Images de page
PDF
ePub

» qu'Aurìgh était fils de Khabbouz, fils d'El-Mothenna, fils » d'Es-Sekacek, fils de Kinda, ce qui est absurde. »

[ocr errors]

« Les tribus de Ketama et de Sanhadja, dit Ibn-el-Kelbi 1, n'appartiennent pas à la race berbère : elles sont branches de » la population yémenite qu'Ifricos-Ibn-Saïfi établit en Ifrîkïa » avec les troupes qu'il y laissa pour garder le pays. »

Voilà, en somme, les opinions que les investigateurs les plus exacts ont énoncées au sujet des origines berbères.

A la branche d'Azdadja appartiennent les Mestaça 2, les Masmouda, et les Ghomara. Ceux-ci sont les enfants de Ghomar, fils de Mestaf, fils de Felil, fils de Masmoud.

D'Aurîgh sortent les Hoouara, les Meld, les Maggher et les Calden;

De Hoouara, les Melîla et les Beni-Kemlan;

De Meld, les Satat, les Ourfel, les Ouacîl et les Mesrata. Comme ces dernières familles eurent pour aïeul Lehan, fils de Meld, on les désigne collectivement par le nom des Lehana. A cette catégorie on ajoute même quelquefois le nom des Melîla. Maggher, fils d'Aurîgh, eut pour fils Maouès, Zemmor, Keba et Mesraï ;

De son frère Calden naquirent Camsana, Ourstîf, Bîata et Bel.

Les Botr, descendants de Madghis-el-Abter, forment quatre grandes familles : les Addaça, les Nefouça, les Darîça et les enfants de Loua l'aîné. Ces branches ont pour souche commune Zahhîk [ou Zeddjîk], fils de Madghis.

Les Addaça, enfants d'Addas, fils de Zahhîk, forment plusieurs branches et se confondent avec les Hoouara. La raison en est que la mère d'Addas, après avoir été la femme de Zahhîk, épousa Aurigh-Ibn-Bernès, cousin de son premier mari et père de Hoouara. Addas étant ainsi devenu frère de Hoouara, ses descendants sont tous classés au nombre des enfants de celui-ci. Voici les noms des fils d'Addaça : Sefara, Andara, Henzouna,

1. Voyez note page 86.

2. Ce mot peut aussi se prononcer Mecettaça.

Sanbera, Heragha, Autîta et Terehna'. Bien qu'ils naquirent tous d'Addas, fils de Zahhîk et petit-fils de Madghis, on compte aujourd'hui leurs descendants parmi les Hoouara.

Loua l'aîné est l'aïeul de deux grandes familles : les Nefzaoua (mot dans lequel on donne au z un son qui se rapproche du ch2), enfants de Nefzaou, fils de Loua l'aîné, et les Louata, enfants de Loua le jeune, fils de Loua l'aîné. Loua le jeune était encore dans le sein de sa mère lorsqu'il perdit son père; c'est pourquoi il reçut le même nom que lui.

:

Les Louata se partagent en plusieurs branches, savoir les Agoura et les Atrouza, enfants de Macela, fils de Loua le jeune ; les Mezata, enfants de Zaïr, fils de Loua le jeune; les Maghagha et les Djedana, enfants de Ketouf, fils de Loua le jeune.

Ibn-Sabec et les généalogistes de son école regardent les Maghagha, les Djedana, les Agoura et les Atrouza comme les enfants de Macela, fils de Loua le jeune.

Aux Louata appartiennent les Sedrata [ou Sedderata], enfants de Nîtat, fils de Loua le jeune. Leur généalogie se rattache à celle des Maghraoua, « car, dit Ibn-Hazm, Maghrao [l'aïeul de ceux-ci] épousa la mère de Sedrata, lequel devint >> ainsi frère utérin des enfants de Maghrao. »

[ocr errors]

La tribu de Nefzaoua fournit un grand nombre de branches, telles que les Oulhaça, les Ghassaça, les Zehîla, les Soumata, les Ourcîf, les Mernîza, les Zatîma, les Ourkoul, les Mernîça, les Ourdeghrous et les Ourdîn. Toutes ces familles descen

1. Dans les manuscrits du texte arabe, l'orthographe des noms portés par les aïeux des grandes tribus berbères ne varie presque jamais. Ilen est autrement des noms qui désignent les ramifications secondaires et tertiaires des mêmes tribus : les variantes en sont innombrables. Ces irrégularités doivent être attribuées à la négligence des copistes et à l'extrême imperfection du caractère écrit des Arabes, surtout du caractère maghrébin. Dans les notes du texte arabe on trouvera une partie de ces variantes.

2. C'est le son du j français que l'auteur veut peindre ici, l'alphabet arabe n'en présentant pas l'équivalent. Donc, selon Ibn-Khaldoun, il faut prononcer le nom de cette tribu Nefjaoua; cependant, de nos jours, dans toute l'Afrique et dans le Djerid même, on dit Nefzaoua,

dent d'Itouweft, fils de Nefzao. A cette liste Ibn-Sabec et ses disciples ajoutent les Medjer et les Meklata. «< Quelques per»sonnes, dit ce généalogiste, refusent à Meklat la qualité de » berbère. Selon leur opinion, il appartenait à la race himye» rite, et étant tombé encore jeune au pouvoir d'Itouweft, » il fut adopté par lui. Son vrai nom était Mekla, fils de Rî>> man, fils de Kelà-Hatem, fils de Sâd, fils de Himyer. »>

>>

Les Oulhaça, descendants de Nefzaoua, se composent d'un grand nombre de familles qui dérivent de deux aïeux : Tîdghas et Dihya, tous les deux fils d'Oulhas.

De Tîdghas proviennent les Ourfeddjouma, tribu qui renferme les Zeddjal, les Tou, les Bourghoch, les Ouandjez, les Kartît, les Maandjedel et les Sînt, tous descendus d'Ourfeddjoum, fils de Tîdghas, fils d'Oulhas, fils d'Itouweft, fils de Nefzao. Ibn-Sabec et les gens de son école disent que les descendants de Tîdghas appartiennent à la branche de Louata et qu'ils habitent le mont Auras.

De Dihya dérivent les Ourtedîn, les Terîr, les Ourlettount, les Mekra et les Ifouîn, tous enfants de Dihya, fils d'Oulhas, fils d'Itouweft, fils de Nefzao.

Les Darîça, descendants de Dari, fils de Zahhîk, fils de Madhgis-el-Abter, forment ensemble deux grandes familles : les enfants de Temzit, fils de Dari, et ceux de Yahya, fils de Dari.

« Toutes les ramifications de Temzit, disent Ibn-Sabec et ceux » de son école, sortent de la souche de Faten, fils de Temzît. >> On leur accorde spécialement le titre d'enfants de Dari, à >> l'exclusion des familles descendues de Yahya, fils de Dari. »

Les branches de Temzit sont : les Matmata, les Satfoura, appelés aussi les Koumïa, les Lemaïa, les Matghera, les Sadîna, les Maghila, les Melzouza, les Kechana [ou Kechata], les Douna, et les Mediouna, tous enfants de Faten, fils de Temzît, fils de Dari.

Les branches de Yahya sont : la totalité des familles qui composent la tribu de Zenata, et, de plus, les Semgan et les Ourstif. D'Ourstif dérivèrent les Miknaça, les Aougna [ou Megguen] et les Ourtenadj, tous enfants d'Ourstîf, fils de Yahya.

De Miknas sont issus les Ourtîfa, les Ourtedous, les Teflît, les Cansara, les Moualat, les Harat et les Ourflas.

De Megguen provinrent les Boulalîn, les Terin, les Isliten, les Djerîn et les Foughal'.

Ourtenadj est l'aïeul des Mekença, des Betalça, des Kernîta, des Sederdja, des Henata et des Foulal, tous enfants d'Ourtenadj, fils d'Ourstîf.

Semgan, fils de Yahya, est père des Zouagha et des Zouaoua. Ibn-Hazm classe les Zouaoua parmi les tribus ketamiennes ; opinion assez vraisemblable et qui peut s'appuyer sur le fait que le territoire [des Zouaoua touche à l'ancien territoire des Ketama]. Il est donc probable que les Zouaoua, compris ici parmi les Semgan, ne sont autres que les Zouaza, tribu dont l'existence est une chose reconnue. De Zouagha sont issus les Madjer, les Ouatîl, et les Semkîn.

Ce que nous donnons ici n'est qu'une esquisse des diverses branches dont se compose la race berbère; mais nous traiterons à fond de toutes ces tribus, puisque nous aurons à raconter l'histoire de chacune d'elles.

Maintenant si l'on aborde la question de savoir jusqu'à quel peuple des temps anciens il serait possible de faire remonter les Berbères, on remarquera une grande diversité d'opinion chez les généalogistes, classe de savants qui ont consacré à ce sujet des longues études.

Les uns les regardent comme les descendants de Yacsan, fils d'Abraham, le même dont nous avons fait mention en parlant de ce patriarche3. D'autres les considèrent comme Yémenites, et d'autres comme une population mélangée, venue du Yémen.

1. Dans les chapitres consacrés à l'histoire de chaque tribu en particulier, la plupart de ces noms se retrouvent plus ou moins altérés. L'auteur a eu le grand tort de n'en avoir pas fixé l'orthographe, lettre par lettre, à la manière des philologues arabes; il aurait ainsi empêché les changements fâcheux et souvent irrémédiables que ces dénominations ont subies.

2. « Abraham épousa encore une femme nommée Cétura, qui lui enfanta Zamran, Jecsan, etc. » (Gen., xxv, 1-2).

3. C'est vers le commencement de son histoire universelle que l'auteur traite de la famille d'Abraham. Cette partie de son ouvrage n'a pas été publiée.

Selon El-Masoudi1, ce sont un débris des Ghassanides et autres tribus qui se dispersèrent à la suite du Torrent d'Arim 2. « Ce >> sont, disent quelques-uns, des gens qu'Abraha-Dou-'l-Menar3 » laissa après lui en Maghreb ; ils appartiennent, disent encore >> d'autres, aux tribus de Lakhm et de Djodam. Ils avaient ha>> bité la Palestine, mais ils en furent expulsés par un roi de >> Perse. Arrivés en Égypte, ils ne purent obtenir des souve>> rains de ce pays l'autorisation d'y rester; aussi traversèrent» ils le Nil et se répandirent dans le pays [d'Afrique]. »

[ocr errors]

Quelques peuplades berbères, dit Abou-Omar-Ibn-Abd» el-Berr1, prétendent former la postérité d'En-Nôman, fils de >> Himyer-Ibn-Sebâ. Moi-même, dit-il, j'ai lu dans l'ouvrage » d'El-Isfendad le philosophe, qu'En-Noman, fils de Himyer>> Ibn-Sebâ, était le [plus grand] roi de la période qui sépare la >> mission de Jésus de celle de Mahomet. Ayant convoqué ses fils >> il leur adressa ces paroles: Je veux envoyer quelques-uns >> d'entre vous en Maghreb pour le peupler. Malgré leurs remon» trances, il persista dans sa résolution, et y expédia Lemt, » l'aïeul des Lemtouna, Mesfou, l'aïeul des Messoufa, Merta, >> l'aïeul des Heskoura, Asnag, l'aïeul des Sanhadja, Lamt, » l'aïeul des Lamta, et Aîlan, l'aïeul des Heilana. Les uns se » fixèrent dans la montagne de Deren, et les autres dans le Sous » et le Derâ. Lamt s'arrêta chez Guezoul et en épousa la fille; Addjana, le père des Zenata, s'établit auprès du Chélif; les . Ourtedjîn et les Maghraou fixèrent leur séjour sur la frontière

>>

[ocr errors]

1. Abou-l-Hacen-Ali-el-Masoudi, auteur de plusieurs traités dont le plus célèbre est l'ouvrage historique et géographique intitulé Moroudjed-Deheb (Prairies d'or), naquit à Baghdad et passa une partie de sa vie en Égypte. Il mourut en 345 (956). -— (Ibn-Khallikan, vol. II, page 618, note. Notices et Extraits, etc., tome VIII, et Journal asiatique de janvier 1839.)

2. Voyez l'Essai de M. C. de Perceval, tome I, p. 85 et suiv. 3. Ibid., tome I, p. 67.

4. Abou-Omar-Youçof-Ibn-Abd-el-Berr, célèbre historien et généalogiste, naquit à Cordoue et remplit les fonctions de cadi à Lisbonne (Ochbouna) et à Santarem (Chentérin). Il mourut en 463 (1700-1). — (Abulfede Annales.)

« PrécédentContinuer »