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vrent à des querelles et à des guerres intestines telles qu'on n'en voit pas parmi les tribus du Désert.

Dans le Saïd supérieur, depuis Syène jusqu'à la Nubie, et de là jusqu'à l'Abyssinie, se trouvent des tribus nombreuses et des familles isolées, appartenant toutes à la tribu arabe de Djoheina, branche de celle de Codâa. Elles pullulent dans les déserts de ce pays, et elles ont conquis les contrées habitées par les Nubiens. Elles serrent de près les Abyssiniens et partagent avec eux la jouissance des terrains limitrophes. Parmi ces tribus, celle qui habite les environs de Syène s'appelle les fils de Kenz-ed-Dola, personnage qui acquit une certaine célébrité par sa longue lutte avec le gouvernement égyptien 1.

Depuis Syène jusqu'à Cous, le pays est habité par les Kenz et les Beni-Djâfer-Ibn-Abi-Taleb. Ceux-ci vinrent s'y établir lors de leur expulsion du territoire de Médine par les Beni-'lHocein 2. Les Beni-Djâfer sont connus parmi leurs voisins sous le nom des Chérifs Djàférides. Ils s'adonnent principalement

au commerce.

Au midi du vieux Caire et de là jusqu'à l'Acabat-Aïla 3, se trouvent des tribus descendues de Djodam' par la branche d'Aïd. Elles se chargent d'escorter les voyageurs qui traversent ces contrées, et en récompense de leurs services, elles tiennent du sultan certains fiefs dont elles ont la pleine jouissance.

1. La révolte de Kenz-ed-Dola eut lieu en l'an 670 de l'hégire. (Voy. Mémoires sur l'Egypte, tome II, p. 94.)

2. Au commencement du quatrième siècle de l'hégire, la famille des Beni-Hocein et celle des Beni-Djâfer, toutes les deux descendues d'Ali, gendre de Mahomet, gouvernaient la Mecque. Peu de temps après, les Beni-Djâfer furent expulsés de la ville par les Beni-Hocein et allèrent se fixer entre la Mecque et Médine. Chassés de là par les Beni-Harb, ils s'embarquèrent pour la Haute-Egypte où ils ont depuis continué à de

meurer.

3. L'Acabat-Aïla, ou Montée d'Aïla, est située sur la mer Rouge, à l'extrémité du golfe d'Acaba.

4. Djodam descendait de Kahtan, aïeul des tribus himyerites.

Plus à l'Orient, du côté d'El-Kerek 1, on rencontre des tribus sorties de celle d'Ocba, autre branche des Djodam. Elles s'adonnent à la vie nomade et poussent leurs courses jusqu'à Médine. On les a chargées de protéger les voyageurs qui traversent leur territoire.

Dans les pays qui s'étendent derrière Aïla jusqu'à El-Azlem2, se trouve la tribu de Bela, branché des Codàa 3. Depuis El-Azlem jusqu'à El-Yenbò, sur la mer Rouge, le pays est habité par des tribus appartenant à la grande famille de Djoheina; et depuis El-Yenbò jusqu'à Bedr, on trouve la tribu de Zobeid, branche des Medhedj. Les Zobeid sont les alliés et confédérés des Beni1-Hacen, émirs de la Mecque. Depuis la Mecque jusqu'à ElMehdjem, sur la frontière du Yémen, se trouvent les BeniChôba, descendants de Kinana.

Entre El-Kerek et Gaza, à l'orient de cette dernière localité, on rencontre les tribus issues de Djerm, un des descendants de Codâa. Elles sont très nombreuses, et leurs chefs très puissants. Ils tiennent du sultan certains fiefs à la condition de faire le service militaire et de protéger les voyageurs. En hiver, ces tribus mènent leurs troupeaux à Mân et dans les bas pays de la province du Nedjd, auprès de Teima. Immédiatement à côté d'eux, et dans la Syrie, on trouve les Beni-Haretha-Ibn-Sinbis et la tribu appelée Al-Mera (famille de Mera), branche de celle de Rebiâ et sœur de celle des Al-Fadl. Les princes de la famille de Fadl règnent sur les déserts de la Syrie, de l'Irac et du Nedjd. J'ai appris d'un des émirs de la tribu de Haretha que Sinbis est une branche de la grande tribu de Taï.

1. La ville de Kerek est située à l'orient de la mer Morte, dont elle est éloignée d'environ sept lieues.

2. El-Azlem, ou El-Ezlem, est situé au midi de l'Acabat-Aïla, sur la route de la caravane qui se rend du Caire à la Mecque.

3. La tribu de Codâa descend de Kahtan.

4. El-Mehdjem, ville autrefois célèbre, était située entre Loheïa et Hodeida, dans le Yémen.

5. Mân est située à environ quinze lieues à l'est de Petra.

6. Teima est à trente lieues au nord de Médine.

Nous allons maintenant raconter l'histoire des enfants de Fadl, émirs de la Syrie et de l'Irac, et membres de la tribu de Taï. Ce récit servira à faire comprendre l'état de tous les Arabes nomades de la Syrie '.

DE LA FAMILLE DE FADL ET DE CELLE DE MOHENNA, UNE DE SES BRANCHES. DE LEUR DOMINATION EN SYRIE ET EN IRAC.

La tribu arabe qu'on désigne par le nom d'Al-Fadl, ou la famille de Fadl, parcourt les régions situées entre la Syrie, la Mésopotamie et le désert du Nedjd, dans le Hidjaz. En été, elle fréquente les premières localités, et en hiver, les secondes. Elle se rattache, par son origine, à la tribu de Taï. Plusieurs familles appartenant aux tribus de Zobeid, de Kelb, de Hodeim et de Medhedj se sont confédérées avec les Al-Fadl.

La famille de Mera rivalise en puissance et en nombre avec celle de Fadl. On assure que ces deux peuplades sont branches de la tribu de Rebiâ et que les descendants de Fadl forment deux catégories, la famille de Mohenna et celle d'Ali. Selon les mêmes autorités, toute la tribu de Fadl habitait le Hauran 2; mais, en ayant été expulsée par les Mera, elle se fixa à Emesse et dans les contrées voisines. Toutefois, ses alliés de la tribu de Zobeid restèrent dans le Hauran. Leurs descendants s'y trouvent encore et n'en sortent jamais. Les mêmes narrateurs ajoutent que famille de Fadl, s'étant mise au service des sultans, reçut d'eux le commandement de tous les Arabes nomades et la jouissance de certains fiefs, à condition de protéger les caravanes qui voyageaient entre la Syrie et l'Irac.

la

Ces avantages la mirent en état de lutter contre la famille de Mera et de lui enlever le pays où elle prenait ses quartiers d'hiver. Depuis lors, l'Al-Mera s'est bornée à parcourir les limites de la Syrie, dans les environs du pays cultivé et des

1. L'auteur aurait dû ajouter ici et à faire connaître la souche d'où proviennent les tribus arabes établies maintenant en Afrique.

2. Le pays du Hauran, l'ancien Auranitis, est situé au nord-est du lac de Tibériade.

villages, ne se hasardant que bien rarement, à entrer avec ses troupeaux dans le Désert. Plusieurs familles d'Arabes nomades, appartenant aux tribus de Medhedj, d'Amer et de Zobeid, s'attachèrent aux Mera en qualité de confédérées et firent avec eux un seul corps, ainsi que cela était déjà arrivé pour la famille de Fadl. De toutes les tribus qui se réunirent aux Mera, la plus nombreuse fut celle des Beni-'l-Haretha-Ibn-Sinbis, branche de la tribu de Taï.

Tels sont les renseignements que j'ai reçus de quelques-uns de leurs chefs, dont les paroles me paraissent mériter toute confiance.

Les Beni-'l-Haretha fréquentent encore les plateaux de la Syrie et ne s'aventurent jamais dans le Désert.

« Les régions que la tribu de Taï occupe dans le Nedjd sont » très étendues. Ce peuple, à sa sortie du Yémen 1, s'établit >> aux Deux-Montagnes, Adja et Selma 2, qu'il enleva à la tribu » d'Aced dont il devint le protecteur. Il posséda aussi des terri>> toires à Someira 3 et à Feid, lieux de halte pour la cara>> vane des pèlerins. Les Beni-Aced s'étant éteints dans la suite, >> leurs possessions, situées aux environs de Kerekh, dans le Nedjd, devinrent l'héritage de la tribu de Taï. Il en fut de >> même des territoires possédés par la tribu de Temîm dans le Nedjd, entre Basra, Koufa et Yemama, ainsi que des terres » appartenant à la tribu de Ghatafan et situées auprès de Ouadi>> 'l-Cora3 dans le Nedjd.

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Telles sont les paroles d'Ibn-Saîd. Il ajoute ensuite: «< Parmi >> les branches de la tribu de Taï qui habitent le Hidjaz, les plus

1. La tribu de Taï quitta le Yémen plusieurs siècles avant la naissance de Mahomet.

2. Ces montagnes sont situées dans l'intérieur de l'Arabie, près de la route qui mène de l'Irac à Médine.

3. L'auteur du dictionnaire géographique, le Meracid, place Someira auprès de Honein. Ce dernier endroit est à une lieue de la Mecque. 4. Feid est à dix lieues de la montagne de Selma.

5. Ouadi-'l-Cora (la vallée aux villages) est à dix lieues au nord de Médine, sur la route de la Syrie.

>> marquantes sont les Beni-Lam et les Beni-Nebhan. Les pre>> miers dominent dans le pays qui s'étend depuis Médine jus» qu'à l'Irac, et ont pour confédérés les Beni-'l-Hocein, émirs » de Médine. »

Le même auteur dit : « Les Beni-Sakhr, autre branche de la » tribu de Taï, habitent du côté de Teima, entre Kheiber et >> la Syrie. >>

Il dit ailleurs : « La tribu d'Azïa, branche de celle de Taï, »eut pour aïeul Azïa, fils d'Aflet, fils de Mâbed, fils de Mân, >> fils d'Amr, fils d'Anbès, fils de Selaman, fils de Nâl. Cette » tribu habite Aïn-el-Tamr et El-Anbar, lieux dans lesquels >> elle remplaça la tribu d'Anéza. De nos jours, elle passe l'été » à Kobeiçat 3, et l'hiver chez les Beni-Lam, branche de la *» tribu de Taï. Ce peuple belliqueux, les Azïa, est maître du >> pays situé entre la Syrie et l'Irac1. Deux autres branches de » la tribu de Taï, nommées collectivement El-Adjoued (les bons) et El-Batnein (les deux branches), se sont fixées aux >> environs de Mosul avec leur sœur, la tribu de Zobeid. » On voit qu'Ibn-Saîd compte la tribu de Zobeid au nombre de celles qui sont descendues de Taï, et qu'il ne la regarde nullement comme issue de Medhedj.

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Le commandement de la tribu de Fadl appartient aujourd'hui aux Beni-Mohenna: Selon cette famille, son aïeul, Mohenna, était fils de Manê, fils de Haditha, fils de Ghadia, fils de Fadl, fils de Bedr, fils d'Ali, fils de Moferredj, fils de Bedr, fils de Salem, fils de Casïa, fils de Bedr, fils de Semiâ. Elle ne porte pas cette généalogie plus haut, mais quelques notables de la même tribu prétendent que Semià fut le fils qu'El-Abbaça, sœur du khalife Haroun-er-Rechid, avait eu de Djâfer-Ibn-Yahya, le Barmekide,

1. Variante: Bál.

2. El-Anbar est situé sur l'Euphrate, en latitude 33° environ. Aïn-etTamer était situé dans le Désert de la Syrie, à l'occident d'El-Anbar.

3. El-Kobeiçat, le Cubesa de quelques cartes, est situé sur le bord du Désert de Semaoua, à quatre milles de la ville de Ilit.

4. Ce sont maintenant les Anéza qui dominent dans ce pays.

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