la vérité que l'hypothèse d'après laquelle ils >> seraient les enfants de Djalout. » Il néglige toutefois de nous informer de quelle famille provenait ce Djalout, mais Ibn-Coteiba2 supplée à son silence et nous dit que le Djalout en question se nommait Ouennour et qu'il était fils de Hermel, fils de Djedîlan 3, fils de Djaloud, fils de Redîlan, fils de Hatti, fils de Ziad, fils de Zeddjîk, fils de Madghis-el-Abter.

L'on rapporte aussi, sur l'autorité du même historien, que Djalout était fils de Heryal, fils de Djaloud, fils de Dîal, fils de Cahtan, fils de Fars, « personnage bien connu, dit-il, et Sefk 5 » est l'ancêtre de tous les Berbères. » Selon les mêmes personnes, les Berbères se composent d'une foule de branches et de tribus, à savoir: les Hoouara, les Zenata, les Darîça, les Maghila, les Ourfeddjouma, les Nefza, les Ketama, les Louata, les Ghomara, les Masmouda, les Sadîna, les Izderan, les Djerendjîn, les Sanhadja, les Medjekéça, les Ouarglan, etc.

Selon Et-Taberi et d'autres historiens, les Berbères sont un

1. Voyez ci-dessus, page 26, note 2.

2. Abou-Mohammed-Abd-Allah-Ibn-Moslem-Ibn-Coteiba, grammairien, philologue et généalogiste distingué, passa une partie de sa vie à Baghdad et mourut en 296 (907). Dans le Biographical Dictionary d'Ibn-Khallikan, vol. II, page 22, se trouve une notice de cet auteur. 3. L'orthographe de ces trois noms varie dans les manuscrits.

4. Probablement comme l'ancêtre des Persans.

5. Ou Safek; en arabe Sfk. Ce renseignement est peut-être emprunté à Josèphe, Antiquités, I, 15.

6. Abou-Djâfer-Mohammed-Ibn-Djerîr-et-Taberi, célèbre historien et théologien, naquit à Amul en Taberestan, l'an 224 (838-9), et mourut à Baghdad en 310 (923). (Ibn-Khallikan, vol. II, page 597.)

mélange de Cananéens et d'Amalécites qui s'étaient répandus dans divers pays après que Goliath fut tué; Ifrîcos, ayant envahi le Maghreb, les y transporta des côtes de la Syrie, et les ayant établis en Ifrîkïa, il les nomma Berbères.

Les Berbères, selon une autre opinion, descendent de Cham, fils de Noé, et ont pour aïeul Berber, fils de Temla, fils de Mazigh, fils de Canaan, fils de Cham.

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«Ils descendent, dit Es-Souli', de Berber, fils de Kesloudjîm [Casluhim], fils de Mesraïm, fils de Cham.

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Selon une autre hypothèse, ce sont des Amalécites, et ils descendent de Berber, fils de Temla, fils de Mareb, fils de Faran, fils d'Amr, fils d'Amlac [Amalec], fils de Laoud [Lud], fils de Sem. D'après cette opinion, les Berbères seraient des Amalécites 2.

« Les Berbères, dit Malek-Ibn-Morahhel 3, se composent de » diverses tribus himyerites, modérites, coptes, amalécites, >> cananéennes et coreichites qui s'étaient réunies en Syrie » et parlaient un jargon barbare. Ifrîcos les nomma Berbères » à cause de leur loquacité. »

El-Masoudi, Et-Taberi et Es-Soheili rapportent qu'Ifricos forma une armée avec ces gens afin de conquérir l'Afrique et que ce fut là la cause de leur émigration. Il les nomma Berbères, et [à ce sujet] on cite de lui le vers suivant :

Le peuple cananéen murmura [berberat quand je le forçai à quitter un pays misérable pour aller vivre dans l'abondance.

« On n'est point d'accord, dit Ibn-el-Kelbi, sur le nom de

1. Abou-Bekr-Mohammed-es-Souli, célèbre polygraphe et joueur d'échecs, mourut à Bassora en 335 (947). (Ibn-Khallikan, vol. III, page 74.)

2. Les Amalécites ne descendaient pas de Lud, fils de Sem, mais d'Esau, fils d'Isaac, fils d'Abraham.

3. Malek-Ibn-Morahhel se trouvait au service du sultan mérinide, Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack, dans la dernière moitié du septième siècle de

l'hégire.

4. Abd-er-Rahman-es-Soheili, poète, historien et philologue, naquit à Malaga, en 508 (1114-5). Il passa les trois dernières années de sa vie en Afrique et mourut à Maroc, en 581 (1185). — (Ibn-Khallikan, vol. II, page 99.)

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>> celui qui éloigna les Berbères de la Syrie. Les uns disent que » ce fut David qui les en chassa après avoir reçu par une révé-, »lation divine l'ordre suivant: 0 David! fais sortir les Ber» bères de la Syrie, car ils sont la lèpre du pays. D'autres >> veulent que ce soit Josué, fils de Noun, ou bien Ifrîcos, ou >> bien encore un des rois Tobba qui les en expulsa.

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El-Bekri les fait chasser de la Syrie par les Israélites, après la mort de Goliath, et il s'accorde avec El-Masoudi à les représenter comme s'étant enfuis dans le Maghreb à la suite de cet événement. Ils avaient voulu rester en Egypte, dit-il, mais ayant été contraints par les Coptes à quitter ce pays, ils allèrent à Barca, en Ifrîkïa et en Maghreb. Ayant eu à soutenir dans ces contrées une longue guerre contre les Francs et les Africains, ils les obligèrent à passer en Sicile, en Sardaigne, en Maïorque et en Espagne. Ensuite la paix se rétablit à la condition que les Francs n'habiteraient que les villes du pays. Pendant plusieurs siècles, les Berbères vécurent sous la tente, dans les régions abandonnées, et ne s'occupaient qu'à mener paître leurs troupeaux aux environs des grandes villes, depuis Alexandrie jusqu'à l'Océan, et depuis Tanger jusqu'à Sous. Tel fut l'état dans lequel l'Islamisme les trouva. Il y avait alors parmi eux [des tribus] qui professaient la religion juive; d'autres étaient chrétiennes, et d'autres païennes, adorateurs du soleil, de la lune et des idoles. Comme ils avaient à leur tête des rois et des chefs, ils soutinrent contre les musulmans plusieurs guerres très célèbres.

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Satan, dit Es-Souli-el-Bekri 2, sema la discorde entre les

1. Abou-Obeid-Abd-Allah, fils d'Abd-el-Azîz-el-Bekri, seigneur de Huelva, en Espagne, fut vizir de Mohammed-Ibn-Mån-Moëzz-ed-Dola, souverain d'Alméria. Il composa un dictionnaire géographique et un grand ouvrage historique et géographique intitulé Meçalek oua Memalek Routes et royaumes). Il mourut en 487 (1094). — (Ibn-Khallikan, vol. I, page 319, note.)

2. Es-Souli-el-Bekri. Ceci parait être une erreur commise par l'au teur qui, ayant voulu remplacer le nom d'El-Bekri par celui d'Es-Souli ou vice versa, aura oublié d'en effacer le premier de son manuscrit, apres y avoir inséré l'autre.

>> enfants de Cham et ceux de Sem; aussi, les premiers durent » se retirer dans le Maghreb où ils laissèrent une nombreuse postérité.

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« Cham, ajoute-t-il, étant devenu noir par » suite de la malédiction prononcée contre lui par son père, » s'enfuit en Maghreb pour y cacher sa honte, et il y fut suivi >> par ses fils. Il mourut à l'âge de quatre cents ans. Berber, >> fils de Kesloudjîm [Casluhim], un de ses descendants, laissa >> une nombreuse postérité en Maghreb.

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Ailleurs, le même auteur dit : « Aux Berbères se joignirent » deux tribus d'Arabes yemenites, les Ketama et les Sanhadja, qui venaient de quitter Mareb1. » Il dit encore que Hoouara, Lamta et Louata sont les enfants de Himyer-Ibn-Sebâ.

Selon plusieurs généalogistes berbères, dont nous nous bornerons à nommer Hani-Ibn-Bekour-ed-Darici, Sabec-Ibn-Soleiman-el-Matmati, Kehlan-Ibn-Abi-Loua et Aïoub-Ibn-Abi-Yezîd, les Berbères forment deux grandes branches, les Beranès et les Botr. Ceux-ci, disent-ils, tirent leur origine de Berr, fils de Caïs, fils de Ghailan; mais les Beranès descendent de Berr, fils de Sefgou, fils d'Abdedj, fils de Hanah, fils d'Oulîl, fils de Cherat, fils de Nam, fils de Douîm, fils de Dam, fils de Mazigh, fils de Canaan, fils de Ham.

Voilà l'opinion soutenue par les généalogistes appartenant à la nation berbère.

«Berr, fils de Caïs, dit Et-Taberi, sortit pour chercher une » chamelle qui s'était égarée dans les tribus berbères, et ayant » conçu de l'amour pour une jeune fille, il l'épousa et en eut >> des enfants: >>

De leur côté, les généalogistes berbères disent qu'il quitta son pays pour échapper à la haine de son frère, Amr-Ibn-Caïs, et qu'à ce sujet [leur frère] Tomader prononça les vers suivants : Toute femme qui pleure la perte d'un frère peut prendre exemple sur moi qui pleure Berr, fils de Caïs.

Il quitta sa famille et se jeta dans le Désert. Avant de le retrouver, la fatigue aura amaigri nos chameaux.

1. Voyez l'Essai de M. C. de Perceval, tome I,

page 85.

Ils attribuent encore au même poète un morceau que nous reproduisons ici :

Berr s'est choisi une demeure loin de notre pays; Berr a quitté sa patrie pour se rendre à une autre destination.

On reproche à Berr son idiome étranger à Berr qui parlait si purement quand il habitait le Nedjd et le Hidjaz.

[C'est à présent] comme si nous et Berr n'avions jamais lancé nos coursiers en avant pour faire des incursions dans le Nedjd; - comme si nous n'avions jamais partagé la proie et

le butin.

Les savants d'entre les Berbères citent aussi les vers suivants d'Obeida-Ibn-Caïs-el-Ocaïli :

O toi qui cherches à mettre la désunion entre nous, arrête! et que Dieu te dirige dans la voie des hommes de bien!

Je le jure! nous et les Berbères sommes frères; comme nous, ils remontent jusqu'au même noble aïenl.

Notre père, Caïs [fils de] Ghailan, est aussi le leur; c'est lui qui atteignit le faîte de la gloire, pendant qu'au milieu des combats il abreuvait ses guerriers altérés [de sang].

Avec ses enfants nous formons une forte colonne, et nous restons frères, malgré les efforts de nos ennemis, gens que leurs qualités rendent méprisables.

Tant qu'il y aura des hommes, nous défendrons Berr, et Berr sera pour nous un fort appui.

Pour recevoir nos adversaires, nous tenons prêts des coursiers sveltes et légers, des épées qui tranchent les têtes au · jour du combat.

[Les enfants de] Berr, fils de Caïs, sont une noble troupe de la race de Moder; il se tiennent sur la cime de la gloire que s'est acquise cette illustre famille.

[La tribu de] Caïs est partout le soutien de la foi; elle est la plus noble branche de la famille de Mådd, si l'on examine sa généalogie.

Caïs a conquis une renommée qui sert de modèle aux autres tribus; à Caïs appartient l'épée dont les tranchants sont bien effilés.

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